Sur la palette des crimes, certains attirent plus l'attention des romanciers, des cinéastes et des journalistes que d'autres. Il s'agit de ces fameux casses réalisés en souplesse, sans effusion de sang, sans victimes collatérales. Presque comme auraient pu en perpétrer des personnages de légendes ou de fictions, Robin des Bois ou Arsène Lupin par exemple.
L'homme de la rue prend plaisir à lire les exploits de ces truands qui opèrent au grand jour ou presque, à découvrir leur imagination pour s'approprier le bien d'une administration, d'une société, d'une banque, d'un riche particulier sans que cela influe sur sa vie quotidienne. Il applaudirait presque à ce défi réalisé avec virtuosité et audace car cela ne l'atteint pas dans sa vie privée et se pose même parfois comme une revanche inconsciente envers des établissements publics ou privés qu'il déteste cordialement.
D'ailleurs, Luciano di Maria, du gang dit des Salopettes bleues, déclarera trente ans après le braquage d'une camionnette blindée à Milan en 1958 : J'ai commencé à voler parce que j'avais faim, et je volais n'importe quoi. Quand on braquait, on avait fait une question d'honneur de ne pas tirer sur les gens. Mais ce braquage a fait grand bruit parce qu'il a été commis comme une action de guerre. Et le peuple était content car dans sa grande majorité, il n'a jamais éprouvé de sympathie pour les banques.
C'est bien ce principe, éviter les effusions de sang, qui a prédominé dans la plupart de ces
casses du siècle. Que ce soit pour des motivations personnelles, l'enrichissement rapide de quelques individus, ou plus rarement dans le but d'aider des compatriotes.
Neuvic_-24-_gare_-3-.JPGAinsi le 26 juillet 1944, en la gare de Neuvic, petite cité périgourdine, un tortillard transportant des milliards de francs encombrant les caves de la Banque de France de Périgueux et qui doit rejoindre Bordeaux est attaqué par des Résistants. L'information a été communiquée au préfet du maquis par un préfet... vichyssois. L'opération est menée rondement sans qu'une goutte de sang soit versée. Une partie de cet argent a été attribuée à des organisations de Résistance, servant aussi à la libération de Résistants emprisonnés dont
André Malraux, un petit reliquat de ce butin reversé au Trésor Public, le reste s'est dissout dans la nature. Des hypothèses ont été avancées mais aucune preuve ne viendra les étayer.
Pour réaliser ces braquages, il faut du temps afin de les préparer soigneusement, reconnaître le terrain, attirer quelques complices fiables, soudoyer des ouvriers de l'entreprise visée, et une fois que le forfait est réalisé, il faut encore plus de patience afin de pouvoir jouir de l'argent dérobé.
Par exemple dans Mardi Gras à Boston : le 17 janvier 1950 exactement, c'est un entrepôt de la Brinks qui attire la convoitise. Sept silhouettes de Carnaval attifées de masques blancs, de casquettes de marins et de vareuses s'introduisent dans les locaux et les employés sont rapidement réduits dans l'impossibilité de réagir. Si tout se déroule sans encombre, des soupçons pèsent toutefois sur quelques individus mais leurs alibis sont en béton. Les membres du groupe ont passé un pacte, ne pas toucher à l'argent avant que le délai d'action pénal soit achevé. Six ans d'attente. Les années passent, les hommes du FBI enquêtent sans relâche, et il faudra que deux des cambrioleurs soient dans la dèche, sans qu'une aide financière leur soit prodiguée de la part de leurs compagnons qui va accélérer le processus. Et quelques semaines avant la date fatidique de prescription, l'un des malfrats craque et le 12 janvier 1956, soit cinq jours avant cette date limite, le FBI lance un vaste coup de filet. 2.700.000 $ avaient été dérobés, 58.000 $ seront récupérés, mais les frais d'enquête et de procédure s'élèvent pour l'Etat à 29.000.000 $. 29 millions de dollars !
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