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Critique de bran_601


Première incursion de Sébastien de Castell sur les sentiers de la Fantasy, "les manteaux de gloire" développe suffisamment de qualité pour plaire au plus grand nombre, non sans faire étalage de certaines faiblesses assez symptomatique du syndrome du premier roman d'auteur.
Que ce soit le pitch initial ou bien la somptueuse couverture de Xavier Collette, tous les signaux sont au vert pour tracer le chemin à un beau récit de Fantasy empreint d'une certaine évocation à l'œuvre du maitre Alexandre Dumas.
Et c'est vrai que le roman assume complètement cet aspect-là, un mariage parfait entre une littérature d'aventure, de valeurs et d'héroïsme, la quintessence d'une grande littérature populaire en soi.
En d'autres termes le livre est extrêmement plaisant à parcourir, on peut aisément le qualifier de "page Turner" même si tout n'est pas parfait, loin de là.
Dans tous les cas ce style simple et sans fioritures de Sébastien de Castell mais avec un vrai sens de la dramatisation et de la scénarisation, illustre un récit qui regorge de scènes particulièrement visuelles et bien pensées avec des passages pour le moins cinématographiques.

Si dans la version française, ce premier tome des manteaux de gloire reprend simplement la dénomination de la trilogie, en version originale il porte le sous-titre de "Traitor's Blade" ce qui est pour le coup bien plus évocateur tout en dressant un état des lieux de la situation initiale de nos héros.
Enfant, Falcio rêvait de devenir l'un des légendaires "manteaux de gloire", une épée royale au service du peuple pour délivrer la justice, il aura finalement fallu que sa vie se transforme en cauchemar pour que son rêve se réalise.
L'existence étant ce qu'elle est, une ligne courbe autour d'un axe, assez rapidement des évènements malheureux vont de nouveau s'abattre sur la bande à Falcio, Brasti et Kest. Suite à une sombre machination politique orchestrée par les ducs qui en auront eu assez de ce roi pantin voulant se délier de ses fils, ils auront finalement raison de la tête d'un roi sans armée et sans soutiens.
Sur ordre de leur souverain, l'ordre des manteaux de gloire se voit contraint de rester en retrait et de laisser la mort emporter celui qui symbolisait le renouveau et l'espoir, celui qui leur avait délégué le pouvoir d'apporter la lumière et la justice partout sur le royaume.

Ce qui est particulièrement intéressant dans ce premier volume, c'est la capacité de l'auteur à nous surprendre dans le développement de l'intrigue, tour à tour on suit le destin de ses trois anciens bretteurs/magistrats du roi (des Judges Dredd light), dans un premier temps gardes du corps d'un riche marchand, puis fugitifs et enfin mercenaires en cavale.
Même s'il y a comme point d'horizon cette quête testamentaire bien énigmatique, très vite on comprend que l'histoire ne suivra pas une route balisée au déroulement linéaire.
Par exemple, un long passage dans le roman est notamment consacré à Falcio qui se voit contraint de défendre pendant huit jours, la vie d'une jeune fille dont certains puissants ont décidé la mort. Un peu à la manière du film American nightmare, chaque année dans une cité, chacun est libre de s'en prendre à n'importe qui sans encourir aucune forme de jugement, certains hauts représentants comme le duc local, en profite pour organiser "légalement " l'assassinat de certains individus gênants et notamment d'anciens soutiens politiques au Roi.
Ce relativement long survival urbain en territoire complètement hostile, offre pour le coup des passages plutôt sympathiques avec une montée graduelle de l'adversité et, en point d'orgue un combat contre deux maitres assassins dont je me suis fait la représentation de ninjas.
L'auteur étant lui-même un escrimeur de talent, il excelle à rendre les phases d'action particulièrement réalistes et visuelles, notamment en adoptant un vocabulaire précis pour illustrer ses séquences et décrire tel ou tel geste technique, botte secrète, parade et autres diverses passes d'armes etc.
Enfin de manière assez équilibrée, l'auteur insert au récit des chapitres dévoilant les moments clefs du passé de Falcio, l'auteur se réservant le choix de nous révèler certaines informations qu'aux moments qu'il juge opportun, et çà fonctionne plutôt bien.

Finalement l'un des gros points faibles du roman c'est bien le manque de consistance que l'auteur accorde à la grande majorité des personnages secondaires et tertiaires, en fait à part véritablement Falcio on peut considérer que tous les autres ne sont que des personnages fonctionnels n'apportant pas grand-chose en matière de rendu émotionnel.
Il y a bien quelques passages assez bien menés où l'auteur nous fait même sourire quand il nous fait vivre les échanges auxquels peuvent se livrer nos trois lascars mais çà reste très succins.
Le personnage principal a des faux airs de "Vaelin al Sorna" de Blood Song d'Anthony Ryan avec un petit côté Fitz chevalerie de robin Hobb, j'ai trouvé le personnage plutôt convaincant, une sorte du captain America médiéval dont le récit révèlera certains aspects plus sombre de sa personnalité.

L'autre gros point négatif, c'est la capacité de l'auteur à user à répétition de ressorts scénaristiques douteux afin de sortir notre héros de toutes les postures les plus fâcheuses. Mais le plus agaçant étant que très souvent, par une pirouette, l'auteur nous prive de passages qui auraient pu se révéler très épiques.

Bien que frustrant sur pas mal d'aspects, il en ressort plus une envie de découvrir la suite des aventures de Falcio qu'à l'inverse de lâcher l'affaire. Sans être le roman de l'année des éditions Bragelonne, ce" Manteaux de gloire" n'en demeure pas moins un bon roman, prenant et efficace.


Pour ma part j'attend maintenant avec une certaine curiosité le prochain volume.
Lien : http://david-gemmell.frbb.ne..
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