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Emmanuel Moses (Traducteur)
EAN : 9782757805763
192 pages
Points (28/02/2008)
4.18/5   41 notes
Résumé :

La fille dans le hall qui lit un livre à reliure de cuir. L'homme dans le hall qui balaye. Le garçon dans le hall qui arrose les plantes. Le réceptionniste qui inspecte ses ongles. La femme dans le hall qui écrit une lettre.

Le vieil homme dans le hall qui dort dans son fauteuil. Le ventilateur dans le hall qui tourne lentement au plafond. Un autre dimanche après-midi torride.

Que lire après La vitesse foudroyante du passéVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
De parcourir à nouveau les pages de ce recueil pour trouver l'inspiration, je me sens pas loin d'être bouleversée. Il n'y a pas de violence dans cette émotion, c'est plutôt que chaque poème lu l'un après l'autre distille lentement une mélancolie proche du mal de vivre.
Raymond Carver est connu pour son écriture minimaliste; simplicité apparente des phrases, courtes, retours à la ligne fréquents, situations banales, extraits de la vie d'un homme qui comme d'autres aime la pêche, boit un peu trop, a des soucis d'argent et familiaux, aime, et passe beaucoup de temps à regarder par la fenêtre la nature qui l'entoure.
La magie s'opère doucement, insidieusement, un petit rien rappelle la fragilité de la vie, le temps qui passe et qu'on ne peut saisir.
Carver le saisit pourtant, ce temps fugace, en le posant sur papier, mot après mot, poème après poème.
Instantanés de vie, sensations diffuses, frémissements à peine visibles et des émotions à peine contenues qui marquent le temps.
Et puis, quel beau titre: La Vitesse foudroyante du passé...!
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Carver est un poète un peu à part dans le monde intellectuel américain, autodidacte, venant d'un milieu très simple et débutant dans l'existence de façon précaire, il a dû s'accrocher et persévérer pour pouvoir trouver le chemin du succès populaire et de la reconnaissance par ses pairs. Mais son amour de l'écriture doublé de cours à l'université vont finir par payer et Carver deviendra un des grands écrivains-poètes de sa génération, même si la mort viendra le faucher prématurément dans la cinquantaine. Sa poésie est atypique, mélange de Bukowski soft, d'influences de polars noirs, entrelacs de tranches de vie personnelle où il conte ses amours contrariés, ses relations tumultueuses avec sa mère, les situations cocasses de la vie quotidienne. Dans les vers de Carver, perce aussi une certaine philosophie de vie, tel un droit à la paresse, à travailler quand on veut, négation à peine voilée du mode de vie américain un peu fou, en lui opposant un éloge du temps long, moment privilégié pour observer la nature, s'émerveiller de choses belles et simples. L'auteur au travers de ses ressentis, nous emmène dans son univers poétique hétéroclite, mais o combien salvateur, amenant le lecteur à se recentrer sur l'essentiel de l'existence avec bonheur.
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Carver est connu pour être l'un des plus grands nouvellistes de l'histoire de son pays, et peut-être de l'histoire de la littérature contemporaine. Ce qui me frappe dans ces poèmes, c'est que je les lis, ressens, non comme des poèmes, mais bien comme des nouvelles plus courtes, plus percussives que ses nouvelles ordinaires. Bien sûr ils sont plus imagés que les nouvelles "classiques" de Carver, mais ils ont tous pour origine un instant, une photo prise de la vie quotidienne de l'auteur. Ils sont un bout de vie vécu et semble-t-il immédiatement posé. Ils sont des micro-nouvelles, et de là vient, selon moi, leur force.
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J'ai déjà lu un certain nombre d'auteurs publiés par les Éditions de l'Olivier mais je ne crois pas avoir déjà lu de poésie chez eux, voilà qui est chose faite.
Particulier, comme poésie : j'aimerais bien savoir si la métrique respecte des rimes dans la langue d'origine... parce que là, c'est comme un texte en prose coupé de ci de là. Je n'ai pas retrouve de rythme impulsant un sens particulier.
J'ai particulièrement apprécié la première partie, ce moment où passé et présent se confondent, où on peut être à un endroit, physiquement, et se retrouvé projeté dans un autre, par le biais des souvenirs. La 1ère partie n'est consacrée qu'à cela, dédoublement poétique du corps et du coeur.

Le reste se lit avec tranquillité, au gré des rivières où l'auteur va pêcher la truite ;-). On est quand même bien plongé dans son quotidien, avec sa mère qui lui réclame de l'argent ou ses amis qui meurent, alors que d'habitude, la poésie c'est plutôt l'inverse non? Saisir le sel du quotidien pour le transformer, le transfigurer...
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Première lecture de poèmes de Carver: le test est doublement positif:
J'ai envie de relire certains d'entre eux,
j'ai envie de lire en anglais pour trouver la saveur de l'original
je tenterai bien à mon tour d'écrire quelques vers. Je l'ai fait dans le passé, sans poursuivre.
Quelle faculté à saisir un moment fugace de la vie de tous les jours, pour le photographier en mots, en extraire la substantifique moelle et nous la proposer prête à consommer
C'est délicieux, court mais dense de réalité, de vécu, de la naissance à la mort, en passant par les séparations et les retrouvailles.
Une merveilleuse échappée loin des nouvelles en continu de l'époque.
Intemporel et cadeau instantané pour un lecteur qui se laisse guider.

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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Sortilège

Entre cinq et sept heures ce soir,
J'étais étendu dans le canal du sommeil. Attaché
à ce monde uniquement par l'espoir,
je tournais dans un courant de rêves noirs.
Au même moment, le temps
subissait une métamorphose.
Se déréglait. Ce qui avait été auparavant
détestable et piteux, mais compréhensible,
enflait, devenait
méconnaissable. Quelque chose de violemment haineux.

Vu mon état de désespoir, je n'avais
pas besoin de ça. C'était la dernière chose
que je voulais. Aussi, rassemblant toute mon énergie,
je l'ai envoyé promener. Lui ai fait longer la côte jusqu'à un grand fleuve que je connais. Un fleuve
de taille à s'occuper d'un sale temps
comme ça.Et si le fleuve doit se réfugier
sur des terres plus hautes? Donnez-lui quelques jours.
Il trouvera son chemin.

Alors tout sera comme avant. Je jure
que ce ne sera plus qu'un mauvais souvenir, et encore.
Oh, la semaine prochaine à cette heure-ci j'aurai oublié
ce que je ressentais en écrivant ceci.
Je ne me rappellerai pas que j'ai mal dormi
et que j'ai rêvé un moment ce soir...
pour me réveiller à sept heures, contempler
l'orage et , passé le premier choc -
reprendre courage. Réfléchir longuement
à ce que je veux, ce à quoi je pourrais renoncer
ou tourner le dos. Et ensuite le faire!
Sans hésiter. Avec es mots, et des signes.
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Seigneur, l'automne arrive.
Un vol de bernaches passe
dans le ciel. La petite jument lève
la tête, frissonne, se remet
à brouter. je crois que je vais m'étendre
sur cette herbe moelleuse. Je fermerai les yeux
et j'écouterai le vent, et le bruit des ailes.
Rêver pendant une heure, heureux d'être ici
et pas ailleurs. Pour une part. Mais aussi
comprenant ce fait terrible:
des êtres que j'ai aimés sont partis
pour un autre et moindre lieu.
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Coup de tabac


Entre cinq et sept heures ce soir,
je suis couché dans le chenal du sommeil. Relié
à notre monde par l’espoir, rien de plus,
je vire dans un courant de rêves sombres.
Au même moment le temps
subit une métamorphose.
Devint fou. Ce qui auparavant était
vil et grisâtre, mais compréhensible,
devint enflé et
méconnaissable. Une espèce de déchaînement de hargne.

J’étais déjà au désespoir, je m’en serais vraiment
passé. C’était la dernière chose au monde
dont j’avais besoin. Aussi, avec toute l’énergie que je pus rassembler,
je l’ai envoyée bouler. Envoyée plus bas sur la côte
jusqu’à un grand fleuve dont je connais l’existence. Un fleuve
capable d’affronter un temps exécrable
comme celui-là. Et si le fleuve doit fuir
dans les hauteurs ? Donnez-lui quelques jours.
Il trouvera son chemin.
Puis tout sera comme avant. Je jure
que ce ne sera guère qu’un mauvais souvenir, et encore.
Mais oui, d’ici une semaine je ne me rappellerai plus
ce que je ressentais à l’heure où j’écris ces lignes.
J’aurai oublié que j’ai mal dormi
et rêvé quelque temps ce soir…
pour m’éveiller à sept heures, regarder
l’orage dehors et, passé ce premier choc —
prendre courage. Prendre le temps de bien réfléchir
à ce dont j’ai besoin, à ce dont je pourrais me passer
ou me débarrasser. Et puis le faire !
Comme ça. Avec des mots, et des signes.
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Le jardin


Extrait 2/2

La rencontre entre Goethe et Beethoven
eut lieu à Leipzig en 1812. Ils parlèrent fort avant dans la nuit
de Lord Byron et de Napoléon.
Elle abandonna la route et dès lors il n’y eut plus
que terre durcie et craquelée tout du long.

Elle prit un bâton et dans la poussière dessina la maison où
ils vivraient et élèveraient leurs enfants.
Il y avait une mare aux canards et un endroit pour des chevaux.
Pour écrire là-dessus, on devrait écrire d’une façon
qui arrêterait le cœur et ferait dresser les cheveux sur la tête.


Cervantès perdit une main à la bataille de Lépante.
C’était en 1571, la dernière grande bataille navale livrée
par des vaisseaux dont l’équipage se composait de galériens.
Dans l’Unuk, à Ketchikan, le dos des saumons
sous les réverbères quand ils traversent la ville.

Un groupe d’étudiants et de jeunes gens entonna un requiem
tandis qu’on portait le cercueil de Tolstoï à travers la cour
de la maison du chef de gare d’Astapovo pour le placer
dans un wagon de marchandises. Accompagné par le chant,
le train s’ébranla et s’éloigna lentement.

La traversée a été rude avec les mêmes étoiles partout.
Mais j’ai le jardin sous ma fenêtre.
Ne t’inquiète pas pour moi dans ton cœur, ma chérie.
Nous tissons le fil qui nous est donné.
Et le printemps est avec moi.
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Ce matin était bien. un peu de neige tapissait le sol.
Le soleil flottait dans un ciel clair et bleu.
La mer était bleue et bleu-vert, aussi loin que portait l’œil.
À peine une ondulation.
Calme.

Je me suis habillé pour aller me promener - résolu à ne pas rentrer avant d’avoir recueilli ce que la Nature avait à m’offrir.
J’ai dépassé de vieux arbres inclinés.
Traversé un champ semé de rochers où la neige s’était entassée.
Marché jusqu’à atteindre une falaise.
Où j’ai contemplé la mer, et le ciel, et les mouettes tournoyant au-dessus de la plage blanche loin au-dessous.
Tout était beau.
Tout baignait dans une pure et froide lumière.

Mais, comme toujours, mes pensées se sont mises à errer.
Je devais me contraindre à voir ce que je voyais et rien d’autre.
Je devais me dire c’est cela qui compte, pas autre chose.
(Et je l’ai vraiment vue une ou deux minutes !)

Un ou deux minutes elle a refoulé les rêveries habituelles sur ce qui est bien, et ce qui est mal - le devoir, les bons souvenirs, les idées de mort, la façon de me conduire avec mon ex-femme.
Toutes ces choses dont j’espérais qu’elles disparaîtraient ce matin.

Ce avec quoi je vis chaque jour.
Ce que j’ai foulé aux pieds afin de rester en vie.
Mais une ou deux minutes j’ai bel et bien oublié moi-même et tout le reste. Je le sais.

Car quand j’ai fait demi-tour je ne savais plus où j’étais.
Jusqu’à ce que des oiseaux s’échappent des arbres noueux.
Et s’envolent dans la direction que je devais prendre.
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Videos de Raymond Carver (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Raymond Carver
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/fanny-wallendorf-jusqu-au-prodige-53573.html Du plus loin qu'elle s'en souvienne, Fanny Wallendorf a toujours eu le goût de l'écriture. Dès 7 ans, elle garde en mémoire les courts textes qu'elle produisait. Mais c'est bien par la lecture qu'elle prend le chemin de ce qui fera d'elle une romancière. Fascinée par l'écriture et le personnage du poète et écrivain américian Neal Cassady, compagnon de route de Jack Kerouac, elle traduit ses correspondances et frappe à la porte des éditions Finitude qui s'enthousiasment pour son projet. Nous sommes en 2014. Dès lors, Fanny Wallendord traduit pour cette maison plusieurs textes de Raymond Carver et Phillip Quinn Morris. Mais Fanny Wallendorf n'oublie pas la gamine qu'elle a été et les propres histoires qu'elle a envie de raconter. Elle concrétise son rêve en 2019 avec « L'appel » puis en 2021 avec « Les grands chevaux » qui révèlent une écriture sensible, poétique mais rigoureuse et exigeante. Janvier 2023, voilà le 3ème titre de Fanny Wallendorf, « Jusqu'au prodige ». Nous sommes dans les années 40, la guerre n'est pas finie mais la Résistance est en marche. Thérèse a dû fuir, la mère est morte, le père est au combat, son frère, Jean, a été d'elle. La jeune Thérèse devait trouver refuge dans une ferme du Vercors mais la femme qui devait l'accueillir étant morte, c'est le fils de la ferme qui l'a reçue et en a fait son objet, l'a enfermée. Il est le chasseur. Quatre ans plus tard, au hasard d'une inattention de son geôlier, la jeune fille parvient à s'échapper. Mais là voilà seule dans l'immensité de la forêt, sans savoir où aller, cherchant à échapper aux menaces réelles ou fantasmées. Seule le souvenir de ses proches permet à Thérèse de garder l'espoir et d'envisager un avenir en retrouvant son frère Jean. Trois jours, trois nuits dans cette forêt. le doute, la peur, l'incertitude, le désespoir… jusqu'au prodige. Le texte est écrit à la première personne du singulier, c'est bien Thérèse qui nous parle et nous entraine dans cette aventure, ce chemin parsemé de ronces qui mène vers l'âge adulte. Le roman de Fanny Wallendorf est une réussite tant par l'originalité du sujet, la construction de l'histoire et la qualité de l'écriture, belle et sensible, presqu'onirique, qui rappelle que le moindre soupçon d'espoir peut aider à se relever de toutes les épreuves. « Jusqu'au prodige » de Fanny Wallendorf est publié aux éditions Finitude.
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