‘Ce que je sais de l’amour’ (Philippe Katerine) : moi, ce que j’en dis, c’est que dans « tomber amoureux », il y a « tomber ».
Ma mère file à la cuisine. Le chat miaule derrière la porte vitrée du balcon. Je me lève et lui ouvre. Il se glisse dans le séjour tel un profil égyptien. Rokia suit sa silhouette rousse et décharnée.
- Léger, appelle-t-elle. Léger !
- Laisse tomber : il est complètement sourd. Fais-lui signe, plutôt.
- Il a quel âge ? demande Rokia tristement.
- Seize, comme nous. Ma mère l’a recueilli pour remplacer mon père.
[I]l ne pourra rien se passer de bien dans le monde si on continue à se dire qu’on est dans l’impasse et que l’idée du progrès est morte. Si même la jeunesse cède au fatalisme, alors c’est foutu.
- Essaie-le, insiste Rokia.
- Pablo n’est pas un pull H&M !
Je déteste les costumes. Je trouve ignoble qu’on oblige les gens à se déguiser pour aller au travail.
Il y a des phrases qui m’aident. Enfin, je ne sais pas si elles m’aident : mon amour reste mon amour, Octave reste Octave, mon putain de cafard reste mon putain de cafard. Des phrases qui me font dire que quelqu’un, quelque part, il y a longtemps, a ressenti la même chose que moi. Ce qui signifie que - forcément - quelqu’un, quelque part, maintenant, à cette minute précise, ressent également la même chose que moi.
J’aime pas le dos crawlé : tu te prends des pieds si tu vas trop vite, tu shootes dans des crânes si tu ralentis.
- On traverse ?
- Ah non, je ne prends jamais les ponts.
- C’est nouveau ça ?!
- Assez nouveau. Ça me donne envie de sauter.
Comment expliquer que la magie ne soit pas au rendez-vous ? Je n'exige pas l'amour de ma vie. Plus modeste : du 5 volts, un léger picotement, pas la détonation nucléaire, juste un frisson d'excitation, et l'envie d'être là.
Je suis en train de perdre une soirée qui aurait pu être merveilleusement sereine et vide, autant dire précieuse.