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Critique de Bouchondesbois


Je m'étais approchée du coup de coeur avec Graceling et, une fois encore, j'en passe dangereusement prêt. Plus abouti que le précédent tome, Rouge se dévore en quelques heures de lecture. Les détails sont plus abondants, les personnages davantage creusés et les péripéties plus nombreuses et moins aisées à traverser. Un seul petit détail m'a gênée, auquel je reviendrais par la suite.
Nous avions laissé avec Graceling nos deux héros, Katsa et Po. Il n'en est pas question ici, puisque l'action de Rouge se situe antérieurement à celle de Graceling : Leck (que l'on rencontre sous le nom du "Roi sadique" dans le premier tome) n'est alors qu'un enfant. C'est d'ailleurs avec lui que commence l'histoire : ce mystérieux Graceling aux pupilles rouge et grise, possédant le pouvoir de contrôler les esprits. Alors que son père tente de le protéger en l'emmenant aux confins de la terre de Monsea, ils chutent tous deux dans une crevasse et parviennent à franchir les montagnes séparant leur terre d'origine du royaume de Dells. Fin du prologue.
Nous faisons alors la connaissance de Rouge, tout en explorant le royaume fort étrange de Dells : là bas, nul Graceling. Mais des êtres vivants, de toute sorte, d'une incroyable beauté : pumas, aigles, mouches, chats... Surnommés "Montres", ils exercent sur quiconque les regarde une attraction irrépressible. Rouge est la dernière humaine-monstre vivante, son père Cansrel ayant été tué quelques années plus tôt. Alors que son père se servait de sa beauté et de son don de télépathie avec cruauté, ce n'est pas le cas de sa fille. Réfugiée dans un coin reculé du royaume, elle tente de se faire oublier. Mais cela ne va bien entendu pas se passer ainsi : le royaume va avoir besoin de ses talents pour réfréner l'insurrection de plusieurs seigneurs, insurrection menaçant de mettre le royaume à feu et à sang.
J'ai beaucoup aimé Rouge : son évolution est constante tout au long du roman. Dès les premières pages, on arrive à cerner la solitude dont elle fait l'objet : réveillant les plus vils instincts des hommes, provoquant jalousie et méfiance des femmes, elle n'a aucun ami, aucun proche à qui se confier. Hormis Archer, son ami d'enfance. Mais sa sur-protection est étouffante pour une jeune femme éprise de liberté. Ce n'est pas une tête brûlée comme Katsa, ni une combattante-née. Elle répugne la guerre et ses horreurs, et refuse de se servir de son don et de sa beauté pour commettre des abominations. Elle a une éthique, cette petite ! On la sent profondément traumatisée par le comportement et les horreurs commises par son père, ce qui explique en partie sa répulsion envers ses capacités de télépathe. Je l'ai trouvé extrêmement profonde, très loin de la superficialité à laquelle on aurait pu s'attendre. Je crois que, comme les autres personnages du roman, je suis moi aussi tombée sous son charme.
C'est donc un personnage éblouissant mais complétement introverti qui fait ici son apparition, un personnage que l'on va forcer à se tourner vers les horreurs de son passé afin d'en prendre l'entière mesure et de pouvoir passer à autre chose. Et, pour entourer tout cela, une bonne menace de guerre. Espionnage, trahisons, meurtres et interrogatoires sont au menu, savamment mélangés pour nous faire sauter de page en page sans un instant de répis. Mais ! Rouge ne serait pas Rouge s'il n'y avait pas une belle histoire d'amour pour rehausser le tout. Je ne vous en dirais pas plus, même s'il est assez aisé de deviner les deux protagonistes de cette romance. Je l'ai espéré pendant les trois quarts du roman et, finalement, j'ai été satisfaite
Concernant les autres personnages, la palme revient à Brigan. Et pourtant, ce n'était pas gagné au départ. Frère du roi et commandant en chef des armées, il avait tout du rustre aux gros bras. Et puis, Kristin Cashore ne tarissait pas particulièrement d'éloges sur lui. Mais, plus on avance dans l'intrigue, plus on se rend compte que, derrière cette masse musculeuse à faire palir d'envie Hugh Jackman, il y a un coeur. Ouf ! C'eût été bête de gâcher, quand même.
Archer, l'ami d'enfance de Rouge, m'a un peu laissée froide. Je me le visualisais comme un butor impatient et capricieux, susceptible de rares instants de tendresse et de lucidité. Dommage !
Nash, le roi de Dells, m'a au départ laissé un goût âcre dans la bouche : qu'il est odieux ! Et, comme avec Brigan, on apprend à le connaître au fur et à mesure. Même s'il reste... mou du genou.
Beaucoup d'autres personnages m'ont touché, comme Hanna, la fille de Brigan, ou Tess, la grand mère de Rouge. Ils sont tous différents les uns des autres et participent chacun à leur manière à la richesse de ce livre.
Venons-en au point "faible" de ce roman : Leck. Je m'attendais à comprendre avec ce second opus les origines de la cruauté de ce roi fou, ou du moins son histoire. Or, il n'en est rien. Hormis dans le prologue, il fait deux-trois passages éclairs au cours du roman, pour être un peu plus exploité à la fin. Mais je n'ai pas bien compris son lien avec Rouge, ni son intérêt pour celle-ci. En fait, je n'ai pas compris pourquoi l'auteure avait jugé bon de lier ces deux histoires, celle de Leck méritant, à mon sens, d'être davantage exploitée. On pourrait presque croire qu'elle a fait tomber Leck dans cette crevasse simplement pour avoir l'opportunité de développer un univers somme toute assez différent, puisqu'il n'y a aucun Graceling ! Vous le comprenez, cette différence m'a un peu laissée perplexe, bien que je sois ravie d'avoir découvert ce nouveau royaume. Peut-être mes questions vont-elles trouver leurs réponses dans Bitterblue, le troisième tome de la saga.... En tout cas, je l'espère.
Malgré mon incompréhension face à ce dernier point, Rouge fut un excellent moment de lecture. Les faiblesses de Graceling n'y figurent pas, et je poursuivrais avec joie cette série qui, décidément, tient ses promesses.
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