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sur 93 notes
« Chef d'oeuvre de Mircea Cartarescu », peut-on lire en quatrième de couverture. C'est ce que proclame l'éditeur ; c'est son droit, il est dans son rôle. D'ailleurs, c'est bien cette proclamation qui m'a amené à lire Solénoïde, un livre de huit cents pages, écrit par un poète et romancier roumain contemporain que je ne connaissais pas. Mais voilà, le livre ne m'a pas plu et je ne suis parvenu à le lire jusqu'au bout, qu'en balayant du regard des dizaines de pages qui me procuraient l'impression de toujours rabâcher les mêmes délires morbides, cauchemardesques, parfois peu compréhensibles.

Le personnage principal et narrateur de Solénoïde est un double de l'auteur. Un double raté : humilié à l'âge de dix-sept ans par des quolibets lors de la lecture de ses poèmes, il a renoncé à l'ambition d'être écrivain. Modeste professeur de roumain dans une école de la banlieue de Bucarest, cet homme solitaire, étriqué et tourmenté prend à parti le lecteur : à quoi bon écrire un roman, bâtir une histoire dont chaque ouverture est un trompe-l'oeil ne débouchant sur rien ? Selon lui, il faut viser plus haut : écrire pour résoudre l'énigme de l'existence, la sienne et celle du monde. Et profiter de l'implantation souterraine secrète de solénoïdes – des dispositifs générant des champs magnétiques –, pour s'ouvrir l'accès, par la lévitation, à la quatrième dimension.

Difficile de définir cet ouvrage ! le narrateur – qui n'a pas de nom – amalgame présent et passé, espace et temps, réalité et rêves, mémoire et fantasmes, dans un récit hallucinatoire difficile à suivre. Il évolue dans un univers glauque, imprégné d'une luminescence jaune, un jaune sale, évoqué tout au long du texte. Les personnages sont dépeints sous leurs aspects les plus grotesques, exprimés par des corps où tout n'est que plaies, croûtes, filaments, matières desquamées, sécrétions liquides, acariens, asticots et autres parasites micro-organiques. Bon appétit !

Le visage de Bucarest présente la laideur triste et impersonnelle des villes communistes. le quotidien se caractérise par un ciel crépusculaire et par le bruit de ferraille des tramways déglingués qui slaloment sur leurs rails, de quartier en quartier. Dans les rues, les alignements de façades décrépies sont entrecoupés par des terrains vagues encombrés d'ordures, ou par des hangars délabrés aux charpentes rouillées, aux tuyauteries éclatées, aux câbles arrachés. Dans les bâtiments où le narrateur entraîne le lecteur, des locaux inattendus s'ouvrent indéfiniment sur d'autres locaux encore plus inattendus. Une ancienne fabrique recèle des labyrinthes souterrains aussi mystérieux que les méandres d'un cerveau tourmenté. Un cabinet dentaire fantôme évoque de douloureux souvenirs d'enfance, ressentis comme une trahison maternelle refoulée.

Un moment, le narrateur se joint à des militants portant un nouveau type de revendications révolutionnaires : le refus de la maladie, de la vieillesse et de la mort, ce qui ne peut mener qu'à l'objectif de détruire le monde, qualifié d'enfer injuste et corrompu. En même temps, il tombe sur un manuscrit ancien oublié, écrit dans une langue indéchiffrable et illustré d'images incompréhensibles, symbole de l'impossibilité définitive de connaître le monde. Ne reste alors comme solution que la recherche d'un plan d'évasion, qui pourrait être la mise au monde d'un enfant. Une perspective finalement préférable à la création d'une oeuvre d'art.

L'auteur multiplie les références littéraires. Pour ma part, le parcours laborieux du narrateur m'a fait penser à La Métamorphose, de Franz Kafka, mais la première référence de Solénoïde – assumée explicitement à plusieurs reprises – est à mon sens un ouvrage dont des extraits nous fascinaient quand nous avions dix-huit ans, Les Chants de Maldoror, écrit sous le pseudonyme de Comte de Lautréamont, par un poète franco-uruguayen du dix-neuvième siècle, mort à vingt-quatre ans, nommé Isidore Ducasse.

Un point positif : l'écriture de Mircea Cartarescu, parfaite et harmonieuse. Prises indépendamment, les phrases sont longues, onctueuses, agréables à lire, comme je les aime. Mais globalement, la lecture est interminable, ennuyeuse et déprimante.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Je vois que nous sommes à présent 3 lecteurs pour "Solenoid". Comme je tiens beaucoup à l'émulation des classements ici, je souhaite évidemment publier la première critique, même si je n'ai pas encore fini cette lecture de longue haleine. Sur le mode sceptique je pourrais me contenter de m'interroger sur l'utilité des 2791 « ajutor » (à l'aide !) qui occupent les pages 732 à 742, en présentant des excuses si erreur de calcul il y a. Pour l'instant j'en suis arrivé(e) à la page 283. Il est vrai qu'au début, j'ai pu tenir la cadence indiquée par Andrei Plesu dans un article paru fin d'année dernière, soit une centaine de pages par jour, mais le problème avec le ”gras” (comme dit Alexi Jenni), c'est qu'il faut pouvoir se couper du monde pour le consommer, surtout quand il faut faire des recherches pour comprendre des références. Il s'agit d'ailleurs de ce que je continue à aimer chez Mircea Cartarescu : son incontestable érudition et sa psychédélique capacité à faire des ”correspondances” plus ou moins évidentes à décrypter. Pour la trame, il s'agit d'un narrateur, lecteur assidu (à 19 ans il a déjà tout lu), étudiant en lettres qui obtient un premier poste d'enseignant à Bucarest (incontournable chez l'auteur) dont des descriptions minutieuses vont s'accumuler par strates. Ce narrateur dont la littérature est la RAISON de vivre se pose la question de l'oeuvre ABSOLUE, tout naturellement. Son manuscrit est intitulé Căderea, (La Chute). J'ai relevé une allusion à Max Blecher, avec la tanière de la solitude invoquée à la page 27, l'hommage à Friedrich Hölderlin (p. 31) et l'humour d'un passage d'autodérision (p. 44) concernant les critiques littéraires qui ”pratiquent la vivisection sur [son] corps martyrisé ». Je vais m'attirer les foudres des mêmes si je confesse un phantasme personnel : j'ai rêvé que les agents de Mircea Cartarescu ont remanié la présentation auteur de Calin Torsan pour y mettre le texte suivant ”Revino Căline la Humanitas să-mparțim no, Bellu!” i.e ”Reviens, Călin chez Humanitas qu'on partage ce X” (calembour sur le Nobel par imprécation du Bellu, cimetière de Bucarest qui accueille de nombreuses personnalités de la culture roumaine).
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On avance dans Solénoïde comme dans une forêt touffue , on y trouve des descriptions sans fin de Bucarest , de l'enfance de l'auteur , de ses collègues enseignantes , des moments de grâce comme des oasis pour repartir de plus belle dans la forêt touffue .
Comment faire un résumé de cet ovni littéraire , cette lecture ardue qui contient quelques pépites et il faut bien le dire des pages et des pages indigestes comme ces rêves récurrents que certains critiques comparent à l'univers de Kafka .
On y apprend des choses sur la vie dans le Bucarest communiste , où en manque de tout , où les portraits des meilleurs élèves ornent le mur des écoles , où une enseignante jeune et jolie ayant un mari proche du régime est détestée de ses collègues , ou simplement ignorée car tellement différente .
Il y a aussi la trame de l'écrivain raté qui devient un médiocre professeur de roumain , des histoires d'amour comme la très touchante histoire d'amour qui clôture le livre , celle du père pour sa fille qui vient de naître .
On fait des rencontres étonnantes comme celles de l'inventeur du solénoïde qui donne son nom au roman , ce Borina qui travaille pour Tesla , une évocation rapide de Mitza Bicyclista , reine des coeurs du Bucarest avant le communisme , de l'inventeur du Rubik's cube , Rubik est le nom de l'inventeur du célèbre cube des années 80 .
Il y aussi les Piquetistes qui organisent des manifestations contre la maladie , la mort .
Et bien d'autres choses encore , près de 800 pages en comptant les nombreuses pages ' à l'aide ' , j'en ai compté 18 mais ça dépend des éditions et moi j'ai lu le livre sur une liseuse .
Roman ardu , très , trop ardu ?
A chacun de se faire son avis , à ne lire que si la difficulté ne fait pas peur , si on aime les descriptions interminables , les allers et retours temporels .
Pour ma part , j'ai beaucoup aimé tous les passages sur l'enfance de l'auteur .
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Le solénoïde est une bobine électrique, dont une version XXL apparaît dans ce récit : un aimant pour amants, à la faveur de sa charge magnétique capable de supporter le poids d'un couple enlacé. La boucle abondante de cette structure se reflète dans la narration : chaque chapitre rembobine et redéroule un cycle de ruminations, qui se veut exercer une séduction magnétique sur le lecteur. Au fil des réflexions du narrateur, le temps et la réalité tournent sur eux-mêmes. On alterne entre l'époque présente et le passé en Roumanie communiste, ainsi qu'entre quotidien glauque et fantasmagorie dérangeante. Il y a là de belles pages d'inspiration autobiographique, sur les refuges imaginaires de l'enfance au sein d'un environnement urbain délétère. le narrateur rejoint ainsi l'abbé Faria dans sa cellule pour nourrir avec lui des plans d'évasion, parmi d'autres citations littéraires… Cependant, ces passages sont noyés dans des flux de conscience répétitifs. Guère aidé par un éditeur particulièrement complaisant, Cartarescu s'enlise dans un trop-plein de considérations grandiloquentes, où surnagent des éléments d'horreur corporelle et des comparaisons animalières incessantes. Exemple typique pris au hasard : « nous avons le sentiment d'une tragique fraternité, comme au sein d'une famille de taupes enroulées dans le nid central de leur réseau de galeries, comme les sarcoptes aveugles sous la peau d'un galeux. Tandis qu'à la fenêtre il neige intensément, nous sommes comme dans une arche avançant au hasard dans la damnation universelle. » A travers le roman, ce type d'imagerie-ménagerie rend un hommage maladroit à Lautréamont, dont Cartarescu est loin d'avoir la fougue, puisqu'il fait mine d'adopter la posture d'un écrivain frustré à la Bernardo Soares... sans en atteindre la grâce languide. J'ai beau admirer ces deux pôles opposés, leur mélange n'a pas pris sur moi : l'application de la théorie des aimants trouve ainsi une limite.
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Bien difficile de commenter cette brique de quasi 800 pages. Si la valeur du livre se jugeait au poids (850 grammes), ce serait l'un des livres de l'année.
Un enseignant et poète banal et sub-moyen est le narrateur de ce roman sans fil conducteur. Ce serait plutôt un long poème en prose avec de multiples plongées dans l'enfance, dans le rêve, et dans des descriptions bien faites mais qui ne débouchent que sur d'autres descriptions sans lien avec ce qui précède ni ce qui suit. le roman commence de manière très peu poétique par des descriptions de poux et de punaises dans l'école. Plus loin, il y aura des livres moisis et pourris dans une bibliothèque, des scorpions (p. 62), des rats (p. 471), des foetus, et d'autres visions analogues. On y trouve - communisme athée oblige – un concours de crachats sur les icônes (p. 235) et de nombreux passages assez crus, beaucoup moins érotiques qu'eschatologiques, avec davantage de «fluides» que de tendresse (pp. 110, 179, 342, 470-471, 496, 562, 578, 586, et j'en passe). Les pages 690 à 701 ne font rien d'autre qu'aligner le cri «A l'aide», répété environ 2700 fois en suivant sur 11 pages, après quoi on passe à autre chose, comme de longs passages en langue imaginaire tels que celui qui commence par «polairy oair olpcheey ykaiin olpchedy... », où les mots et les lignes se suivent sans ponctuation ni explication (pp. 487, 713 et 788 par exemple). Certains paragraphes ont presque trois pages, ce qui rend la lecture assez difficile. Si le tout est assez décousu, il y a de très belles images, c'est pourquoi je parle de poème en prose. Certains critiques ont parlé de Kafka, j'ai pensé pour ma part à Bernardo Soares, l'un des hétéronymes de Fernando Pessoa, dans «Le Livre de l'intranquillité», qui est également une chronique où il ne se passe presque rien, sinon dans la tête du narrateur. Mais là, il y a l'ambiance de Lisbonne qui surpasse le peu des descriptions de Bucarest, descriptions sans âme qui ne rend pas l'ambiance de cette autre belle ville.
Merci à Masse critique pour ce livre déconcertant qui a du charme, qui laisse perplexe mais pas indifférent, et qui est joliment traduit du roumain. Je ne regrette pas de l'avoir lu.
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J'ai pensé à Foster Wallace qui se serait marié avec Kafka.
Il est dit que c'était le chef d'oeuvre de l'auteur et en effet c'est un livre assez extraordinaire, dans le sens où il sort de l'ordinaire. Par son nombre de pages conséquent, mais qui file vite, par son rythme très saccadé et ses nombreuses digressions, par son flot fébrile de réflexions et d'analyses mélangés à de simples événements dans le Bucarest soumis au communisme. période intéressant dans un pays qu'on connait mal en France alors que sa culture littéraire notamment est riche. Il est impossible de décrire le sentiment que l'on ressent lors de la lecture si ce n'est d'être perdu et d'aimer cela.
Le style est élégant, assez vif, voire nerveux mais alternant avec des descriptions lentes et contemplatives. Tout est déséquilibré dans ce roman et c'est pour cela qu'il est grand.
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Lire « Solénoïde », c'est embarquer dans un univers fantasmagorique, où les idées et la narration empruntent les itinéraires improbables des rêves pour percer les mystères de la vie. Ici, la texture du récit est une porte ouverte sur un monde parallèle, un miroir que l'on ne cesse d'approcher, que l'on rêve de traverser, une fugue possible de la frêle et décevante réalité.
Une expérience de lecture hors normes, des acariens qui creusent des galeries sous notre peau (beurk !) aux déambulations d'enfants dans les dortoirs d'un sanatorium perdu, les souvenirs et les délires du narrateur nous conduisent dans des territoires parfois repoussants, souvent poétiques, toujours fantastiques.
J'ai aimé parcourir les rues délabrées de la Bucarest années 70 du narrateur- écrivain, me plonger dans cette écriture puissante et souvent drôle, charnelle surtout. J'ai été impressionnée par la construction de ce roman foisonnant, perdue aussi par moments, parce que dans ses obsessions, le narrateur a une fâcheuse tendance à se répéter.
J'ai adoré les portraits que l'écrivain roumain fait de l'improbable salle des professeurs de l'école 86, la mise en abyme du récit façon Rubik's cube, les couleurs qui jaillissent subitement dans ce décor urbain austère. J'ai totalement adhéré à cette poétique du chaos, à cette noirceur féconde dont émerge une fin lumineuse et finalement humaniste.
Par-delà la richesse de cet univers, Cărtărescu compose également une ode à la lecture qui transporte, à l'écriture qui libère, et c'est franchement réussi. Des références à Borges, Dostoïevski ou Kafka remplissent la bibliothèque idéale de ce récit.
Il faut lire Cărtărescu et l'incroyable traduction de Laure Hinckel, qui restitue brillamment la musicalité et la beauté de l'écriture de « Solénoïde ».
Un grand roman dense et étrange, au croisement de Bolano et de Petrosyan dans mon panthéon littéraire !

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La lecture de Solénoïde de Mircea Cărtărescu est une expérience en soi. C'est un voyage dans l'univers mental de l'auteur, son enfance, ses traumatismes, ses phobies, ses rêves et ses fantasmes, le tout dans le cadre d'une version steam-punk de la ville de Bucarest. Autour de l'auteur-narrateur, tout est hétéroclite et d'une étrange normalité. Des objets bizarres croisent sa route, de la bouteille de Klein aux tesseracts, en passant par les abductions extraterrestres, le manuscrit de Voynich et les solénoïdes géants qui, comme chacun sait, ont la capacité de faire léviter les corps humains.
Ce livre est dense, puissant et ouvre des portes inimaginables sur un univers fantasmagorique d'une richesse insoupçonnée. On est chez Jules Verne, chez Schuiten & Peters et chez Tarkovski en même temps, et pourtant, on ne quitte pas les faubourgs de cette ville délabrée qu'est Bucarest.
Avec les images grandioses et terrifiantes qui montent en puissance tout au long des 790 pages, on se dit que l'auteur a dû beaucoup souffrir sur le fauteuil du dentiste dans son enfance, tant la douleur associée aux instruments pointus et mécaniques, se fait ressentir dans la chair lors de passages terrifiants.
Un immense bravo à la traductrice Laure Hinckel qui a réalisé là un travail d'une qualité incroyable car si le vocabulaire est riche, complexe et précis, la lecture reste toujours aisée et parfaitement fluide.
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S'il est un cliché qui convient au roman de Mircea Cărtărescu, c'est sans doute celui de roman-monstre, tant par la forme foisonnante d'un texte qui bouscule la taxinomie des genres littéraires que par la parade monstrueuse qui s'y déploie. Pour autant, le cliché est trompeur et si le livre de Cărtărescu joue bien avec certains codes du fantastique et la figure du monstre, cette dimension du livre entraîne peut-être le lecteur vers une fausse route. le narrateur de Solénoïde, professeur de roumain dans une école de Bucarest, écrit un journal hybride où rêves et récits réalistes s'entrelacent, une autobiographie enracinée dans une Bucarest chimérique, au sens presque biologique de création organique mêlant deux tissus, ici celui du réel et celui du songe. Dans Solénoïde, La réalité est contaminée par l'épanchement du rêve (la référence nervalienne est explicite) : les souvenirs parfois brumeux de l'enfance comme le récit de la vie quotidienne dans l'école du quartier Colentina présentent une texture réaliste que la fantasmagorie finit presque toujours par pénétrer, fissurer, transfigurer. S'agit-il pour autant d'un roman fantastique, habité par l'hésitation classique entre l'interprétation rationnelle et l'interprétation surnaturelle ? Solénoïde va au-delà de cette proposition binaire : ici, réalité et songe, comme présent et souvenir, sont intimement tressés et paraissent indissociables, coagulés par un faisceau de signes qui vont éclairer progressivement la structure générale de ces huit-cent pages labyrinthiques.
Le lecteur est emporté dans un maelstrom de souvenirs, de rêves, d'échos littéraires aussi (Kafka, Nerval, Rilke, Dostoïevski, Jean Ray sont cités parmi beaucoup d'autres), sans pour autant s'y noyer car il peut s'arrimer à quelques leitmotivs qui finissent par s'unir et former une architecture subtile. Plusieurs lignes thématiques sillonnent le livre de Cărtărescu et se rejoignent pour, finalement, façonner le roman comme les solénoïdes (bobines électriques gigantesques capables de produire un champ magnétique) enfouis dans le sous-sol de Bucarest finissent par transfigurer la ville. (suite sur le lien)
Lien : https://julienphilippe4.wixs..
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Solénoïde touche au sublime avec son narrateur écrivain refoulé devenu malgré lui un pauvre prof de lettres dans un minable établissement de Bucarest où ses minables élèves n'ont rien d'autres que leurs poux à partager. A vingt ans, il croyait dur comme fer que les portes de la gloire s'ouvriraient en grand devant son incommensurable talent. Persuadé de remporter haut la main le prestigieux concours littéraire de son université, il fut englouti sous la sévérité des critiques infligées par un jury cinglant. Une désillusion dont il ne se remettra jamais vraiment.
Un livre incroyable, journal halluciné d'un gars hallucinant (ou l'inverse) qui lorgne du côté de Kafka et Borges. Un livre brillant, agaçant, enthousiasmant, désespérant. Tour à tour métaphysique, sensuel, surréaliste, pathétique, hilarant. Pénible par moment, souffrant de rares longueurs, mais traversé la plupart du temps par des fulgurances qui laissent sur le carreau et, cerise sur le gâteau, porté par une traduction exceptionnelle.
Soyons clairs, Solénoïde est un roman monumental, de ceux que l'on croise rarement dans une vie de lecteur. Certes il ne se donne pas facilement, il réclame une attention et une concentration dignes de son ambitieuse construction mais au final les efforts fournis sont grandement récompensés. Assurément la littérature dans ce qu'elle a de plus grand à offrir.

Lien : https://litterature-a-blog.b..
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