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Jacqueline Huet (Traducteur)Jean-Pierre Carasso (Traducteur)William L. Stull (Éditeur scientifique)Maureen Patricia Carroll (Éditeur scientifique)
EAN : 9782879296593
336 pages
Editions de l'Olivier (09/09/2010)
4.23/5   117 notes
Résumé :
Débutants est le manuscrit original, inédit à ce jour, d’un des livres les plus célèbres de Raymond Carver, Parlez-moi d’amour, qui parut aux États-Unis en 1981 après avoir été amputé de moitié par son éditeur. La publication de ce texte dans sa version intégrale constitue un événement de première grandeur. Elle permet de mesurer la force d’une écriture qualifiée à tort de minimaliste.

En découvrant ce livre dans toute sa fraîcheur, on comprend mieux... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai tenté de découvrir, il y a plus de vingt ans, Raymond Carver. J'avais apprécié, sans plus. Avec ce nouveau plongeon, certaines nouvelles me sont revenues. Et je réalise surtout que c'était vraiment un grand écrivain. Il sait aller à l'essentiel de la difficulté de vivre, d'aimer, de combattre les addictions, de cohabiter, donnant l'impression que ses personnages on les connaît, on les côtoie. Il nous présente des vies tel quel, sans jugement. C'est profond et réel. Un livre de nouvelles a l'avantage de nous accompagner longtemps puisqu'on peut y en piocher quelques-unes entre deux autres bouquins. Un genre à rehausser et bien sûr Carver aussi.
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Gros coup de coeur pour Raymond Carver, que je ne connaissais pas. Amputées par l'éditeur de l'époque (1981), ces nouvelles sont aujourd'hui présentées dans leurs versions originales. Qu'elles se déroulent dans le confort - ou l'inconfort ? - du foyer ou chez le coiffeur, les personnages qui y sont dépeints sont la plupart du temps à un point de rupture de leur vie, si ce n'est pas carrément en crise: alcoolisme, difficultés conjugales, infidélités, déceptions, violence... Cela pourrait les rendre difficiles à lire, et il est vrai que je n'en ai lu qu'une ou deux à la fois, mais le grand humanisme de l'auteur nous permet d'accéder à leur vérité essentielle, la difficulté de vivre lorsque la vie est pleine d'embûches et se révèle décevante.
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Je ne présenterai pas dans ce billet chacune des nouvelles, la lecture en est personnelle. Raymond Carver s'immisce dans l'intimité des relations complexes entre les hommes et les femmes - familiales, amicales, amoureuses - avec un regard perçant et objectif. Il ne juge pas, n'interprète pas, il raconte. L'histoire est une histoire forte et significative sans jouer le jeu de la symbolique ou de l'interprétation; un miroir sans complaisance ni concession, la dureté d'un reflet sans effet de prisme.

Rien d'héroïque ou d'exotique, tout est dans la description, un geste, une attitude, la densité d'un moment, l'intensité d'un sentiment pris sur le vif, un éclat de quotidien brutal et éphémère, ce dérisoire jamais anodin, l'expression juste. Pas de tension dans ces récits, plutôt une rupture, un déséquilibre, un vertige. Ni désespérance, ni décadence, ce n'est pas sex & rock'n'roll, mais détresse et alcool. La vie, à la fois prosaïque et singulière.

Lire Raymond Carver, c'est se perdre dans l'écriture de ce regard en coulisse. Troublant plus qu'émouvant, le style ne peut effectivement pas être qualifié de minimaliste. Certes sobre, dépouillé d'artifice, il témoigne d'une conscience exacerbée des limites et des failles, de l'instant critique, l'inespéré, l'absurde et l'inéluctable, d'une fragilité nue. Une vision amère et éperdue plus que sombre; une vision douloureuse qui bouscule. le paradoxe Carver est que par l'écriture il parvient à abolir la distance rassurante que peuvent créer les mots, à tomber les armures et les masques, (se) lit et (se) livre sans cynisme, une familiarité dérangeante, une violence complice qui touchent sans avoir l'air d'y toucher. Il brise tous les barrages, libérant un gouffre d'émotions à la lecture qu'il est possible d'en ressentir un réel malaise, quelque chose d'effrayant, de malsain, de déstabilisant; le lecteur parfois perplexe, un peu voyeur, terrassé. le pire dans le meilleur.

" Bref, ça prouve qu'on devrait avoir honte de parler comme si on savait de quoi on parle quand on parle d'amour. [...] Si c'était à refaire, je choisirais la littérature. " - Débutants -

Pour paraphraser le titre du recueil qui regroupe récits de jeunesse, poèmes, critiques et essais littéraires - " N'en faites pas une histoire "- Point - titre original No Heroics, Please -, je conclus en écrivant que si, il en fait toute une histoire.

Extraits de la préface par Tess Gallagher :

- " ... le verbe émouvoir était à la racine même des ambitions littéraires de Ray. Il en use fréquemment dans ses critiques de livres et ses préfaces. Il souhaitait que les lecteurs soient " émus, peut-être même un peu hantés ". "

- " Je crois que Ray serait heureux si un écrivain débutant, ou même un écrivain confirmé, avait le sentiment d'être capable de faire mieux, ou au moins aussi bien, en lisant ses premiers écrits ou les conseils qu'il donne dans ses essais. "


Lien : http://www.lire-et-merveille..
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État de Washington, le long de la rivière Naches dans un décor tristement banal, les habitants sont livreur de lait, comptable, vigile, coiffeur, directeur de supermarché, pêcheur, chasseur... des gens normaux...
Un vague malaise transpire. Une angoisse sourde s'installe insidieusement et se fait oppressante. L'atmosphère devient étouffante sans cause apparente. Étrange sensation de dissociation : on est dans l'instant dense et pourtant on est à distance. On est là, complètement là et on est absent et ailleurs à la fois. On ne sait si la situation va dégénérer ou non. On n'a plus prise sur le réel.
Des événements anodins prennent une tournure inquiétante quasi obsessionnelle: un hippie qui joue au bingo, une danseuse de flamenco, un pâtissier qui rappelle sa cliente pour une commande passée. Les objets eux mêmes participent de ce sentiment d'étrangeté, un cendrier plein de mégots dans un couloir d'hôpital, ou un autre cendrier, lourde pièce de grès bleu détournée de son usage initial de plat, des limaces dans un jardin, du vent dans les herbes...
La crise atteint son paroxysme, le malaise est exprimé, verbalisé, la pression peut redescendre évacuée, on ressort apaisé, rasséréné. La vie normale peut reprendre son cours. Quelque part on s'est libéré.
Les nouvelles nous troublent. Elles relatent des histoires tourmentées de lentes descentes aux enfers. Un moment de tension émotionnelle plus ou moins vive provoque une prise de conscience, une réaction salutaire. La plupart des nouvelles obéissent à ce schéma.
Il faut pénétrer dans cet univers insipide, terne, dénué de sens apparent pour accéder aux vibrations sourdes mais intenses de l'oeuvre de Carver.
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La version "restaurée" selon ses voeux des premières nouvelles de Raymond Carver.

C'est l'excellent "Ciseaux" de Stéphane Michaka qui m'a attiré vers ce premier volume des oeuvres complètes de Raymond Carver, publié en 2010 en français par les éditions de l'Olivier, correspondant au "Beginners" de l'édition américaine Jonathan Cape de 2009.

Le volume regroupe 17 nouvelles dans une "version originale restaurée", libérée des coupes et de la réécriture menée vigoureusement à l'époque de leur première publication (sous une forme que l'on peut lire dans le volume 2 des oeuvres complètes, "Parlez-moi d'amour") par l'éditeur Gordon "Ciseaux" Lish, et que Raymond Carver, dans une lettre extrêmement émouvante, annexée au volume, indiquait regretter, tout en reconnaissant à son éditeur le mérite d'avoir "su le faire publier".

Il y a donc bien entendu deux lectures de ce volume : l'une directe, plongeant corps et âme dans ces tranches de quotidien de la classe moyenne américaine soigneusement disposés en abîme, sur des moments où tout peut basculer, s'effondrer, disparaître, ou au contraire, sur ceux où quelque chose de bon a été, comme par miracle, préservé... Mes préférées sont ainsi "Une petite douceur" (l'atroce télescopage d'une commande de gâteau d'anniversaire et d'un accident de la circulation survenu à l'enfant auquel il était destiné), "La tarte" (le harcèlement terrible d'un ex-mari ivrogne envers son ex-femme), "À moi" (une très brève et tragique empoignade à propos d'un bébé) et "Débutants" (une longue conversation entre deux couples d'amis à propos de la nature de l'amour). L'autre lecture consiste à "comparer" la version restaurée et celle "de Gordon Lish" : je vous en dirai donc plus en parlant de "Parlez-moi d'amour".

" "Tenez, sentez-moi ça, dit le boulanger, brisant une miche de pain noir. C'est un pain lourd, mais riche." Ils le humèrent puis il le leur fit goûter. Il avait goût de mélasse et de céréales non raffinées. Ils l'écoutaient. Ils mangeaient tout ce qu'ils pouvaient. Ils avalaient le pain noir. La lumière était comme celle du jour sous les plaques d'éclairage au néon. Ils bavardèrent jusqu'au petit matin, quand monta la pâle lueur dans les fenêtres, et ils ne pensaient pas à s'en aller." ("Une petite douceur")
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
"Si, Holly, tu es toujours aussi fière, je fais. Tu es toujours numéro un. Allez, quoi, Holly."
Elle secoue la tête. "Quelque chose est mort en moi, elle fait. Il lui a fallu longtemps pour mourir, mais c'est mort. Tu as tué quelque chose, aussi sûrement qu'un coup de hache. Tout n'est plus que poussière." Elle finit son verre. Puis elle se met à pleurer. Je veux la serrer contre moi, mais elle se lève et va dans la salle de bains......
"Pendant qu'on faisait l'amour, tout à l'heure, tu pensais à elle, fait Holly, en revenant de la salle de bains. Tu sais, Duane, ça fait tellement mal." Elle prend le verre que je lui tends.
"Holly, je fais.
- Non Duane, c'est vrai. Elle va et vient dans la chambre en culotte et soutien-gorge, le verre à la main. "Tu as rompu le contrat. C'est la confiance que tu as détruite. Peut-être que ça te semble vieux jeu. Je m'en fiche. Maintenant j'ai l'impression d'être, je sais pas quoi, de la saleté, voilà l'impression que j'ai. Je suis paumée. Je n'ai plus de but. C'était toi, mon but."
Cette fois elle me laisse lui prendre sa main. Je me mets à genoux sur la moquette et je pose ses doigts contre ma tempe. Je l'aime, bon Dieu, oui, je l'aime. Mais au même instant je pense aussi à Juanita, à ses doigts à elle me massant la nuque, cette fois-là. C'est affreux. Je ne sais pas ce qui va se passer.
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Je suis repassée devant chez eux et j'ai longé le trottoir. Je me suis arrêtée une minute la main sur le portail. Et retournée pour regarder les alentours endormis. Je ne sais pas pourquoi mais je me suis soudain sentie loin, très loin de tous ceux que j'avais connus et aimés dans ma jeunesse. Ils me manquaient. L'espace d'une minute j'aurais voulu pouvoir retourner à cette époque. Et puis avec ma pensée suivante j'ai clairement compris que cela ne m'était pas possible. Non. Mais je me suis rendu compte que ma vie ne ressemblait pas, il s'en fallait de beaucoup, à la vie que je m'étais imaginée quand j'étais jeune et que j'envisageais ce qui m'attendait. Je ne me rappelais plus à présent ce que j'avais voulu faire de ma vie, à l'époque, mais comme les autres j'avais eu des projets. Cliff était quelqu'un qui avait eu des projets lui aussi et c'est ainsi qu'on s'était connus et c'est pour ça qu'on était restés ensemble.
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J'ai appris ma partie, la chirurgie cardiaque, c'est vrai, et je ne suis jamais qu'un plombier. J'ouvre et je répare la tuyauterie. Je ne suis qu'un plombier.
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"Vera, dit-il. C'est Noël, c'est pour ça que je viens.
- Noël est fini, Dieu merci. Noël est reparti comme il était venu, dit-elle. Je n'attends plus les fêtes avec impatience. Plus jamais je n'attendrais une fête avec impatience, aussi longtemps que je vivrai.
- Et moi ? dit-il. La perspective des fêtes ne me réjouit pas non plus, crois-moi. Bah, il n'y a plus que le Nouvel An à supporter maintenant et ce sera fini.
- Tu n'auras qu'à te saôuler, dit-elle.
- J'y travaille", dit-il, et il sentit sa colère renaître.
(La tarte)
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Il eut soudain l'impression d'avoir vécu la presque totalité de sa vie sans prendre une seule fois le temps de s'arrêter pour réfléchir à quoi que ce soit, et cela lui causa un choc terrible et accrut encore le sentiment qu'il avait de son indignité.(extrait de "Si tu veux bien")
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Videos de Raymond Carver (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Raymond Carver
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/fanny-wallendorf-jusqu-au-prodige-53573.html Du plus loin qu'elle s'en souvienne, Fanny Wallendorf a toujours eu le goût de l'écriture. Dès 7 ans, elle garde en mémoire les courts textes qu'elle produisait. Mais c'est bien par la lecture qu'elle prend le chemin de ce qui fera d'elle une romancière. Fascinée par l'écriture et le personnage du poète et écrivain américian Neal Cassady, compagnon de route de Jack Kerouac, elle traduit ses correspondances et frappe à la porte des éditions Finitude qui s'enthousiasment pour son projet. Nous sommes en 2014. Dès lors, Fanny Wallendord traduit pour cette maison plusieurs textes de Raymond Carver et Phillip Quinn Morris. Mais Fanny Wallendorf n'oublie pas la gamine qu'elle a été et les propres histoires qu'elle a envie de raconter. Elle concrétise son rêve en 2019 avec « L'appel » puis en 2021 avec « Les grands chevaux » qui révèlent une écriture sensible, poétique mais rigoureuse et exigeante. Janvier 2023, voilà le 3ème titre de Fanny Wallendorf, « Jusqu'au prodige ». Nous sommes dans les années 40, la guerre n'est pas finie mais la Résistance est en marche. Thérèse a dû fuir, la mère est morte, le père est au combat, son frère, Jean, a été d'elle. La jeune Thérèse devait trouver refuge dans une ferme du Vercors mais la femme qui devait l'accueillir étant morte, c'est le fils de la ferme qui l'a reçue et en a fait son objet, l'a enfermée. Il est le chasseur. Quatre ans plus tard, au hasard d'une inattention de son geôlier, la jeune fille parvient à s'échapper. Mais là voilà seule dans l'immensité de la forêt, sans savoir où aller, cherchant à échapper aux menaces réelles ou fantasmées. Seule le souvenir de ses proches permet à Thérèse de garder l'espoir et d'envisager un avenir en retrouvant son frère Jean. Trois jours, trois nuits dans cette forêt. le doute, la peur, l'incertitude, le désespoir… jusqu'au prodige. Le texte est écrit à la première personne du singulier, c'est bien Thérèse qui nous parle et nous entraine dans cette aventure, ce chemin parsemé de ronces qui mène vers l'âge adulte. Le roman de Fanny Wallendorf est une réussite tant par l'originalité du sujet, la construction de l'histoire et la qualité de l'écriture, belle et sensible, presqu'onirique, qui rappelle que le moindre soupçon d'espoir peut aider à se relever de toutes les épreuves. « Jusqu'au prodige » de Fanny Wallendorf est publié aux éditions Finitude.
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