Je pensais que Marie Curie, née Slodowska, était une scientifique de valeur. Elle fut bien plus que ça.
Comme le dit Einstein dans son hommage posthume, elle avait :
"une grandeur humaine, une force, une pureté, une volonté, un ascétisme, une honnêteté, un jugement infaillible ; tout cela se trouvait d'une façon rare, réuni en un seul individu."
Le livre d'Ariadna Castellarnau évoque tout cela avec une "élégante puissance."
Le style est fluide, et l'auteure montre l'autre facette de la chercheuse, la Marie humaine, qui a dû lutter contre vents et marées, d'abord contre les préjugés sexistes ;
contre les scientifiques, qui, oh scandale à l'époque, ne voulaient pas admettre une femme dans leurs rangs, à l'université, mais aussi parmi les chercheurs;
elle a aussi lutté contre la presse de commérages, pour qui sa liaison avec Paul Langevin après cinq ans de veuvage, était plus importante que l'isolation du radium pur qui permit d'importantes avancées de la médecine ;
Qu'elle soit un homme, cette liaison eût été sans importance.
Elle a aussi lutté contre la xénophobie : en 1911, les journalistes lui ont bien rappelé qu'elle était d'origine polonaise. Ils ont même cherché des origines juives alors qu'elle était catholique ; l'affaire Dreyfus n'était pas loin.
Elle a aussi lutté avec Pierre contre la pauvreté dans sa mansarde et son laboratoire mal isolé de la pluie, avant d'être enfin reconnue par les autorités, lors de leur premier Nobel.
L'auteure montre aussi la femme amoureuse de Pierre en 1898, puis de Paul en 1911 ;
elle montre la patriote polonaise triste d'être sous domination russe, sa patrie qu'elle n'a jamais oublié;
Marie bonne fille et soeur, aimant sa famille à 1500 km, qu'elle a soutenue et qui l'a soutenue ;
elle montre aussi la patriote de son pays d'adoption, infirmière sur le front avec une vingtaine d'ambulances radiologiques ;
elle montre enfin la mère qui, malgré l'accaparement de son travail, a toujours protégé ses filles, Irène et Eve, devenues, l'une chercheuse nobelisée comme sa mère, l'autre, une pianiste, femme de lettres, journaliste, conférencière et diplomate française.
Elles le lui rendirent bien : dans l'épreuve de la mort, elles étaient là, toutes en douceur.
Commenter  J’apprécie         424
La réticence des autorités à voir des femmes occuper des chaires universitaires s'explique non seulement par l'ancestrale dépréciation de leurs capacités intellectuelles, mais aussi par une volonté clairement affirmée de les écarter des postes de pouvoir.
NDL : c'est à la fin du XIXè siècle.
Ariadna Castellarnau - Finalista "Almacellenc de l'any!