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Critique de martinouche


Horacio Castellanos Moya est un écrivain et un journaliste salvadorien. Il est né en 1957 à Tegucigalpa, au Honduras. Il fait ses études au Salvador et s'exile en 1979. Il enseigne à l'université de l'Iowa. Il a écrit douze romans, qui lui ont valu de nombreux prix, ainsi que des menaces de mort.

Le titre Moronga, signifie boudin noir. Mais, employé vulgairement il désigne aussi l'organe sexuel masculin. Dans ce roman c'est le nom attribué à un truand.

Le roman est composé de trois parties inégales tant par le style de l'écriture que par le ton.
La première partie « Zeledon », (135 pages), relate la vie de Jose Eledon, ancien guérillero salvadorien, exilé au Wisconsin. Il est chauffeur de bus scolaire et s'ennuie à périr dans la ville de Merlow City, ville campus. Toujours en lien avec d'anciens camarades, on le voit résister à ses instincts et ses anciens réflexes de combattant clandestin, être vigilant dans les lieux publics et vérifier que son arme est toujours présente sur lui. Son passé refait régulièrement surface. Les services techniques de l'université l'embauchent pour espionner sur le serveur la vie privée des professeurs hispaniques.
La seconde partie « Aragon » (160 pages) décrit le quotidien d'Erasmo Aragon Mira, salvadorien exilé aussi, professeur d'espagnol à l'université. C'est un tourmenté, paranoïaque et obsédé sexuel qui ne peut céder à la tentation. Il vient consulter les archives de la CIA pour tenter de résoudre l'énigme autour de l'assassinat du poète salvadorien Roque Dalton. Sans le savoir, il est surveillé par Eledon sur les serveurs informatiques ou les caméras. Tous deux ne font que se croiser dans un bar et ne se connaissent pas.
La troisième partie « le tireur caché » (37 pages) est l'épilogue très court qui permet de comprendre ce qui relie les deux hommes.
Le roman suit la trace de ces deux personnages exilés, solitaires, survivants hantés par la guerre civile du Salvador, aux traces d'abord parallèles, puis qui convergent tout à la fin du récit dans un règlement de compte meurtrier à Chicago.
Roman noir, proche du polar, c'est une grande fiction à 2 voix au style radicalement différent.

Dans la première partie, le ton est mélancolique, les phrases sont courtes. C'est une accumulation d'éléments factuels, ou de retours descriptifs sur son passé au Salvador.
Dans la deuxième partie, les phrases sont interminables, sans ponctuation. Les scènes de sexe, dont on aurait pu se passer, sont crues.
L'épilogue, est l'enquête écrite sous la forme neutre d'un rapport de police.
Moya est décapant, corrosif. Il mène une réflexion sur l'exil et la difficulté à comprendre une civilisation aux règles totalement différentes.
C'est une charge violente contre ce qu'est devenue l'Amérique puritaine et policière. L'auteur y dénonce la violence, le port des armes, la surveillance des individus, la délation, la paranoïa du monde américain et ses dérives sécuritaires
Peut-être aurait-il fallu que je lise plusieurs romans écrits par l'auteur pour mieux me familiariser avec cette écriture crue et acide. J'ai peiné à m'inscrire dans le vécu de ces deux exilés salvadoriens. Ce n'est pas un coup de coeur pour moi.
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