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3,95

sur 419 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Les écrivains tels Raymond Carver sont infiniment précieux: Ce sont eux qui captent ces vies de peu, de riens et qui les rendent magnétiques, captivantes.
Les auteurs comme Raymond Carver font partie de cette grande tradition des écrivains-voyageurs d'une Amérique aux vastes horizons. Ce sont ceux-là qui, issus de milieux modestes, se sont formés seuls à l'écriture... Et, qui d'autres qu'eux pouraient mieux nous conter ces faits insignifiants en apparence, monotones et gris, si peu bercés d'une musique autre, si chichement baignés d'une lumière différente que celles de l'auteur.
Ma rencontre avec la prose de Carver remonte aux années 80. C'est ma belle-soeur qui m'avait filé ces Vitamines du bonheur. Boîte de douze nouvelles de belle écriture.
... Maintenant, il est grand temps que je me remette au traitement Carver. Celui que je recommande à tous.
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J'ai déjà eu l'occasion de raconter ici ma découverte tardive du genre de la nouvelle, pratique devenu addictive depuis. Au point d'avoir toujours en parallèle de mes autres livres, un recueil en cours, généralement américain, distillant ces short-stories au rythme d'une chaque jour.

Autant attiré par la belle couverture de Maya Palma que par l'envie de combler une lacune classique, je me suis jeté dans Les Vitamines du bonheur de Raymond Carver – traduit par Simone Hilling – réédité récemment dans l'opportune Bibliothèque de l'Olivier.

Douze nouvelles. Douze histoires où il ne se passe rien. Enfin pas grand-chose. Mais où il se dit tant. Juste des petits fragments d'existence, insignifiants pour ceux qui n'y sont pas inclus, mais tellement impactants pour leurs protagonistes. Douze histoires banales d'individus de la middle-class américaine, dont l'apparente banalité masque souvent les dilemmes qui les rongent.

Les héros de Carver ont en commun leurs fragilités : sociales, financières, familiales ou amoureuses. Qui se cumulent bien souvent et dont ils rêvent de sortir un jour. L'alcool, les vitamines, une rupture, une rencontre ou un voyage peuvent sembler le début du rebond. Généralement illusoire.

Il y a chez Carver une ambiguïté formidable qui me fascine à chaque lecture : sa capacité à traiter de sujets humainement complexes, durs et souvent dramatiques, avec une distance assumée qu'aucun adjectif ou artifice de style ne vient amplifier. Comme s'il tenait à laisser le lecteur faire sa part de chemin vers l'empathie ou le jugement, la compassion ou l'émotion.

Chacun réagira ainsi différemment selon son degré de distance ou de proximité avec la galerie de personnages présentés. Mention spéciale pour ma part à l'improbable trio décrit dans le Train, personnages passant de rencontres tragiques nécessitant un minimum de compassion à l'anonymat subit et à l'indifférence.

Mais aussi cette maison de Chef, ou quand le toit du bonheur simple enfin trouvé, d'un seul coup vous échappe sans rien n'y pouvoir ; Conservation et les affres du chômage, qui voit la mort d'un frigo faire à nouveau espérer le retour à une vie normale ; le sublime le compartiment décrivant le rendez-vous manqué d'un père avec son fils et son passé ; et enfin La Bride et sa morale qui rappelle qu'une simple pression sur le mors te permet de redevenir maître de ta vie, capable en un instant de bifurquer dans un sens ou dans un autre.

Condensé de fulgurances heureuses et dramatiques à la fois, les nouvelles de Carver sont certes un brin fatalistes, mais tellement universelles qu'elles traversent parfaitement le temps et les époques.
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Véritable anti feel-good book, «Les vitamines du bonheur» est une mine de pépites brutes, denses, et plombantes.

Instantanés banals, ces nouvelles au fort pouvoir d'évocation relatent, sans jugement ni affectation, le fatalisme, le découragement et le renoncement de personnes en situation d'échec dans la société américaine.

D'une plume simple et détachée, mais jamais cynique, Raymond Carver présente des fragments de l'existence d'individus modestes, en proie à des difficultés en rapport avec l'alcoolisme, les relations de couple, le chômage, la mort...

Souvent embourbés dans leur médiocrité, ses personnages sont résignés à subir une vie grise et morne qui ne leur apportera que de rares et éphémères moments de bonheur.

Pas d'action, pas de nobles sentiments, pas de «philosophie de la vie» ! Juste du vécu.

En quelques pages, sans grands mots ni belles phrases, l'auteur capte les gestes et les paroles du quotidien.
Et grâce à la justesse de ses descriptions et des dialogues, il rend tangible le vide des vies étriquées de ces anonymes fragiles et désillusionnés.

Percutant et profondément triste !
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Un grand merci à GeraldineB qui m'a conseillé ce livre. C'est une très belle découverte.
12 nouvelles ayant pour cadre l'Amérique profonde, celle du quotidien, la vie de tous les jours avec ses peines et ses joies (plus souvent ses peines), ses imprévus. Il suffit de presque rien pour se retrouver sur le fil du rasoir. Tout est fonction des aléas de la vie, et la manière de s'y adapter. La vie de ces personnages, pas tout à fait déclassés ou alors de petite classe moyenne, est décrite avec beaucoup de compassion mais sans misérabilisme. Difficulté des relations, supporter l'autre comme il est. Certaines nouvelles sont vraiment bouleversantes, comme celle de cet homme qui se prépare à rencontrer son fils en France, après plusieurs années de brouille. L'auteur sait maintenir le suspens pour décrire des situations insolites, incongrues, parfois allant jusqu'à l'absurde. Pas forcement de chute surprenante, mais un juste équilibre qui nous ramène à nous-même, à la fragilité de l'existence. Et la vie continue malgré tout...
Sachant que Carver s'est battu quasiment toute sa vie contre son addiction à l'alcool, certaines nouvelles paraissent assez autobiographiques.
A découvrir.
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Carver me fait penser au peintre Hopper. Ses descriptions semblent réalistes, et cependant il y a quelque chose qui cloche , ou plutôt qui accroche. La situation en elle-même est triviale ou absurde, en tout cas elle produit de l'angoisse. Il y a un malaise palpable dans ces scènes du quotidien. Dans les tableaux de Hopper, c'est la même chose. Assis au bar sous un néon blafard, des personnages se regardent en coin, ils attendent quelqu'un ou quelque chose, le drame couve. Carrée dans un fauteuil, une femme seule attend, dans une salle dont c'est la fonction. Pourquoi l'inquiétude, si diffuse imprègne-t-elle notre compréhension de la scène, si banale?Dans un train sous la lampe une autre femme seule lit. Est-ce le début d'une histoire effrayante? Plus généralement, la solitude, l'attente, le vide, l'absence de rêve, infiltrent les images du peintre comme les nouvelles du romancier. Chacun des deux me paraît à sa façon témoigner de ce qu'H. Miller nommait : Cauchemar climatisé. Enfer, aussi bien.
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Comme quoi errer sur les réseaux sociaux ne signifie pas toujours perdre son temps. Sans cela, je n'aurais peut-être jamais découvert les lignes de Raymond Carver.

Dans ces douze nouvelles, l'auteur s'introduit dans les maisons de la middle class, dans l'Amérique des années quatre-vingt, univers qu'il connaît bien. Raymond Carver raconte des moments de couple, de familles et surtout, la solitude. Les protagonistes ont tous une bouteille dans une main, une cigarette dans l'autre. Et la télévision qui marche en arrière-fond. Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir.

Le chômage persiste, la solitude installée, les hommes résignés.

Le style de Raymond Carver, c'est tout ce que j'aime dans la littérature américaine, des phrases courtes et percutantes. L'auteur s'attarde sur les gestes de ses personnages, plus parlant que des dialogues. Il ne se passe pas grand chose dans ces histoires, seulement le temps qui défile, des tranches de vie racontées simplement. Un dîner chez des collègues de bureau, un frigo qui tombe en panne, la perte d'un enfant, des alcooliques dans un centre pour en finir, une soirée partagée avec un aveugle... Des récits de vie avec des événements qui changeront les personnages pour toujours ou au contraire, qui feront encore qu'ils subissent la vie. Si l'ensemble n'est pas très réjouissant, je n'ai jamais trouvé que le récit tombait dans le pathétique. D'ailleurs, certaines des nouvelles se terminent avec une note d'espoir ; la main tendue d'un pâtissier, un déménagement qui annonce peut-être le début d'une nouvelle vie.

Je ne manquerai pas de lire à nouveau Raymond Carver.

Lien : https://marcelpois.wordpress..
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C'est avec ce recueil de nouvelles que j'ai découvert Raymond Carver.
C'est avec lui que j'ai compris que l'on pouvait se montrer apparemment ( bis repetita) cynique et être empli d'espoirs et d'amour comme de désespoirs et de déceptions.
C'est avec ce recueil que la nouvelle est devenue un genre littéraire parmi mes favoris, vraiment.

C'est un grand classique, à lire avec curiosité, à relire, c'est un morceau de jubilation littéraire.
Ce bouquin est une pépite.
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dans ce recueil de nouvelles de Carver, il ne se passe rien, et pourtant. Un couple vient diner chez un autre couple affublé d'un paon et d'un bébé énorme qui s'entendent "comme cochon".....un alcoolique répenti soutenu par son "chef" reprend la vie commune avec son épouse, tout va au mieux, mais le soutien du "chef" a ses limites......un homme traverse l'océan pour retrouver son fils à Strasbourg qu'il n'a plus vu depuis sa séparation de sa femme, ils se pose plein de questions et, en arrivant en gare, il "oubliera" de descendre du train.....il y en a 12 ainsi.
En quelques années, il s'agit pour moi d'une 3me lecture, avec toujours autant de plaisir et de découverte
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Les héros de CARVER sont «  des petites gens » simples, assaillis par les soucis, les problèmes, on est souvent proches de la tragédie. On est souvent dans l'état de Washington, ils sont ouvriers, elles sont secrétaires, coiffeuses, ils voient passer le rêve américain mais peu arriveront à l'attraper. Douze nouvelles illustrent ce milieu, la première étant peut-être la plus emblématique où un couple est invité chez des collègues et ils découvrent un bébé hideux et un paon qui hurle toute la soirée. . L'horreur tempérée heureusement par un aspect burlesque.
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Il y a quelques années, j'avais entendu parler de la magie de Raymond Carver. Un charme inexplicable qui vous ferre à ses histoires en apparence banales. Un suspense haletant qui transpire de la page, alors que rien d'extraordinaire n'a l'air de se produire. Aussi, quand je suis tombé chez mon bouquiniste sur Les vitamines du bonheur, j'ai acheté le petit recueil.

Avant tout, une chose à dire : on ne m'avait pas menti.

(suite de la critique sur carnetsdusoussol.com )
Lien : http://carnetsdusoussol.com/..
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