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Citations sur Une société à la dérive : Entretiens et débats, 1974-1997 (15)

Le vrai côté négatif, c'est ce que, depuis plus de vingt ans, j'ai appelé la privatisation des individus.
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La société est dominée par une course folle, définie par ces trois termes: technoscience, bureaucratie, argent. Si rien ne l’arrête, il pourra de moins en moins être question de démocratie. La privatisation, le désintérêt, l’égoïsme, seront partout – accompagnés de quelques explosions sauvages des exclus, minoritaires et incapables d’avoir une expression politique
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Comment ces régimes fonctionnent-ils ?

Ces régimes sont libéraux : ils ne font pas essentiellement appel à la contrainte, mais à une sorte de semi-adhésion molle de la population. Celle-ci a été finalement pénétrée par l’imaginaire capitaliste : le but de la vie humaine serait l’expansion illimitée de la production et de la consommation, le prétendu bien-être matériel, etc. En conséquence de quoi la population est totalement privatisée. Le métro-boulot-dodo de 1968 est devenu bagnole-boulot-télé. La population ne participe pas à la vie publique : ce n’est pas participer que de voter une fois tous les cinq ou sept ans pour une personne que l’on ne connaît pas, sur des problèmes que l’on ne connaît pas et que le système fait tout pour vous empêcher de connaître. Mais pour qu’il y ait un changement, qu’il y ait un vrai autogouvernement, il faut certes changer les institutions pour que les gens puissent participer à la direction des affaires communes ; mais il faut aussi et surtout que change l’attitude des individus à l’égard des institutions et de la chose publique, de la res publica, de ce que les Grecs appelaient ta koina (les affaires communes). Car, aujourd’hui, domination d’une oligarchie et passivité et privatisation du peuple ne sont que les deux faces de la même médaille.
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Si l’état d’apathie, de dépolitisation, de privatisation actuel se perpétuait, nous assisterions certainement à des crises majeures. Referaient alors surface avec une acuité insoupçonnable aujourd’hui le problème de l’environnement, pour lequel rien n’est fait ; le problème de ce qu’on appelle le tiers monde, en fait les trois quarts de l’humanité ; le problème de la décomposition des sociétés riches elles-mêmes. Car le retrait des peuples de la sphère politique, la disparition du conflit politique et social permet à l’oligarchie économique, politique et médiatique d’échapper à tout contrôle. Et cela produit d’ores et déjà des régimes d’irrationalité poussée à l’extrême et de corruption structurelle.
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Une fois tous les quatre, cinq ou sept ans, se produit cette mystérieuse alchimie, moyennant laquelle, pendant un dimanche, le pouvoir « se dissout » et, le soir, se réincarne, redevenant l'hypostase du peuple en la personne de ses représentants
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Le capitalisme n'a-t-il pas permis un progrès?
"Certes il y a eu sous le capitalisme une expansion économique fantastique (...) . mais, comme on le voit aujourd'hui, elle a été achetée par des destructions irrémédiables infligées à la biosphère. Et sa condition a
été aussi la lutte des ouvriers pour l'augmentation de la rémunération de leur travail et la réduction de la durée de celui-ci. C'est ainsi que se sont créés les marchés élargis sans lesquels le capitalisme se serait effondré dans les crises de surproduction : c'est ainsi que s'est résorbé le chômage potentiel engendré par la hausse de la productivité. Le chômage actuel est dû au fait que l'élévation accélérée de la productivité du travail depuis 1940 n'a été accompagnée que d'une très faible réduction de la durée du travail - à l'opposé de ce qui s'était passé de 1840 à 1940, où la durée hebdomadaire est passée de 72 heures à 40 heures. Cette obsession de l'augmentation de la production et de la consommation est pratiquement absente des autres phases de l'histoire. (...) la durée du travail dans les sociétés paléolithiques était de 2 à 3 heures par jour (...). Ce que l'on
appelle progrès économique a été obtenu par la transformation des humains en machines à produire et à consommer."
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Ce qui est à changer, ce sont les attitudes de l’homme contemporain, de la société contemporaine, son idée des fins de la vie, de ce qui est important, de ce que nous sommes et devons être les uns pour les autres. La vraie politique, c’est cela, et en ce sens la vraie question de l’époque est la question politique, et cela à un degré d’autant plus aigu que l’on proclame plus bruyamment le contraire
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Je ne suis pas minoritaire ; je suis seul, ce qui ne veut pas dire isolé. J’étais seul, nous étions seuls aussi pendant toute la période de Socialisme ou Barbarie ; la suite a montré que nous n’étions pas isolés. Il est possible que tout ce que je dis et écris soit nul. Il existe toutefois une autre hypothèse, moins optimiste : que les gens aujourd’hui n’ont plus envie d’entendre, et de faire l’effort que réclame un discours qui appelle à la réflexion critique, à la responsabilité, au refus du laisser-aller.
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Chacun ne regarde que son cercle personnel étroit, et que la terre périsse ! C’est ce que j’appelle la privatisation. Selon un récent sondage [ en 1991], 70 ou 80 % des Français affirment qu’aucune cause – aussi juste soit-elle – ne justifie une guerre. C’est effarant. Ces gens ne réalisent pas que s’il en était ainsi, ils seraient encore des serfs.
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Les gens aujourd’hui ne croient pas à la possibilité d’une société auto-gouvernée, et cela fait qu’une telle société est, aujourd’hui, impossible. Ils ne croient pas parce qu’ils ne veulent pas le croire, ils ne veulent pas le croire parce qu’ils ne croient pas. Mais si jamais ils se mettent à le vouloir, ils pourront
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