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Critique de Goudal


Comme dans tous "Les carrefours" qui suivent, on retrouve trois grands chapitres : Psyché, Logos, Koinônia.

Psyché (Ensemble des processus conscients et inconscients propres à chaque individu.) On y parle essentiellement de psychanalyse depuis les théories de l'âme jusqu'aux fantaisies et délires lacanien. Il pulvérise Lacan et c'est réjouissant mais aussi Barthes, Foucault, Lévi-Strauss et Roustang. Les structuralistes en prennent pour leur grade. Seul Freud est épargné même s'il est critiqué. En 150 pages, on fait le tour de l'histoire de la psychanalyse et on comprend tout même quand on y connait rien comme moi.

Logos (langage,rationalité, logique). le chapitre commence par un hommage à Merleau-Ponty. Ensuite, les hostilités commencent et toutes les sciences y passent - des sciences les plus dures (mathématique, physique, histoire des sciences, biologie), aux sciences les plus molles (économie, droit, linguistique, psychanalyse, sociologie). Ses connaissances dans tous ces champs sont impressionnantes et sa critique du scientisme et du néo-positivisme n'épargne aucun domaine. Il construit ici son concept de logique ensembliste identitaire (ensidique) qu'il ne cesse de développer jusqu'au tome 6. Aucune discipline ne trouve sa fin en soi et prouve la nécessité de l'unification de ces champs qui passe évidemment par la philosophie.

Koinônia (fraternité, communion). Ce chapitre parle essentiellement de la technique, de la technè grecque et la conception de la technique chez Marx.
Aris Ensuite il analyse la place de la technique dans l'organisation sociale. Il s'agit là de préparer les concepts nécessaire à la compréhension du long sous-chapitre intitulé " Valeur, égalité, Justice, politique : de Marx à Aristote et d'Aristote à nous. Ce chapitre est magistrale dans sa démonstration de la justesse des thèses d'Aristote et dans la critique de celles de Marx.
Le livre se termine par ses belles paroles : "Les hommes ne naissent ni libres, ni égaux. Nous les voulons (nous nous voulons) libres et égaux dans une société juste et autonome - sachant que le sens de ces termes ne pourra jamais être définitivement défini, et que le secours que la théorie pourrait apporter à cette tâche est toujours radicalement limité et essentiellement négatif."
Et aussi : Si, par exemple, je soutiens depuis vingt-cinq ans qu'une société autonome devrait adopter immédiatement en matière de "rétribution", l'égalité absolue de tous les salaires, revenus, etc., ce n'est ni à partir de l'idée d'une "égalité/identité" naturelle ou quelconque des hommes, ni à partir de raisonnements "théoriques". Ce que de tels raisonnements montrent suffisamment, ce sont l'incohérence, les fallaces, les mystifications contenues dans toutes les prétendues "justifications" théoriques ("économiques" ou autres) de l'inégalité des salaires et des revenus. Mais la demande d'une égalité dans ce domaine a une visée et un sens qui dépassent de loin les considérations "économiques". Il s'agit des significations imaginaires qui tiennent la société ensemble, et de la paideia des individus. Il s'agit de détruire la motivation économique, en détruisant les conditions "socialement objectives" de sa possibilité : la différentiation des revenus. Il s'agit de détruire la "valeur" économique comme Proto-valeur selon laquelle la société est réglée et fonctionne. Et encore plus : il s'agit de détruire la signification imaginaire nucléaire, en ce champ, de toutes les sociétés dites"historiques" : celle d'une hiérarchie entre les hommes, quels qu'en soient la base et le masque.

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