AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Sophie Cassagnes-Brouquet (Autre)
EAN : 9782262077228
380 pages
Perrin (20/08/2020)
4.42/5   12 notes
Résumé :
Une reine au temps des rois maudits.

Isabelle de France, née en 1295, figure emblématique de la saga des Rois maudits, affublée du surnom folklorique de " Louve de France ", est devenue peu après sa mort l'image même de la méchante reine : rebelle, hypocrite, tyrannique et sanguinaire. Ces qualificatifs relèvent évidemment de la légende noire, que le présent ouvrage cherche à dissiper. Très populaire en son temps en France comme en Angleterre, fille d... >Voir plus
Que lire après Isabelle de France : Reine d'AngleterreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Épargnons-nous la sempiternelle référence au roman de Maurice Druon : les Rois Maudits. Il ne s'agit pas ici de roman, mais d'Histoire. Et Sophie Cassagnes-Brouquet nous livre le meilleur récit de la vie d'Isabelle de France Reine d'Angleterre (1295-1358).
Fille de Philippe IV le Bel et de Jeanne 1ère de Navarre, aux fortes personnalités, Isabelle grandit près du Louvre et au Palais de la Cité, et, jeune, comme plus âgée, elle eut à coeur de se cultiver. Son amour des livres restera toujours l'une des caractéristiques de sa personnalité.
Promise, comme la plupart des filles de sang royal, à un mariage plus que princier, elle fut jetée, le 25 janvier 1308, dans les bras d'Édouard II d'Angleterre, pour son plus grand malheur, car les penchants de son royal époux orientaient plutôt ce dernier vers les hommes. Peter Galveston et Hugh the Despenser se succéderont en effet dans les faveurs d'Édouard, et la belle Isabelle se sentira délaissée. Elle ira, vers 1325, se consoler, sinon dans les bras, du moins sur les épaules de Roger Mortimer de Wigmore (1287-1330), en exil en France parce que regardé comme un dangereux ennemi par Hugh the Despenser. Forts du soutien de la France et de celui de plusieurs barons anglais, parvinrent à rentrer en Angleterre-dernière expédition réussie partie du continent européen vers les îles anglaises depuis Guillaume le Conquérant. Ensemble, ils devaient poursuivre et finir par capturer leurs ennemis puis à s'en débarrasser en 1326 et 1327, y compris le roi, éliminé par de cruels moyens à Berkeley.

Isabelle assura la régence pendant trois ans, pendant la minorité de son fils, le futur Édouard III, en gouvernant avec Roger Mortimer. Mais elle s'attira très vite l'inimitié des Lancastre, commettant là une grave erreur, car ils lui avaient fait la courte échelle mais n'avaient pas été payés de leurs efforts en sa faveur. La provocation que constitua pour les Lancastre le fait que Mortimer osât s'intituler comte de March allait pousser ces seigneurs, jaloux, à s'armer contre le soutien de la reine. Mais durant cette confrontation, Lancastre fut contraint de s'incliner. Édouard de Kent sera à la suite de cela puni de mort sur l'ordre d'Isabelle pour s'être rebellé. Impatient de la mainmise de Mortimer sur le pouvoir auquel on lui refusait d'avoir la moindre part, Édouard III, fils d'Isabelle, qui en avait assez de ronger son frein, commença à montrer les dents. Comprenant que l'on se méfait de lui et de ceux qui lui étaient fidèles, Édouard III décida de passer à l'action en faisant preuve de personnalité et d'énergie. Il n'hésita pas à faire arrêter sa mère et Mortimer en octobre 1330. Mortimer fut condamné pour haute trahison et pendu à Tyburn le 29 novembre de la même année. Placée en résidence surveillée et plus ou moins gagnée par la folie, Isabelle retrouva rapidement fortune et considération de la part de son fils, enfin libéré de sa colère. Isabelle poussa d'ailleurs ce dernier à revendiquer la couronne de France à la mort du dernier roi capétien et à l'accession des Valois sur le trône. Il y avait à cela une raison familiale : Édouard III était par sa mère le petit-fils de Philippe le Bel. Isabelle était devenue anglaise même si elle n'oubliait d'où elle venait et il lui semblait normal que son fils fît valoir ses droits à la couronne de France. Elle trouva d'ailleurs dans sa famille anglaise bien des motifs de se réjouir, et son petit-fils Édouard de Woodstock, prince de Galles, que l'on devait plus tard appeler le Prince Noir, peut-être en raison de la couleur de son armure, devint rapidement sa coqueluche et son protégé.
Isabelle aura encore le plaisir de voir le vaincu et le prisonnier de Poitiers-Nouaillé-Maupertuis en 1356, le roi de France Jean le Bon, venir lui rendre visite et solliciter sa protection. Isabelle s'éteindra le 22 août 1358 à Hertford, entourée des soins de Jeanne, reine d'Écosse.
Si son fils donna un coup d'arrêt à ses ambitions de régente, il ne put que s'incliner devant la force de caractère d'une femme et d'une mère admirables quand il cessa de la craindre.
Il n'est pas étonnant qu'Isabelle, de par son parcours, se soit trouvée mêlée aux désaccords franco-anglais qui allaient conduire à la guerre de Cent Ans.

François Sarindar, auteur de Charles V le Sage, Dauphin, duc et régent (2019)
Commenter  J’apprécie          1265
Excellente biographie d'Isabelle de France retracée dans ce livre par Sophie Brouquet en seize chapitres assez courts qui déroulent la vie d'une grande reine, ancrée dans ses racines et sa filiation française, mais fidèle aussi à son royaume d'Angleterre.

Sophie Brouquet rappelle à plusieurs reprises dans son texte qu'Isabelle est la fille de Philippe le Bel, le roi de fer, dont elle hérita la beauté et le caractère trempé, volontaire, opiniâtre qui en a fait une combattante, une femme d'exception s'inscrivant dans son époque tourmentée. Elle rappelle cette hérédité au fil du récit chaque fois qu'Isabelle est confrontée à l'adversité, qu'il s'agisse des conséquences du comportement de son mari, Edouard II, ou des luttes contre les favoris dangereux, tels que Gaveston ou les Despenser.

Elle a été présentée à tort, notamment par Maurice Druon dans la très populaire saga des Rois Maudits, comme la Louve de France, dévoreuse de tous ceux qui se trouvent sur sa trajectoire. Sophie Brouquet rétablit la réelle personnalité d'Isabelle, une femme, certes riche et puissante, aimant le luxe et la fortune, mais aussi une épouse dévouée à son mari autant que possible, assez lucide pour ne pas laisser le royaume d'Angleterre aller à vau-l'eau du fait de l'incurie de son roi.

Cette biographie permet de s'imprégner de la vie des têtes couronnées et aussi du peuple au Moyen-Age, avec toutes les souffrances qui frappaient aussi bien le sang royal que celui de la population : épidémies, disette due aux intempéries et à des récoltes insuffisantes, mortalité infantile, risque de mort pour toute femme lors d'un accouchement (Isabelle renouvelait son testament avant chacune des naissances de ses quatre enfants), complots, guerre quasi-permanente avec l'Ecosse, négociations ardues avec la France, malgré les liens qui unissaient la reine d'Angleterre aux Capétiens.

Sophie Brouquet met également en évidence la grande dévotion et la générosité d'Isabelle qui réalisa de multiples dons au profit de différentes abbayes, cathédrales et autres lieux sacrés ainsi que des pauvres du royaume.
Isabelle m'a fait penser à une autre conquérante, Aliénor d'Aquitaine, toutes deux illustrant l'usage de la puissance au service, l'une de son royaume, l'autre de son duché. Deux grandes dames qui émergent, à presque cent ans d'intervalle, et montrent à tous ceux qui les découvrent la véritable dimension de la grandeur.

Commenter  J’apprécie          486
Isabelle de France, fille de Philippe IV le Bel et de Jeanne de Navarre, est une figure que l'histoire de France n'a pas spécialement mise en avant, sauf pour son côté "louve de France" et férue de pouvoir. Contrairement à des reines comme Alienor d'Aquitaine dont pas mal de livres ne cessent de la mettre sur un piédestal, la vie et le parcours d'Isabelle sont très peu connus. Cette biographie nous mène vers le destin complexe de cette fille de France, véritable jouet politique entre son père enveloppé de fer et son futur époux, Édouard II, qui n'a jamais su assumer un amour sincère pour la gent masculine, face aux exigences de son souverain de père, Édouard 1er le sec.
Isabelle tenta tant bien que mal de satisfaire la politique d'alliance entre la France et l'Angleterre de par son mariage et ses héritiers dont Édouard III, et ses talents diplomatiques, fort appréciés à la cour d'Angleterre. La reine apparaît comme une femme appréciée, à la fois ferme et autoritaire quand il le fallait mais aussi dotée d'une certaine sagesse... avant que la passion amoureuse avec le baron Mortimer ne la fasse dériver.
Comme tout souverain d'Europe, Isabelle a tenté de se faire sa place et qui plus est, une femme dans un monde d'hommes, obnubilés par leurs intérêts financiers et autres. J'ai beaucoup apprécié cette découverte plus approfondie sur Isabelle et sa personnalité, il serait donc normal qu'elle soit davantage reconnue et réhabilitée.
Commenter  J’apprécie          150
Sophie Brouquet est professeur d'histoire du Moyen Age à l'université de Toulouse II Jean-Jaurès. Elle a commis, entre autres, Chevaleresses, une chevalerie au féminin. le présent ouvrage intitulé Isabelle de France revient sur la « personnalité complexe à l'existence hors du commun » de celle qui fut fille de roi, Philippe IV le Bel, épouse de roi, Edouard II, mère de roi, Edouard III.

Dès les premières lignes, l'auteur écrit : « L'intérêt pour l'histoire des femmes est relativement récent en France et, jusqu'ici, il n'a guère porté sur les reines. Bien sûr, quelques souveraines du Moyen Age, toujours les mêmes – Aliénor d'Aquitaine, Blanche de Castille, Isabelle la Catholique et Anne de Bretagne – se sont vu consacrer des biographies, mais combien d'autres demeurent à ce jour de parfaites inconnues, ou sont entachées d'une légende noire comme Isabelle de France ». Par exemple, sa date de naissance demeure incertaine nonobstant son statut de princesse.

Quoiqu'il en soit, Brouquet rappelle à juste titre que cette femme fut « très populaire en France comme en Angleterre et admirée par ses contemporains. Isabelle de France a hérité de nos jours d'une réputation sulfureuse, comme en témoigne son surnom de Louve de France ». Il convient d'emblée de préciser que cette appellation n'a rien d'historique. de son vivant, aucun contemporain ne la nomma par ce sobriquet. Toutefois, comme l'écrit l'auteur « elle a été plus calomniée que toutes les reines d'Angleterre, et les reproches qui lui sont adressés sont multiples : une épouse rebelle, hypocrite, adultère, tyrannique, et sanguinaire ». Ce livre – que nous trouvons digne d'intérêt – replace Isabelle dans son contexte, ce qui permet de séparer le bon grain de l'ivraie, concrètement l'Histoire de la légende, que cette dernière soit dorée ou noire.

Pour poursuivre sur cette dernière, nous citons Brouquet qui écrit que pour certains « le fantôme de la reine, punie pour l'éternité, hanterait les ruines du monastère des Franciscains de Londres, près de Newgate, où l'on peut voir une femme portant le coeur de son mari assassiné sur sa poitrine, ou encore les souterrains du château de Nottingham, où elle cherche désespérément son amant Mortimer ». Les récits surnaturels et les mystifications s'amusent toujours autant de la crédulité du public qui atteint des sommets.

Il reste, à notre humble avis, important de comprendre qu'Isabelle « est une femme de son temps, qui n'a cessé d'être jugée par les censeurs de différentes époques oubliant tout des circonstances historiques dans lesquelles elle s'est battue ». Brouquet précise le contexte sans lequel il est possible de comprendre les événements : « Cette princesse capétienne, fille de Philippe IV, est contemporaine de l'apogée du pouvoir des capétiens. Objet de paix, sa destinée était de se marier au futur roi d'Angleterre pour mettre fin à la querelle plus que séculaire des rois de France avec leur ennemis Plantagenêts ». Très souvent, les romanciers, les cinéastes voire certains historiens la réduisent à son rôle de « femme, mère, amante » alors qu'elle « fut bien plus que cela », comme le prouve cette passionnante étude.

Il convient d'avoir à l'esprit, ce qui explique en grande partie son parcours et le rôle éminent qu'elle a joué dans l'Histoire, qu'Isabelle de France « a très tôt conscience d'appartenir au sang royal par son père et par sa mère et est élevée dans une haute idée de la monarchie. Elle est issue de la lignée la plus illustre d'Europe par son ancienneté et par l'éclat que lui confère l'aura de son arrière-grand-père, le roi Louis IX, canonisé en 1297. Son père règne sur le pays le plus peuplé et le plus riche d'Europe, dont l'art et la langue rayonnent dans tout l'Occident ».

Cette noble idée de la monarchie, elle la défendra toute sa vie, ce qui provoquera des dissensions dans son couple, car son mari, qu'elle voyait comme le roi, ne correspondait pas à l'image du roi telle qu'on lui avait enseignée. Edouard II souffrait de la comparaison avec son beau-père. Cela prendra du temps, mais après avoir gouverné avec son mari, elle finit par le renverser au terme « de la dernière invasion que l'Angleterre ait connue depuis celle de Guillaume le Conquérant ». Il faut imaginer une reine envahissant l'Angleterre à la tête de ses troupes pour combattre son royal époux. Certes, elle fut brillamment secondée, notamment par Mortimer, mais cette action démontre incontestablement son courage et son caractère décidé voire opiniâtre.

Après une lecture attentive de cet ouvrage, nous reconnaissons la pertinence de l'idée défendue par Brouquet dans sa conclusion : « Reine Bafouée, reine conquérante et reine mère toujours écoutée, Isabelle de France est un personnage essentiel de l'Histoire de l'Europe médiévale ». Malgré « la misogynie du temps », cette princesse de France sut tirer son épingle du jeu « dans un climat de guerre constante entre la France et l'Angleterre ». de fait, au vu son riche parcours et de son comportement, il n'est guère surprenant de lire le propos suivant : « Cette princesse française a été aimée par ses sujets et elle a toujours conservé le soutien du peuple anglais qu'elle n'a jamais trahi. Un véritable exploit ». Loin de la tragédie Edouard II écrite en 1592 par Christopher Marlowe qui lui attribue un très mauvais rôle, cette biographie réhabilite une reine méconnue et, malheureusement pour l'Histoire, injustement décriée.


Lien : http://franckabed.unblog.fr/..
Commenter  J’apprécie          70
Le parcours d'Isabelle de France est exceptionnel pour une femme de son temps. Cet ouvrage le démontre.
Fille, épouse et mère de roi, elle est la digne fille de Philippe le Bel et se distingue par son intelligence, même si on pourrait lui reprocher d'être à l'origine de la guerre de 100 ans.
Cette biographie passionnante nous décrit sa trajectoire exceptionnelle. Mais il faut avoir conscience qu'il s'agit d'un ouvrage scientifique, basé sur des documents historiques, et qui ne cherche pas à surfer sur le succès des Rois maudits. Il n'insiste donc pas particulièrement sur le caractère romanesque de la relation entre Isabelle et Roger Mortimer, ce qui pourrait laisser sur sa faim le lecteur fan de la saga de Maurice Druon.
Pour ma part, j'ai beaucoup apprécié la lecture de cette biographie.
Merci à François Sarindar pour sa critique qui m'a fait découvrir l'existence de ce livre.
Commenter  J’apprécie          160

Citations et extraits (169) Voir plus Ajouter une citation
Le sevrage des enfants est assez tardif au Moyen-Age; il se situe vers l'âge de deux ou trois ans. C'est une période dangereuse : un enfant sur trois meurt avant d'avoir atteint l'âge de cinq ans. Si le bébé parvient à franchir l'âge périlleux de la petite enfance, il entre avec plus de promesses dans celui de la jeunesse, à partir de sept ans.
Commenter  J’apprécie          130
Commencée dans les fêtes et la joie des retrouvailles, l'année 1314 se termine par une inexcusable défaite et un deuil, sombre présage des difficultés qui s'amoncellent sur le roi et la reine ainsi que sur tout le royaume d'Angleterre.
Commenter  J’apprécie          130
Edouard II redoute un double danger : la guerre en Aquitaine et un débarquement en Angleterre de Mortimer à la tête des opposants. Le conflit ouvert entre la France et l'Angleterre est effectivement une véritable opportunité pour Roger Mortimer. Il est désormais accueilli à la cour de Charles IV comme un allié précieux.
Commenter  J’apprécie          90
La fille de Philippe le bel a très tôt conscience d'appartenir au sang royal par son père et par sa mère et est élevée dans une haute idée de la monarchie. Elle est issue de la lignée la plus illustre d'Europe par son ancienneté et par l'éclat que lui confère l'aura de son arrière grand-père, le roi Louis IX canonisé en 1297. Son père règne sur le pays le plus peuplé et le plus riche d'Europe, dont l'art et la langue rayonnent dans tout l'Occident.
Commenter  J’apprécie          50
En abattant tous les grands qui s'opposaient à lui depuis le début de son règne, Edouard II semble vainqueur, mais en réalité il s'est placé lui-même sous une autre domination, celle de son favori? HuguesDespenser.
Commenter  J’apprécie          110

Videos de Sophie Cassagnes-Brouquet (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sophie Cassagnes-Brouquet
Alain Laborieux, "Des Saisons en demi-teinte" Pierre Rétier, "Le Bal des veuves" Sophie Cassagnes-Brouquet, "Le Manuscrit de Compostelle"
autres livres classés : histoireVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (35) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3175 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}