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Citations sur Solénoïde (36)

Peut-être que je me trouverais à présent devant une bibliothèque vitrée où s’aligneraient (je me fais mal rien qu’en y pensant) mes livres, avec mon nom inscrit sur le dos, avec des titres que je ne peux imaginer. En trente années, ils se seraient accumulés, livre après livre, une étude complète de mes mondes intérieurs, car je ne puis m’imaginer avoir écrit sur autre chose.
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ychtaiis aiichy dol aiin otaiin aiidy okchd otor daiin
poar keeo daiin qoair ar aiphhey qoeed eody qokaiin qotedais aporair apy
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[…] quoiqu'on en dise, j'aime la littérature, je continue à l'aimer, elle est le vice dont je ne peux me défaire et qui finira par me détruire.

[...] orice s-ar spune iubesc literatura, o iubesc mai departe, e viciul de care nu pot scãpa și care o sã mã distrugã.
(p. 41)
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La bibliothèque était minuscule. C’était tout juste un renfoncement où se tenait le bibliothécaire , la seule personne entièrement grise que j’ai jamais rencontrée ( des cheveux gris , des yeux gris , la peau grise ) , et une pièce avec des rayonnages sur tous les murs . Je crois que j'étais le seul lecteur de la bibliothèque. En tout cas , jamais je n’y ai vu entrer quelqu’un d’autre .
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Je me dirigeai vers la frontière entre le corps et l'esprit, je la passai, avec mon instrument de torture à la main, et je commençai à tatouer, sachant que je ne l'épuiserais jamais même si je l'écorchais durant une éternité, l'infinie et infiniment stratifiée et infiniment glorieuse et infiniment démente citadelle de mon esprit.
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Devant une école en ruine, tu es toujours seul, plus seul que si tu étais le dernier homme sur terre.
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Pour un petit enfant, rien n'est étrange, parce qu'il vit dans l'étrange, et c'est pourquoi les rêves et les souvenirs primaires nous semblent faits de la même substance. l'étrange résidait alors tout simplement dans la banalité du monde. (p. 188)
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Au centre de la salle se trouvaient les fichiers, des armoires à tiroirs massives datant du siècle dernier, portant des étiquettes écrites à la main dans une calligraphie démodée. Je me suis agenouillé devant l'une d'entre elles, j'ai tiré le casier et mis au jour ce qui ressemblait aux fanons d'une baleine, des centaines de fiches jaunies tapées à la machine, avec le nom de l'auteur et d'autres informations sur les livres, de plus en plus nombreux, de plus en plus inutiles, écrits en ce monde.
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Mes actes seront donc fantomatiques, transparents et indécidables, mais en aucun cas irréels. Je les ai toujours vécus. Ils m’ont tourmenté inutilement. D’une certaine manière, ils m’ont volé ma vie comme l’auraient fait mes livres si j’avais réussi à les écrire. En plus, ils ne sont pas accomplis, ils sont en cours de déroulement, ce qui est une autre source de doute et d’indécision. J’ai des indices, j’ai fait des liens, je commence à entrevoir ce qui ressemble à de la cohérence dans la charade de ma vie. Il est évident que l’on me dit quelque chose, de manière insistante, constante, c’est comme une pression continue sur mon crâne, sur certaines de ses bosses, mais quel est le message, de quelle nature est-il et de qui vient-il ? Que me demande-t-on ? Je me sens parfois comme un petit enfant mis devant un échiquier. Tu as pris le pion blanc, parfait. Mais pourquoi le fourres-tu dans ta bouche ? Pourquoi tu fais pencher l’échiquier, tout va tomber ? Ou peut-être que c’est la solution ? Peut-être que la partie est gagnée par celui qui comprend soudain l’absurdité du jeu et qui le renverse, celui qui tranche le nœud quand tous les autres s’efforcent de le dénouer ?
Je vais donc bâtir ici une histoire de ma vie. Sa partie visible, je le sais mieux que personne, est la moins spectaculaire, la plus terne des vies, la vie qui correspond à mon visage effacé, à mon caractère distant, à mon insignifiance et à mon manque d’avenir. Une allumette presque entièrement consumée, dont ne reste qu’une traînée de cendre blanchâtre. Le professeur de roumain de l’école 86, tout au bout du quartier Colentina. Et pourtant, j’ai des souvenirs qui disent une tout autre histoire, j’ai des rêves qui les fondent et les confirment, et dont l’ensemble a construit dans les souterrains de mon esprit un monde d’événements fantastiques, indéchiffrables et qui malgré tout veulent désespérément être déchiffrés. Comme un étage de ma vie qui se serait écroulé : les câbles sont arrachés et les liens avec les édifices restés à la surface se sont brisés. Dans mes souvenirs d’enfance et d’adolescence, il est des scènes que je ne peux localiser que très difficilement et que je ne comprends toujours pas, comme des pièces de puzzle jetées dans une boîte. Comme des rêves qui attendent leur interprétation.
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J’ai de nouveau attrapé des poux, cela ne m’étonne même plus, ne m’effraie plus, ne me dégoûte plus. Cela ne fait que me démanger. J’ai des lentes presque tout le temps, j’en fais tomber quand je me coiffe dans la salle de bains : des petits œufs couleur nacrée, à l’éclat sombre sur l’émail du lavabo. Il en reste pas mal entre les dents du peigne, que je nettoie ensuite avec une vieille brosse à dents, celle dont le manche de bois a moisi. Impossible pour moi d’échapper aux poux – je suis enseignant dans une école de la périphérie. La moitié des enfants ont des poux, on les trouve à la rentrée, lors de la visite médicale, quand l’infirmière écarte les mèches avec les gestes experts des chimpanzés – mais sans écraser entre ses dents les carapaces de chitine des insectes capturés. En revanche, elle conseille aux parents une solution crayeuse et blanche, qui sent la chimie, la même que les enseignants finissent par utiliser aussi. En quelques jours, toute l’école en arrive à empester la solution anti-poux.
Ce n’est pas si grave, car au moins nous n’avons pas de punaises, on n’en a pas vu depuis longtemps. Je me souviens d’elles, j’en ai vu de mes propres yeux quand j’avais trois ans, dans la petite maison du quartier Floreasca où j’ai vécu dans les années 1959-1960. Papa me les montrait, quand il soulevait brusquement le matelas du lit. Elles étaient comme des petits grains écarlates, aussi luisants que des fruits des bois, aussi durs que ces baies noires du lierre dont je savais qu’il ne fallait pas les porter à la bouche. Sauf que ces grains entre le matelas et le cadre du lit couraient vite vers les coins sombres et leur précipitation me faisait rire. J’étais impatient que papa soulève de nouveau le lourd matelas par le coin (au changement des draps) pour revoir les petites bêtes dodues. Je rigolais tellement que maman, qui me laissait les cheveux longs et pleins de boucles, me prenait dans ses bras en me lançant d’invisibles postillons affectueux pour me protéger du mauvais œil. Papa apportait ensuite la pompe à lindane et administrait une bonne douche malodorante aux punaises réfugiées dans les jointures du cadre de lit. J’aimais son odeur de bois, du sapin encore gorgé de résine, j’aimais même l’odeur de l’insecticide. Ensuite papa relâchait le matelas et maman venait avec les draps sur les bras. Quand elle en étendait un en travers du lit, il se gonflait et faisait comme un beignet dans lequel je me glissais avec un plaisir inouï. J’attendais que le drap retombe sur moi, lentement, qu’il prenne la forme de mon petit corps, sans se mouler sur chaque détail mais en dessinant des plis compliqués, grands et petits. Les chambres étaient alors vastes comme des hangars et, à l’intérieur, tournaient deux géants qui, on ne sait pourquoi, prenaient soin de moi : maman et papa.
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