AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Marc Chénetier (Traducteur)
EAN : 9782869306219
427 pages
Payot et Rivages (03/02/1993)
4.21/5   35 notes
Résumé :
Claude Wheeler vit dans une ferme du Nebraska. Sensible et secret, il aspire à la culture, à la beauté, mais sa timidité l'empêche de s'affirmer. Au loin montent les rumeurs de la Première Guerre mondiale. Claude étudie, tient la ferme de son père, puis épouse une femme sans charme et tente de fonder un foyer. Mais nous sommes en 1917, l'Amérique s'engage dans le conflit et Claude devance l'appel. Il part pour la France qu'il découvre d'un oeil ravi et où il rencont... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
4,21

sur 35 notes
5
6 avis
4
2 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Quelle belle découverte et quelle belle écriture que celle de Willa Cather...!

Ecrit en 1922, ce roman témoigne de cet enthousiasme et de cette recherche d'un idéal qui a poussé de jeunes hommes américains, fermiers pour la plupart ou issus d'un milieu rural, à s'engager pour la France lors de la première guerre mondiale.
On y lit la permanence du monde face à la fragilité de nos vies, les cycles des saisons évoqués avec tant de délicatesse, labours, semences, récoltes se succédant au Nebraska comme en France, et cette lune éternelle qui a vu des millénaires de civilisations face à ces garçons d'à peine vingt ans qui souffrent d'ennui et d'impuissance, qui voient en la guerre une manière d'être vivants, enfin, et utiles.
Claude Wheeler est l'un de ceux-là ( L'un des Nôtres: à quelle famille appartient-il vraiment, semble demander le titre): jeune homme frustré, complexe, passionné qui dépérit de cette existence toute tracée par son père et ses origines, et que rien ne prédestinait à partir ainsi en Europe, ce continent tellement lointain qu'il semble d'une autre galaxie.

Willa Cather dépeint merveilleusement cette énergie de la jeunesse et ce besoin impérial qu'on peut ressentir à s'accomplir. Pauvre génération qui le fera sous les bombes, dans les tranchées et le sang, et qu'on finira par oublier, loin des leurs..
Commenter  J’apprécie          402
L'auteur nous livre une histoire de vie, celle de claude Wheeler, jeune paysan d'une petite ville du Nebraska, au début du vingtième siècle. Là où le protestantisme est très présent et tient une place importante dans la communauté. L'écriture est « carré », sans superflu. L'histoire est simple et questionne sur les destinées de chacun, sur la part de volonté propre qui commande nos actes. Enfin ; le genre de livre qui pourrait paraître ennuyeux mais qui au final, nous a raconté une histoire, avec des personnages forts, de l'émotion, un réalisme touchant.
Commenter  J’apprécie          280
Je viens juste ajouter une vision subjective du roman, qui a été déjà été très bien décrit. J'ai toujours envisagé ce livre comme un livre sur la guerre de 14. Or la guerre n'est décrite que dans les 200 dernières pages de mon édition qui en comporte 500. Encore cette "guerre" se compose-t-elle largement du transport de troupes des Etats-Unis vers la France. de surcroît, il ne s'agit pas du tout d'une représentation réaliste de la guerre de 14. Hemingway disait que la guerre de Willa Cather était une réécriture des épopées de Griffith.

Mais c'est justement cette dimension épique qui m'intéresse. Outre le fait qu'elle est l'aboutissement d'un cheminement qu'on peut rapporter au roman d'apprentissage, effectivement, ou au chemin du "pélerin" protestant, elle est un des sujets du livre. le roman montre (et peut-être ne montre-t-il que cela) le processus qui conduit Claude à devenir un héros épique. La guerre est d'abord envisagée en opposition avec une vie mortelle d'ennui et de frustration. Par ailleurs, la distance y fait aussi, et les histoires plus ou moins fictives qu'on raconte dans le Nebraska sur l'Europe. La scène où, venant d'apprendre la déclaration de guerre, Claude parle avec sa mère de Paris et de la France en sortant livres et cartes est une de celles qui m'a le plus frappée. Dès lors la guerre n'est pas un fait, mais une histoire, susceptible de mettre en scène un idéal de soi. Avant même de partir, Claude est d'avance statufié, vitrifié, immobilisé dans la dernière vision qu'à travers ses larmes, sa mère a de son "magnifique fils" (elle le dit clairement : "Mes vieux yeux, pourquoi me volez-vous cette dernière image de mon magnifique fils"). Et il reste non pas "one of us", mais "one of ours", l'un des nôtres, dépossédé de sa propre personne, tout entier dévolu à la gloire de la communauté.

Hemingway se moque de l'incapacité de "cette pauvre femme" à écrire la guerre, évidemment. Mais une femme comme Willa Cather pouvait bien se demander pourquoi les hommes qui partaient à la guerre étaient souvent si gais et si fiers (comme on le voit effectivement sur les photos des premiers trains). Et quelles étaient les strates d'histoires lues et entendues, de fierté parentale, de rêves d'aventure qui pouvaient provoquer cela.
Commenter  J’apprécie          100
Quelles motivations ont poussé les jeunes américains à s'engager pour venir combattre en Europe ?
C'est le sujet traité par Willa Cather dans son roman publié en 1922, et qui lui vaudra le prix Pulitzer.
Son choix, loin d'être exhaustif, se porte sur un garçon du Nebraska, Claude Wheeler. Nous faisons sa connaissance alors qu'il interrompt ses études pour s'occuper de la ferme familiale. En proie à un sentiment permanent d'incomplétude et d'insatisfaction dans sa vie privée, il est l'un de ceux qui décident de tout quitter pour venir au secours du vieux continent.
"Des jeunes prenaient la mer pour s'en aller mourir pour une idée, un sentiment, les résonances d'une phrase". pleins "d'une admirable candeur, une expression d'espérance joyeuse et de bonne volonté confiante."
Le rythme du récit est très lent, avec peu d'action.
L'auteure se focalise sur les états d'âme de Claude mais je trouve qu'elle a trop peu approfondit sa personnalité d'où un léger ennui tout au long de ma lecture.
Commenter  J’apprécie          142
Le jeune Claude Wheeler vit dans la ferme familiale du Nébraska, avec ses parents, son frère cadet et la fidèle gouvernante. L'aîné, lui, tient commerce en ville. Ecrasé par la forte personnalité du père, Claude ne sent guère l'étoffe d'un fermier, bien qu'il aime sa terre, mais n'ose pourtant pas s'affirmer. Si bien que ce sont les autres, et les événements, qui décident de sa vie. Quelques années passent, et d'erreurs en hésitations, Claude se retrouve à la tête de l'exploitation familiale, résigné à étouffer espoirs et ambitions. Mais voilà que le monde est secoué par un gigantesque conflit : la première guerre mondiale. Claude suit avec intérêt la progression de la guerre. Toute sa passion endormie, sa sensibilité ont enfin trouvé leur but : décidé à mettre son honneur au service des pays envahis par l'ennemi, le jeune homme devance l'appel de 1917 et s'embarque avec des volontaires pour la France. Une nouvelle vie s'ouvre alors à lui. Compréhensif avec ses hommes, courageux et intègre, Claude trouve enfin sa place, noue des amitiés solides et s'enrichit au contact des européens et de ses camarades, à l'ombre des tranchées et du danger toujours plus pressant. Claude Wheeler incarne la noblesse des sentiments de tous ces jeunes américains qui, poussés par leur idéal, s'engagèrent avec enthousiasme lors de la première guerre mondiale. Mais plus que cela, Willa Cather peint, avec beaucoup de finesse et de subtilité, les faiblesses et les doutes d'un homme à l'aube de sa vie, écartelé entre son devoir et ses rêves, entre peur et soumission, et la certitude d'être différent. Beaucoup de richesse et de chaleur dans ce magnifique roman (écriture et style irréprochables), où les femmes ont une place de choix, (notamment la mère de Claude), et également un hommage à l'amour qui lie les hommes et leur terre, thème récurrent chez Cather. J'avais envie de réparer une petite injustice, puisque j'ai du mal à trouver des billets de bloggolecteurs sur cet écrivain. C'est chose faite maintenant et j'espère que ceux qui auront la chance de découvrir ce roman seront aussi emballés par Miss Cather que je l'ai été.

L'un des nôtres a obtenu le prix Pulitzer en 1923.

Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
Commenter  J’apprécie          70

Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Soldat inconnu, Mort pour la France

Très bonne épitaphe, pensait Claude. La plupart des jeunes gens qui tombaient dans cette guerre étaient des inconnus, même d'eux-mêmes. Ils étaient trop jeunes. Ils mouraient et emportaient leur secret avec eux - ce qu'ils étaient, ce qu'ils auraient pu être. Le seul nom qui demeurât était celui de la France...
Hicks, lui aussi, semblait perdu dans ses pensées. Tout à coup, il rompit le silence. "Je ne sais pas pourquoi, mon lieutenant, mais "mort" ça me fait plus l'effet d'être mort que "dead". Ca vous fait comme un bruit de cercueil. Et puis là-bas, à l'autre bout, ils sont tous "tot", et tout ça c'est la sacrée bon sang de même chose idiote. Regardez-les-moi un peu, là-bas, tous, en noir et blanc, disposés comme sur un échiquier. Et puis la question d'après c'est ça : qui qui les a mis là, et à quoi que ça sert ?
- Trop compliqué pour moi", murmura l'autre d'une voix absente?
Commenter  J’apprécie          300
Elle reconnut le pas lourd d'une botte cloutée qui montait rapidement l'escalier. Quand Claude entra, le chapeau à la main, elle vit à sa façon de marcher, à ses épaules, à son port de tête, que le moment était venu et qu'il ne tenait pas à ce qu'il dure. Elle se leva, lui tendant les bras au moment où il venait vers elle et la prenait dans les siens. Elle arborait son petit sourire curieux et complice, les yeux mi-clos.
"On se dit adieu, alors ?" murmura-t-elle. Elle lui passa la main sur les épaules, le long de son dos puissant, sur les flancs bien ajustés de sa capote, comme si elle prenait le moule et la mesure de son être mortel. Son menton parvenait tout juste à hauteur de la poitrine de son fils, et elle le frotta contre le lourd tissu. Claude, debout, baissait les yeux vers elle sans dire un mot. Soudain, ses bras se contractèrent et il l'écrasa presque contre lui.
"Maman !" murmura-t-il en l'embrassant. Il descendit l'escalier et sortit en courant de la maison sans se retourner.
Commenter  J’apprécie          332
Elle se laissa aller sur le sol chaud et luisant de la colline. Le soleil dardait ses rayons rouges à travers le sommet des ormes ; petits cailloux et minuscules fragments de quartz étincelaient, aveuglants. Dans le lit du ruisseau, l'eau, là où plongeait la lumière, scintillait comme de l'or terni. La tête de Claude, couleur de sable, et ses épaules courbées étaient tachetées de soleil alors qu'elles se déplaçaient sur les vertes, et son pantalon aux jambes évasées paraissait beaucoup plus blanc qu'il ne l'était. Gladys était trop pauvre pour voyager, mais elle avait la chance d'être capable de voir beaucoup de choses dans un rayon de quelques kilomètres seulement autour de Frankfort ; son imagination chaleureuse l'aidait à trouver la vie intéressante. Certes, comme elle s'en était ouverte à Enid, elle aurait bien voulu aller dans le Colorado ; elle avait honte de n'avoir jamais vu de montagne.
Commenter  J’apprécie          431
Tout de suite après dîner, Claude attela au traîneau Pompey et Satan, leurs deux petits chevaux noirs, secs et nerveux. La lune s'était levée bien avant que le soleil ne déclinât, elle était suspendue, toute pâle, dans le ciel presque depuis le début de l'après-midi et elle inondait maintenant d'argent les terrasses de neige qui recouvraient la terre. C'était l'un de ces soirs d'hiver étincelants où un jeune homme a le sentiment que le monde a beau être très grand, il est plus grand encore, que sous l'immensité cristalline du ciel bleu il n'est personne qui soit si chaleureux et sensible que lui-même et que toute cette magnificence lui est directement destinée. Les grelots du traîneau sonnaient, comme si, musicalement, ils avaient le coeur léger, comme heureux de chanter à nouveau, après tous les hivers qu'ils avaient passés, tout rouillés, suspendus dans la grange, envahis par la poussière.
Commenter  J’apprécie          390
La cave avait un sol en ciment, elle était fraîche et sèche, avec des placards profonds destinés aux fruits en bocaux, à la farine et à l'épicerie, des coffres pour le charbon et les épis de maïs, ainsi qu'une chambre noire pleine d'appareils photographiques. Claude prit place à l'établi sous l'une des fenêtres carrées. Des objets mystérieux étaient disposés autour de lui dans la lumière grise : accus, vieilles bicyclettes et machines à écrire antiques, un appareil permettant de fabriquer des piquets de clôture en ciment, une machine à vulcaniser, un stéréoscope à la lentille brisée. Les jouets mécaniques que Ralph n'arrivait pas à faire fonctionner comme il le voulait, ainsi que ceux dont il s'était lassé, étaient également entreposés là. S'il les laissait dans la grange, Mr Wheeler les voyait trop souvent et faisait parfois des commentaires sarcastiques lorsqu'ils se trouvaient sur son chemin. Claude avait supplié sa mère de le laisser entasser tout ce bazar dans une charrette et s'en débarrasser dans un trou quelconque, le long de la rivière, mais Mrs Wheeler avait dit qu'il ne devais pas y songer, Ralph en serait vexé. Presque à chaque fois que Claude descendait à la cave, il se disait, en désespoir de cause, qu'un jour il déménagerait tout cela, et songeait, amer, que l'argent que toute cette brocante avait coûté aurait permis d'offrir des études universitaires décentes à un jeune homme.
Commenter  J’apprécie          180

Video de Willa Cather (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Willa Cather

Mathieu Lindon "Ce qu'aimer veut dire"
Mathieu Lindon "Ce qu'aimer veut dire" - Où il est question notamment de Michel Foucault et d'Hervé Guibert, de Jérôme Lindon, de Samuel Beckett, Marguerite du ras, Alain Robbe-Grillet, Claude Simon, Robert Pinget, Pierre Bourdieu et de Gilles Deleuze, d'un père et d'un fils et de filiation, d'amitié et d'amour, de littérature, de la rue de Vaugirad et de LSD et d'opium, d'impudeur et d'indiscrétion,de rencontres, de Willa Cather et de Caroline Flaubert, , et aussi des larmes aux yeux, à l'occasion de la parution de "Ce qu'aimer veut dire" de Mathieu Lindon aux éditions POL, à Paris le 13 janvier 2011
+ Lire la suite
autres livres classés : première guerre mondialeVoir plus
Notre sélection Littérature étrangère Voir plus




Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
2791 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre