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Georges Lafaye (Éditeur scientifique)Jean-Pierre Néraudau (Éditeur scientifique)
EAN : 9782251799285
222 pages
Les Belles Lettres (15/10/2002)
3.97/5   39 notes
Résumé :
Les dieux ont un jour quitté les assemblées des mortels et ne leur ont plus permis de les rejoindre dans la lumineuse clarté du jour. La poésie, par l'harmonie musicale de ses accords et de ses images, a pour mission de chanter la nostalgie de ces temps bénis.

Catulle est le grand-prêtre de cette anamnèse exaltante et mélancolique. En même temps qu'il reconstruit ce monde onirique des bénédictions enfuies, il est contraint de le déconstruire par les r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Catulle a dédié une grande partie de son oeuvre à Lesbie avec laquelle il connut une passion malheureuse. Il n'hésite donc pas à mettre en avant ses propres sentiments, à exposer ses amertumes et ses souffrances, la passion dont il a été le jouet, pour une femme dont on a pu penser par la suite qu'elle était non seulement volage mais aussi criminelle, puisqu'on lui prêta outre de nombreux amants une tentative d'empoisonnement.
Catulle, tout imprégné d'hellénisme, fit aussi de grandes élégies sur des thèmes mythologiques, dont le plus poignant, peut-être parce ce qu'il faisait écho à ses propres sentiments, est celui d'Ariane abandonnée par Thésée après qu'elle l'eut aidé à sortir du labyrinthe.
Catulle règle aussi quelques comptes et son ton souvent licencieux se fait alors plus obscène.
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Textes passionnés, traduction pudibonde.
Ce volume des Belles lettres propose le texte latin et une traduction de Georges Lafaye datant de 1922 des poésies de Catulle ( -80-50 av J.C). Catulle a écrit des poèmes lyriques "mêlant violence et douceur, délicatesse et crudité. Il est extrême en tout, dans l'éloge comme dans l'injure et ce qui fait sa vraie supériorité, partout sincère." Il a éprouvé une passion dévorante pour Lesbia ( alias Clodia) , un sacré personnage, soeur de Claudius, accusée d'avoir eu des relations avec lui et d'avoir empoisonné son époux. A cette époque on ne se prive pas de railler les gens en dessous de la ceinture. Ainsi Catulle s'en prend à Jules César, un ami de la famille, parce qu'il ne l'a pas suffisamment bien fait profiter de ses butins. Le problème c'est que les invectives, insultes, injures et autres obscénités sont très édulcorées dans cette traduction. Par exemple sur ce bon vieux Jules que ses amis exaltent comme le fondateur d'une Rome nouvelle, Catulle s'adresse à lui par les termes : "cinaede Romule". Lafaye le traduit par "Romulus débauché", on peut le traduire par "Romulus enculé". Le livre de Serge Koster intitulé Catulle ou l'invective sexuelle semble rendre sa force au texte antique. Je le lirai avec intérêt.
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Edition bilingue. J'avais étudié à l'école des morceaux choisis. le tout est assez cru et parfois répétitif. Il est clair que le monde antique était nettement plus libre et libéré que celui d'aujourd'hui. Très intéressant ne fût-ce que pour apprécier l'évolution des moeurs, qui n'est pas allée dans le sens que l'on croirait initialement.
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Je n'avais plus d'emploi, que pouvais-je faire à Tulle l'autre soir ? me demandai-je, suivant une gazelle, qui détournait mes pensées de la glose antique, pour se reporter uniquement sur cette plastique, qu'Alisher Navoï me chantait dans ses ghazels.(1) Mes pensées, de l'Ouzbékistan, vinrent à Catulle.

Sappho nous aimait, elle nous l'a dit, écrit aussi,
'Sitôt que je vous vois, la voix manque à mes lèvres, ma langue est enchaînée, une sueur froide m'inonde, tout mon corps frissonne.' Des mots, elle était orfèvre, et de l'amour, comme Lesbie, l'amante du monde - plus de trois cent amants entre Rome et Ostie...

Lui, le poète Romain, parti vers l'inconnu, Là-bas, d'où nul, dit-on, n'est jamais revenu, me disait: 'Vivons, ma Lesbie, aimons-nous, et traitons comme rien tous ses propos jaloux.' Invités aux noces de Thétis et de Pelée, nous évoquions toutes les amours du passé.

Nous avions la crainte d'une nuit encore veuve,
ce soir-là, nous promenant au bord du fleuve,
peur de n'avoir que de vieux poètes boîteux
pour seule compagnie dans un silence maupiteux,
peur de se chauffer au feu des vers à maudire,
que nous trouvions dans les chefs-d'oeuvre du pire!



Ivres de beauté autant que de vérité,
amants des femmes qui se rient des ruines de nos coeurs, longtemps, dans des rues désertes, nous avons erré à nous perdre dans les culs de sac de la rancoeur,
en quête d'un casino ou d'une maison de jeu
où les mises seraient les coeurs peccamineux.




je n'ai pas osé ajouter:
Et voici comment, ce soir là à Tulle,
se passa ma nuit avec Catulle.

(1) le Ghazel est une forme poétique originaire de Perse, Alisher Navoï en a écrit des superbes, il vécut dans le sultanat Timouride de 1441 à 1501.En Français, à ma connaissance, on ne trouve qu'un livre de lui aux éditions la Différence, les poèmes ont été traduits par Hamid Ismailov et adaptés par Jean Pierre Balpe.
© Mermed
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Le plus "romantique" des poètes latins, consumé par son amour malheureux pour une dénommée Lesbie: elle se moque de lui, le trompe, revient, le brûle, l'abandonne encore.Une vraie garce!

Lesbie, le prénom de la belle, est un hommage transparent à l'île de Lesbos où vivait et écrivait la grande poétesse Sapho, abondamment pillée par Catulle..Mais la propriété intellectuelle n'existait pas en ces temps de plagiat autorisé..

Cela n'enlève rien à la poésie de Catulle, parfois un peu mièvre -le moineau de Lesbie ne m'a jamais fait pépier d'enthousiasme...- mais souvent touchante, tendre, proche...
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Pleurez, ô Vénus; pleurez, Amours, et vous tous, tant que vous êtes, hommes sensibles à la beauté. Il est mort, le moineau de mon amie, le moineau, délices de mon amie, qu’elle chérissait plus que ses yeux ; car il était doux comme miel et il connaissait sa maîtresse aussi bien qu’une petite fille connaît sa mère ; il ne s’éloignait jamais de son sein, mais, sautillant de-ci de-là, il ne cessait de pépier pour elle seule. Maintenant, il va par la route ténébreuse au pays d’où personne, dit-on, ne revient. Quant à vous, soyez maudîtes, cruelles ténèbres de l’Orcus, qui dévorez toutes les jolies choses ; et il était si joli le moineau que vous m’avez enlevé ! Quel malheur, pauvre petit moineau ! Voilà maintenant qu’à cause de toi les beaux yeux de mon amie sont gonflés et tout rouges de larmes.
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À Lesbie

Il me paraît être l'égal d'un dieu, il me paraît, est-ce possible ? surpasser les dieux, celui qui, assis en face de toi, te voit souvent et entend ton doux rire. Hélas ! ce bonheur m'a ravi l'usage de tous mes sens ! À peine t'ai-je aperçue, ô Lesbie, que ma voix expire dans ma bouche, ma langue s'embarrasse, un feu subtil circule dans mes reins, un tintement confus bourdonne à mes oreilles, la nuit couvre mes deux yeux ! Catulle, l'oisiveté t'est funeste ; l'oisiveté a pour toi trop d'attraits et de transports ; l'oisiveté avant toi a perdu et les rois et les villes florissantes.
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Nulla potest mulier tantum se dicere amatam
Vere, quantum a me Lesbia amata mea es.
nulla fides nullo fuit umquam foedere tanta,
Quanta in amore tuo ex parte reperta mea est.

Aucune femme ne peut dire qu'elle a été aimée
aussi sincèrement que tu l'as été par moi, ma Lesbie.
Jamais on n'a respecté un engagement avec autant de fidélité
que j'en ai montré de mon côté dans mon amour
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Nunc iam nulla viro iuranti femina credat,
Nulla viri speret sermones esse fidelis ;
Quis dum aliquid cupiens animus praegestit apisci,
Nil metuunt iurare, nihil promittere pareunt ;
Sed simul ac cupidae mentis satiata libido est,
Dicta nihil metuere, nihil periuria curant.

Et maintenant qu'aucune femme n'ajoute foi aux serments d'un homme ; qu'aucune n'espère entendre de la bouche d'un homme des propos dignes de foi ;
tant que le désir d'obtenir quelque faveur leur brûle le coeur, ils ne craignent aucun serment, ils n'épargnent aucune promesse ;
mais aussitôt qu'ils ont rassasié leur passion avide, ils ne craignent plus l'effet de leurs paroles, ils n'ont plus souci de leurs parjures.
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À lui-même

Malheureux Catulle, mets un terme à ton ineptie ; ce que tu vois perdu, tiens-le pour perdu. D'éblouissants soleils brillèrent jadis pour toi, lorsque tu accourais aux fréquents rendez-vous d'une femme chère à nos coeurs comme aucune ne le sera jamais ; heureux moments ! signalés par tant d'ébats joyeux : ce que tu voulais, ton amante le voulait aussi. Oh ! oui, d'éblouissants soleils brillèrent pour toi ! mais maintenant, elle ne veut plus ; toi-même, faible coeur, cesse de vouloir ; ne poursuis pas une amante qui fuit ; ne fais pas le malheur de ta vie. Adieu, femme ! déjà Catulle endurcit son âme ; il n'ira pas te chercher ni te prier quand tu le repousses. Toi aussi, tu pleureras, lorsque personne ne te priera plus ! Scélérate, sois maudite ! Quel sort t'est réservé ? Qui, maintenant, te recherchera ? Qui te trouvera jolie ? Qui aimeras-tu maintenant ? De quel homme va-t-on dire que tu es la conquête ? Pour qui tes baisers ? De qui vas-tu mordre les lèvres ?... Mais toi, Catulle, tiens bon et endurcis ton âme !
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Videos de Catulle (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Catulle
En librairie le 1er septembre 2021.
Nous sommes à Rome, au septième siècle. C'est la capitale du monde, une ville immense et monstrueuse où s'observent et se haïssent Crassus, Cicéron, Catulle, Pompée, César ou Caton. Cicéron a fait de la morale son fonds de commerce, se présentant comme la voix du peuple alors qu'il est un défenseur acharné du Sénat et des intérêts de l'aristocratie. Publius Claudius Pulcher, héritier de la famille la plus noble de Rome, se fait adopter par un esclave, change son nom en Clodius, est élu tribun de la plèbe et chasse Cicéron de Rome. Cicéron prend le parti de Pompée, Clodius celui de César. La guerre entre eux dura dix ans et la République n'y survivra pas. Leur lutte est racontée ici par un philosophe grec, Metaxas, l'ami le plus brillant et le plus sarcastique de Clodius, qui le fait venir d'Athènes à Rome pour écrire les discours qui lui permettront d'affronter Cicéron à armes égales dans des joutes oratoires où se décide le sort de la Cité. Voici ses Mémoires, qui racontent la chute de la République romaine et la mort de Cicéron. Une allégorie de notre propre décadence ?
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