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EAN : 9782221065242
1440 pages
Robert Laffont (05/11/1993)
4.44/5   33 notes
Résumé :
Libertin, épicurien, esthète et séducteur incorrigible, Giacomo Casanova est l'un des personnages marquants du 18e siècle. Faisant sien le précepte selon lequel il faut jouir de chaque instant vécu, il appliqua celui-ci à sa vie mondaine et amoureuse qui ne firent souvent qu'une. Toute cette vie de plaisirs fut consignée, sans aucune pudeur, dans ces Mémoires également intitulées Histoire de ma vie, autobio... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Dans une lettre adressée à Casanova le 25 septembre 1794, le Prince de Ligne résume l'impression que lui a procuré la lecture des mémoires de son ami : « Un tiers de ce charmant tome, mon cher ami, m'a fait rire, un tiers m'a fait bander, un tiers m'a fait penser » On ne peut mieux exprimer la tonalité extraordinaire qui se dégage de cette Histoire de ma vie dont je termine le troisième tome dans La Pleiade. Un périple de plus de trois mille pages qui nous entraîne dans toutes les grandes villes d'Europe et nous donne à voir cette curieuse société du XVIIIeme siècle qui scellera la fin de l'Ancien régime mais qui, dans ses deux premiers tiers, offre le spectacle d'un curieux mélange : aristocrates, courtisanes, aventuriers de tous poils joueurs professionnels, danseuses, comédiennes : tout un monde s'agite dans une frénésie de luxe, de débauche mais aussi de raffinements extrêmes, le tout sur un fond de misère, véritable trou noir , aspirant à intervalles réguliers ceux que la fortune avait jusque-là semblé préserver.

Tout autant qu'un séducteur, Casanova est l'un de ces aventuriers qui comme Cagliostro (alias Balsamo) dont il croise d'ailleurs la route, sillonnent alors l'Europe en tous sens. Il y aurait – il y a sans doute déjà – un livre à faire sur ces aventuriers dont les pérégrinations semblent obéir à un plan prédéterminé, une toile où les trajectoires des uns et des autres s'entrecroisent. Ces hommes (mais aussi quelques femmes) entretiennent avec les aristocrates « éclairés » de l'époque des relations qui participent à la fois du parasitisme et de l'osmose, ceux-ci s'en divertissant ; ceux-là tirant le meilleure parti de la fortune de leur protecteur du moment. La révolution sonnera le glas pour ces aventuriers si profondément dépendants d'un Ancien régime crépusculaire auquel ils sont paradoxalement mais viscéralement attachés. Casanova partage le conservatisme de la plupart d'entre eux lorsqu'il écrit : « Ma chère France, où tout dans ce temps-là allait bien malgré les lettres de cachet, les corvées, et la misère des paysans et le bon plaisir du Roi et des ministres, qu'es-tu devenue aujourd'hui ? »

Au début de ce troisième tome, Casanova a trente sept ans : à cet époque et avec cette vie de « bâton de chaise » on vieillit vite ; il se sent doucement dériver vers « cet âge que la fortune méprise ». de fait, si les femmes le rendent fous, l'inverse se vérifie de moins en moins. Les années passant, Casanova se fait de plus en plus lucide, de cette lucidité dont Char nous dit qu'elle est la blessure la plus proche du soleil…. Il peut encore être amoureux mais le fantôme de cette Henriette qu'il a tant aimée dans ses années de feu, le hante toujours. Pauline peut bien surpasser Henriette en beauté et en tempérament : « je trouve dit-il l'impression que me fit Henriette plus forte ; et la raison en est que mon âme en était plus susceptible à l'âge de vingt-deux ans qu'à celui de trente-sept.

Son rapport aux femmes évolue : désormais plus marionnette que marionnettiste, Casanova n'hésite pas à se replier sur certaines facilités. Lui qui proteste pourtant ne bien jouir qu'étant amoureux jette de plus en plus souvent son dévolu sur de très jeunes filles du peuple ou recourt aux services de prostituées, ce qui le rend amère. Son cynisme avec son petit côté « faute de grives on mange des merles » devient parfois franchement cocasse. Ainsi dans une auberge, il tombe sur la fille de la maison qui « malgré sa peau un peu trop brune aurait été fort jolie si la petite vérole ne l'avait pas privée d'un oeil. Elle en portait un postiche qui étant de couleur différente de celle de l'autre, et aussi plus grand, rendait sa figure désagréable ». Casanova s'empresse de lui faire cadeau d'un oeil de porcelaine. Frappé alors de sa beauté, il tombe amoureux de la jeune femme.

Même s'il prétend ne rien regretter, le Casanova de l'âge mûr laisse poindre un début de nostalgie. le temps est venu où parfois il revient sur ses pas et retrouve ici ou là l'une ou l'autre ex-jeune fille qu'il a aimées. Certaines ont fait de beaux mariages et Casanova s'en attribue souvent le mérite. D'autres ont roulé au fond du gouffre de la prostitution. Quelques fois revenant à d'anciennes maîtresses il se découvre père de l'une autre ravissante enfant, fruit de ses ébats passionnés. Son sens de la paternité est des plus ambigus et Il échappe difficilement à l'inceste qui le taraude comme un lancinant fantasme.

Ce troisième tome est parsemé de voyages. Certes Casanova a la bougeotte et voyage souvent par goût mais son libertinage en ces temps encore rigides le contraint plus souvent encore de fuir les villes où il est devenu indésirable. de tous ses périples, le plus curieux est sans doute celui qu'il fait en Espagne. En ce temps, l'Europe vit un peu à la Française : la société choisie que fréquente Casanova pratique le Français et a adopté les règles de sociabilité de ce pays. L'Espagne fait exception. L'Inquisition religieuse, son esprit répressif et sa vision névrotique de la sexualité s'accompagnent de moeurs très étranges. Ainsi, les verrous des portes des chambres d'auberges sont-ils toujours à l'extérieur de manière à permettre les contrôles à tout moment. Les danses les plus ardentes y sont interdites, la structure des loges de théâtre laisse à découvert les jambes des spectateurs pour permettre à des contrôleurs de moralité, de repérer d'éventuels attouchements. Hilare, Casanova rapporte même que dans une église proche de Madrid, la peinture de la Vierge allaitant l'enfant Jésus a subi un repeint pour dissimuler la gorge de la sainte mère, ce qui a eu un effet catastrophique sur la fréquentation des fidèles…

Les mémoires de Casanova se terminent en 1774. Il vivra encore plus de 20 ans. On a beaucoup glosé sur l'arrêt prématuré de son récit. le plus probable est qu'il n'a pas souhaité se remémorer son retour décevant à Venise, son nouvel exil et son quotidien pénible dans le château de Dux où il se retire comme bibliothécaire.
Je laisse le dernier mot au Prince de Ligne dont le propos peut servir d'épitaphe à son vieil ami : « Il a vécu en philosophe et est mort en chrétien ». Sollers de grincer qu'après tout « cela vaut mieux que l'inverse ».
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Un grand témoin de son temps!
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Casanova, ou le rêveur éveillé (1975 / France Culture). Raphaël Mengs, “Portrait de Giacomo Casanova”, vers 1760. Émission “Les samedis de France Culture”, réalisée pour le 250ème anniversaire de la naissance de Giacomo Casanova (1725-1798). Diffusion sur France Culture le 3 mai 1975. Par Pierre Barbier. Réalisation : Bronislaw Horowicz. Avec Pierre Barbier, Robert Abirached, Gilbert Sigaux et Hubert Juin. Textes de Giacomo Casanova, Carlo Goldoni, Lorenzo da Ponte, du prince de Ligne lus par François Périer, Pascal Mazzotti, Roger Bret, Pierre Delbon et Catherine Laborde. Giacomo Girolamo Casanova, né le 2 avril 1725 à Venise (République de Venise, actuellement en Italie) et mort le 4 juin 1798 à Dux (Royaume de Bohême, actuelle République tchèque), est un aventurier vénitien. Il est tour à tour violoniste, écrivain, magicien (dans l'unique but d'escroquer Madame d'Urfé), espion, diplomate, puis bibliothécaire, mais revendique toujours sa qualité de « Vénitien ». Il utilise de nombreux pseudonymes, le plus fréquent étant le chevalier de Seingalt (prononcer Saint-Gall) ; il publie en français sous le nom de « Jacques Casanova de Seingalt ». Casanova laisse une œuvre littéraire abondante, notamment ses mémoires connus sous le titre “Histoire de ma vie”. Il est cependant surtout connu aujourd'hui en tant qu'aventurier, et comme l'homme qui fit de son nom un synonyme de « séducteur ». Il savait user aussi bien de charme que de perfidie ou d'argent pour conquérir les femmes. Cette réputation provient de son œuvre autobiographique : “Histoire de ma vie”, rédigée en français et considérée comme l'une des sources les plus authentiques concernant les coutumes et l'étiquette en usage en Europe au XVIIIe siècle. Il y mentionne cent quarante-deux femmes avec lesquelles il aurait eu des relations sexuelles, dont des filles à peine pubères et sa propre fille, alors mariée à l'un de ses « frères » francs-maçons, avec laquelle il aurait eu le seul fils dont il eût connaissance, si l'on en croit son témoignage. Bien qu'il soit souvent comparé à Don Juan comme séducteur, sa vie ne procédait pas de la même philosophie : ce n'était pas un collectionneur compulsif. Parfois présenté (ainsi dans le film “Le Casanova de Fellini”) comme un pantin ou un fornicateur mécanique, qui se détourne de sa conquête dès lors qu'elle s’est donnée à lui, il n'en était rien, il s'attachait, secourait éventuellement ses conquêtes. Personnage historique et non de légende, jouisseur et exubérant, il vécut en homme libre de pensées et de comportements, des premiers succès de sa jeunesse à sa longue déchéance.
Sources : France Culture et Wikipédia
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