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Un conte tragique et onirique très bien maîtrisé, j'ai pris beaucoup de plaisir à m'y plonger. J'ai eu la sensation d'être oppressée comme le narrateur tout au long du récit, je n'y étais pas préparée mais l'effet est réussi et invite à la réflexion sur le deuil et les espoirs que l'on se construit après une telle perte. Quitte à sombrer dans une douce folie où l'absurde et l'imaginaire côtoient le réel. Les messages délivrés sont forts et relayés par des personnages intéressants, dont le merveilleux duo Arona / Siwane.
Bref, une très belle lecture, une peu trop noire pour moi en ce moment mais qui me donne envie de découvrir l'oeuvre de l'auteur !
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"Pour nous, s'il est un ciel et s'il est un enfer
Le second est trop loin et le premier trop cher."

C'est Kipling qui m'accompagne à l'heure de vous parler de ce livre, car il faudrait des mots bien plus beaux que les miens pour dire toute la grandeur du Petit Blanc de Nicolas Carteret.

J'ai invoqué Kipling, j'aurais pu demander leur aide à Cendrars, Mac Orlan, Ramuz ou Vialatte, grands spécialistes du coeur humain, grands aventuriers des belles-lettres. Qu'importe. Si les ombres de ces grands anciens ont pu m'accompagner une partie du chemin, c'est le Petit Blanc seul qui reste à l'arrivée.
Car ce livre, voyez-vous, est de ceux qui n'ont besoin de personne pour les défendre, les promouvoir, les diffuser. Si j'en parle, ce n'est pas comme d'un tas de papiers couverts d'encre. Je vous le présente, comme on le ferait d'un ami cher, un être qui croise votre chemin un jour et qui reste à vos côtés.
Petit Blanc, donc. Un titre modeste, comme l'est la condition du héros. La seule richesse d'Albert Villeneuve, c'est l'espoir: l'espoir d'une vie meilleure dans une colonie lointaine, l'espoir de planter du café et d'assurer une existence dénuée de tout tracas à sa femme et à sa fille, qu'il aime au-dessus de tout.
Un espoir qui sombre durant la traversée, à laquelle sa famille n'a pas survécu.
Seul, veuf et orphelin de sa fillette, Albert s'accroche quelques temps à son projet de plantation, entre deux journées à la mine, puis entre deux verres de rhum. Mais les terres agricoles sont destinées aux familles. Et aux hommes sobres. Et plus Albert s'enfonce dans son ébriété, dans sa colère, dans son désespoir, plus Fort-Djaba lui est hostile. Les fantômes de Marthe et Louise le rendent fou de douleur, jusqu'à l'entraîner dans une rixe contre un grand personnage local. Impossible de rester en ville dans ces conditions: le Petit Blanc abandonne donc ses compatriotes et s'enfonce loin dans les terres...

A une époque où l'on cause volontiers psychologie, résilience ou bien-être, dans un monde où l'on cherche souvent des modèles à imiter, où l'on attribue un sens positif au terme"influenceur", où l'on vous enjoint quotidiennement de changer quelque chose dans votre attitude, dans un monde enfin où l'on vous somme de "choisir la vie" qu'on vous a préparé, la voix d'Albert Villeneuve semble bien dissonante.
Et pourtant.
Pourtant, c'est cette voix qui dit le vrai.
Albert croyait choisir la vie, mais c'est la vie qui l'a choisi, seul, pour survivre au naufrage de ses espoirs. Et la vie, c'est tout ce qui lui reste. Cette petite flamme, ce feu qui refuse de crever au coeur de son coeur, c'est ce qui pousse Villeneuve à partir loin de la folie des grands Blancs. C'est cette braise minuscule qu'il cherche à sauver. Qu'il apprend à connaître. Qu'il apprend à confier, parfois. Car apprendre, c'est aussi une façon de reprendre vie, ou d'accepter son sort. Sans doute, l'apprentissage est difficile. Car après l'espoir, après l'amour, le Petit Blanc découvre à ses dépens que l'on peut perdre encore davantage: l'amitié, le respect de soi-même, la notion de réalité.
Mais ce faisant, c'est une grande leçon qu'il partage avec nous. Car , de chute en chute, Villeneuve nous enseigne de quoi la vie est faite, ce qu'il y a de grand dans les petites choses. Pareil à l'alchimiste, il affine, il épure, il retranche pour en arriver à l'essence même de l'humain, la pierre philosophale que dissimule notre carcasse.

Albert, désormais, fait donc partie de mes amis imaginaires. Et je m'en réjouis.




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Quelle belle surprise que « Petit blanc », de Nicolas Cartelet. Enfin un livre original, plein de rebondissements, où l'on ne sait pas où l'auteur va nous emmener (et moi j'adore ça !).
Albert Villeneuve quitte sa pauvre vie en France avec femme et enfant pour aller tenter sa chance dans les colonies. Après un terrible voyage en mer de plusieurs semaines, il arrive finalement seul sur l'île (fictive) de Sainte-Madeleine, décidé tout de même à faire fortune dans la culture du café. de ce dernier, il n'en verra cependant pas la couleur, mais plutôt celle du fond de la mine dans laquelle il est obligé de travailler pour survivre. Jusqu'à ce qu'il s'enfonce encore un peu plus en croisant le chemin du terrible sergent Arpagon…
Comme je l'ai dit, ce récit est vraiment très original et se lit comme une fable, où l'on ne serait pas surpris de voir débarquer une bande de pirates au coin des bars où Albert noie abondamment son malheur dans le rhum. L'écriture de Cartelet est virtuose, et nous plonge littéralement dans la moiteur de cette île où l'injustice est de mise. Une bien belle surprise que je recommande.
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Écouter le chuchotement du vent sur les feuilles du Latanier pleureur. Écouter le bruissement onirique venu du fin fond de la jungle. le battement humain non loin de la. L'euphorie illusoire ce diluant, étouffée, de Denis, l'ouïe enchanté des cliquetis du verre où gît l'antique rhum. le bavard barbant de la voix intérieure. Tumultueux vacarme d'une vie échouée dans la douleur, brisant le dôme de la réalité si dur, pour glisser dans l'improbable poétique d'une quête spirituelle.

La plume délicate de l'auteur nous entraîne dans quelque chose d'hors norme, quelque chose de philosophique, de fantasmagorique, un récit court qui concentre beaucoup de clins d'oeil, de métaphores subtiles.
J'ai beaucoup aimé ce livre avec sa charge historique, son exotisme sombre, son héros désespérant, dans sa mue-poésie.. un livre qui nous procure une autre lecture, le coeur amarré à l'inconnu..
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Dans cette histoire nous suivons l'infortuné Albert Villeneuve qui, en 1896, embarque pour une vie meilleure vers Sainte Madeleine, colonie française, pour y cultiver du café.

Il entreprend ce voyage avec sa femme et sa fille. Avant même de poser le pied sur cette terre pleine de promesses, les conditions effroyables du voyage auront raison de la mère et de la petite fille laissant un Albert amérir sur la terre de ses rêves complètement seul et désoeuvré.

C'est un ainsi que commence la difficile aventure d'Albert

Le début de sa nouvelle vie se déroule sur le port où Albert se donne pour mission chaque jour de choisir entre deux troquets pour se saouler au rhum pour oublier son désespoir. Un jour, dans ce coin de misère, il prendra la défense d'une jeune fille malmenée par le sergent Arpagon. Ce geste signe pour Albert le début de sa fuite face à la folie de vengeance de ce sergent "monstrueux" et pour peut-être marcher dans les champs de café.

Sa fuite sera une suite de rencontres irréelles où dès que le bonheur pointe son nez, dès qu'il se sent devenir quelqu'un pour les autres, le malheur reprend ses droits et lui arrache ses espérances.

Ce livre est complètement hors norme, il a le goût de l'absurde et du rêve éveillé qui m'a laissé, tout au long de ma lecture, un goût d'aventure du Baron de Munschausen.

C'est totalement surréaliste mais terriblement humain.

Une plume impeccable, un propos original, un voyage de l'imaginaire qui m'a transportée. Oui je vous recommande ce livre, sorte d'objet littéraire non identifié, car il est bon de voyager en dehors des sentiers battus.

Ce livre est une rupture dans le réel, ces quelques mots sont ceux que la maison d'édition Mu utilise pour se décrire.
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La première de couverture illustrée par Kévin Deneufchatel est époustouflante. le regard en plongée dans les couleurs, appel d'air, renom pressenti. « Petit blanc » est déjà dans la cour des grands. « Nous, on avait fait le pari de partir. Partir en famille. Alors on était parti. » Albert Villeneuve quitte Marseille avec sa femme Marthe, Louise leur petite fille pour rejoindre les colonies à Sainte-Madeleine. Nous sommes en 1896, le crépuscule va advenir. Sur un bateau, tant de familles comme eux, leurs semblables, en proie à la maladie, la faim, cette chimère qui se révèle cruellement à l'instar du : « le radeau de Géricault ». La mère et l'enfant vont mourir. Elles sont anéanties, lui, de détresse et de regrets, symboles floutés de notre contemporanéité. Seul, il foule Fort-Djaba. Larmes de sel, Petit blanc en devenir. Les espérances accrochées au fronton d'une administration ubuesque menée par un tyran emblématique, un château de cartes qui va s'écrouler subrepticement. « S'il n'y avait pas eu « tout le reste » j'aurai probablement aimé Fort Djaba. » Ce récit tout en patchwork, évènementiel, est frénétique. Une entrée dans une littérature surdouée. Nicolas Cartelet bouscule les codes. Ose le passage entre tous les champs possibles. C'est dans le point du centre de cette construction d'orfèvre que l'onirique prend place. Dans cet entre monde où les métaphores excellent. « Je ne parle pas de ça. Je parle de ta peine, de ton coeur qui est ouvert. Tu as tout perdu et ça se voit. On cultive mal le café, quand on n'est pas guéri de ça. » Ecoutez les voix, mimétisme. le conte qui assigne sa venue, les pouvoirs d'une histoire serrée comme un café fort, acide, turbulente, implacable, et pourtant si belle si réussie. Kaléidoscope parabolique, l'exactitude heure d'une lecture qui fera date. Albert Villeneuve semble le plein des êtres de ce monde. En assise entre le bien et le mal, l'anti-héros, le bouc-émissaire des vils injustices, douleurs et trahisons. Il y a dans ce récit le courant d'une philosophie réinventée. L'extraordinaire envergure d'un rêve éveillé, son double. Transmutation jusqu'à la lame de fond d'un nihilisme qui étire ses ailes. Les couleurs du perroquet sont des contre-feux, des résurgences. Albert Villeneuve est un emblème, celui des errances éperdues. Une flèche en plein coeur dans une prison mentale. Lisez ce livre. Offrez-le. Il reste vivant bien après la lecture. Ecoutez les bruissements, l'île qui se souvient de cet homme. Magistral. Publié par les majeures Editions MU.
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Le commentaire de Cathy :

Accompagné de sa femme et de sa fille, Albert Villeneuve part sur l'île de Sainte Madeleine.
Arrivé sur place, après un voyage très difficile, l'homme va voir s'envoler ses espoirs d'obtenir des terres où il espérait cultiver le café.
Désabusé, perdu, frustré, Albert va sombrer dans l'alcool et va se faire un ennemi, le sergent Arpagon.
Lors de sa fuite, il va rencontrer une aide inattendue, va-t-il retrouver la paix au fond de son coeur ?
L'époque de la colonisation nous est bien présentée dans ce roman, l'homme blanc qui part à la recherche de terres afin de s'enrichir au détriment des autochtones.
Le voyage que vit Albert est décrit d'une telle façon qu'il m'a été facile de me représenter l'horreur de ce qu'il vivait.
L'homme sombre dans la folie, cela m'a été très difficile à supporter.
L'auteur a une très belle plume, l'ambiance de ce roman est sombre, dure, certains personnages font preuve de cruauté difficile à imaginer à notre époque.
Un moment de lecture percutant.
Lien : http://lesmilleetunlivreslm...
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Merci à masse critique et aux éditions Mu de m'avoir procuré ce livre.
Mais que raconte-t-il? Il raconte l'histoire d'un homme qui tente de poursuivre ses rêves et ses idéaux et qui perd progressivement le peu qu'il possède , jusqu'à sa dignité.
Quand Albert Villeneuve quitte la France et embarque sur le bateau qui le mènera à Sainte Madeleine , où il espère cultiver son lopin de terre , il ne se doute pas de la descente aux enfers qui l'attend.
Sa femme et sa fille ne survivent pas au voyage , et lorsqu'il débarque ,seul , il va de désillusion en désillusion.
La route du café lui étant refusée depuis son arrivée , il se noie dans le rhum pour oublier ses peines.
S'ensuit un différend avec le sergent Arpagon , qui le pousse à fuir dans la forêt , où un indigène et son perroquet , qui n'est autre qu'un sage , le protègent.
Mais là encore , son passé le rattrape , il devra fuir à nouveau se heurtant à d'autres frustrations et tragédies...Autant dire que le sort s'acharne sur ce pauvre hère , ça en devient même oppressant.
Qu'en ai-je pensé ? J'ai eu du mal à entrer dans le récit , à accrocher réellement.Je suis restée à distance tout du long , ni touchée , ni emballée...
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J'avoue que j'ai eu un peu de mal à me sentir à l'aise avec ce court roman. Déjà j'ai ressenti que des ondes négatives en le lisant, le pauvre diable, il n'a que le malheur à ses trousses. Un peu de répit quand il est recueilli dans la forêt, répit bien court, et la folle course est repartie de plus belle pour être une fois encore interrompue par un sauveur.
C'est intéressant certes, mais ça vous met le moral à zéro. Un petit mélange : historique et fantastique qui est appréciable, une écriture également agréable.

Original, c'est le moins que l'on puisse dire, mais je pense qu'il faut être averti avant de lire ce genre de littérature. Ce ne doit pas être mon cas. Je n'ai pas eu beaucoup de plaisir à lire ce livre pourtant le résumé, la couverture, tout m'avait attiré vers ce choix.

Un grand merci à Masse critique et les éditions Mu pour ce partage.

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On ne sait pas grand-chose de la vie d'Albert Villeneuve dans cette France de la fin du XIXème siècle...Elle était miséreuse et ne devait pas être riche d'espoir..
Alors une seule solution s'offre à lui : émigrer vers des cieux meilleurs, vers ces îles paradisiaques, dans lesquelles on cultive le café... Partir, c'est s'engager dans un long voyage de trois mois dans les cales d'un bateau surchargé...partir sans être certain d'arriver à bon port. Sa femme et sa fille ne verront jamais le paradis attendu...elles ne pourront résister aux épidémies, leur corps sera jeté en mer...A l'arrivée, il faudra attendre, toujours attendre le bon vouloir des autorités pour décrocher le lopin de terre qui permettra d'espérer la richesse, tout accepter y compris travailler dans la mine...Début d'un parcours peuplé d'embûches....un parcours auquel il n'était pas préparé....
Albert va découvrir qu'on peut être, sous ce soleil des îles encore plus pauvre, encore plus rejeté qu'en France. Il se heurtera aux sbires de la France coloniale, à ses mensonges, à la France coloniale qui cogne et rejette ses ressortissants dont elle n'oublie pas le passé.
Alors il y a l'alcool pour oublier et entretenir l'espoir, l'espoir d'un demain meilleur, un espoir qui ne quitte jamais Albert.
Un espoir insensé qui peut faire sombrer dans la dépression, la déchéance et finalement la folie.
Peinture de cette France coloniale violente non seulement avec cette population nègre, c'est le mot employé alors, mais violente aussi avec ses ressortissants, ceux qui espéraient une vie meilleure mais dont le passé n'était pas pur et sans tâche, ces petits blancs dont elle se débarrassait à bon compte, à leurs frais, en leur faisant miroiter la richesse et un avenir meilleur.
Histoire cruelle et violente de ces petits colons qui iront dans les îles de désillusion en désillusion, et de ces noirs impuissants face cette force qui détruit leur vie.
Belle découverte. Merci à Babelio et à Masse critique
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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