Pas d'ombres sans lumière

Ayant découvert récemment la collection "Instants suspendus", j'avais hâte de découvrir l'une des dernières parutions. J'avoue toutefois que mon opinion est un peu mitigée sur ce roman.

J'ai été enchantée par le début de ma lecture : deux amies, deux femmes, deux histoires où s'entremêlent des défis féministes. J'ai souri de nombreuses fois lorsque les personnages partageaient leurs considérations sur la gente masculine. Mais... je m'attendais à autre chose...

Bien que liées par une solide amitié, les histoires d'Adèle et Lisa sont traitées séparément, comme si le roman se divisait en deux parties. Ainsi j'ai commencé ma lecture en pensant qu'Adèle était le personnage principal pour ne découvrir que sur le tard que la véritable héroïne était Lisa. le premier chapitre ne s'éclaire qu'à la fin mais... dans la mesure où il n'en est plus vraiment question dans les intrigues principales, on l'a quasiment oublié jusqu'au dernier chapitre.

Beaucoup de situations manquent de vraisemblance psychologique et sociologique, tant dans l'histoire d'Adèle que dans celle de Lisa. Concernant la partie Adèle, j'ai apprécié la description assez juste d'une vie de couple normée, centrée sur une forme de devoir féminin allant jusqu'à l'oubli de soi dans une forme de dépendance affective et financière. Toutefois, le revirement du personnage prenant sa vie en main ne s'effectue pas par des prises de conscience, dans le dialogue et la communication, juste au travers d'une autre relation. Les critiques à l'égard de Victor, le mari, quoi que justifiées, ne m'apparaissent pas équitables dans la mesure où l'on ne tient pas compte de son éducation. Adèle reste une amoureuse dépendante affective mais qui choisit de suivre l'élan d'une relation homosexuelle, exaltée dans l'idée que deux femmes se comprennent mieux qu'un homme et une femme. Ce type de revirement suscite généralement des doutes relevant de la crise d'identité : Adèle semble juste suivre sa passion et les seuls défis auxquels elle se trouve confrontée sont liés à la non-acceptation de son (ex) mari. C'est assez limitant et limité.

Concernant l'histoire de Lisa... Un personnage assez exaspérant et naïf, qui manque de profondeur. Une fois encore, la description du couple du point de vue exclusivement féminin, rejetant responsabilité et culpabilité sur le mari, est un peu "facile", dans l'air du temps. On s'attend dès le départ à la découverte tôt ou tard de la trahison. Je n'ai pas compris l'importance accordée aux éléments relevant de l'actualité, d'autant que les peurs du terrorisme et le traitement du racisme ordinaire s'effectuent de façon très superficielle et convenue. Enfin, la chute, la fin... rapide, invraisemblable avec des résolutions qui semblent sortir par magie du chapeau...

La lecture est légère, certes, facile, fluide... mais ni prenante, ni bouleversante. Les personnages ne font pas écho car ils manquent de personnalité et d'humanité, dans le sens... ils semblent trop "créés" sur mesure pour correspondre aux tendances.