AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de le_Bison


Sur son Olivetti rouge mécanique, Antoni décrit son monde. Sa prose s'articule sur la beauté de l'univers, sur son chaos. L'esthétisme du Chaos, premier critère de ses écrits. Embauché par un étrange « Cabinet des Investigations Littéraires », il file sur New-York, la première étape de son parcours initiatique au sein du chaos et de l'esthétisme. Déambulations nocturnes de la ville et rencontre de deux âmes pour ce même goût de l'esthétisme sensuel. Antoni découvre l'Art de Anca, street-grapheuse qui peint sa chatte à la peinture rouge sur tous les murs de la ville. J'imagine déjà le plaisir à voir la reproduction de sa vulve au détour d'un coin de rue, illuminé par le néon d'un bar, la lumière vive d'un lampadaire, l'éclat d'une lune…

Les draps froissés d'une chambre de motel, plaisir enivrant des sens, fantasmagorie divine du vin et de la pine. Se frotter corps trop corps, sentir l'épine frémir. Déambuler telles deux âmes noctambules, s'installer au volant d'une vieille guimbarde et partir à la recherche d'un écrivain inaccessible. Baiser. Forniquer. S'abreuver de ce doux nectar qui coule entre nos cuisses. L'amour est esthétisme, la vie devient esthétique, la baise se fait chaos, la vie est un chaos inextricable. Je lis un ver de Baudelaire, un verre à la main, je feuillète un livre, j'imagine t'effeuiller dans une chambre de motel vers minuit. Dans la chambre d'à-côté les murs vibrent, baise d'un soir. Bruyant. Féroce. Sauvage. Eau sauvage qui s'écoule de nos cuisses. de l'autre côté, la jouissance d'une trompette, l'orgasme d'un piano. Je reconnais Thelonious Monk, Bill Evans ou Chet Baker. Minuit, une heure vers laquelle les corps plongent, où tu te penches sur mon sexe pour l'avaler, le désir donne soif, aller jusqu'à la dernière goutte. Minuit, la lune se découvre, enlève son voile de nuages, se montre à nue, impudique et irrévérencieuse. le corps en sueur, l'âme rêveuse encore parfumée de stupre, Antoni glisse une nouvelle page blanche dans son Olivetti rouge mécanique, je glisse mon majeur dans ton rouge pourpre.

Je ne me laisse pas dérouter par l'esthétisme de ce chaos. Bien au contraire, je plonge mon âme dans les ténèbres et arpente les pages de ce roman comme d'autres arpentent les trottoirs nauséabonds vers minuit. L'écrivain catalan n'est pas à son premier essai, il enchaîne les coups de maître comme d'autres enchaînent les passes de nuit. Je reste toujours subjugué par le charme de sa plume, par sa vision fantasmée de la vie, je me sens comme investi d'une mission secrète, celle de promouvoir le sexe et la plume, chatouilles divines de la vie, de ce grand auteur de l'esthétisme. Si le « Cabinet des Investigations Littéraires » cherche un nouveau pigiste pour arpenter les rues sombres et les ténèbres, j'achèterai avec mon premier cachet cette Olivetti d'un rouge métallique comme le sang coulant entre tes cuisses…
Commenter  J’apprécie          420



Ont apprécié cette critique (39)voir plus




{* *}