Les démons de Gödel : Logique et folie

Un livre dans lequel il n'y a quasiment rien d'intéressant, et qui se contente de rapporter de l'anecdotique ; le tout entrecoupé de fictions personnelles quasi ridicules et inutiles : imaginez les universitaires qui trouvent le poil de cul du marquis de Sade dans une mallette qui a été dans un bateau, et voilà ces universitaires qui font leurs colloques, leurs articles pour repenser la biographie du cher marquis. Mais tout cela ne sert à rien si ce n'est à circonscrire le factuel. C'est ici pareil : Pierre Cassou Noguès a eu accès aux manuscrits inédits de Gödel dont la moitié seulement ont été traduits, et voilà un livre à ce sujet, qui ne dit rien. Laborieux, vide, un plan plus ou moins aléatoire, du très très général même sur Leibniz - on ne retient rien d'intéressant ; nous n'avons pas appris à penser, à repenser. Une sorte de magazine "gala" pour les filousophes universitaires qui se régalent de savoir ce qu'ont fait les penseurs devenus des people ; une jet set intellectuelle qui parle d'elle-même. A éviter, comme son autre livre "mon zombi et moi" d'une pauvreté et d'une faiblesse intellectuelle si grande, qu'on se demande comment même la publication a été possible. Rien ne va dans notre monde économique, politique, social mais ajoutons : rien ne va plus dans le monde universitaire rempli de gens qui publient des ouvrages sans intérêt. Oui, c'est méchant, mais c'est vrai. Tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes universitaires et éditoriaux possibles !

Peut-on être génial sans être “fouˮ, avec beaucoup de guillemets comme insiste l'auteur. le concept de folie n'est pas déposé au Pavillon des poids et mesure … On connait généralement Gödel pour ses deux célèbres théorèmes sur l'incomplétude des axiomes de l'arithmétique et l'indécidabilité, on connait moins les positions philosophiques du logicien. En examinant ses papiers déposés au MIT, l'auteur nous entraine dans les pensées de G, ses méandres, ses apories, ses contradictions, ses hésitations, ses délires. Généralement, sans porter de jugements de valeur, il essaie de suivre le cheminement, la “logiqueˮ de ses positions philosophiques et métaphysiques. On croise au passage ses contemporains, Carnap, Church, Turing et des plus anciens avec Leibnitz, charmante compagnie. Dans le droit fil du “Cercle de Vienneˮ, G essaie d'étendre les conséquences de la non complétude au fonctionnement du cerveau humain, aux limites de la connaissance, au caractère calculatoire (machine de Turing) du cerveau, de l'esprit… Passionnant et intrigant, depuis les neurobiologistes ont apporté des éléments de réponses que n'avait pas G. On pourra s'intéresser aux anges, démons et autres camarades de jeu de G, sans doute avec moins d'intérêt ! Sa croyance aux voyages dans le passé reste plus motivante à lire, on trouvera, en liaison avec ce sujet, dans la littérature ses solutions aux équations d'Albert, son voisin de Princeton. Leurs éventuelles discussions ne sont pas abordées dans le livre (ce n'est pas le sujet), dommage ! G avait peur de beaucoup de choses, de la folie et aussi de se faire empoisonner, ce qui l'a conduit à mourir d'inanition… Peut être un petit grain ! D'autres logiciens ont mal fini : Post, Turing, notamment. La logique conduit-elle logiquement au suicide ? Et le génie ? Cette question est surement également indécidable, pas au sens de Gödel, mais cela n'en reste pas moins une …

Finalement assez décevant ... On s'attend à du grandiose (peut-être trop quand il est question de Gödel) et ça tombe donc un peu à côté car on ne fait qu'effleurer Gödel.