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EAN : 9780029059807
152 pages
The Free Press (15/09/1986)
3.25/5   2 notes
Résumé :

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Jeux finis, Jeux infinis : le pari métaphysique du joueur est un essai de 1988 qui, grosso modo et vulgairement, se sert de la théorie des jeux pour expliquer notre rapport à la vie, à l'amour, à la sexualité, aux enfants, au travail, à la nature et à la mort. Un essai faussement simple en réalité, que j'ai trouvé parfois ennuyeux à la lecture (parce qu'un peu âpre sur certains passages) et auquel je pense tous les jours depuis… J'ai donc envie de dire, sans prétention : un très bon essai.

A vrai dire, j'en ignorais son existence jusqu'à ce qu'une personne m'en parle en me disant que ça pouvait éclairer un moment de vie par lequel je passais. Mais ce n'est pas cet argument qui m'a poussée à le lire, non. C'est le fait que cette personne m'ait dit : « Ce que vous me dites me fait penser à jeux finis, jeux infinis… C'est un essai dont on ne trouve plus aucune copie et qui circulait dans la communauté de chercheurs, on se le passait presque sous le manteau ».Bon, c'était sûrement un poil exagéré mais l'idée même du livre de réflexion, rare, réservé à une élite d'initiés à réveiller mon côté snobe, j'ai eu envie de le découvrir. Par chance, cette personne me l'a prêté, et je l'ai rendu très vite car j'ai compris qu'il y avait des livres avec lesquels il ne fallait pas “jouer”.

Je ne connaissais rien de l'auteur avant cette lecture mais j'ai appris, par une recherche assez facile, qu'il est professeur émérite en Histoire et Littérature des Religions et qu'il a eu cette jolie phrase, que je copie-colle : « Je suis religieux dans le sens où je suis sans cesse fasciné par l'inconnaissabilité de ce que cela signifie d'être humain, d'exister. ». J'aime bien cette façon de dire les choses…

Jeux finis, Jeux infinis : le pari métaphysique du joueur est un essai court (moins de 200 pages) qui se lit comme une suite de règles (du jeu), de 101 règles très précisément. Ces règles précisent le fonctionnement de deux types de jeux : les jeux finis (auxquels nous jouons tous forcément !) et les jeux infinis (à priori, tout le monde n'y joue pas). On peut jouer à un jeu fini au sein d'un jeu infini (explications à venir). Mais une chose est certaine – et c'est bien le point commun à ces deux jeux – qui DOIT jouer ne peut pas JOUER. C'est-à-dire que si vous n'avez pas la volonté de jouer, vous ne serez pas capable de mener une partie de jeu fini ou infini. Il faut avoir envie. A partir de ce point de départ, les deux jeux prennent des voies très différentes. A mon sens, l'invitation de l'auteur consiste à nous pousser dans nos retranchements et interrogations pour devenir des joueurs de l'infini.

Comme le livre est très conceptuel, je vous invite à prendre un champ concret de votre vie (par exemple, votre « place » de parent, votre place d'amoureux/se, enfin n'importe quel « jeu » auquel vous jouez ; n'importe quelle situation où vous « jouez » avec des « règles ») et à lire ce résumé ci-dessous en procédant par analogie avec le champ que vous avez choisi. Puis dormez dessus. Revenez-y dans quelques jours…

(Je résume les 101 règles en 20 points)

1) Au risque de me répéter : qui DOIT jouer ne peut pas JOUER

2) Un jeu fini se joue pour gagner (il y a une fin ?), un jeu infini pour continuer à jouer

3) Un jeu infini est essentiellement paradoxal, tandis qu'un jeu fini est essentiellement contradictoire.

4) Les règles d'un jeu fini ne doivent pas être changées en cours de jeu.

5) Les règles d'un jeu infini sont changées pour empêcher que quelqu'un ne gagne et pour intégrer dans le jeu le plus de personnes possibles.

6) Les joueurs du fini jouent à l'intérieur des limites ; les joueurs de l'infini jouent avec les limites.

7) le jeu fini est théâtral (rôle).

8) le jeu infini est dramatique (le résultat reste inconnu)

9) le sérieux c'est la peur de l'issue imprévisible d'une éventualité ouverte. Être sérieux c'est exiger une conclusion déterminée.

10) Nous sommes joueurs (de l'infini?) quand nous traitons avec les autres par choix, quand il n'est rien dit d'avance sur l'aboutissement de notre relation – quand, en fait, personne n'a de résultat à imposer à la relation, hormis la décision de la continuer. On se traite comme des personnes libres et la relation est ouverte à la surprise. Tout ce qui arrive est important. Être joueur, c'est consentir au possible, quel qu'en soit le coût pour soi-même.

11) Une surprise provoque la fin d'un jeu fini ; elle est la raison de la poursuite du jeu infini.

12) Les joueurs de l'infini se préparent à être surpris par l'avenir, ils jouent pleinement à découvert.

13) Les joueurs du fini se voilent à eux même la liberté de quitter le jeu.

14) Nul ne peut jouer seul.

15) C'est notre relation avec les autres qui fait de nous ce que nous sommes.

16) Seul ce qui change peut continuer.

17) Il se trouve toujours du monde pour nous presser de vivre de façon théâtrale en nous fournissant un passé à répéter, mais il y a aussi des gens dont la présence nous apprend à nous préparer pour la surprise.

18) La joie du jeu infini, son rire proviennent de ce qu'on apprend à donner l'impulsion initiale à ce que l'on ne pourra finir.

19) Les joueurs de l'infini ne sont des acteurs sérieux en aucune histoire, mais les poètes joyeux d'une histoire qui continue à engendrer ce qu'ils ne peuvent pas finir.

20)Et pour finir, un schéma que j'ai réalisé (très simple, on peut trouver à y redire) pour définir ce que j'avais compris. Il y a forcément une relation que vous avez qui est un jeu fini, peut-être même (pour ne pas dire sûrement) malgré vous. Une relation où vous maintenez un rôle, où vous êtes dans la théâtralité, où vous suivez des règles, sûrement implicites, que vous ne remettez jamais en question. Cette situation apparaît dans les figures 1 et 2 ci-dessous. La figure 2 représente une relation de jeu fini, à la différence que les règles suivies sont juste non-conventionnelles pour ce type de relation. Mais si ces règles ne sont pas remises en question et qu'elles vous placent dans un rôle (rôle que vous prenez sciemment alors que comme le rappelle le point 13, vous pouvez TOUJOURS quitter un jeu fini), vous restez en jeu fini. Seule la figure 3 – bon tracée par mes soins donc on pourrait mieux faire – représente un jeu infini car les règles sont modifiées quand cela est nécessaire pour pouvoir continuer à jouer.


Peut-être trouverez-vous cela facile comme argumentation, mais en fait se servir de la théorie des jeux pour expliquer un cheminement personnel ET collectif (car on ne peut pas jouer seul) est un pari ambitieux qui fonctionne bien. Et qui rappelle quelques bons basiques malgré tout. On ne peut pas jouer à des jeux infinis avec tout le monde, c'est certain. Mais on peut tout faire pour devenir un joueur de l'infini…

Jo la Frite

Lien : http://coincescheznous.unblo..
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Un livre à lire absolument pour comprendre comment nous construisons nos règles de vie.
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