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EAN : 9782267014181
205 pages
Christian Bourgois Editeur (20/05/1997)
3.39/5   14 notes
Résumé :
Écrit en 1969, Love est un roman trouble et bouleversant où le féminisme radical, mais nuancé, de l'auteur se présente sous les dehors les plus pervers et les plus violents. Love raconte une étouffante histoire d'amour à trois où les émotions les plus subtiles côtoient les pulsions sexuelles les plus grossières et les névroses sentimentales les plus cruelles. Le tout sanctionné par l'acte de violence et d'amour le plus définitif. Illuminé par la présence d'une héroï... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'ouvrage Love ne parle d'Amour que dans son titre. D'ailleurs, j'ai trouvé que la quatrième de couverture était en total décalage avec l'oeuvre et que cela lui portait vraiment préjudice.
Love est l'histoire de deux frères un peu machos, très liés car ayant vécu une enfance difficile : lorsqu'ils étaient enfants, leur mère a décompensé et est devenue psychotique.
Adulte, l'ainé est devenu enseignant, socialement bien sous tous rapports et le second, un artiste torturé, ne vivant qu'à travers son appareil photo. L'ainé rencontre lors d'une soirée une jeune femme un peu perdue, vivant surtout dans son univers qu'elle crée : le dessin. Leur relation de couple naissante, basée sur le besoin et la pitié plus que sur la tendresse, devient progressivement un trio, car son frère s'immisce de plus en plus dans leur relation. Les personnages se déchirent, s'enfonçant progressivement dans la souffrance, la violence, faisant ressortir ce qu'il y a de pire en eux. La jeune femme plonge dans la psychose et le lecteur, jusqu'à la fin, est obsédé par comment va se terminer cette macabre histoire, d'un réalisme perturbant.
L'autrice écrit incroyablement bien et les rêveries des personnages, leurs souvenirs et leurs délires s'entremêlent et se nourrissent de façon troublante.
C'est un petit roman, glaçant, extrêmement dérangeant qui m'a laissé à la fin de ma lecture prisonnière d'un profond mal être, à la fois fascinée et répugnée.
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Dans ce roman, les tropismes baroques d'Angela Carter la poussent à dépeindre des psychologies tortueuses, maladives.

Sans cesse comparée à l'Ophélie de Millet, l'héroïne (répondant au nom d'Annabel) dessine des plantes empoisonnées sur ses murs, et se noie dans un narcissisme confinant au solipsisme : les autres existent uniquement comme des entités soumises à ses fantaisies détachées des réalités crues de l'amour. C'est pourquoi le premier présage qu'elle a de cette réalité, dans un parc au symbolisme capiteux (entre soleil et lune, classique et gothique, Apollon et Dionysos), la terrifie. Comme pour l'acte amoureux, on pénètre dans ce parc par un portail « amoral »…

Amoraux, les deux héros masculins le sont plus ou moins, malgré une éducation ayant tenté de leur inculquer des valeurs dont ils ne savent que faire. « Agis bien parce que c'est bien… mais qu'est-ce-qui est bien ? ». Avec Annabel, ils choisissent mal leur référentiel pour mesurer les mouvements d'un monde matériel où ils se sont perdus. Car cette dernière vit uniquement dans le monde des idées : vouloir prendre appui sur elle est donc un non-sens tragique. Ils se condamnent à suivre le sillage d'Ophélie, vers des profondeurs irrespirables.
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Ne vous fiez pas à ce titre sardonique. Dans Love il n'est pas question d'amour mais de désillusions. le triangle qui se constitue entre Lee, Buzz, son demi-frère – tous deux d'origine modeste – et Annabel, bourgeoise qui étudie les beaux-arts, n'est qu'un prétexte pour explorer les travers humains.

J'ai été tout de suite happée par la plume d'Angela Carter (beau travail de la traductrice Anouk Neuhoff) et cet univers empreint de gothisme et de réalisme magique qui confère notamment aux descriptions de l'espace une teinte irréelle, presque fantasmagorique : à ce titre, Love s'ouvre avec la description d'un parc avec une seule entrée, un portail “jamais ni ouvert ni fermé” et se clôt quasiment sur le même motif “ils regagnèrent la ville par les portes amorales qui n'en autorisaient ni n'en interdisaient l'accès”. On navigue donc tout du long dans une forme d'entre-deux moral qui annonce cette exploration de la psyché retorse des personnages.

Si j'ai trouvé sa vision de la dépression, du détachement émotionnel et du regard que porte les hommes sur le trouble d'Annabel particulièrement saisissante, je suis en revanche restée complètement imperméable aux 2 personnages masculins non pas parce qu'ils sont détestables – même si, entre nous, ça n'aide pas – mais parce que leurs agissements et motivations s'avèrent opaques voire invraisemblables. On ne comprend absolument pas les ¾ de leurs réactions et cela crée un flottement assez troublant de prime abord, plaisant même, puis malheureusement agaçant à mesure qu'on progresse car sans aucune apparente cohérence psychologique. J'ignore s'il en est de même dans l'Adolphe de Benjamin Constant dont Angela Carter s'est apparemment inspirée mais si vous l'avez lu votre retour m'intéresse :).

Les dernières lignes donnent qui plus est l'impression d'avoir été rédigées à la va-vite par quelqu'un qui avait, semble-t-il, perdu le fil de son histoire et était pressée d'en finir. Heureusement, l'édition contient une postface fort sympathique dans laquelle Angela Carter s'amuse à inventer la suite de la vie de ses personnages avec mordant et qui permet de ne pas rester sur cette déception.
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critiques presse (2)
Telerama
02 mai 2022
Love (1971), le plus réaliste mais non le moins féroce et cru de ces récits, met en scène une histoire d’amour triangulaire, dans l’Angleterre provinciale et conformiste des années 1970.
Lire la critique sur le site : Telerama
Bibliobs
13 août 2018
Ce qui pourrait être un banal triangle amoureux dans le Londres hippie de la fin des années 1960 devient, par le sortilège d'une écriture luxuriante, un conte symboliste d'une ténébreuse perversité. Ecrit en 1969, «Love» est le cinquième roman de l'Anglaise Angela Carter, incarnation d'un réalisme magique féministe.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Annabel went through the park in a season of high winds and lurid weather, early one winter’s evening, and happened to look up at the sky.

On her right, she saw the sun shining down on the district of terraces and crescents where she lived while, on her left, above the spires and skyscrapers of the city itself, the rising moon hung motionless in a rift of absolute night. Though one was setting while the other rose, both sun and moon gave forth an equal brilliance so the heavens contained two contrary states at once. Annabel gazed upwards, appalled to see such a dreadful rebellion of the familiar. There was nothing in her mythology to help her resolve this conflict and, all at once, she felt herself the helpless pivot of the entire universe as if sun, moon, stars and all the hosts of the sky span round upon herself, their volitionless axle.

At that, she bolted from the path through the long grass, seeking cover from the sky. Wholly at the mercy of the elements, she lurched and zig-zagged and her movements were so erratic, apparently at the whim of the roaring winds, and her colours so ill-defined, blurred by the approaching dusk, that she might herself have been no more than an emanation of the place or time of year.
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Maintenant qu'elle disposait de deux pièces, son monde invisible avait étendu ses frontières physiques, même si, semble-t-il, elle n'avait plus besoin d'y accumuler autant d'objets réels qu'auparavant : peut-être avait-elle gravé son chagrin si profondément dans le bois et la brique essentiels du lieu qu'elle avait la certitude que personne ne pourrait plus jamais y être heureux. Elle n'échangeait plus de confidences avec les silhouettes sur les murs. Elle ne prit pas la peine d'acheter des meubles supplémentaires ni même d'encombrer la tablette de cheminée avec des bouquets de feuilles et de baies cueillis dans le parc et enfoncés dans le col de bouteilles de lait. Elle restait au lit des heures pendant que Lee était au boulot : elle dessinait parfois dans son carnet à croquis ses bêtes apocalyptiques préférées mais, de plus en plus, elle se contentait de regarder dans le vide, plongée dans ses pensées
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Pourtant Lee n avait toujours pas la moindre idée de ce qu'il allait faire d'Annabel une fois qu ils se retrouveraient, ni de la façon dont pourrait réparer ses torts envers elle, afin de soulager sa culpabilité. Peut-être pourrait-il nettoyer à fond la chambre de la jeune femme et mettre ses affaires à la poubelle, car il la prenait à moitié pour une espèce de substance malléable, à qui celui qui la sauverait de ses fantômes pourrait imposer la forme de son choix.
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“Or, même s'ils admettaient désormais leur état amoureux, leur accouplement était encore imprégné d'un certain malaise, car elle ne comprenait le jeu des surfaces que superficiellement ; elle était comme un aveugle à un feu d'artifice qui ne peut apprécier le spectacle qu'en se représentant ses divers degrés de magnificence à travers les réactions plus ou moins enthousiastes de la foule tapageuse. La nature de l'éblouissement était vaguement appréhendée, non pas clairement reconnue.”
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Au bout d'un moment, elle demanda : "Vous aimez votre femme ?
- Est-ce qu'il existe une sorte de papier réactif que vous pourriez plonger dans mon coeur pour tester une telle chose de manière objective ?"
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