J'avais fait la connaissance d'Andrea Cort, enquêtrice pour le bureau du Procureur, dans «
Avec du sang sur les mains« .
L'univers de cette novella, assez riche, m'avait donné envie de continuer l'aventure avec ce pavé de 700 pages.
Attention, ceci n'est pas une histoire entière !
Dans ce
recueil, l'éditeur Albin Michel a eu la bonne idée de regrouper les différentes novellas qui avaient été publiées après "Émissaire des morts" (premier tome d'une trilogie).
Postérieurement, l'auteur avait écrit des novellas mettant en scène Andrea Cort, celles-ci se déroulant avant cette grande enquête.
Ainsi, le lecteur peut se familiariser avec l'univers, ainsi qu'avec le personnage assez froid et complexe d'Andrea, avant de plonger dans une plus grande histoire "Émissaire des morts".
De plus, dans ce
recueil, l'éditeur a mis les novellas dans l'ordre chronologique de lecture. Une bonne idée qui empêchera les lecteurs de les lire dans le désordre (après, le lecteur fait ce qu'il veut et la lectrice aussi).
Nous sommes dans un futur où les voyages dans l'espace sont permis, où les Homsap (Homo sapiens) vivent sur d'autres planètes et où nous ne sommes pas seuls (Fox Mulder avait raison avant tout le monde).
Andrea Cort appartient au Corps diplomatique (et à vie, suite à son crime), c'est une magistrate, une enquêtrice judiciaire qui représente le Procureur général sur les planètes où elle est appelée.
Que les allergiques à la SF se tranquillisent, l'univers décrit par l'auteur reste facilement accessible, il suffit juste de faire marcher son imagination pour voir les autres peuples que nous allons croiser.
Comme toujours, nous avons beau être dans l'espace, l'Humain reste le même (une saloperie) et certains autres peuples n'ont rien à nous envier, bien que nous restions sur les plus hautes marches du podium, médaillés d'or en meurtres ou autres crasses que l'on peut faire.
Dans ces différentes enquêtes, ce n'est pas toujours sur un crime commis qu'Andrea doit faire la lumière. Nous sommes loin du colonel Moutarde, avec le pistolet laser dans le croiseur. La diplomatie doit être respectée, la politique est très présente et lorsqu'elle enquête, Andrea met souvent les pieds dans le plat.
Le côté psychologique des personnages est important, il joue un rôle prépondérant dans ses investigations (où elle "investigue" à fond). Ses entretiens avec différentes personnes sont toujours intéressants et empreint de profondeur. Bien des détails primordiaux se retrouvent dans ces conversations.
L'auteur nous a créé un personnage féminin qui n'a pas froid aux yeux, qui est misanthrope, asociale et précédée de sa réputation d'être un monstre. Bizarrement, on s'attache à elle facilement.
Ses blessures, elle arrive à les surmonter, à ne plus faire attention aux regards qu'on lui lance et au fil des histoires, on en apprendra plus sur elle, notamment sur le génocide qui entache son passé (deux peuples pacifiques se sont entretués, comme pris d'une folie subite).
Si l'écriture est assez simple (facile à aborder), le contenu des scénarios n'est en rien simpliste, que du contraire. Comme je l'ai dit, il y a de la profondeur dans les différentes novellas et on ne sait jamais comment cela va tourner, se terminer.
Bien souvent, alors que l'on pensait avoir affaire à une histoire sans importance, le diable, qui se cachait dans un détail, fait tout exploser et j'ai été surprise plusieurs fois, pour mon plus grand plaisir.
La plus grande histoire est une véritable enquête puisqu'il y a une disparition (vu la hauteur de la chute, la personne est morte et c'était un sabotage) et un meurtre par crucifixion. Là, c'est un véritable sac de noeud, surtout avec les IAs-sources (intelligences artificielles) qui ont créés le monde-artefact de Un Un Un et une partie de ses habitants (les Brachiens).
Très complexe, cette histoire va explorer plusieurs pistes avant de nous emmener vers la solution, qui ne sera pas des plus simples, comme nous le constaterons et qui en fera voir de toutes les couleurs à Andrea Cort. J'ai eu beau chercher, impossible de trouver la solution, même si, j'avais eu un soupçon et qu'il s'est révélé être bon.
Finalement, même dans l'espace, on rencontre les mêmes sujets de société que sur la Terre ferme… Les fonctionnaires qui ne foutent rien, la lenteur de l'administration, le sexisme, le racisme, le harcèlement sexuel sont, hélas, universels.
Les descriptions des mondes, des décors, des populations, sont riches, denses, importantes. Elles permettent de poser les bases de ce qui entoure Andrea Cort et d'emporter le lecteur dans l'espace.
Attention, tout cela est très épais, il est déconseillé de lire tout le pavé d'un coup. Vu la richesse de ce qui se trouve dans ses pages, j'ai pris mon temps, lisant une novellas tous les jours ou, entrecoupant ma lecture avec un autre roman, afin de profiter au maximum, sans rencontrer de lassitude.
Une chose est sûre, c'est que ce
recueil est prenant, addictif et qu'il permet de se promener dans l'espace sans risque, en suivant Andrea Cort, sorte de
Sherlock Holmes au féminin, le Watson en moins (et le lourd poids de son passé en plus) qui va devoir résoudre des mystères, des enquêtes, le tout sans se prendre les pieds dans le tapis, sans faire de faute diplomatique (oups) et sans suivre les ordres.
Un très bon roman qui mélange la SF, le roman policier, le thriller psychologique, les sujets de sociétés, le tout servi par des scénarios possédant de la profondeur.
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