AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782075152860
192 pages
Gallimard Jeunesse (13/01/2022)
4.46/5   340 notes
Résumé :
Dans la tête d'une enfant sous l'emprise d'un pédophile: un roman vertigineux et cru, porté par le talent magistral de Claire Castillon.

« Tu es fermée comme une outre, me dit maman. Toute floue, Lili. Et puis fuyante. Il se passe quelque chose, dis-moi. On t'a fait un sale coup ? Je peux t'aider ? Je te dépose au collège ? » Outre noire. Peinture. Soulages. Cours d'art plastique avec Mme Peynat en salle 2B. Concentre-toi, Lili. Trouve la solution. Il... >Voir plus
Que lire après Les longueursVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (116) Voir plus Ajouter une critique
4,46

sur 340 notes
5
71 avis
4
30 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis
La mère de Lili perçoit son mal-être mais est incapable d'en concevoir la cause. Comment imaginer que sa fille de quinze ans est depuis tout ce temps la victime d'un pédophile qu'elle considère comme un ami, celui-là même qui s'apprête à emménager sous leur toit ?

La tension est d'emblée à son maximum, ce texte donne des sueurs froides et se lit presque en apnée face à la souffrance sur le point de déborder. Flashs glaçants, doutes et angoisses enserrent Lili, le gouffre envers ceux de son âge se creuse… Il est clair qu'elle est acculée et que les choses ne peuvent continuer comme ça. Mais parviendra-t-elle à parler ?

Le récit de cette journée décisive est entrecoupé de flashbacks qui montrent comme l'innommable peut s'installer. Claire Castillon restitue avec justesse les mécanismes d'emprise. Mondjo s'engouffre dans les manques laissés notamment par le départ du père de Lili. Il devient l'indispensable ami, confident, baby-sitter et entraîneur sportif. Les choses déraillent très vite, les premières transgressions en appelant d'autres. Lili n'est pas en mesure de comprendre. Elle recherche l'approbation et l'affection, cherche à se rassurer. Toujours plus vulnérable quand Mondjo souffle le chaud et le froid, quand les repères se brouillent sur ce qui se fait et ne se fait pas. Son pressentiment inconscient se précise peu à peu : elle est victime de quelque chose de terrible. Mais justement, comment parler d'une telle chose ?

La dissonance du fond du propos et des mots enfantins de la narratrice heurte de façon presque insupportable. Ce n'est donc clairement pas un roman qu'on se voit facilement offrir. Pourtant, il devrait être accessible à toutes et tous. Parce qu'à la réflexion, ce qui est insupportable, c'est moins ce roman que les chiffres cités en postface : en France, une jeune fille sur cinq subit une agression sexuelle et 165.000 enfants chaque année. Puisse le Prix Vendredi décerné la semaine dernière à ce texte contribuer à lui donner toute la visibilité qu'il mérite. Puisse-t-il sensibiliser, armer les victimes par la prise de conscience et les exhorter à parler.
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
Commenter  J’apprécie          7410
Je crois que je n'ai jamais lu un roman aussi éprouvant que celui-ci. Je suis glacée jusqu'aux os alors que je tape ces quelques mots. Je me suis accrochée. J'ai fait des pauses sur ma journée de lecture. Mais je ne pouvais pas quitter Lili. Il fallait que je sache. Il fallait que Lili s'en sorte. J'ai fini en larmes anéantie par tant de douleurs et la rage chevillée au corps.

Le postface ne m'a pas aidé non plus. La maman que je suis a eu mal. La petite fille que je suis restée a eu beaucoup d'empathie pour Lili. Mais surtout ce livre me touche en tant qu'enseignante car les chiffres sont terribles. 165 000 enfants sont victimes de viols ou d'agressions sexuelles chaque année en France. Une jeune fille sur cinq va subir une agression sexuelle. Ce qui veut dire que dans ma carrière d'enseignante il y a de fortes probabilités qu'un de mes élèves ait été victimes lui aussi. Ca me met une sacrée claque.

Alice, dite Lili, est en train d'exploser. Elle ne sait pas comment faire. Elle a 15 ans. Depuis l'âge de 8 ans elle est abusée par le meilleur ami de sa mère. Et aujourd'hui, sa mère lui révèle que cet homme va venir habiter chez elles. La mère voit que sa fille ne va pas bien. Mais elle est loin d'imaginer ce qui se passe sous son propre toit.
« Tu es fermée comme une outre, me dit maman. Toute floue, Lili. Et puis fuyante. Il se passe quelque chose, dis-moi. On t'a fait un sale coup ? Je peux t'aider ? Je te dépose au collège ? » Outre noire. Peinture. Soulages. Cours d'art plastique avec Mme Peynat en salle 2B. Concentre-toi, Lili. Trouve la solution. Il y a toujours une voie de réchappe. Les mamans savent, à peu près. D'instinct, elles devinent. À peu près. La mienne sait que dans sa fille quelque chose ne marche plus."

Le papa de Lili est parti refaire sa vie aux Etats Unis quand la petite n'avait que 8 ans. Lili et sa maman ont une belle relation. Elles se serrent les coudes. Bientôt le meilleur ami de la maman revient dans leur vie. Il est drôle. Il est présent. Il adore Lili. Il l'entraîne dans son club d'escalade. Mais très vite les choses dérapent. Lili 15 ans laisse la plume à Lili 10 ans ou 12 ou 14. Elle nous dévoile avec ses mots d'enfants comment le prédateur qu'est Mondjo parvient à manipuler l'enfant. Il lui fait croire qu'il l'aime, qu'ils sont amoureux, que c'est normal, que chaque enfant a un supérieur (un adulte) qui lui montre l'amour avec le corps. Et puis c'est un secret. Elle ne doit rien dire sinon son père serait jugé déficient et perdrait sa garde, sa mère irait en prison et elle se retrouverait seule. Mandjo lui fait croire parfois qu'il ne l'aime plus.

Lili, quand elle est abusée, devient Anna. Elle tient ce corps à distance pour supporter l'insupportable.

Lili, en grandissant se rend compte que tout cela n'est pas normal. Mais vers qui se tourner? Va -t-on la croire? Elle culpabilise, ne veut pas faire du mal à sa mère.

Ce livre est glaçant, affreux parce qu'il montre à travers les yeux d'une petite fille comment le piège se met en place. Il nous montre un être abject, monstrueux, machiavélique, destructeur.
Le ton est très juste. C'est bouleversant, déroutant, ignoble.

Mais devant de tels chiffres, il me semble urgent de sauver toutes les petites Lili. Ce livre devrait être dans chaque CDI et même faire l'objet de lecture accompagnée par l'adulte car il est extrêmement difficile.

A lire absolument.
Commenter  J’apprécie          5910
Difficile de parler d'un tel roman et difficile en même temps de se taire… La première et la quatrième de couverture étant tout à fait explicites, il est clair que nul ne se lancera dans Les Longueurs sans savoir de quoi il retourne et sans y être préparé. Aussi, découvrir l'histoire d'Alice ne relève en rien du plaisir traditionnel du lecteur face à un roman captivant, il est plutôt question ici de mettre une nouvelle fois en évidence le rôle de la littérature, et plus particulièrement de la littérature de jeunesse. En effet, Claire Castillon et la Collection Scripto de Gallimard frappent fort en proposant aux adolescents un livre sur la pédophilie. Écrit du point de vue de l'enfant, ce roman présente sans détour le mécanisme affreusement insidieux qui conduit un homme à prendre le pouvoir sur un enfant, annihilant à la fois l'innocence, la confiance en soi et la confiance portée aux adultes. C'est cru, sans être obscène. C'est troublant de réalisme et très finement raconté : les adolescents décèleront très vite le problème et comprendront que, derrière ce roman audacieux, se cache une réalité dont ils sauront reconnaître les signes. S'il paraît difficile de conseiller de manière ciblée ce roman, le disposer bien visiblement sur le présentoir d'une médiathèque ou d'un CDI me semble une très bonne option. Vraiment, je salue le talent de Claire Castillon et, de manière générale, de tous nos auteurs jeunesse qui savent proposer des oeuvres intelligentes et d'utilité publique.
Je remercie Babelio et les Editions Gallimard pour cette lecture !
Commenter  J’apprécie          482
Georges, dit "Mondjo", c'est le grand copain de la maman d'Alice, celui qui va l'aider à surmonter le départ du père de cette dernière, parti refaire sa vie avec une autre femme aux Etats Unis. Georges, c'est cet homme bien sous tous rapports, qui est toujours là pour aider, soutenir, faire rire. L'ami fidèle, serviable, qui s'investit toujours plus. Il joue le rôle de père, de guide et d'ami pour Alice, jusqu'au jour où il instaure entre eux un nouveau jeu, un jeu secret, le jeu des gouzgouz qui consiste à chatouiller, puis à caresser… Alice a 8 ans, Mondjo 42, commence alors le début d'une longue relation taboue, perverse, quasi incestueuse mais, assurément pédophile dont Alice, désormais Anna, mettra des années à se soustraire…

Avec “Les longueurs”, Claire Castillon nous offre un roman jeunesse glaçant mais néanmoins nécessaire qui alerte et met en garde sur les dangers de la pédophilie et des abus sexuels, dont sont victimes près d'une fille sur cinq et dont le coupable appartient quasiment toujours à l'entourage proche (famille, ami…). A travers la voix d'Alice/Anna, l'autrice nous laisse entendre toute la complexité qui entoure la position de la jeune victime et l'emprise malsaine qu'exerce le prédateur sur sa victime. Amour, dégoût, culpabilité, jalousie, peur (de décevoir son bourreau autant que ses proches…), crainte du jugement et de la sanction sont autant de sentiments qui se mêlent, parfois de manière paradoxale, venant détruire l'un après l'autre les repères de l'enfant et bouleverser sa notion du bien et du mal…

Claire Castillon aborde également le phénomène psychologique de la dissociation car, pour se protéger face à ce traumatisme et rendre l'horreur plus supportable, Alice n'a d'autre choix que de devenir Anna lors des moments partagés avec Georges... Me retrouver plongée dans la tête de cette jeune adolescente de 15 ans a été une expérience pour le moins perturbante… le ton est juste, l'écriture tranchante et crue sans être vulgaire et rend parfaitement l'état de confusion dans lequel se trouve notre héroïne. le malaise s'installe très vite pour ne plus nous quitter rendant la lecture parfois pénible et, pour autant, impossible à arrêter! Un roman éprouvant donc, mais ô combien important, qui vient très justement d'être récompensé par le Prix Vendredi.
Commenter  J’apprécie          381
C'est horrible.
Lili, ou Anna comme l'appelle son prédateur, a 8 ans et est sous l'emprise d'un pédophile.
Le récit alterne entre les 8 ans de l'enfant jusqu'à ses 15 ans.
C'est un livre jeunesse mais je m'interroge sur l'âge auquel un préadolescent ou un adolescent est capable de digérer une lecture pareille.
Car Claire Castillon ne suggère pas ; on comprend très bien ce qui se passe, elle ne nous ménage pas et ce n'est pas facile à lire. Mais pourquoi prendrait-elle des gants sur un sujet pareil ? Il faut sortir du déni et du tabou.
Le récit est très bien construit, on meurt d'envie de sauver Lili. Quand elle commence petit à petit à comprendre, on veut lui crier "oui, c'est ça, ce n'est pas normal, sauve toi" mais le roman illustre parfaitement ce qu'est l'emprise et le temps qu'il faut pour s'en sortir.
Alors je ne dirais pas que j'ai aimé ce livre, le terme ne serait pas approprié, mais la plume de l'auteure, la construction de la narration par la voix de la petite victime est percutant et ne peut pas laisser insensible.
Commenter  J’apprécie          383


critiques presse (4)
LaLibreBelgique
11 mai 2022
Un roman bref, intense, ambivalent, qui se lit le cœur ouvert et la rage au ventre.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Ricochet
03 mai 2022
D’une voix simple et forte, Claire Castillon signe un roman direct d’un grand malaise, un parler vrai destiné aux jeunes et à tous. On en reste à nouveau époustouflés par la collection Scripto de Gallimard jeunesse.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Liberation
20 janvier 2022
Il y a des sujets plus sensibles que d’autres, si délicats à manier. Des sujets qui donnent des cauchemars et qui touchent à la violence insidieuse, celle qui salit l’être parce qu’elle fait croire qu’elle est choisie. Il y a des livres sur ces sujets difficiles que l’on lit enfant ou adolescent, et qui mettent du baume au cœur, du cœur à lutter et à grandir. Il y a une époque qui libère du non-dit, du déni et permet à certaines œuvres de naître, comme les Longueurs de Claire Castillon, qui s’est emparé du thème de la pédophilie avec subtilité
Lire la critique sur le site : Liberation
LeMonde
09 janvier 2022
L’écrivaine sait mettre ses lecteurs face au malaise dans ce récit, du point de vue de la victime, d’une longue relation pédocriminelle.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Ce n'est plus Anna qui parle, c'est bien moi. Je pense à Émilie qui m'a juré qu'on ne mettrait pas maman en prison, à octave qui m'a juré que Mondjo m'avait raconté qu'il se tuerait seulement pour que je me taise. Maman me croit. Maman ne doute jamais de moi.
(Pages 181 et 182)
Commenter  J’apprécie          00
J'ai envie que maman monte [dans ma chambre] et nous trouve là, dans les bras l'un de l'autre, qu'elle comprenne, dénoue les bras, dénoue les coeurs et les esprits, puis que nous quittions la pièce dans trois sens différents. Ou deux, si maman veut toujours de moi.
[ un peu plus tard ]
Il sort de table pour descendre aux toilettes. Qu'est-ce qui m'empêche d'attraper maman par le bras et de l'obliger à s'évader avec moi ? Pourquoi je n'arrive pas à lui dire "Viens, maman, viens vite, on s'en va, il faut que je te parle !" Pourquoi je ne peux pas crier avec les yeux, l'alerter, la secouer ?
Commenter  J’apprécie          130
A priori, dans un couple, on peut dire non. Au lycée, on a eu une conférence sur la sexualité. Faut y aller seulement si les deux sont d’accord et qu’aucun des deux n’a d’ascendant sur l’autre. Mon corps est à moi. Pourquoi Mondjo dit toujours que je suis à lui ?
Commenter  J’apprécie          281
On pourrait arrêter le sexe quelques temps, parce que j'ai de plus en plus mal, mais je n'ose pas le lui demander. On pourrait juste aller se promener, ou au cinéma, même dormir ensemble aux prochaines compétitions, mais on n'est pas obligés de le faire à chaque fois. A priori, dans un couple, on peut dire non. Au lycée, on a eu une conférence sur la sexualité. Faut y aller seulement si les deux sont d'accord et qu'aucun des deux n'a d'ascendant sur l'autre.
Mon corps est à moi. Pourquoi Mondjo dit toujours que je suis à lui ?
Commenter  J’apprécie          90
J’aime avoir dix ans, en vacances chez Jeanne, avec ses parents qui baissent d’un ton quand on entre dans une pièce alors qu’ils évoquent des sujets pouvant nous choquer, nous faire peur. On est des petites filles. On nous traite comme des petites filles.
Commenter  J’apprécie          190

Videos de Claire Castillon (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claire Castillon
Prix des collégiens - Gallimard Jeunesse - 4ème-3ème
Rencontre avec François Place, Isabelle Pandazopoulos, Claire Castillon et Charlotte Erlih. Entretien animé par Manon Fargetton.
Retrouvez les livres : https://www.mollat.com/livres/2586613/francois-place-la-reine-sous-la-neige https://www.mollat.com/livres/2586610/isabelle-pandazopoulos-demandez-leur-la-lune https://www.mollat.com/livres/2563111/claire-castillon-river https://www.mollat.com/livres/2457390/charlotte-erlih-bacha-posh
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
autres livres classés : pédophilieVoir plus
Les plus populaires : Jeune Adulte Voir plus



Lecteurs (653) Voir plus




{* *} .._..