AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,86

sur 47 notes
5
2 avis
4
4 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Les Habsbourg forment une dynastie méconnue, dont côté français on n'a tendance à ne retenir que les oppositions avec les rois de France. Charles Quint, à la tête d'un Empire où le soleil ne se couchait jamais, personnifie plus que tous les autres cette grande famille.

Cette biographie de Jean des Cars retrace méthodiquement l'histoire
des différents membres de cette dynastie depuis son origine en Suisse (en Argovie) jusqu'à la chute de Charles Ier, dernier empereur d'Autriche-Hongrie.
Les chapitres consacrés à l'ascension au moyen-âge des Habsbourg ne sont pas les plus réussis du livre. Les sources sont sans doute limitées, et les explications restent complexes. Difficile en effet de suivre une généalogie, qui fait de simples seigneurs en Suisse Alémanique, en Alsace et dans le Bade au onzième siècle, des ducs d'Autriche suite à succession âprement disputée, puis en 1273 pour la première fois des Empereurs du Saint-Empire. L'Empire était alors électif. Les Habsbourg ont pourtant constamment été Empereurs du Saint-Empire de 1452 à 1740 (avec l'arrivée au pouvoir de Marie-Thérèse d'Autriche, c'est son mari François de Lorraine qui devint Empereur). L'élection la plus disputée – et celle qui a donné lieu aux versements financiers aux électeurs les plus considérables – reste celle qui opposa Charles Quint à son concurrent malheureux François Ier.

Une suite de mariages et de successions récupérées a conduit à faire des Habsbourg des princes « bourguignons », ayant développé leur domaine du Benelux actuel à l'Autriche en passant par de multiples possessions éparses. Charles Quint est le bénéficiaire de cette politique matrimoniale, portée à son maximum avec l'héritage du royaume d'Espagne. Voilà un prince de culture franco-bourguignonne, élevé dans les Pays-Bas de l'époque, détenteurs de couronnes, de principautés et de duchés en Europe Centrale, qui se retrouve à gouverner la grande puissance de l'époque, l'Espagne, dont les navires ramènent des richesses d'Amérique. Un Charles Quint qui finira espagnol et catholique intransigeant, à une époque qui a vu se développer la Réforme dans le Saint-Empire.

La très longue partie du livre consacrée à Charles Quint constitue à elle seule une biographie de premier plan.

Jean des Cars est un peu plus difficile à suivre avec ses successeurs. A chaque chapitre, il doit alterner entre d'un côté les héritiers espagnols, lignée de plus en plus dégénérée suite à des mariages consanguins, et de l'autre la branche autrichienne issue de Ferdinand Ier.

La branche espagnole disparaît sans héritier, l'héritage étant confié aux Bourbons. En acceptant la couronne d'Espagne pour son petit-fils Philippe, Louis XIV déclenche une guerre inévitable avec les Habsbourg d'Autriche, soutenus par toute l'Europe. A la relecture des faits et des alliances, il est étonnant que les Bourbons aient fini par s'imposer (durablement !) en Espagne. Les développements de l'auteur sur cette période sont limpides et montrent à quel point Louis XIV a été placé devant une alternative bien plus difficile qu'il n'y paraît.

La branche autrichienne, un tant menacée par l'avancée ottomane jusqu'aux portes de Vienne, a elle prospéré, cumulant les couronnes : Bohème, Hongrie, …. et contrôlant fort longtemps le nord de l'Italie.
La transmission de cet ensemble disparate aurait pu s'interrompre avec Charles VI, faute d'héritier mâle, mais celui-ci avait pris la précaution d'autoriser une succession féminine, en édictant dés le début de son règne, et alors qu'il n'avait alors pas encore d'enfants, la Pragmatique Sanction.
Marie-Thérèse en bénéficia, continua une politique de mariages princiers, dont celui de sa fille Marie-Antoinette avec Louis XVI. de manière générale, à la lecture de Jean des Cars, il faut relativiser le bilan de Marie-Thérèse, fort contestée au début de son règne par Frédéric II de Prusse, qui l'a dépouillée d'une partie de son héritage.

Les chapitres sur la politique des Habsbourg face à la Révolution française, et à cet usurpateur que fut pour eux Napoléon Ier, sont passionnants. Des souverains établis de longue date se retrouvent à lutter contre des idées nouvelles, dont ils perçoivent alors le danger, et contre un stratège brillant qui les a laminé, jusqu'au revirement final, dû en grande partie à la politique de Metternich. le sort du duc de Reichstadt, fils de Napoléon et de Marie-Louise, fille de l'empereur d'Autriche, était scellé.

La partie sur l'accession au pouvoir de François-Joseph en 1848, dans une tourmente nationaliste émanant des diverses possessions Habsbourg qui veulent toutes leur indépendance, est longuement exposée. Avec lui, même si il fut un bourreau de travail, les possessions Habsbourg vont se réduire au noyau central austro-hongrois. Curieux comment cet empereur au long règne, et son épouse Elisabeth (« Sissi »), ont connu une telle notoriété, alors que sur le plan politique et des idées cette période fut un déclin progressif. Sans doute que le dix-neuvième siècle romantique ne pouvait que se complaire des malheurs de la maison d'Autriche.

Ce livre, parce qu'il est on ne peut plus complet, s'avère inégal dans l'intérêt qu'il suscite. Les points forts sont incontestablement la partie sur Charles Quint, celles sur les guerres napoléoniennes et le rôle de Metternich, et les décennies de règne de François-Joseph. L'écriture est dense et sans temps mort, ce qui nécessite une lecture attentive. Difficile de faire plus exhaustif.
Commenter  J’apprécie          261
Les Habsbourg-Lorraine, c'est l'Europe !

Avec cette excellente saga, Jean des Cars raconte l'histoire d'une famille princière qui influença pendant plus de sept siècles la politique européenne.

De son fort perché sur un un pic rocheux en Suisse à la Vienne des valses, cette famille participa activement à l'Histoire européenne et au développement artistique et culturelle de notre vieux continent.

Beaucoup de ses membres nous sont connus : Charles Quint, Philippe II et son invincible Armada, Don Carlos dont Verdi fit un opéra, Marie-Thérèse et sa fille Marie-Antoinette, l'Aiglon, Sissi dont Romy Schneider incarna le charme et la jeunesse. Outre ceux qui sont énumérés, tous ont eu une influence en Europe mais aussi sur la France.

Marignan, Rocroi, Austerlitz et Wagram, Solferino sont les lieux de batailles où nous avons croisé les Habsbourg pour les battre. Mais cela n'a pas toujours été le cas.

Il y a une part de France en eux. A commencer par la Bourgogne de Charles le téméraire et la Lorraine que leur duc laissa à Louis XV pour se marier à l'Empire. Car les Habsbourg ont assemblé leurs territoires par la guerre mais surtout avec des victoires matrimoniales. Tout est affaire de mariage. D'autres régions françaises ont longtemps été sous coupe habsbourgeoise : Flandre, Franche-Comté, Roussillon.

Alors, à la lecture de cette saga, je comprends mieux les regrets et la nostalgie d'un Stefan Zweig ou d'un Joseph Roth sur un temps révolu d'une époque où l'on savait vivre en harmonie, même si c'est vite oublier que ce régime fut parfois pris d'autoritarisme sanglant.

Mais nul doute que si Bruxelles, qui eut à subir les foudres des Habsbourg, et Strasbourg ont mérité d'être « capitales de l'Europe », en achevant cette lecture, je pense que dorénavant ce devrait être Vienne. Par son histoire et ce qu'elle représente, c'est la ville emblématique moderne de l'union des états européens. Forme de concrétisation du vieux rêve des Habsbourg.

Le Général de Gaulle ne s'y trompait pas quand il écrivait à l'un des héritiers, Otto de Habsbourg, alors député européen, : « […] sous Votre plume, pour faire biller Votre idéal voici donc que Charles Quint paraît comme précurseur et comme contemporain. Bien que je pense que la maison de France ait bien servi mon propre pays en le maintenant, non sans peine, en dehors de l'allégeance de la maison d'Autriche, je n'en approuve et admire pas moins tout ce que Votre Altesse impériale et royale suggère à propos de notre Europe en nous peignant avec tant de profond talent le caractère de l'oeuvre de Son ancêtre, le grand empereur et roi [...] [p.564]».
Commenter  J’apprécie          110
Ne sachant que peu de choses sur les Habsbourg, le Saint-Empire Romain Germanique ou l'histoire de l'Europe de l'Est, j'espérais que ce livre pourrait combler ces lacunes. Je n'ai pas été déçue.
Jean des Cars a un style à la fois agréable et efficace : son texte est très riche en informations mais sans jamais donner l'impression de lire un manuel. J'ai également apprécié l'attention accordée à la fois à la vie personnelle des membres de cette famille et les grands événements politiques et historiques sur lesquels ils ont eu tant d'influence. On est loin d'un livre "people" : la vie intime des souverains n'est utilisée que lorsqu'elle éclaire les événements ou pour ancrer le récit dans le concret. Si le début du livre peut sembler un peu aride, c'est uniquement parce que nous disposons forcément de moins d'anecdotes sur les époques reculées. Mais très vite, nous arrivons à une période dont les historiens connaissent de très nombreux détails, parmi lesquels Jean des Cars va piocher pour peindre de très vivants portraits.
Mais ce qui est surtout très appréciable, c'est que cet ouvrage permet de mieux comprendre comment cette famille en est arrivée à monopoliser la couronne du Saint-Empire sur les têtes de ses membres, comment elle s'est scindée en deux branches (l'espagnole et l'autrichienne) et comment l'Autriche est devenue le coeur du pouvoir. La chronologie situe bien chaque règne par rapport au précédent.
J'aurais peut-être aimée davantage d'analyses du caractère des différents Empereurs et Rois, une immersion plus profonde dans leur vie intime, et parfois aussi, davantage d'informations sur leurs épouses (même s'il n'y a pas grand chose à dire sur certaines).
En tout cas, c'est très complet !
Commenter  J’apprécie          90
Tombée par hasard dans une brocante estivale sur ce livre que j'ai aussitôt dévoré tant la lecture est facile et attrayante , sans pour autant négliger l'aspect historique toujours soigneusement mis en avant.
En reprenant l'historique de la dynastie de la famille Habsbourg c'est toute l'histoire de l'Europe qui défile depuis la fondation en 1273 quand Rodolphe devient empereur du St Empire Romain germanique jusqu'à la renonciation de Charles 1er en 1918 .
L'auteur s'attarde bien sûr sur deux grandes figures, Charles Quint et François-Joseph mais les autres membres de la dynastie ne sont pas oubliés et leurs vies font d'eux de véritables personnages de roman.
Je dois dire que j'ai découvert sous un nouveau jour l'infortunée Marie-Louise contrainte par son père à épouser Napoléon et qui s'est trouvée au centre d'un douloureux conflit de loyautés.
Mon intérêt est aussi allé vers la courageuse Marie-Thérèse a la tête d'un empire que son père lui a léguée et contrainte de faire face à l'hostilité de ses voisins.
Et puis il y a l'inoubliable Sissi bien sûr, le drame de Mayerling, l'assassinat de Franz-Ferdinand qui a été à l'origine de la première guerre mondiale...
Tant de pages d'histoire réunies pour rendre présents au lecteur ces figures qui ont contribué à bâtir notre monde contemporain.
Je recommande chaudement ce livre aux amateurs d'histoire, et même à tous les autres en les assurant qu'ils ne vont pas s'ennuyer un seul instant et qu'ils voyageront dans le temps et l'espace aux côtés de personnages vivant des aventures passionnantes dignes des romans les plus palpitants.
Commenter  J’apprécie          50
Ayant déjà lu du même auteur " La saga des Romanov " , je me suis plongé dans l'histoire de la dynastie des Habsbourg qui régna sur l'Europe pendant près de 700 ans .
Jean des Cars nous retrace l'histoire de cette famille .
C'est très chronologique , didactique , mais pas pesant . J'aurais cependant aimé qu'il décrive un peu plus la personnalité des différents Empereurs , surtout ceux que l'on connaît peu ou pas du tout .
Livre intéressant qui permet de mieux comprendre l'Histoire européenne .
Commenter  J’apprécie          20
Un livre très intéressant remontant au Moyen Âge et au berceau de la dynastie Habsbourg pour s'achever de nos jours.
C'est très documenté, on y apprend beaucoup et ça se lit aisément. On voyage grâce à cette dynastie, dans toute l'Europe et même en Amérique ou en Asie avec l'Empire où le soleil ne se couchait jamais. La manière dont ils ont perdu le pouvoir y compris en Autriche est somme toute surprenante.
J'ai regretté que l'auteur ait tendance à faire autant de références à ses propres rencontres et travaux, et aussi la longueur du dernier chapitre qui a tendance à se convertir en revue de presse et anecdotes. C'est dommage car à côté de cela les parties sur les Habsbourg les plus connus étaient vraiment bonnes.
Commenter  J’apprécie          10
La dynastie des Habsbourg, avec des personnes ayant marquées l'histoire de l'Europe, comme Charles Quint, Philippe II...L'histoire la vraie, non romancée mais facile à lire. Un bon moment et puis on ne présente plus Jean Des Cars et son talent d'historien.
Commenter  J’apprécie          10
Génial ! A dévorer !
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (148) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3179 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}