Les missionnaires avaient consacré leur vie à la conversion des païens, et si leur vocation en faisait les victimes d’épreuves intolérables et parfois même d’une mort prématurée, il ne faisait aucun doute qu’ils étaient accueillis à bras ouverts au paradis.
Les chefs arabes témoignaient d’ailleurs envers leurs invités d’une courtoisie qui aurait impressionné bien des Anglais : il suffisait que l’un d’eux admire chez son hôte un objet d’art ou même une belle femme pour qu’aussitôt il se le voie offrir !
Tout en étant consciente du caractère sacré de leurs sentiments, elle découvrait que l’amour avait une autre dimension : un feu sembla embraser leurs corps, s’intensifiant à chacune de leurs inspirations.
Ce n’était un secret pour personne que Tanger servait d’asile à ceux que l’Espagne avait rejetés ; ils jouaient même un rôle prépondérant dans la ville. Mais des ressortissants d’autres pays s’y étaient également installés pour des motifs plus personnels, souvent pour vivre à leur guise sans être l’objet de la réprobation générale.
Elle avait appris à connaître les Maures, dont les ancêtres avaient entrepris la conquête de l’Espagne dans le but de répandre la foi islamique. Son père lui avait enseigné les principes de cette religion qui laissait à ses fidèles le soin de juger ce qu’il y avait de bon et de noble chez l’homme.