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EAN : 9791094689578
152 pages
GENESE EDITIONS (01/06/2019)
4.33/5   3 notes
Résumé :
"1914. Une jeune infirmière namuroise, Pauline Béris, part se mettre au service de l'armée française en déroute. Blessée en chemin, elle est hospitalisée à Laon où elle croise un jeune psychiatre allemand d'origine juive, le Dr Mark Brandesberg. Rétablie, Pauline rejoint le front de Verdun. Un jour, elle repère un soldat allemand blessé, dans les bras du cadavre d'un français. Derrière la boue du visage, Pauline reconnaît Mark Brandesberg ! Elle l'emmène vers l'arri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Pauline Béris est née dans une famille très catholique. Cependant, elle a reçu une éducation qui lui a ouvert l'esprit grâce à une de ses professeures, une religieuse qui, si elle ne partage pas tous les points de vue de Jaurès, sait apprécier les valeurs que défend l'homme.
Pauline vient de terminer ses études secondaires et les orages de la guerre s'amoncèlent au-dessus de la tête de bien des Européens. Lorsque Jaurès est assassiné, plus rien ne peut empêcher le déluge de s'abattre en divers points de l'univers… Y compris sur la Belgique, petit pays, voulu neutre par les grandes puissances au moment de son indépendance. Pourtant, l'un des signataires, l'Allemagne (la Prusse au moment de la signature) va déchirer le traité pour attaquer aisément la France en traversant un plat pays défendu par une armée d'opérette. du moins, c'est ainsi que l'état-major allemand perçoit les choses jusqu'à ce que la résistance de l'armée belge le fasse douter d'achever ses plans dans les délais prévus pour la prise de Paris. Les Allemands feront payer très cher aux Belges leur résistance…
Pauline veut se placer au service des plus faibles, des perdants… Et quels meilleurs perdants que les blessés de quelque bord qu'ils soient ? Pauline va devenir infirmière…

Critique :

Voilà une histoire qui va s'étaler sur plusieurs décennies. Elle démarre à la veille de la Grande Guerre, en Belgique. L'auteur décrit brièvement la résistance de l'armée belge et les crimes de guerre commis par les Allemands dès le début des hostilités sur une population sans défense d'un pays neutre. Les Belges n'avaient pas d'antagonisme particulier à l'égard des Allemands, ils vont apprendre à détester les « Boches ». Ainsi, par exemple, le 23 août 1914, les envahisseurs, à Dinant, assassinent sauvagement 674 hommes, femmes et enfants et incendient plus de mille maisons. Partout où les troupes de Guillaume II passent, ils prennent des otages, fusillent, pillent, incendient et violent. Dès lors, de nombreux civils vont se joindre aux troupes et fuir. Pauline décide de les suivre pour leur venir en aide.
L'auteur soulève notamment une question que beaucoup de femmes violées par les Allemands ont dû se poser : que faire de cet enfant non désiré ? Avorter ? L'abandonner à la naissance ? le tuer ? Oui, le tuer ! Comment un Français pourrait-il élever l'enfant d'un Boche ?
A côté des enfants non désirés, il y a celui que Pauline va avoir avec un médecin allemand. Va-t-elle l'aimer ?

On suit aussi les aventures de Zélie, la mère de Pauline, qui s'émancipe enfin après le décès de son mari qui l'étouffait au point qu'elle n'osait rien dire. Elle quitte son foyer, et après un trajet non dénué de danger, se retrouvera en France à aider des blessés frappés dans leur chair et dans leur psychisme.

Ce qui m'a dérangé lors de ma lecture :

Ce n'est pas toujours clair de savoir à qui sont les pensées dans le livre. L'auteur passe souvent d'un personnage à l'autre sans crier gare, sans nom, sans date. On devine qu'il y a un lien entre l'enfant ? le jeune homme ? l'homme ? et Pauline. Ne serait-elle pas sa mère ? Il a un père et une mère, mais il ne leur ressemble pas. Ses parents l'aiment mais il se pose des questions quant à un portrait d'une très jolie jeune dame.

Si je me fie à l'auteur, il va falloir que je révise mes connaissances historiques :
Page 15 : à Mariembourg, en 1914, un soldat allemand fait usage d'une mitraillette pour faucher un vieillard… Impossible ! Les premières mitraillettes (ou pistolets-mitrailleurs) ne vont apparaître qu'à partir de 1915.
Page 51 : « le 6 avril 1917, effrayés par la menace militaire sous-marine, les États-Unis déclarent la guerre à l'Allemagne, à laquelle le Japon apporte une assistance maritime renforcée. » L'auteur place le Japon dans le camp des Allemands lors de la première guerre mondiale, les sous-marins japonais prêtant assistance aux sous-marins allemands… Heu… C'est du révisionnisme ou à tout le moins une erreur… Lors de la Grande Guerre, les Japonais choisirent le camp de l'Entente (Royaume-Uni, France, Russie impériale) estimant avoir davantage à y gagner qu'en se plaçant du côté de l'Allemagne. D'ailleurs, ils prirent possession du comptoir allemand de Tsingtao en Chine dès 1914, ainsi que de plusieurs îles du Pacifique qui étaient des possessions allemandes : Mariannes, Marshall et Carolines. D'ailleurs, au 1er septembre 1917, le Japon ne disposait que de 4 sous-marins récents…

En guise de conclusion :
Ce récit à plusieurs voix traite notamment de la recherche d'identité : qui sont mes parents ? Mes parents biologiques ?
Comment traite-t-on les filles-mères ?
Quelle est la place des juifs dans un monde germanique où beaucoup se sont fondus dans la masse, oubliant ou reniant leurs origines, depuis, parfois, plusieurs siècles ?
Quel sort réserver aux réfugiés allemands installés en France ?
Dans quels états, physiquement et mentalement, les soldats survivants reviennent-ils de la guerre ?

Si ce n'étaient les réserves émises plus haut, je lui aurais volontiers attribué cinq étoiles…
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Autant prévenir le lecteur : se situant entre 1914 et 1950, ce roman parcourt la « sombre moitié du XXe siècle » qui mit l'Europe et le monde à feu et à sang. Ce conflit, maintes fois raconté, bouleversa un nombre incalculable de vies d'hommes et de femmes. Des villages entiers furent rayés de la carte, et leurs populations, certaines décimées, d'autres déplacées, parfois à jamais. Dans les Ardennes belges et le nord-est de la France, on commémore de nos jours encore ces terribles événements.

Avant tout, je tiens à remercier Éric Causin de soigneusement nous documenter grâce aux URL qui parsèment les bas de page de son texte. Et je le félicite de nous plonger au coeur de certaines des relations humaines les plus intimes. Relation notamment entre un père (Mark) médecin d'origine juive reparti en Allemagne et dont le fils (Jean Bé) grandit quelque part en France. Jusqu'au bout, ce Mark ne peut revendiquer ouvertement un lien de parenté qui pourtant lui permettrait d'échapper à Auschwitz. Relation profonde aussi entre une mère célibataire (Pauline) que l'on considère comme déchue, et qui dès lors accepte qu'on lui arrache son petit pour que ce dernier « puisse grandir dans une vraie famille ». Jusqu'à la fin, ce fils est resté « dans tout ce que j'ai choisi et dans tout ce que j'ai fait ». Précisons qu'il s'agit du Jean Bé déjà cité.

Tout cela sur fond de mouvements de troupes et de tensions internationales envenimées par les idéologies dominantes. Cela fait beaucoup pour un premier roman de quelque 150 pages. Mais à ceux qui liront jusqu'au bout ce récit foisonnant aux nombreux personnages disparates et attachants, ce roman réserve d'autres bonnes surprises : de remarquables observations et analyses qui donnent à réfléchir. Voir p.ex. celles que j'ai épinglées dans la rubrique des citations.

Qu'il me soit permis d'ajouter que, né en 1943, j'ai moi-même été marqué par ce conflit. Dans le petit village de Lathuy, près de Jodoigne, un cousin âgé de 12 ans rentrait des vêpres dominicales quand, sans raison aucune, un soldat allemand ivre l'a abattu d'une balle dans le dos. Roger Rems ne survécut que quelques jours à ses blessures. Et par compassion, mes parents me placèrent dans cette famille éplorée, où j'ai fait mes premiers pas, etc. La famille Rems ayant quitté le village, les gens de Lathuy continuent d'entretenir et de fleurir la tombe de leur Roger, victime innocente dont le nom est cité dans le recueil des Héros et Résistants de la Seconde Guerre. J'évoque ces faits qui remontent à ma plus tendre enfance pour ajouter un contexte aux cinq étoiles que j'attribue au roman d'Éric Causin à qui je souhaite un succès amplement mérité. (Maurice Devroye – Nov 2019)
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
« À l’usine, tu te sens appelée par un engagement au nom de la justice. C’est magnifique, mais il ne peut y avoir de justice sans amour. Si tu imposes la justice par la haine, avec l’égalité tu gagneras la détestation. La rage au cœur est légitime, jamais la haine des autres. Si tu te bats pour la justice avec rage, par amour des plus petits, sans haine envers les autres, alors tu contribueras à l’émergence d’une véritable communauté humaine. Pendant la guerre, dans ton œuvre d’infirmière, tu n’as pas séparé l’Allemand et le Français, tu les as soignés l’un et l’autre avec la même compassion. Eh bien, fais de même à l’usine. »
(page 79)
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Pauline est révoltée par la guerre. L'idée que des peuples chrétiens s'entre-tuent l'insupporte. Comment jouir encore des plaisirs simples de la vie alors que la bêtise conduit le monde au désastre ?
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« Détrompe-toi. J’ai connu la guerre. Mais j’y ai rencontré des hommes et des femmes qui, malgré l’horreur, restaient convaincus que tout être renferme, selon les mots du Besht, des « étincelles saintes », et que la vocation humaine est de faire jaillir ces étincelles, chacun selon sa propre voie. »
(page 73)
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Aucune différence entre les blessés qui chialent et souffrent de la même manière. Ces ennemis sont des frères qui s'ignorent.
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Si le judaïsme identifie un peuple, alors il lui faut un pays ; s'il caractérise une spiritualité, alors il ne peut s'enfermer dans des frontières.
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