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Critique de Bobby_The_Rasta_Lama


"Voyons, réfléchissons : est-ce que j'étais bien la même quand je me suis levée ce matin ? Je crois me rappeler que je me suis sentie un peu différente de l'Alice d'hier. Mais, si je ne suis pas la même, la question qui se pose est la suivante : Qui diable puis-je bien être ?"
(L. Carroll, "Alice au pays des merveilles")

Tic, tac... tic...tac... pensez-vous que le lapin blanc a pu hypnotiser Alice avec sa montre ? Est-elle vraiment passée par le trou magique, ou bien... ?
Souvenirs enfouis, mémoire fragile, traumas d'enfance, oubli protecteur...tic...tac...

Une famille trouve refuge dans une maison abandonnée. Ce n'est pas la première fois ; cela fait des années que papa, maman, et la petite fille fuient ainsi le monde des Etrangers, en changeant d'endroit à chaque fois qu'ils se sentent en danger. A chaque fois c'est une nouvelle "maison des voix", mais à chaque fois les mêmes règles pour la petite : ne parler jamais à personne, ne révéler jamais son nom ! Papa et maman lui font croire que c'est une sorte de jeu, mais elle voit bien qu'ils ont vraiment peur. Elle sait aussi qu'elle est une fillette "très spéciale", et qu'il faut protéger la boîte qui contient Ado... d'ailleurs, tout se passe plutôt bien, jusqu'à cette nuit d'incendie...

Il y a quelques années, j'ai acheté chez le feu France Loisirs le fameux "Chuchoteur" de Carrisi, car la quatrième de couverture semblait pleine de promesses. Ce fut une véritable Bérézina littéraire, et le seul souvenir qu'il m'en reste est celui d'un ennui mortel, qui grandissait encore au fur et à mesure que la pelote incroyablement emmêlée de l'histoire commençait à reprendre forme. Un comble, pour un thriller. "Juriste de formation, spécialisé en criminologie et sciences du comportement" n'est pas forcément synonyme de "bon écrivain", et je me suis jurée que ce premier Carrisi, le grand doge de la manipulation raffinée, sera aussi le dernier. Mais tout comme on se laisse amadouer par la voix suave d'un hypnotiseur, je me suis laissée amollir par les avis babéliotes (merci, Doriane !) sur "La maison des voix". Cette fois, c'était sans regret.

Le livre ne commence vraiment que vingt ans après l'énigmatique épisode de l'incendie. Pietro Gerber est un psychologue pour enfants, qui utilise l'hypnose pour soulager ses petits patients traumatisés, tout comme son père le faisait avant lui. Ce père qu'il vénère autant qu'il le déteste, à cause d'un seul petit mot, chuchoté sur son lit de mort.
Quand une collègue australienne veut lui transmettre le cas d'une de ses patientes qui vient juste d'arriver en Italie, cela n'enthousiasme pas Pietro. Les adultes ne sont pas son domaine, mais il accepte néanmoins de faire une séance d'hypnose à Hanna. Une drôle de personne, persuadée d'être responsable, enfant, de la mort de son petit frère. Et cette séance ne sera pas la dernière... ou, pour paraphraser Alice : "Qui diable est Hanna Hall ?" Peu à peu, Pietro devient littéralement obsédé par le cas d'Hanna, d'autant plus que les révélations pendant l'hypnose semblent se répercuter sur sa propre vie. Simple coïncidence ? Non, il sait bien qu'en plongeant dans son passé, Hanna l'entraine avec lui dans ses eaux troubles et dangereuses. Reste à voir dans quel état ils vont émerger au dernier "tac" du métronome...

"La maison des voix" est un thriller psychologique diablement efficace, qui se passe avec bonheur de "cadavres atrocement mutilés" et de tueurs en série qui laissent des messages ensanglantés sur les murs, en prévision de l'Apocalypse imminente. Il vous tend comme un élastique, et la tension augmente crescendo jusqu'au point de rupture, où tout vous revient subitement à la figure avec la révélation finale. Que demander de plus ?
Comme le dit Ladybirdy (il me semble) dans son billet, j'avais aussi une appréhension d'arriver à ce décevant "eh, tout ça pour ça ?" après avoir lu la dernière phrase. Ici, on se dit plutôt "pourquoi faire simple, quand on peut faire (très, très) compliqué ?". Quand on essaie ensuite de dérouler l'histoire à l'envers, tout marche, tout s'emboîte comme il faut, et pourtant, certains épisodes perdent en crédibilité, y compris l'idée même de ce roman. Mais les livres ne sont pas faits pour être lus à l'envers, et si les protagonistes avaient opté pour la simplicité, ce thriller n'existerait pas, et ce serait dommage. 3,5/5
Dernière question : Selon Hanna Hall, on garde tous de notre enfance au moins un souvenir d'un événement qui n'a pas une explication rationnelle. Est-ce que cela vous concerne ?
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