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EAN : 9782227483552
67 pages
Bayard Jeunesse (15/03/2012)
3.44/5   8 notes
Résumé :

Chacun naît dans la ou dans les langues qu'on parle autour de lui. Mais qu'est-ce qu'une langue « maternelle » ? Et qu'arrive-t-il quand on en apprend une autre ? Si chaque langue dessine un monde, qu'est-ce qui se dessine quand on en parle plusieurs ? Passer d'une langue à l'autre, en apprenant, en traduisant, c'est s'aventurer dans une autre manière de faire passer le sens. Toutes ces manières, lorsqu'on les frotte les unes aux autres, s'enrichissent : on ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce texte est paru dans la collection « Les petites conférences ». Ces conférences sont organisées pour un jeune public, qui peut à l'issue de la conférence poser des questions. L'édition reprend le texte des conférence et un choix de questions-réponses.

Barbara Cassin évoque les langues, en partant de la langue maternelle à la pluralité des langues, à la richesse de posséder plus d'une langue, à l'importance de la traduction. Elle explique que les langues ne sont pas superposables, qu'elles ont chacune leur logique et leur spécificité, et que connaître deux ou plusieurs langues, c'est accéder à des visions du monde différentes. A conditions qu'elles soient des « vraies » langues, non seulement des outils de communication, mais aussi de création, d'invention. Tout le contraire de ce qu'elle appelle le « globish », cet ersatz d'anglais utilisé dans la communication internationale.

C'est simple et abordable, reprend des idées que Barbara Cassin développe de manière plus approfondie par ailleurs. C'est donc en effet destiné surtout à un jeune public, ou à des personnes qui ne connaissent pas vraiment ses écrits, comme une sorte de petite introduction.
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Dans la lignée de Walter Benjamin, qui se fit l'interlocuteur des enfants par le biais radiophonique entre les années 1929 et 1932, Gilberte Tsaï reprend le flambeau des conférences destinées aux plus jeunes d'entre nous. Lumières pour enfants –voici le nom, en apparence prétentieux, derrière lequel elle désigne ces entretiens. Force est toutefois de constater que Gilberte Tsaï ne prend pas les enfants pour des idiots, et que contrairement à ce que pourrait laisser penser le nom de ces conférences, elle ne vise pas, en tant qu'adulte, à assener un savoir péremptoire et univoque. Les Lumières proviennent à la fois des adultes et des enfants, produisant le meilleur de leur éclat dans leur mise en commun.


Le livre se sépare en deux parties distinctes. La première permet à l'intervenant –ici Barbara Cassin- d'exposer son thème en une courte conférence. La deuxième s'ouvre sur un dialogue qui donne la possibilité aux enfants d'intervenir en questionnant l'intervenant. L'intégralité des questions posées a-t-elle été retranscrite dans ce livre ? Sans doute les plus pertinentes d'entre elles ont seulement été retenues, mais celles-ci révèlent bien l'esprit qui anime ces entretiens. Ouverture d'esprit, interrogation, étonnement : la réflexion cherche à éliminer toute impression d'austérité pour prendre la forme plus plaisante de l'échange social stimulateur de curiosité.


Ces quelques mots auraient suffi à me faire grincer des dents si je les avais lus avant d'ouvrir Plus d'une langue. Encore un ouvrage démago qui propose de la réflexion à petit prix ? Encore un ouvrage dévastateur qui, en prétendant porter la bonne parole des sciences et de la philosophie, finit de détruire le peu d'intérêt et de crédit qu'on veut bien attribuer à ces domaines ? Non. Sur le thème de la pluralité des langues, Barbara Cassin ne propose pas de théorie ni de système savants à l'emporte-pièce. Elle ne cherche pas à réduire son sujet : au contraire, elle pose des questions et les accompagne d'exemples qui permettront à chaque auditeur d'élaborer sa propre réflexion. Dans quelle langue rêvons-nous ? Que veut dire « apprendre une langue » ? En quoi distingue-t-on une langue maternelle d'une langue apprise plus tardivement ? Qu'est-ce qu'une langue nous apprend sur la civilisation et la culture de ceux qui l'utilisent ? On découvrira ainsi que cet acte de communication le plus basique qui consiste à saluer son prochain ne signifie pas la même chose selon si l'on est grec –« jouis ! », latin –« sois en bonne santé ! », arabe –« que la paix soit avec toi ! », ou français – « passe une bonne journée ! ». En usant d'autres exemples, Barbara Cassin nous montre que la langue fourmille d'indications étymologiques, historiques et politiques qui constituent autant de galeries secrètes qu'il ne reste qu'à nous d'explorer. Sa conférence nous en apprend suffisamment assez pour exacerber notre curiosité, mais pas assez pour nous repaitre –ce qui est mieux que de croire avoir tout compris, et ce qui peut donner envie d'en apprendre davantage par soi-même.


Proposée aux enfants mais destinée à tous, la conférence Plus d'une langue ne pâtit pas d'un langage volontairement réduit ou simplifié dans le mythe de la rendre plus accessible aux enfants. Les questions de ces derniers le montrent : ils constituent un public aussi compétent que les adultes à évaluer l'enjeu des questionnements qu'on leur adresse. Ne craignons pas de nous glisser parmi eux : l'émerveillement pour la richesse des langages peut survenir à tout âge.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Dans une collection qui propose de passionnantes "petites conférences", pour enfants mais adultes aussi, Barbara Cassin parle de sa passion pour les langues, expliquant que "passer d'une langue à l'autre, en apprenant, en traduisant, c'est s'aventurer dans une autre manière de faire passer le sens." Que cela enrichit notre façon de voir, et plus encore : qu'avoir plus d'une langue est la condition pour vraiment parler, penser, et être au monde tout simplement. (Et nous avons tous plus d'une langue si on n'oublie pas les dialectes et les langues régionales.)
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
[…] je crois que le mot travaille la chose, le fait être d’une certaine manière. Prenons khaire, le mot grec qu’on utilise pour saluer. Il ne signifie pas du tout bonjour, ni good morning ou welcome, il veut dire très littéralement « jouis, prends plaisir, réjouis-toi ». Quand on se salue dans cette langue, on ne dit pas « passe une bonne journée » ou « que le jour soit bon », on dit « jouis », ce n’est pas pareil ! C’est un monde qui se dessine là. Quand un Latin rencontre ou quitte un autre Latin, il lui dit : Vale, « porte toi bien », « sois en bonne santé ». C’est encore un autre monde. Quand on dit « bonjour » en hébreu ou en arabe, on dit shalom, salam, « que la paix soit avec toi ». Le monde s’ouvre de manière complètement différente selon la langue, si l’on vous dit « passe une bonne journée », « jouis » « porte-toi bien », ou « la paix soit avec toi ».
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[…] on vous apprend rarement à écouter la langue dans ses textes et ses poèmes. […] Il est très important d’entendre et de lire les textes à voix haute. Les fables de La Fontaine ont ceci d’extraordinaire que nous sommes obligés de les lire avec le ton. Or le ton est ce qui vient des sons. Par exemple, Le chat, la belette et le petit lapin : « La dame au nez pointu répondit que la terre était au premier occupant. C’était un beau sujet de guerre qu’un logis où lui-même il n’entrait qu’en rampant ». Ta ta ta ta, articulé martelé et en hauteur : péremptoire et pointue, voilà la belette. Et voici le chat : « C’était un chat vivant comme un dévot ermite. Un chat faisant la chattemite, un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras, arbitre expert sur tous les cas ». Vous l’entendez, gros et gras, plein de o et de a.
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Aujourd’hui, lorsqu’on écrit une phrase dans Google et qu’on demande à Google-translate de la traduire, on obtient souvent des résultats très étranges. Par exemple, cette phrase de la Bible : « Et Dieu créa l’homme à son image ». J’ai demandé à Google de la traduire en allemand, puis je lui ai demandé de retraduire la phrase allemande en français, et à la fin de l’opération, quand le résultat est stabilisé, cela donne : « Et l’homme créa Dieu à son image » !
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Ainsi, en anglais, le mot français « liberté » peut se traduire de deux manières : liberty, ou freedom. Ces deux mots recouvrent deux conceptions de la liberté qui ne se ressemblent pas du tout. La liberty, comme la « liberté », vient du mot latin liberi, les « enfants » : la liberty appartient aux enfants qui naissent chez les gens libres, les non-esclaves ; autrement dit […], il y va d’une liberté qui se transmet des parents vers les enfants, une liberté verticale. Freedom, quant à lui, est de la même famille que friend, qui veut dire « ami » ; cette liberté-là est une liberté horizontale, la liberté d’une classe d’âge, de compagnons qui vont étudier ou faire la guerre ensemble. La liberté-freedom existe de manière immédiatement politique, alors que la liberté-liberty se transmet « naturellement » par la famille.
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Pourquoi on n’appelle pas « maison » « manger », par exemple ?

C’est une question extrêmement importante en philosophie, qui porte sur ce qu’on appelle « l’arbitraire du signe ». Il n’y a pas vraiment de nécessité pour que « maison » ne s’appelle pas « manger », mais une langue n’a de sens que comme ensemble. Ce sont les différences qui font sens, tu pourrais bien appeler une « maison » « manger », mais l’important c’est qu’il y ait une différence entre « maison » et « manger ».
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A l'occasion de la parution de 'Le Livre d'une langue' (Editions du Patrimoine), l'autrice et académicienne Barbara Cassin nous présente en quelques mots son livre, à travers la critique d'une lectrice Babelio.
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