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EAN : 9782363583284
448 pages
Editions Vendémiaire (02/05/2019)
4.29/5   7 notes
Résumé :
Rome : un fantasme, une énigme, un grand livre d’images qui a traversé les siècles, jusqu’aux séries d’aujourd’hui, aux jeux vidéo ou aux bandes dessinées. Dès la Renaissance, artistes et écrivains n’ont cessé en effet de puiser à la source intarissable de l’Antiquité. Gustave Flaubert dédia plusieurs années de son existence à la rédaction de Salammbô, Federico Fellini retrouva son énergie créatrice lors du tournage du Satyricon, Cléopâtre, Spartacus ou Jules César ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je remercie Babelio pour cette Masse critique graphique et les éditions Vendémiaire pour l'envoi de ce bel ouvrage universitaire de Jean-Noël Castorio que j'avais choisi car il faisait écho en moi convoquant dès son titre un immense univers référentiel autour de la Rome Antique.

L'auteur reprend l'histoire de Rome de ses origines mythiques jusqu'à son déclin, soit une période d'environ mille ans en montrant comment des oeuvres littéraires, artistiques, cinématographiques ou télévisuelles s'en inspirent et la revisitent du XVIème siècle à nos jours.
Après une préface introductive présentant sa démarche, Jean-Noël Castorio entre immédiatement dans le vif du sujet ; il a choisi onze épisodes dont les études peuvent être lues indépendamment les unes des autres selon les connaissances ou les intérêts particuliers de chaque lecteur. Les évènements sont toujours re-contextualisés à partir des écrits des auteurs classiques et des savoirs historiques, tout en gardant à l'esprit que l'Antiquité demeure peut-être un monde ancien idéalisé. Chaque chapitre aborde ensuite quelques oeuvres et les analyse à la lumière de la réception des faits décrits.
Il n'y a pas vraiment de conclusion, la chute de Rome clôturant naturellement le propos.

Le style de cet ouvrage est naturellement très universitaire mais résolument moderne et je salue sa grande clarté et sa volonté vulgarisatrice.
J'ai remarqué avec plaisir que les différentes parties ne suivaient pas forcément le même plan ; l'auteur part tantôt de textes relatant les faits à partir des écrits d'Ovide, Horace, de Plutarque, Silius Italicus, Tite-Live, Salluste, Pline l'ancien, Tacite, Suétone, Virgile… (pour ne citer que ceux sur lesquels j'ai travaillé personnellement pendant mes études latines ou pour le plaisir…), tantôt d'une oeuvre en particulier, ailleurs d'un rappel historiques ou de précisions sur la biographie d'un auteur où un artiste… Ainsi, l'ensemble reste vivant, dynamique, jamais ennuyeux, toujours surprenant…
Je fais partie des lectrices et des lecteurs qui ont beaucoup étudié l'histoire de Rome et les thématiques abordées m'étaient toutes plus ou moins familières ; mon côté latiniste a particulièrement apprécié les termes latins qui sont cités…
Je pense cependant que ce livre peut convenir aux néophytes qui trouveront des bases pour aller plus loin s'ils le souhaitent. Une importante bibliographie clôture ce manuel.

Parmi les sujets étudiés, figurent des moments de la vie privée et de la vie publique, des scènes de guerres ou de révoltes, des assassinats… Jean-Noël Castorio a choisi une présentation chronologique des évènements. Je partage ici quelques mots et ressentis très personnels sur chaque partie.
Le viol de Lucrèce est revisité en peinture, majoritairement par des hommes et, toujours, l'imaginaire oscille entre la sainteté et la culpabilité, entre la matrone irréprochable et la putain qui a failli. Je regrette que tous les tableaux cités ne soient pas représentés dans ce livre. Ainsi, j'ai recherché celui d'Artemisa Gentileschi, pour voir par moi-même comment cette artiste, elle-même victime d'un viol, a repris des standards masculins pour la peindre.
Les guerres puniques sont naturellement l'occasion de parler, entre autres, de Gustave Flaubert et de l'écriture de salammbô, encore une illustration qui m'est très familière dans ce que Jean-Noël Castorio appelle « un ailleurs fantasmé ».
Je connais beaucoup moins les adaptations cinématographiques et télévisuelles de la révolte des esclaves menée par Spartacus, cette « antiquité trash », sombre et barbare qui met en lumière des héros libérateurs au destin tragique. Ma culture dans ce domaine commence et s'arrête à Gladiator de Ridley Scott avec Russel Crow… J'ignorais qu'autant de séries télévisées avaient été tournées, s'inspirant de ces « damnés de la terre ». Par ailleurs, je n'avais jamais fait la relation entre cette référence historique et les grandes aspirations nationales et démocratiques du XIXème siècle.
La mort de César figure naturellement dans ce livre ; cette scène a été énormément représentée en peinture. Pour ce sujet, Jean-Noël Castorio choisit une approche originale par petites touches. Il évoque d'abord la cape pourpre de l'empereur, puis l'instant d'après quand les conjurés abandonnent le cadavre… La documentation est très importante sur l'assassinat de César, différentes versions coexistent et le débat est toujours ouvert. Je ne connaissais pas Jean-Léon Gérome, mais grâce à ce livre, je me suis plongé dans les détails d'un tableau qui en dit long sur l'interprétation de la mort des grands hommes.
La période des guerres civiles qui suivent les Ides de Mars en 44 av. JC donne lieu à toutes une série de répressions et d'épurations. Il est intéressant de regarder d'un autre oeil des tableaux d'Antoine Caron que l'on survole souvent dans les musées.
Quand l'auteur aborde la sexualité des romains, c'est par une approche philosophique à travers la personnalité de Friedrich Karl Forberg, passionné de textes anciens, auteur de manuels d'érotologie classique, un véritable Kamasutra romain. Son oeuvre, associée aux Sonnets luxurieux de l'Arétin et aux gravures de Marcantonio Raimondi révèle combien, depuis la Renaissance, l'Antiquité et ses sociétés aux moeurs libérées sont sources de fantasmes.
Jean-Noël Castorio consacre tout un chapitre aux liens de Federico Fellini avec la Rome antique. À compter de 1960, le célèbre réalisateur, malade, traverse aussi une crise existentielle et créative. Pendant sa convalescence, il relit le Satyricon de Pétrone et le film, Fellini Satyricon, sort en 1969. Il s'agir d'une Rome fantasmée, étrange, enfermée dans une ambiance métaphorique, artificielle et photographique, peuplée de monstres et de créatures dégénérées et consuméristes.
La réinvention de Rome se poursuit avec l'étude des Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar, un manuscrit commencé en 1924, perdu puis miraculeusement retrouvé en 1949 par l'auteure et finalement achevé en deux ans d'immersion quasi mystique dans le monde romain du deuxième siècle. Ce chapitre consacré à l'amour d'Hadrien pour Antinoüs explique aussi la construction de l'image littéraire de l'homosexuel de la fin du XIXème et du début du XXème siècle entre tendance sexuelle et idéal de beauté masculine. Oscar Wilde, John Addington Symonds, Fernando Pessoa et Jean Lorrain sont, entre autres, évoqués. J'ignorais, pour ma part, que la figure d'Antinoüs est toujours très actuelle et qu'il est perçu aujourd'hui encore comme une sorte de « gay god ».
Jean-Noël Castorio convoque ensuite Shakespeare et sa pièce longtemps controversée, Titus Andronicus, véritable « patchwork » de références à plusieurs périodes distinctes de l'Antiquité romaine, inspirée de passages de L'Énéide de Virgile, de L'Histoire romaine de Tite-Live ou encore des Vies de Plutarque. Titus Andronicus devient une tragédie intemporelle et donc, toujours, d'une grande actualité. C'est un théâtre cruel qui exprime les passions et la violence exacerbées, un peu à la manière de Sénèque. Dans la même veine, en France, on peut citer les oeuvres d'Alexandre Hardy. Ce chapitre, intitulé « une Rome de cendres et de sang », est plus général que les précédents, puisqu'il n'a pas comme point de départ un fait précis mais plutôt une réappropriation d'une Antiquité imaginaire et revisitée, notamment à l'époque dite baroque avec l'opéra. L'auteur conclut par un rapprochement audacieux entre Quentin Tarantino et la grande tradition de la tragédie de vengeance sénéquéenne…
J'avoue moins bien connaître les empereurs romains à partir du IIIème siècle, aussi Héliogabale qui a régné de 218 à 222 est-il pour moi un parfait inconnu. Jean-Noël Castorio nous en parle à propos d'une peinture de Lawrence Alma-Tadema, un peintre anglais de la fin du XIXème siècle post-raphaélite. Son tableau intitulé « Les Roses d'Héliogabale » est plein de sous-entendus, subversif et met en scène un empereur qui a goûté à tous les plaisirs jusqu'à en être lassé. Sur le plan politique, il semblerait qu'il soit un des derniers tyrans, au sens de « tyran rhétorique » défini par la littérature latine comme Tibère, Caligula ou Néron ; l'impiété, la démesure, la cruauté et la convoitise sont les attributs du tyran et, pour Héliogabale, il faut ajouter une sexualité insatiable et hors-norme et le goût immodéré du luxe… Héliogabale est également une véritable superstar dans le domaine littéraire européen entre 1885 et 1910, inspirant des romans, des poèmes, des nouvelles, des pièces de théâtre ou des opéras. Héliogabale devient une allégorie du déclin de l'empire romain et du décadentisme.
La fin de l'empire romain est enfin illustrée en 1847 par un tableau de Thomas Couture, « Les Romains de la décadence », une scène d'orgie mise en parallèle avec le relâchement des moeurs et le règne de l'argent-roi qui annonçait le déclin de la monarchie de juillet. La débauche de chair et de vin a lieu sous l'oeil digne et austère des statues de marbre des grandes figures romaines et d'un groupe de philosophes stoïciens ; il y a un réel contraste entre l'air solennel des statues et l'abandon lascif des convives. Puis Jean-Noël Castorio cite les grands historiens qui ont écrit sur le déclin et la fin de l'empire romain à l'instar d'Edward Gibbon. Il remet en avant le contexte historique de toute la série des dysfonctionnements ayant affaibli le régime à travers les écrits de Tacite, de Salluste ou de Juvénal. Depuis toujours, les grandes préoccupations socio-politiques trouvent des échos dans l'étude de l'héritage et de la chute de Rome.

Naturellement, j'ai grandement apprécié ce livre qui trouvera sa place dans ma bibliothèque ; je sais déjà que je le consulterai souvent, le rapprochant d'autres ouvrages ou recherches personnelles.
Une superbe découverte !
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Dans Rome réinventée, Jean-Noël Castorio, maitre de conférences en histoire ancienne à l'Université du Havre, s'attaque à l'étude de onze oeuvres d'art (romans, tableaux, films, séries) inspirées par l'histoire romaine. Toutes sont liées à des évènements qui ont façonné le mythe entourant Rome et tendent à démontrer l'influence de cette période sur les siècles suivants, jusqu'à nos jours.
Parmi ces évènements, sont abordés le viol de Lucrèce, la mort de César, la révolte des mercenaires à Carthage, ou encore l'amour fou de l'empereur Hadrien pour le jeune Antinoüs. L'auteur commence parfois par raconter le mythe ou l'évènement (la frontière est mince entre ces deux notions, lorsque les sources historiques sont fragmentaires) puis évoque les oeuvres d'arts ; sur d'autres chapitres, il inverse, commençant d'abord par aborder l'oeuvre et sa création, pour revenir ensuite au mythe.
Le récit est parfois passionnant (comme lorsqu'il restitue la création du salammbô de Flaubert) et la démonstration brillante (quand il met en évidence une certaine « esthétique de la violence » dans les films ou séries télévisées traitant de Rome).

Cependant, je dois confesser que je n'ai pas adhéré à cette lecture. Premièrement, je trouve que le livre navigue trop entre le style très universitaire (détails historiques à n'en plus finir, multitudes de dates et de précisions qui feront bâiller d'ennui les novices) et volonté de vulgarisation. Je me suis sentie comme une lectrice « trompée » en quelque sorte : « je vais te faire lire des trucs passionnants, tu vas tout comprendre et tout retenir… Ah ben non en fait. Tu dors ?? ». C'est bien la première fois en sept années sur Babelio que je n'arrive pas à finir un livre reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique. Ce n'est pas faute d'avoir essayé, jusqu'à la 290ème page pour être précise… et cela me rend plutôt mal à l'aise, car ce n'est pas dans mes principes de chroniqueuse, mais là je confesse que ce fut au-delà de mes forces. Le sujet m'intéressait et j'avais quelques connaissances sommaires, mais le style de l'auteur m'a vraiment laissée de marbre (comme une sculpture grecque, voui voui). C'est long, long, long… Malgré quelques passages qui m'ont captivée, le soufflé retombait bien vite (écrasé par l'impression de lire un ouvrage de BU dans l'optique de rendre une dissertation). D'un point de vue éditorial enfin, je trouve vraiment dommage que les illustrations n'aient pas été liées aux chapitres où on parle d'elles, venant illustrer le propos et l'éclairer. Au lieu de cela, quatre malheureuses pages en couleur se retrouvent comme perdues au milieu du livre.

En conclusion, je rends ma copie avec un sentiment de mauvaise élève ; puisse le professeur et auteur trouver d'autres lecteurs qui suivront sa leçon avec plus d'assiduité que moi…
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Dans cet ouvrage, Jean-Noël Castorio revisite l'Histoire de Rome en passant d'événements connus de tous (l'assassinat de César) à des évènements plus obscurs (la guerre des mercenaires qui a suivi la première guerre punique).
Le point commun entre tous ces évènements : ils ont inspiré l'imaginaire Occidental. L'auteur relie chacun d'entre eux à des oeuvres littéraires, picturales ou encore cinématographiques. L'occasion de s'arrêter sur les oeuvres de Federico Fellini, Stanley Kubrick, Ridley Scott, Gustave Flaubert ou encore Oscar Wilde et de s'interroger sur notre imaginaire antique.
Pour chaque évènement, l'auteur s'appuie sur les sources antiques, sur les grands auteurs contemporains et retrace le fil des évènements en n'omettant pas de pointer les divergences d'une version à l'autre. Un ouvrage passionnant qui permet de revivre la grande histoire de Rome et de questionner la fascination qu'a exercée - et exerce encore - la ville éternelle sur nos artistes et nos imaginaires.
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Une approche originale de la Rome antique, cet ouvrage n'est pas un énième livre d'histoire assénant des faits. Par le choix de certains thèmes, l'auteur "dépoussière" et renouvelle la lecture des grands événements marquants de l'antiquité latine en les prolongeant dans les arts et la culture moderne.
Cette "promenade" à travers ces épisodes fondateurs de notre culture occidentale se fait chronologiquement mais chacun est mis en relation avec une oeuvre d'art ou une production culturelle récente. Parmi eux, il me semble intéressant d'évoquer Spartacus, après le récit des faits et la convocation de la caution des auteurs antiques, l'auteur nous donne à lire les prolongements idéologiques de cette révolte jusqu'à son traitement assez rude dans la dernière série américaine.
Ce procédé est repris pour tous les thèmes évoqués et en cela il donne beaucoup de vie à la lecture et nous incite à réfléchir à notre propre perception de ces faits.
L'ouvrage est dans un style fluide et agréable à lire.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
1979 est une date à marquer d'une pierre blanche dans l'histoire du péplum : c'est à cette date que sort sur les écrans l'un des films les plus scandaleux des années 1970, Caligula, produit par le magnat américain de la pornographie Bob Guccione.
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L'Antiquité se révèle une terre propice au fantasme, celui d'une société parfaitement libre de mœurs, dépourvue de tabous.
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