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Critique de SheWolf


C'est un livre subversif ! Ainsi catalogué à sa sortie et interdit en Chine durant la Révolution culturelle. C'est une enquête digne des meilleurs journalistes d'investigation, alors qu'on reprocha à Rachel Carson de n'être qu'une biologiste marine et de n'avoir pas les qualifications requises en biochimie pour parler des effets des pesticides sur les sols, le vivant et la santé humaine. C'est une critique sociale, qui insère, avec rigueur et sans ostentation, un coin d'acier dans le paradigme du progrès scientifique qui caractérisait la culture américaine de l'après-guerre. Rachel Carson fut taxée d'extrémisme, on affirma, à l'encontre de ses positions, qu'elle souhaitait tout interdire, on ironisa à son sujet disant qu'elle préférait certainement le temps de l'éclairage à la bougie et l'époque moyenâgeuse de la vermine et des maladies ! Rachel Carson menait honnêtement et en pleine conscience, un combat citoyen, demandant simplement de ne pas sous-estimer, de ne pas nier, de ne pas mentir sur les dangers des pesticides. Elle ne demandait pas leur interdiction, mais une utilisation raisonnée en privilégiant, toujours, des solutions alternatives à leur usage.
Son engagement, le dichlorodiphényltrichloroéthane. Issu de recherches militaires, annoncé comme la « bombe anti-insecte » (c'était, en 1945, juste après Hiroshima et Nagasaki), il est plus connu sous l'acronyme « DDT », DDT qui valut un prix Nobel à Paul Herman Müller pour avoir découvert son utilité comme insecticide dans l'agriculture. Dès les premières rumeurs sur les conséquences de son utilisation à grande échelle, Rachel Carson a compilé témoignages et études. Puis elle publia, après avoir fait vérifier par les meilleurs scientifiques dans leur domaine, chaque ligne, chaque argument, chaque conclusion. Elle eut à affronter la dérision et les mots doux des politiques, des industriels, des responsables agricoles, on la taxa de fanatique, de célibataire attirante mais désoeuvrée, de communiste. Elle inventa le terme de biocide et porta à la connaissance du grand public la notion de bioaccumulation au long de la chaîne alimentaire des polluants organiques persistants. La crise environnementale ne fait que croître. Elle était consciente qu'il fallait, déjà, à son époque, faire des choix. Ce livre, dont le titre évoque un printemps que les chants d'oiseaux ne rendraient plus vivant, est un legs que l'on doit transmettre aux générations suivantes. A l'origine de la naissance de la pensée écologique et des mouvements « verts », il conduisit à la création de l'Agence pour la protection de l'environnement. Depuis un prix international porte son nom, mais le DDT, interdit comme pesticide, reste employé pour la lutte contre le paludisme.
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