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Geneviève Leibrich (Traducteur)
EAN : 9782864247128
208 pages
Editions Métailié (26/08/2010)
3.46/5   26 notes
Résumé :
« Les mères ont davantage à voir avec les guerres
n’imaginent. C’est le contraire de ce que tout le monde pense. Il ne peut pas y avoir de guerre sans mères », déclare ici l’un
personnages.
Trois jeunes gens et leurs mères, des pères absents et des fils égarés un conscrit en proie aux mauvais traitements de l’armée russe, un jeune Tchétchène à la recherche de sa mère, un voyou de bonne famille. Puis la rencontre d’une âme-sœur, une chimère.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ecrivain brésilien, Bernardo Carvalho a écrit un roman russe. Viscéralement et organiquement russe. 'Ta mère, livre choral où se croisent, au gré des caprices d'un destin maléfique, les existences de personnages brisés, à la fois victimes et bourreaux, au coeur d'une Saint-Pétersbourg souterraine, dans un climat de haine et de violence exacerbées.
Saint-Pétersbourg, année 2003, à la veille du tricentenaire de la ville. Mais aussi, Grozny, Cayenne et Vladivostok. 'Ta mère est un chassé croisé de vies, de tragédies intimes marquées par l'horreur de la guerre en Tchétchénie. Portraits de mères. Bouleversantes de courage et de lâcheté. Dont le seul but est de protéger leurs fils. Où sont les pères ? Morts, disparus, absents ou apathiques. Comme rayés de la carte. Les fils de la nation russe, eux, ne savent plus qui ils sont, d'où ils viennent. Ils ne peuvent qu'aller nulle part, ils se croisent sans se reconnaître à Saint-Pétersbourg. le soldat égaré, le skinhead raciste, le garçon du Caucase déraciné. Tous en proie au mal de mère. Et de vivre.
A travers ces histoires qui se chevauchent, Carvalho brosse le tableau d'une Russie en déshérence, dans un récit hallucinant où un peu de lumière, d'humanité donc, essaie de se frayer un passage au sein de ce théâtre d'ombres aux teintes spectrales. La virtuosité de l'écrivain n'est pas gratuite. Elle donne toute sa substance à un livre magnifique et terrible. Comme un héritage de la grande littérature russe, celle de Tolstoïevski (clin d'oeil à un passage du roman).
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Trouvé au fin fond de ma bibliothèque, ce roman brésilien de 2010 se révèle d'une surprenante actualité.
Se déroulant en Russie, il nous raconte un soldat qui refuse d'aller se battre en Tchétchénie, de mauvais traitements au sein de l'armée russe, des services secrets de plus en plus puissants, des milices d'extrême-droite violentes, des associations de mères qui luttent pour leurs enfants. En somme, un pays qui veut fêter le tricentenaire de Saint-Pétersbourg mais n'offre plus d'avenir à ses habitants. L'histoire de personnages qui se croisent, se séparent, se recroisent, se haïssent, s'aiment, promènent leur douleur et leur désespoir.
Bernardo Carvalho, avec une maîtrise totale, recoupe les différents destins tragiques, offrant au lecteur plusieurs points de vue sur un même personnage. Une vision sombre (et sans doute très réaliste) de la société russe contemporaine.
Une belle (re)découverte.
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Il est difficile de résumer ce livre… Non qu'il soit impossible d'en raconter l'histoire, mais il est tellement fait d'amour, de haine et de tristesse, de sentiments indescriptibles, que l'on ne se sent pas capable de les retranscrire sans les trahir.

L'histoire se passe en Russie, sur fond de guerres, celle qui se passe en Tchétchénie, celles qui se trament au sein des familles, celles que mènent les femmes pour sauver leurs fils soldats, avec l'aide du Comité des Mères de Soldats. Et pourtant, c'est bien une histoire d'amour que Carvalho nous relate. L'amour maternel, le premier, le plus important, le plus destructeur quand il s'éteint ou qu'il peine à naître, ou qu'il apparaît de manière détournée. Les liens du sang semblent être pour l'auteur l'essence même de tout cet amour inexplicable, celui qui pousse à tout, même à aller à l'encontre de ce qu'il faudrait faire, de ce que nous dicte la société.

Carvalho nous parle aussi d'un autre amour, pur et inattendu, celui qui peut naître dans l'adversité , celui qui peut être interdit. C‘est l'amour de deux jeunes gens qui est au coeur du roman, cet amour caché et brûlant dont la flamme s'allume au milieu des décombres d'une ville en pleine reconstruction, quel beau symbole !

Avec beaucoup de sensibilité mais sans mélo, Bernardo Carvalho signe un roman puissant, très sombre.
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Tragédie grecque, tragédie russe, tragédie tchétchène, tragédies tout simplement. судьба и жизнь, comme a dit V. Grossman. Pour les non russophone, le titre ne doit rien dire. Il s'agit simplement de la forme raccourcie et très utilisée de “Nique ta m…”
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Des destins de garçons perdus : par la guerre en Tchétchénie, le rejet de leur famille ou le ralliement à une bande de skinheads. Livrés à eux-mêmes ou en proie aux représailles de l'armée. Pour eux, aucune échappatoire, qu'on soit à Grozny ou à Saint-Pétersbourg. Et tout l'amour d'une mère n'y suffit pas.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Quand j’étais petit, en voyage dans les montagnes avec mon père pour connaître le pays de ses ancêtres, nous sommes passés dans une maison où était né un animal qui était double sans être aucun animal. Une jument avait mis bas un poulain dans lequel deux embryons étaient mêlés. Ça s’appelle une chimère, comme je l’ai appris plus tard à la faculté. C’était un animal étrange, il avait l’air d’un poulain mais il était autre chose, deux êtres indistincts, fondus en un seul. Il ne parvenait pas à tenir debout. Les chimères sont rares et les bergers dans les montagnes les considèrent comme de mauvais augures, car elles mettent la reproduction dans une impasse, elles font de la reproduction une monstruosité. Voilà pourquoi, quand ces bêtes ne meurent pas à la naissance, les paysans se chargent eux-mêmes de mettre fin à leurs jours. Dans les montagnes, chaque homme a un kunak, un ami étranger qui le sauvera de la mort et que lui aussi a l’obligation de sauver. Aucun homme ne sera complet aussi longtemps qu’il n’aura pas trouvé son kunak. Alors seulement il pourra suivre son propre chemin en paix, sachant qu’il existe au monde quelqu’un, comme lui, sur qui il peut compter dans la vie et dans la mort. Les chimères meurent pour que survive le pacte de ceux qui ne peuvent compter ni sur Dieu, ni sur les anges.
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Il ne peut y avoir de guerres sans mères. Plus que quiconque, les mères ont horreur de perdre. Nous sommes capables de tout pour éviter la mort d’un fils. Nous sommes capables de défendre contre la justice elle-même. Les fils sont au-dessus de tout soupçon. Nous sommes capables de tuer pour un fils. Et nous finissons par être payées dans la même monnaie quand la guerre emporte un fils. Nous sommes prêtes à défendre notre progéniture et notre clan envers et contre tous. Sans vouloir comprendre que c’est de là que naissent les guerres.
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Elles [Ces femmes] étaient en proie à une sorte de folie. Elles se consacraient à sauver leurs fils. Sauver était ce qui les faisait vivre. Aussi longtemps qu’elles étaient des mères, elles ne pouvaient pas mourir.
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Il se peut que pour le voleur tout soit inconscient, quand il voit la recrue les yeux clos et que, comme lui, il imagine et désire. Il se peut qu'il ne se rende pas compte qu'il a fini par associer le sexe aux ruines et au danger, à force de l'avoir découvert au milieu d'une guerre, et de rechercher les ruines chaque fois qu'il rencontre quelqu'un, pour avoir été obligé de reconnaître en elles le décor réconfortant du foyer où il n'y a déjà plus aucune possibilité de réconfort. Quand il n'y a plus rien, il y a encore le sexe et la guerre. Le sexe et la guerre sont ce que tous les hommes ont en commun, riches ou pauvres, éduqués ou non. Le sexe et la guerre ne s'acquièrent pas. L'idée d'une vulnérabilité plus grande que la sienne éveille en lui l'amour. Pour Andreï, au contraire, l'euphorie silencieuse provient de la découverte et de l'étrangeté, de la nouveauté de sentir intuitivement que là, d'une certaine façon, au milieu de ce qui reste du monde perdu autour de lui, il partage la mémoire affective de l'homme à côté de lui. Et qu'ainsi il est moins seul. La verge dure du voleur conforte son propre désir. La guerre les hante. Sous forme de souvenir pour le voleur, qui a besoin de fuir le passé, et sous forme de mence pour la recrue, qui tente d'éviter le futur.
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« Nous sommes capables de tuer pour un fils. Et nous finissons par être payées dans la même monnaie quand la guerre emporte un fils. Nous sommes prêtes à défendre notre progéniture et notre clan envers et contre tous. Sans vouloir comprendre que c’est de là que naissent les guerres. » (p.196)
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