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François Lasquin (Traducteur)
EAN : 9782869307575
216 pages
Payot et Rivages (08/03/1999)
4.09/5   179 notes
Résumé :
De tous les écrivains de notre époque, Raymond Carver est sans doute celui qui a le mieux exprimé les vertiges "d'une classe sociale sans mémoire, celle des petites gens agités par les tracasseries du moment, les drames de la vie conjugale, du chômage et de l'alcoolisme".
(Jean Vautrin) Ses nouvelles sont des fables laconiques où passe le souffle d'un destin antique. L'homme s'y mesure à ce qui le dépasse : l'incapacité d'aimer, la force de survivre, l'approc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Sept nouvelles de Raymond Carver. Elles ont toutes en commun d'être racontées par un des protagonistes, (sauf la dernière ou le narrateur est extérieur) sans autres précisions, comme si l'on suivait sa pensée.
Toutes sont des moments du quotidien. Les premières ont suscité chez moi une sensation assez nauséeuse, l'impression d'être englué dans un quotidien fastidieux, bien qu'il y ait par instant des références à la nature, plutôt poétiques. C'est dire si elles ont un pouvoir évocateur. J'ai même à plusieurs reprises été incommodée par la fumée des cigarettes. Bien sûr il n'y a pas de chute, ce qui aurait pu leur donner un sens différent, moins plombant.
Pourtant au fil des nouvelles le charme a opéré. Je les ai trouvées moins pesantes.
Relirai-je du Carver avec lequel c'était je pense ma première rencontre ? Je ne sais pas encore.
Je n'ai aucun doute sur ses qualités d'écrivain, j'en ai sur mes capacités à l'apprécier. Peut-être que je ne les ai pas lues à un moment adéquat.

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Difficile de chroniquer ce recueil, de tenter d'en dire quelque chose d'intelligent qui ne vient pas... Et pourtant j'ai beaucoup aimé picorer chacune de ces nouvelles distillées une à une pendant quinze jours entre deux autres lectures, avec un faible particulier pour l'éléphant.

Juste dire que Carver (ici traduit par François Lasquin), c'est un univers, celui du quotidien, celui de M. et Mme Nobody, celui de vous ou de moi, en ce moment ou un jour prochain, celui de ces incidents de la vie et de l'amour, de ce qui ne vaut pas un livre, mais qui pour Carver vaut bien une nouvelle.

Juste dire que Carver écrit des textes tellement simples, des nouvelles tellement accessibles, qu'elles ne peuvent pas ne pas avoir été énormément travaillées. Là où une telle épure de mots et d'effets de style passerait chez d'autres pour un manque d'ambition, cela devient fluide avec Carver. Et nul besoin de twist final ou de chute humoristique, chaque fin devient chez Carver une ouverture. Qui appelle donc d'autres prochaines lectures...

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Titre V.O.-Elephant
Ce livre rassemble les sept dernières nouvelles publiées du vivant de l'écrivain:une mère ne cesse de déménager,un coup de téléphone dans la nuit réveille un couple et l'entraîne dans des pensées morbides,amoureux d'une troisième femme,un homme néglige la deuxième ,repense à la première et ratisse frénétiquement les feuilles mortes des jardins environnants,une épouse quitte son mari une nuit où des chevaux égarés viennent brouter la pelouse,un homme de la classe moyenne,seul,se fait dégraisser comme un éléphant (nouvelle qui donne son titre a la V.O.),à devoir prêter de l'argent à toute la famille jusqu'à ne plus pouvoir subvenir à ses propres besoins.La dernière nouvelle est la mort imaginée de Tchekov.Dans chacun de ces récits,excepté le dernier,le narrateur subit un événement plus ou moins lié à son propre comportement passé ou présent ,qui le pousse à se poser la question du sens et à constater son incapacité à y répondre.Et la fin est toujours un atterrissage en douce,où il se détache de l'événement y devenant complètement indifférent,un détail inattendu ,sans rapport avec la situation ayant capté son regard.L'absurdité du surgissement de ce détail révèle quelque chose du non-sens de la vie.Ce décalage pour moi, est le sel des récits de Carver qui me fait toujours sourire.J'avais lu ce recueil dans les années 80,je viens de le relire,toujours avec le même plaisir!
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Les trois roses jaunes, R. Carver, nouvelles, trad. François Lasquin, éd. Rivages

J'ai repris la lecture de Carver. J'ai du mal avec lui. Et ça me fait de la peine. Je sais que c'est un grand nouvelliste, et O. Adam, dont j'apprécie beaucoup les livres, le revendique comme modèle d'écriture acérée.
Carver a des obsessions : l'alcool, le travail (ou pas) les relations de couple très instables, le besoin d'aimer et d'être aimé, la vie difficile des petites gens alourdies d'un horrible héritage, ou « une vie machinale. Sans objet. La vie de tout le monde. » la solitude, le difficile métier de vivre. Car l'homme n'a qu'une vie et il ne peut ni la comparer à des vies antérieures ni la rectifier dans des vies ultérieures, lit-on en exergue, sous la plume de M. Kundera.
Je regarde de près ses nouvelles, sept dans ce recueil, pour sûr elles sont construites. Et les titres sont choisis. La vie est subtilement rendue. L'angoisse monte. Les fins laissent planer le doute, ou le mystère. Elles laissent l'esprit pensif, par exemple le bout des doigts qui fait allusion à la mémoire phénoménale du narrateur, qui ne veut pas voir ce qui est sous ses yeux, et quand sa femme s'en va, prend conscience qu'il perd son histoire et va devoir vivre sans elle. Est-ce à dire que l'homme ne vaut pas tout seul? Ou L'éléphant, qui met en scène un narrateur exténué par le travail pour subvenir aux besoins de ses proches, parasites qui savent pouvoir se reposer sur lui en jouant sur ses sentiments . A la fin de la nouvelle, le narrateur laisse tout derrière lui, et monte par pur hasard dans la voiture au moteur neuf d'un collègue de travail. Où cette voiture le conduira-t-elle ? Y trouvera-t-il enfin le repos ? Pour avoir autre chose devant lui que le néant, comme le personnage principal de Menudo, à qui un ami prépare un menudo, plat de tripes qui va le remettre en forme, mais il s'endort et d'autres que lui goûteront ce plat réconfortant.
Mais elles ne m'émeuvent pas. Bien qu'elles disent les incidents et accidents de la vie.
Ainsi, la nouvelle qui donne son titre au recueil, parle de la mort de Tchekhov. L'écrivain qui vit bourgeoisement : il a ses habitudes dans un grand restaurant. La tuberculose l'achève. En sa qualité de médecin, il doit le savoir, mais fait comme si le traitement qu'il suit améliore son état. Tolstoï lui rend visite à l'hôpital. Tolstoï n'aime pas le dramaturge, mais goûte fort le nouvelliste, et surtout apprécie énormément la personne. Dans les dernières heures de l'agonie, le médecin appelé à son chevet se rend compte qu'il n'y a plus rien à tenter, et fait monter du champagne dans la chambre. L'attention du lecteur se déporte alors vers le jeune chasseur, sorti du sommeil subitement pour accomplir son service. le chasseur est mal réveillé, son uniforme est défraîchi et plissé de partout ; il ne voit pas s'il y a quelqu'un dans la chambre. le médecin le gratifie d'un énorme pourboire. le lendemain, il revient dans cette même chambre, porteur d'un vase dans lequel se trouvent trois roses jaunes. Qui les offre ?Pourquoi jaunes ? Pourquoi trois ? Il est bien éveillé, son uniforme est impeccable. Il voit qu'une des coupes est dans la chambre. Il constate aussi que le bouchon de la bouteille est à terre. Comment faire pour le ramasser ? La femme de Tchekhov l'informe que son mari est mort et qu'il doit aller chercher personnellement l'ordonnateur des pompes funèbres. Elle n'en finit plus de donner des précisions. Elle sort une liasse de billets. Reste totalement et constamment aveugle aux roses. A la fin, le chasseur, vase à la main, se baisse et ramasse le bouchon qu'il garde dans sa main.
Tout aussi bien , la nouvelle aurait pu s'intituler le bouchon. La mort de Tchekhov, content d'avoir bu du champagne, est paisible, reposant dans les bulles et les fleurs solaires. On retrouve le Tchekhov du début de la nouvelle, d'avant le rude assaut de la maladie. le chasseur, dans sa jeunesse et la force du matin, relève le bouchon, symbole de fête. Mais aussi, un sentiment de vide que veut remplir l'épouse avec sa couverture de mots, et que souligne la vanité des roses.
Toute l'histoire est contée avec simplicité, dans une attention constante aux détails. Et avec humanité : l'hommage rendu par Tolstoï à un homme, et l'embarras du chasseur, aux prises avec les choix de la vie, la proximité du grand et du petit.
Il faudra que je relise Carver. Je dois sûrement rater quelque chose. Car si l'homme ne peut jamais savoir ce qu'il faut vouloir, dixit Kundera, je veux, moi, savoir la force de Carver.
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L'univers de Carver est très simple il s'articule autour du quotidien. Et qu'est-ce que le quotidien pour Carver ? Eh bien ce sont les petits riens qui empoisonnent l'existence, les vieilles rancoeurs que l'on ressassent, les obligations à échéances qui nécessitent un petit chèque mensuel, les inextricables affaires de coeurs avec la voisine pendant un engagement multiple, les comportements inexplicables et intimes plutôt inexplicables des individus, des voisins, des personnes veules, des membres de la famille.
Des nouvelles de vies comme la votre sans artifices avec son lot d'habitude et ses petites contrariétés qui parfois prennent une ampleur démesurée. Ce n'est pas ce qui manque et il faut avoir une bonne dose d'abnégation ou de philosophie pour y faire face ou et, c'est souvent le cas, de désespoir.
Un enchaînement de gestes répétitifs auquel on ne prend garde et qui en soi est normal mais qui, lorsqu'on s'extériorise et se regarde faire, devient insupportable car il n'y a pas une once de folie ou de poésie , que de l'ordinaire, du vu et déjà vu sans surprise.
Carver sait capter cette intimité quotidienne et on se demande qu'elle est sa motivation à la mettre en nouvelles à justifier ou non ce comportement machinal dans le déroulé habituel de la journée.
Il y a quelque chose de dur à lire ce quotidien privé de rupture car on reconnaît bien souvent le notre. C'est angoissant de se sentir englué dans une vie sans issue, un train train selon le même enchaînement qui nous bouffe beaucoup de temps et nous détourne de l'essentiel.
Dépouillé mais dense, brièveté de style, la qualité de cette écriture peut être qualifiée de laconisme, mais laconisme de précision chirurgicale. Carver ne donne pas un avis mais donne des choses réalistes à voir, des faits irréfragables. On sent derrière ce laconisme une sensibilité pudique que Carver préférerait cacher.
A lire mais pas trop souvent car déprimant.

Enfin je vais vivre
Comme d'habitude*
Je me lève
Et je te bouscule
Tu ne te réveilles pas*
* extrait de paroles de « Comme d'habitude » de claude François
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
"Cartons"

Ils déménageaient à tout bout de champ.Ils vivaient en location dans des maisons,des appartements,des mobiles homes,parfois même un motel.Ils déménageaient sans trêve, en se délestant d'une partie de leurs biens à chaque nouveau départ. (...)Ils transhumaient en quelque sorte, comme certaines bêtes, sauf que leurs déplacements à eux n'obéissaient à aucune logique définie. Ils ont erré d'un lieu à l'autre pendant de longues années. Leur quête de pâturages plus verts les entraînait parfois au-delà des frontières de l'état , mais c'était rare.

(...) Quand mon père est mort, j'ai cru que ma mère s'arrêterait de vagabonder, qu'elle allait enfin se fixer quelque part. Mais non. (...) "C'est sa bougeotte qui la fait vivre, m'expliquait Jill. (...)" (Payot, 1989 / p22)
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Pouët-pouët. Les historiens devraient user plus souvent de ce genre d'onomatopées. Pouët-pouët. Tut-tut. Bip-bip. Surtout dans des moments graves : juste après un massacre, ou quand un terrible fléau menace d'anéantir une nation entière. C'est à de pareils moments qu'un mot comme pouët-pouët serait utile, et même salutaire.
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« Elle dit : T’ose pas me regarder dans les yeux, hein ?
Elle dit (et là je le rapporte exactement) : Tu n’es même pas capable de me regarder dans les yeux quand je te parle.
Alors moi du coup, forcement, je la regarde dans les yeux.
Elle dit : Ah bon ; Très bien. Maintenant on a peut être une chance d’arriver quelques part ; Quand on parle à quelqu’un, on peut saisir plein de choses rien qu’en le regardant dans les yeux. C’est connu. Laisse-moi te dire encore une chose, tiens. Personne d’autre au monde n’oserait te le dire, mais moi je peux. J’en ai le droit. Et ce droit, je l’ai payé très cher, mon petit vieux ; Tu te prends pour quelqu’un que tu n’es pas. C’est la pure vérité. Comment je le sais ? Dans un siècle, c’est ce qu’ils diront : C’était qui, celle là, d’abord ? »
« Intimité » dans « Les trois roses jaunes ».
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Elle (Olga) lui tenait la main (Tchekhov), et de temps en temps lui caressait le visage. « On n’entendait aucune voix humaine, écrivit-elle dans ses Souvenirs. Il n’y avait pas l’agitation de la vie quotidienne. Il n’y avait que la beauté, la paix et la grandeur de la mort. » (Les Trois roses jaunes, p. 208)
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Ton cœur, je le connais comme ma poche, ne l’oublie pas. C’est une jungle, une forêt noire. Une vraie poubelle, en un mot.
« Intimité » dans « Les trois roses jaunes ».
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Videos de Raymond Carver (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Raymond Carver
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/fanny-wallendorf-jusqu-au-prodige-53573.html Du plus loin qu'elle s'en souvienne, Fanny Wallendorf a toujours eu le goût de l'écriture. Dès 7 ans, elle garde en mémoire les courts textes qu'elle produisait. Mais c'est bien par la lecture qu'elle prend le chemin de ce qui fera d'elle une romancière. Fascinée par l'écriture et le personnage du poète et écrivain américian Neal Cassady, compagnon de route de Jack Kerouac, elle traduit ses correspondances et frappe à la porte des éditions Finitude qui s'enthousiasment pour son projet. Nous sommes en 2014. Dès lors, Fanny Wallendord traduit pour cette maison plusieurs textes de Raymond Carver et Phillip Quinn Morris. Mais Fanny Wallendorf n'oublie pas la gamine qu'elle a été et les propres histoires qu'elle a envie de raconter. Elle concrétise son rêve en 2019 avec « L'appel » puis en 2021 avec « Les grands chevaux » qui révèlent une écriture sensible, poétique mais rigoureuse et exigeante. Janvier 2023, voilà le 3ème titre de Fanny Wallendorf, « Jusqu'au prodige ». Nous sommes dans les années 40, la guerre n'est pas finie mais la Résistance est en marche. Thérèse a dû fuir, la mère est morte, le père est au combat, son frère, Jean, a été d'elle. La jeune Thérèse devait trouver refuge dans une ferme du Vercors mais la femme qui devait l'accueillir étant morte, c'est le fils de la ferme qui l'a reçue et en a fait son objet, l'a enfermée. Il est le chasseur. Quatre ans plus tard, au hasard d'une inattention de son geôlier, la jeune fille parvient à s'échapper. Mais là voilà seule dans l'immensité de la forêt, sans savoir où aller, cherchant à échapper aux menaces réelles ou fantasmées. Seule le souvenir de ses proches permet à Thérèse de garder l'espoir et d'envisager un avenir en retrouvant son frère Jean. Trois jours, trois nuits dans cette forêt. le doute, la peur, l'incertitude, le désespoir… jusqu'au prodige. Le texte est écrit à la première personne du singulier, c'est bien Thérèse qui nous parle et nous entraine dans cette aventure, ce chemin parsemé de ronces qui mène vers l'âge adulte. Le roman de Fanny Wallendorf est une réussite tant par l'originalité du sujet, la construction de l'histoire et la qualité de l'écriture, belle et sensible, presqu'onirique, qui rappelle que le moindre soupçon d'espoir peut aider à se relever de toutes les épreuves. « Jusqu'au prodige » de Fanny Wallendorf est publié aux éditions Finitude.
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