Je perçois d'infimes murmures, et le petit tintement fluet
que je connais si bien.
C'est sans doute cette fois, le fruit de mon imagination.
Elle ne peut pas être ici.
Pas si loin de la maison.
— Élisa ?
— Oui ?
— C'est bien toi ?
— Oui. Tout près de toi.
— Non... Je ne te vois pas...
— Pourtant je suis là.
— Pourquoi es-tu revenue... ?
— Je suis venue te dire adieu.
Quand j’y pense, je ressens encore les picotements doux de son regard sur moi. Jamais personne ne m’avait fait cet effet-là, juste avec ses yeux.
À l’école, j’étais vite devenue la petite fille seule de la maison sur la falaise, élevée par sa grand-mère mystérieuse. J’avais appris à me taire, à condamner mes peurs, au bénéfice d’interprétations personnelles, que j’atténuais autant que possible. Je me souviens encore des ombres que j’avais observées dans ma chambre, et qui s’approchaient de mon lit, le soir, au moment de m’endormir. Me revient aussi la facilité avec laquelle elles disparaissaient.
La France était entrée malgré elle dans une année de révolte et de grands rassemblements. Des villes s’embrasaient d’une indignation trop longtemps réprimée, tandis qu’une menace se rapprochait, palpable de toutes parts, rendant nos vies si fragiles. On parlait de terrorisme. Les actes de barbarie se multipliaient. Et à cause de cela, les gens redoublaient de violence pour des futilités. Des changements s’opéraient dans l’ombre. Petit à petit, la méfiance avait assombri les foyers. Une torpeur s’était emparée de nos esprits désorientés. Cette décadence nous empêchait de balayer la poussière, nettoyer les sols râpés par les ans. De vivre normalement.
La France était entrée malgré elle dans une année de révolte et de grands rassemblements. Des villes s’embrasaient d’une indignation trop longtemps réprimée, tandis qu’une menace se rapprochait, palpable de toutes parts, rendant nos vies si fragiles. On parlait de terrorisme. Les actes de barbarie se multipliaient. Et à cause de cela, les gens redoublaient de violence pour des futilités. Des changements s’opéraient dans l’ombre. Petit à petit, la méfiance avait assombri les foyers. Une torpeur s’était emparée de nos esprits désorientés. Cette décadence nous empêchait de balayer la poussière, nettoyer les sols râpés par les ans. De vivre normalement.
Son sourire m’apparut.
Ce sourire, précisément.
Un charme qui m’avait coupé le souffle. J’ignorais son nom.Il avait respecté mes silences. Même quand il m’avait demandé mon prénom, j’avais simplement souri.
J’ai toujours eu de grandes difficultés à m’ouvrir au monde qui m’entoure. De même que je n’ai jamais vraiment saisi la définition du bonheur…
Quoi de plus fort que la volonté farouche de vivre ? Cette question m’a longtemps été indifférente, même si ses arcanes ont tourbillonné tout autour de moi, invisibles.