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Max de Carvalho (Autre)
EAN : 9782367322070
1896 pages
Editions Chandeigne (14/10/2021)
4.67/5   6 notes
Résumé :
Avec ses quelque 300 auteurs et plus de mille textes, cette anthologie bilingue constitue une somme de huit siècles de poésie portugaise.
Que lire après La poésie du Portugal des origines au XXe siècleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Une malle aux trésors ce recueil de poésie portugaise, un livre à la fois érudit, riche, beau et complet, publié aux éditions Chandeigne, maison indépendante française qui nous offre la possibilité de découvrir des livres bilingues, en portugais et en français, sur le Portugal, le Brésil, l'Angola, le Cap Vert, la Guinée-Bissau, le Mozambique, São Tomé …bref, qui nous ouvre la porte ô combien belle de la littérature lusophone ! Un voyage dans lequel embarquer avec curiosité et plaisir !

"Ici.
Loin,
Dans un café de Lisbonne,
Sur les rives du Tage aux remous de frégates,
Suivant du regard un paquebot qui vile vers la Barre,
Soudain j'ai l'impression que moi-même j'embarque".

[ Pedro da Silveira]

Le mythe est le rien qui est tout selon Pessoa…ce livre sur ce rien vital qu'est la poésie portugaise forme un tout, une anthologie magnifique…Des siècles de poésie dont les thèmes nourrissent à divers égards la sensibilité d'un peuple et qui donne à comprendre l'âme de ce peuple. Un liant poétique, un tissage culturel qui a formé au fil des siècles une tapisserie singulière.

L'extrême contemporain est exclu de ce panorama dont la perspective du temps demeure la clé de voute. le livre s'articule en plusieurs sections selon un découpage chronologique, depuis l'art des troubadours jusqu'à la modernité, en passant par le classicisme, l'âge baroque, le romantisme, le Parnasse et le Symbolisme…avec une introduction détaillée pour chaque période proposée. Les portraits résumés de chaque auteur sont réunis dans une section à part, en fin d'ouvrage. Nous avons entre les mains un livre précieux, un incroyable et beau travail de structuration et une traduction d'une grande finesse…

"Ma soeur, Soror Saudade, ainsi me nommas-tu…
Et en mon âme alors le nom s'illumina
Comme un vitrail sous le soleil, comme s'il était
La lumière même du rêve que tu avais fait".
….
[ Florbela Espaca – Soror Saudade - ]

Un recueil dont la forme est marquée par une structure rigoureuse et sérieuse, pour mieux sertir le fond qui n'est que poésie sur plus de 1800 pages…Régal de venir plonger régulièrement dedans, de rester plusieurs jours avec un même auteur (pour chaque auteur plusieurs poèmes sont présentés) puis de changer de période et découvrir ainsi un autre auteur. Au gré des envies, au gré des hasards…une balade d'ilots poétiques en ilots poétiques, une errance certes sans boussole mais guidée. L'ouvrir c'est lorgner la rosace toujours changeante d'un kaléidoscope poétique…

"Nous avons cinq sens :
Soit deux paires et demie d'ailes
- Quel équilibre espériez-vous ?"
[ David Mourao-Ferreira ]

Un très beau livre, un recueil précieux qui honore ma bibliothèque, un voyage pour découvrir les principaux poètes portugais et pouvoir les lire tant en français qu'en portugais de fait de cette édition bilingue. Merci infiniment mh17 !
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Il m'aura fallu un bon mois et demi pour faire le tour de cette anthologie poétique portugaise de plus de 1500 pages, pour savourer, profiter pleinement de ses évolutions entre le Moyen-Age et le XXème siècle.

J'ai d'abord découvert l'art des troubadours, somme toute classique, de la poésie amoureuse, courtoise ou graveleuse, à l'évocation de la nature et de la mort, très proche de celui de nos troubadours français, peut-être plus cru quant à l'évocation de l'érotisme qui en parsème les pages.

J'ai ensuite plongé dans la poésie de la Renaissance, du Classicisme et du Maniérisme, beaucoup plus grave et sérieuse que précédemment, même si des tensions entre ancienne et nouvelle manières se font parfois sentir, poésie d'une grande beauté formelle, mais tellement pesante !

J'ai alors pénétré avec plaisir dans les méandres de la poésie de l'âge baroque, plus vivante, tant rythmiquement que thématiquement, pour parler principalement de mort, ce qui en fait tout son charme paradoxal, de métaphores filées en antithèses et oxymores donnant le ton, mais aussi d'amour et de nature, pas toujours morts qui plus est.

J'ai, par la suite, accueilli avec beaucoup moins de plaisir, l'Arcadisme et le Pré-romantisme, poésie entre crépuscule d'un baroque irrévérencieux, plus qu'à la période précédente, mais classique formellement, et aube d'un Romantisme qui s'annonce plaintif, dans l'emphase et l'image à outrance, assez caricaturales. Tout comme j'ai eu beaucoup de mal avec le Romantisme, me montrant que je suis autant fâchée avec la poésie romantique portugaise que française, qui est trop... tellement trop que cela manque de coeur, de corps, de vie.

J'en suis arrivée à l'avant-dernière étape de mon voyage, le Parnasse, le Symbolisme et la poésie Fin-de-Siècle, qui connaît les mêmes évolutions des thématiques et des tentatives de déconstruction rythmique et de versification qu'en France, mais qui reste malgré tout plus sage, au contraire de la poésie médiévale qui était, au contraire de la française, beaucoup plus graveleuse.

Et, enfin, je suis entrée dans la plus grande part de l'anthologie, la modernité, qui contient de la poésie du XXème, jusqu'aux années 1980, dans laquelle la forme se libère enfin, après le fond au XIXème, dans laquelle la poésie est davantage jeu sur les rythmes, les sons, les sens, et à laquelle j'ai été plus réceptive qu'à une bonne partie de la poésie française de la même époque.

Pour conclure, j'ai apprécié découvrir cette somme de la poésie portugaise, qui m'a fait prendre conscience - et relativiser encore davantage sur la poésie française, finalement, loin d'être la seule à valoir le détour - de toute sa richesse, sa diversité. Somme qui plus est proposée dans la langue, en plus de la traduction, ce qui m'a permis, encore une fois, de me rendre compte du travail colossal que demande une traduction du genre poétique, peut-être plus encore parce que j'ai moi-même débuté l'apprentissage du portugais il y a quelques mois - et que oui, sans surprise, j'aurais été bien incapable de lire cette poésie dans la langue, pour l'instant, mais j'ai pu tout de même profiter davantage de la version originelle que sans aucune connaissance.
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Un vrai bijou qui rend enfin hommage à la Poésie du Portugal et au Portugal !!!
Un bonheur de découvrir des poetes méconnus dans une traduction d'une grande finesse et sincérité. le tout dans une belle édition de plus de 1800 pages.
Les notices permettent aussi d'en apprendre énormément sur les auteurs et les siècles du passé portugais.
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- La Poésie du Portugal-

Une vrai bible ! Cette ouvrage comporte des poèmes des troubadour (trovadoresco) à des poèmes du XX siècle, plusieurs poètes portugais étudier dans les universités ou encore dans les lycées sont présent comme Fernando Pessoa, Almeida Garret,Miguel Torga, Gil Vicente, Garcia de Resende...

Le livre traverse toute les époque qui aurait marquer la littérature portugaise comme le classicisme, le néoclassicisme, le romantisme, le réalisme, le symbolisme ou encore le modernisme.

Pour une personne qui étudie comme moi la littérature portugaise, ce livre m'est très précieux ! Il me permet de découvrir la beauté des vers portugais qui évolue dans chaque époque !

Carlaines
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critiques presse (2)
LaCroix
18 janvier 2022
Une belle et imposante anthologie de la poésie du Portugal permet de plonger dans l’âme d’un peuple ayant hissé, par ses vers, un sentiment particulier au rang d’art de vivre.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeFigaro
17 janvier 2022
Avec la saudade, le coraçao est [...] l’autre héros de La Poésie du Portugal. Le mot rime avec interrogaçao, decepçao, emoçao, oraçao, consolaçao. L’interrogation, la déception, l’émotion, la prière, la consolation: tout ce que la poésie portugaise veut savoir faire entendre.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
                                             Varechs
                                   IX
  
  
  
  
Il doit flotter comme une ville dans le crépuscule de la vie
pensais-je... où les femmes seraient heureuses
penchées près du rivage sur une lumière de chaux
rapiéçant le tissu des voiles...guettant la mer
et la longitude de l’amour embarqué

quelquefois
une mouette se poserait sur les flots
d’autres ce serait le soleil aveuglant
et une traînée de sang se répandrait sur le lin de la nuit
les jours très lents... sans personne

on ne m’a jamais dit le nom de cet océan
et j’ai attendu assise à ma porte... bien avant j’écrivais des lettres
je me mettais à regarder la ligne bleue au fond de la rue
mais j’ai vieilli ainsi... croyant qu’un homme de passage
s’étonnerait de ma solitude.

(des années plus tard, je me souviens maintenant, une perle avait grossi
dans mon cœur, mais je suis seule, très seule, je n’ai personne à qui la laisser.)

un jour est venu
où je n’ai jamais plus aperçu de villes crépusculaires
et les navires ont cessé de faire escale à ma porte
je m’incline à nouveau sur la trame de ce siècle
je recommence à broder ou à dormir
peu m’importe
j’ai toujours douté que le bonheur vienne un jour me visiter


// Al Berto (1948 -1997)

/ Traduit du portugais par Max de Carvalho
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LES MÛRES

Mon pays a la saveur des mûres sauvages
en été.
Personne n'ignore qu'il n'est pas bien grand,
intelligent ni élégant mon pays,
mais il a cette voix douce
d'un qui se lève tôt pour chanter dans les ronces.
J'ai rarement évoqué mon pays peut-être
même que je ne l'aime pas, mais quand un ami
m'apporte des mûres sauvages
la blancheur de sa maison me frappe
et je remarque que dans mon pays aussi le ciel est bleu.

Eugénio de Andrade
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Poésie



Cet arbre m’est entré par les chairs, il a plongé en moi
des racines de feu ; il m’a dévoré l’âme avec ses rameaux
d’ardente inspiration ; les pages blanches de son désir ont
rongé jusqu’à la moindre parcelle de mon être, donnant à
   chaque nouveau printemps
la fleur entre toutes inespérée, aux pétales mélodieux,
et l’éblouissante image éclose dans le regard
qui cherche le cœur de la corolle. C’est un arbre toujours vert,
il n’a pas besoin d’eau ; il garde feuilles et fleurs,
malgré les automnes et les hivers ; il partage le jour
d’avec la nuit, lorsque, cherchant son ombre, sa lumière
m’inonde. Ce pourrait être un arbre de plein vent ; mais il
pousse aussi bien dans les chambres les plus sombres, dans les
pièces où stagnent la fumée et l’haleine de ceux qui vivent là,
dans les caves où le jour n’entre pas. C’est en vain qu’on taille
ses racines ; en vain qu’on cherche à étouffer son feu : l’humus
qui le nourrit naît de l’être ; la sève qui coule en lui
court dans les veines. Cependant, il ne pousse pas tout seul ; et
c’est en toi qu’il trouve son plus fertile terreau, au fort de l’hiver,
ainsi que l’air qui l’environne, tandis qu’en ton absence il étouffe,
c’est en toi qu’il puise l’eau que ses fleurs boivent, quand vient
l’été brûlant. Toi, aux doigts de lierre, aux lèvres de pollen,
avec cette mousse de douceur dont tes paroles recouvrent
son tronc. Arbre partagé, refuge des oiseaux de l’amour,
je te laisse étendre sur nous tes branches,
avec leur chant de nuage et leur écho sylvestre.


// Nuno Júdice (1949 -)

/ Traduit du portugais par Max de Carvalho
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Le fonctionnaire fatigué
  
  
  
  
La nuit a brouillé mes rêves et mes mains
elle a dispersé mes amis
j’ai le cœur confondu et la rue est étroite
étroite à chaque pas
les maisons nous dévorent
nous nous effaçons
je suis dans une chambre seul dans une chambre seul
avec mes rêves embrouillés
seul avec toute ma vie retournée qui brûle dans une chambre
Je suis un fonctionnaire effacé
un fonctionnaire triste
mon âme ne suit pas ma main
Débit et Crédit Débit et Crédit
mon âme ne danse pas avec les chiffres
j’essaie de le cacher en rougissant de honte
le chef a surpris mon œil lyrique sur la cage des oiseaux dans la cour
il l’a déduit de ma feuille de paye
Je suis un fonctionnaire fatigué d’une journée exemplaire
Pourquoi ne pas ressentir l’orgueil du devoir accompli ?
Pourquoi ne pas me sentir irrémédiablement perdu dans cette fatigue ?

J’épelle d’anciens mots généreux
Fleur fille ami enfant
frère baiser fiancée
mère étoile musique.
Ce sont les mots croisés de mes rêves
des mots enfouis dans la prison de ma vie
et cela toutes le nuits du monde une seule et longue nuit
dans une chambre solitaire.


// Antonio Ramos Rosa (1924 – 2013)

/ Traduit du portugais par Michel Chandeigne,
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Ithaque
  
  
  
  
Quand les lumières de la nuit se reflèteront immobiles sur les eaux vertes de
  Brindisi
Tu quitteras le quai et cette confuse agitation de mots de pas de rames de
  grues
La joie brûlera en toi comme un fruit
Tu iras à la proue parmi les noirceurs de la nuit noire
Sans un souffle de vent ni une brise rien qu’un murmure de coquillage dans le
  Silence

Mais par un soudain roulis tu devineras les brisants
Quand le bateau roulera dans une obscurité de poix
Tu seras perdue dans le sein de la nuit dans la respiration de la mer
Car c’est ici la vigile d’une seconde naissance
Le soleil au ras de la mer te réveillera dans le bleu intense
Tu monteras lentement comme les ressuscités
Tu auras retrouvé ton sceau ta sagesse initiale
Tu émergeras confirmée unifiée
Saisie et jeune comme les statues archaïques
Les gestes enroulés encore dans les plis de ta mante.


/ Traduit du portugais par Max de Carvalho

// Sophia de Mello Breyner Andresen (1919 - 2004)
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Video de Max de Carvalho (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Max de Carvalho
Le poète et traducteur Max de Carvalho nous parle de son rapport à l'écriture, à la traduction et de la réalisation de cette magistrale anthologie bilingue ... Pour plus d'informations sur l'anthologie, veuillez suivre ce lien : https://editionschandeigne.fr/livre/la-poesie-du-portugal-des-origines-au-xxe-siecle/
Vidéo : Réalisation : Chloé Poirat Animation : Jean-François Bertrand
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