AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,91

sur 82 notes
5
15 avis
4
9 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'était sensé être « un conte fantastique », je me suis dit: parfait pour cet été…..Ahaha, la bonne blague, faut croire que les lectures oppressantes me poursuivent et atterrissent dans mes mains sans même que je m'en aperçoive!!!!♫ Destinée, destinée ♫.

Comme il est dérangeant ce livre, comme il est angoissant, et l'horreur vous poursuit jusque dans vos rêves. Il agit sous la surface de votre inconscient, comme une ombre ténébreuse, pour mieux vous empoisonner la vision idyllique de l'enfance. le trouillomètre est monté haut chez moi, car derrière l'apparence de la naïveté se cache une cruauté et une violence inouïe, de celles qui vous met un malaise sanglant, crocheté sur votre jugulaire.

Vous ne regarderez plus jamais les jolis petits blondinets avec les mêmes yeux! Et méfiez vous des regards vairons ça cache quelque chose aussi….

« Je remarque que les iris de Paul ne sont plus de la même couleur. Il en a un vert et un bleu ».

Enfance pervertie et mythe vampirique se mélange avec brio et efficacité dans cette lecture. le Bayou garde toujours son charme mystérieux et dangereusement exaltant. Impossible de lâcher cette lecture, (vraiment!!!), comme Poil de Carotte, ne peut s'empêcher de lire ce petit carnet venu d'outre tombe, vous serez happé, dans cet univers, même s'il vous laisse un goût fort métallique sur les dents.

En bref, une lecture dont on ne ressort pas indemne!!!!Je compte me procurer le premier tome au plus vite Dans les veines, tellement j'ai été subjuguée par le talent de cette auteure!

Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          340
Poil de Carotte ne tourne pas rond. Tout le monde le pense : ses profs qui ne s'intéressent pas lui, ses camarades de classe qui le tabassent ou l'évitent, son père qui ne lui parle plus beaucoup… Ils n'ont pas tort. Depuis que son frère jumeau est mort, victime d'un accident stupide, quelque chose ne tourne plus rond chez Poil de Carotte. Il se sent seul, horriblement seul, et ferait n'importe quoi pour cesser d'être le souffre-douleur de son école, l'éternel repoussé. Un jour, il découvre dans les ruines d'une maison calcinée un étrange journal datant du XVIe siècle et racontant l'histoire épouvantable de deux jumeaux orphelins vivants à la Nouvelle Orléans et soumis aux sévices d'un marquis corrompu. Il y fait également la connaissance de Gabriel. Gabriel lui ressemble beaucoup : lui aussi a dix ans, lui aussi est seul, lui aussi a perdu un frère adoré. Mais Gabriel n'a rien d'humain, il est trop calme, trop blême, n'apparait que dans les rêves de Poil de Carotte et possède une dentition à faire pâlir de jalousie un requin. Poil de Carotte donnerait beaucoup pour que Gabriel soit son ami mais pour cela, il devra accomplir des actes terribles et plonger au plus noir d'un cauchemar éveillé…

Disons le tout de suite, les romans vampiriques ne me bottent pas particulièrement. Non que je n'ai pas un faible comme tout le monde pour les buveurs de sang, mais il y a tellement de clichés accrochés au genre, tellement de poncifs narratifs, qu'il est généralement très difficile de séparer le bon grain de l'ivraie. Avec son curieux petit roman, aussi profondément dérangeant que fascinant, Morgane Caussarieu prouve que l'on peut encore faire preuve d'originalité sur un sujet pourtant rongé jusqu'à la moelle. Oppressant et morbide, « Je suis ton ombre » tient davantage du conte de fée maléfique que du roman horrifique. Il s'en dégage une atmosphère poisseuse, un parfum de pourriture et de sang frais qui vous poursuit longtemps un fois le livre refermé. le roman aborde avec succès le sujet des enfants maltraités et pervertis, y mêlant habilement une mythologie vampirique remaniée à la sauce vaudou. Très bon style également, pouvant déstabiliser le lecteur dans un premier temps par son côté cru et argotique, mais auquel on s'habitue très rapidement. A déconseiller aux âmes trop sensibles, mais les autres passeront un agréable moment à frissonner au coin de leur cheminée !
Commenter  J’apprécie          152
Je suis ton ombre » est l'histoire d'un jeune adolescent, Poil-de-Carotte, inutile de préciser les origines d'un tel sobriquet. On comprend vite que ce jeune garçon, n'a pas une enfance des plus épanouies, en échec scolaire, souffre douleur, maigrelet et vivant dans une certaine misère sociale et rurale. Au fil du roman on en apprend plus sur le drame familial qui s'est joué. Son père infirme, défiguré ne peut plus gérer seul son quotidien, c'est donc au gamin qu'incombe les nombreuses corvées d'une ferme en partie rénovée. Alors qu'il rentre un soir après l'école, il se fait défier par un chat noir qui lui parle. Il chevauche sa ponette pourtant pleine, et arrive aux abords d'une vieille bâtisse calcinée, il rentre à l'intérieur, l'arpente dans l'espoir de retrouver ce satané félin et se retrouve dans la cave, où il est pris de peur par un squelette pendu par les pieds, percute un coffre, s'enfonce une grosse écharde dans le genou, ramasse un carnet dans le coffre, voit un fantôme ?! Des ombres ?! Massacre un rat au passage … Rentre chez lui en laissant la ponette agoniser en plein milieu d'un chemin... Il arrive chez lui tétaniser, curieux ouvre le carnet lis la première ligne « Si tu lis ces lignes, prie que je sois déjà mort, sinon, c'est toi qui mourra... ». Il jette le carnet sous l'armoire se réfugie sous son oreiller et rêve de Paul... Puis finalement, ne résistera plus très longtemps avant de rouvrir ce carnet et d'être totalement fasciner par son contenu.

Sous une plume des plus efficaces, on est emporté par « Je suis ton Ombre », entre récit oppressant, étouffant et sadisme écoeurant, le roman nous entraîne ...
la suite sur le blog
Lien : http://laprophetiedesanes.bl..
Commenter  J’apprécie          70
Alors que je l'ai croisée plusieurs fois en salons du livre, je n'avais encore jamais découvert l'univers de Morgane Caussarieu… jusqu'en octobre dernier puisque j'ai profité du Pumpkin Autumn Challenge 2019 et surtout de la période d'Halloween pour me plonger – en lecture commune avec Monsieur Loup – dans Je suis ton ombre.
Je connaissais la réputation de l'autrice et son look fait le reste alors je n'ai pas été particulièrement surprise par les scènes trash et glauques rencontrées au cours de ma lecture ; mais sont-elles toutes utiles ? Ça, je me le demande encore.

Poil-de-Carotte est un jeune adolescent souffre-douleur. Il me semble qu'on ne nous livre d'ailleurs jamais son véritable prénom ; tous ne voient de lui que sa couleur de cheveux. Clin d'oeil également à l'oeuvre emblématique de Jules Renard dont le jeune héros n'est pas sans rappeler notre adolescent du XXIe siècle : enfant délaissé, grandissant dans la solitude, proche des animaux et surtout… victime qui se transforme petit à petit en bourreau sadique grâce à quelques prédispositions assez inquiétantes.
Le Poil-de-Carotte de Morgane Caussarieu vit seul avec un père handicapé dans une vieille baraque isolée et délabrée, employé aux corvées, malmené au collège avec pour seul et unique ami, un autre paria de la cours d'école, David le « p'tit gros ». On sent l'enfant qui a connu un drame – où est le reste de la famille ? Que sont-ils devenus ? – et qui se raccroche encore un peu à la normalité et à la « bienveillance » mais qui, à cause de son environnement et surtout à cause de la lecture d'un ancien journal intime découvert dans la ferme hantée d'à côté, va franchir la ligne et définitivement passer de l'autre côté.
C'est clairement un anti-héros, un personnage détestable auquel on tente d'abord de trouver des excuses mais qui, par ses propos et gestes, devient « irrécupérable ». Je ne me suis donc pas attachée à lui mais je n'ai pas pu lâcher le livre avant de connaître le fin mot de l'histoire. Les dernières lignes ont d'ailleurs fait évoluer mon ressenti puisque c'est finalement de la pitié que j'ai éprouvée pour lui.

Si Poil-de-Carotte semble plutôt prédisposé à devenir un adolescent infréquentable (c'est peu dire), la lecture d'un journal intime bien particulier sera l'élément qui mettra le feu aux poudres. Comme s'il ne manquait que l'étincelle pour qu'il découvre son vrai « lui » et se révèle aux yeux de tous (ce qui n'est pas sans rappeler ma lecture précédente de Dévoreur dans laquelle un homme « normal » voyait ses pires instincts sortir de l'ombre et se transformait en Ogre).
Ce journal est rédigé par un autre enfant, un poil plus jeune mais vivant à des milliers de kilomètres de la Gironde et quelques centaines d'années plus tôt. Il est né à la Nouvelle-Orléans et vit en parfaite osmose avec son frère jumeau, auprès de leurs parents biologiques et surtout de la maîtresse de leur père : une esclave indienne. C'est l'arrivée d'un riche propriétaire terrien possédant de nombreuses plantations et de nombreux esclaves noirs qui commencent à s'attacher à eux qui est l'élément déclencheur de tout le reste.
Poil-de-Carotte découvre l'histoire des deux frères, histoire qui semble trouver un écho en lui… d'autant plus qu'en parallèle de cette lecture, quelques phénomènes étranges se mettent en place autour de lui : un chat noir qui parle, une apparition fantomatique, des visions dans ses rêves…

J'avoue que pendant une très grande partie du livre, je me suis demandée si notre jeune héros n'était pas un sociopathe (ou un schizophrène) en puissance qui imaginait le tout pour justifier ses actes… et c'est clairement une explication qui m'aurait séduite. Mais non, le surnaturel est là et bien admis sous la plume de Morgane Caussarieu.
Et finalement, les origines et l'utilisation qu'elle offre à certains mythes « fantastiques » m'ont convaincue. Je ne m'y attendais pas et ressors donc satisfaite de ma lecture.

J'ai aimé le découpage du livre en deux narrations distinctes. La première dédiée au présent de narration de Poil-de-Carotte est plein de verve, dans un style très oralisant (presque de l'argot), très dynamique. La deuxième (en italique) correspond aux pages du journal intime prenant place à la Nouvelle-Orléans quelques siècles plus tôt ; c'est donc dans un langage plus soutenu et malgré l'utilisation là aussi du point de vue interne, c'est plus un « nous » qu'un « je » auquel nous avons affaire.
La plume de Morgane Caussarieu est très efficace. Les personnages s'animent sous nos yeux, les scènes fonctionnent parfaitement. Ce qui occasionne des moments malsains puisqu'à l'atmosphère un peu creepy/crado, l'autrice ajoute des passages carrément glauques et peut-être un peu poussés à l'extrême alors que ce n'était peut-être pas forcément utile. Je pense à la mort de la ponette (était-il nécessaire qu'elle soit pleine ?) ou au viol dans le blockhaus. Entre autres scènes et sans vouloir trop en dire.

Une première incursion réussie dans l'univers de Morgane Caussarieu. Et un titre que je recommande pour l'automne prochain, l'atmosphère crado/creepy/malsaine s'y prête particulièrement bien. Mais attention, âmes sensibles s'abstenir, rien ne nous est épargné !
Lien : http://bazardelalitterature...
Commenter  J’apprécie          60
De l'hémoglobine, des cadavres et un voyage dépaysant au coeur de la Louisiane du XVIIIe siècle... Aucun doute, il s'agit bien d'une histoire de vampires !
Seulement la cruauté et la perversité ne touchent pas que les adultes, elles pourrissent aussi l'âme des enfants.

Un roman d'une noirceur implacable, que l'on a bien du mal à refermer une fois la lecture entamée.
Commenter  J’apprécie          40
Morgane Caussarieu signe là un roman que l'on déteste adorer. Elle mélange les thèmes du vampire et de l'enfance dans un texte hypnotique, cru, à la fois difficilement supportable et impossible à lâcher, laissant le lecteur pantelant de son plaisir coupable d'avoir dévoré cette histoire abominable comme il aurait dévoré le dernier best-seller le l'été.

Lien : https://journal-eclectique.b..
Commenter  J’apprécie          30
Une chose est sûre plus je lis du Caussarieu plus j'aime cette autrice… Ce second roman et suite de Dans les Veines est réellement une réussite.

On retrouve, comme dans le premier de cette série, cette écriture habitée par une certaine résignation, l'ambiance est lourde, pesante, suffocante même. Elle vous traîne brutalement par le col dans cet univers où la violence de l'humain règne en maître.

Il semble que toutes les perversions soient possibles dans les univers de Caussarieu… Elle brosse le tableau d'une humanité qui n'a plus rien d'humain, qui avilie le beau et déprave le pur. Les idéaux sont toujours désenchantés et les héros des anti-héros qui, plus malant que bonnant, survivent comme ils peuvent…

Si Dans les veines axait son intrigue sur la violence du vampire qui rivalisait avec la violence humaine, ici on prend le mal à la source et la magie obscure de Caussarieu opère, progressivement, on arrive à tomber dans un mal plus sombre, si sombre qu'on en viendrait à voir les vampires du premier tome, ou au moins Gabriel, comme des anges vengeurs…

Le narrateur de ce roman, excepté pour les pages du journal, est le personnage principal, Poil de Carotte, un gamin de 12 ans endurci par les épreuves, la marginalisation et le harcèlement scolaire. Dans un langage oral de charretier et argotique, cet anti-héros borderline nous plonge dans l'intimité de ses pensées et de ses émotions, on assiste progressivement à l'effacement des limites du bien et du mal… le jeune âge de ce protagoniste ne fait qu'ajouter au malaise de le voir sombrer petit à petit dans l'abysse…

Il est, dans sa temporalité, entouré de personnages secondaires tout autant fracassés et pervertis, David est peut-être le seul à réussir à maintenir un semblant d'équilibre dans cet univers mais étant d'une famille riche et donc ayant le « pouvoir de » il ne peut servir de modèle, la justification de lui faire du mal est même toute trouvée d'autant plus qu'il est faible et soumis…

L'autrice nous offre plusieurs univers en un grâce au journal de l'un des jumeaux et aux rêves, tout en maîtrise elle inclut un récit dans le récit qui se tient et s'interpose dans la temporalité actuelle à intervalle régulier.

Le duo Jean/ Uriel et Jacques/ Gabriel, dont la temporalité se trouve en Louisiane dans le Bayou quelques siècles plus tôt, est très intéressant comme entité fraternelle tantôt se définissant par la ressemblance, voire l'unité, tantôt empruntant des chemins tout à fait opposés… Leur relation en élastique et leurs malheurs justifient tout autant d'amener le mythe de l'origine des vampires que de s'approcher d'un abîme de violence.

Caussarieu maîtrise son roman de bout en bout, tant dans l'écriture que dans la temporalité, tant dans l'émotion que dans la psyché, tant dans la description que dans l'action. On a un roman qui fonctionne parfaitement.

Ses protagonistes sont intéressants et complexes, la narration intimiste est malaisante et nous happe, le double récit mené de main de maître maintient le suspense tout en ajoutant de nombreux éléments d'intrigue, et le tout toujours avec cette excellente écriture très sensorielle et imagée et, sous-jacente au récit, on nous livre une réflexion profonde sur la nature humaine, ses perversions et sa résilience qui ne mènent pas toujours sur des chemins dorés…

Âmes sensibles s'abstenir, on est sur du dérangeant, cela peut choquer le lecteur non averti ou trop sensible, les scènes sont décrites de façon explicite donc si vous craignez la violence, le viol, la torture, etc., passez votre chemin…

Contrairement au précédent roman Dans les Veines, je n'ai aucun bémol, j'ai passé un excellent moment à frémir en tournant les pages. J'ai hâte de découvrir les autres oeuvres de Caussarieu.

En conclusion donc, un roman terrifique coup de coeur où la bestialité des vampires rivalise avec la bestialité des humains et où les adultes, normalement gage de sécurité pour les enfants, sont soit trop faibles pour réellement les protéger, soit deviennent l'origine de la perversion de leur pureté et de leur innocence. le tout porté par une écriture maîtrisée et un univers brossé à la perfection. Je recommande aux amoureux du genre…
Lien : https://labougiedevinayaka.w..
Commenter  J’apprécie          20
« Si tu lis ces lignes, prie que je sois déjà mort, sinon, c'est toi qui mourras... »

Après « Dans les veines », Morgane Caussarieu publia « Je suis ton ombre », un autre roman très sombre. Cette fois, nous quittons la période compliquée de l'adolescence et des émois amoureux, aussi dangereux soient-ils, pour celle pas plus facile de l'enfance. le protagoniste, simplement nommé Poil de Carotte à cause de sa couleur de cheveux, est un jeune garçon à l'existence difficile que l'on plaint même s'il n'est pas un ange pour autant. Souffre-douleur des voyous de son école, surtout du chef de la bande qu'il aimerait impressionner, et de son père infirme, le garçon se sent très seul. Vient un jour où il se retrouve près d'une ancienne ferme brûlée et découvre un journal intime ayant appartenu à un garçon vivant dans la Louisiane d'il y a plusieurs siècles. À mesure qu'il le lit, des choses étranges se produisent autour de lui comme un chat parlant, une voix résonnant dans sa tête et les apparitions d'un garçon blond.

Poil de Carotte est le narrateur et son langage familier donne un côté réaliste du fait de son âge et de son milieu, et cela offre un contraste lors de la lecture du journal qu'il peine à lire de par son manque de culture et son manque d'intérêt pour la lecture au premier abord. Cette découverte de la Nouvelle-Orléans du XVIIIe siècle est vraiment intéressante, on est plongé dans l'ambiance du bayou et de la magie grâce au personnage de la Sauvagesse, et on est de tout coeur pour l'auteur de ces lignes, un petit garçon de huit ans et son frère jumeau dont la vie n'est pas plus simple que celle de Poil de Carotte qui découvre le plaisir et la fascination qu'exerce la lecture.
Encore une fois, c'est très sombre, pessimiste, cruel, mais on est vraiment emporté par l'histoire. Personnellement, je n'avais pas pu lâcher ma lecture : j'avais lu « Dans les veines » et « Je suis ton ombre » dans la foulée et plusieurs heures quasi d'affilée. On peut dire que j'ai eu un coup de coeur, moi qui voulais de la vraie noirceur à lire. Je n'ai pas été déçue du tout ! Fan de vampirisme, de l'horreur, des récits impitoyables, foncez !
Commenter  J’apprécie          20
Je savais que je me plongeais dans un univers sombre et glauque en ouvrant le livre, et le contrat est d'ores et déjà annoncé et respecté : le jeune héros n'est jamais nommé autrement que par le sobriquet « Poil de Carotte », ce qui selon moi annonce également la couleur – et là je ne parle pas de son caractère rouquin mais plutôt de l'ambiance du roman de Jules Renard, que j'avais d'ailleurs copieusement détesté, mais qui au contraire de titre m'a également ennuyée. Ce gamin, malgré son jeune âge (12 ans), est déjà très perturbé, et bien qu'ayant une certaine maturité celle-ci s'exprime autant dans ses quelques bons côtés que dans ses déviances. Son quotidien est tout sauf rose : son père est horriblement défiguré suite à un accident dont il est plus ou moins responsable, et qui a également causé la mort de sa mère et de son frère jumeau, Paul ; à l'école il est le souffre-douleur de tous ses camarades, le gosse un peu détraqué qui a perdu sa famille et dont le père fiche la frousse à la moitié du village ; les quelques personnes qui ne le traitent pas mal ne le traitent pas véritablement bien non plus. Son seul ami est comme lui un paria parmi les autres élèves, et leur relation tient plus de la compagnie mutuelle que de la véritable entente.

Le jour où son frère défunt commence à lui apparaître sous forme de fantôme, il a donc plein de raisons de péter définitivement un câble. D'autres manifestations surnaturelles font irruption plus ou moins subitement dans son environnement : un chat bavard, des légendes urbaines qui semblent avoir laissé des traces dans le présent, et un journal intime vieux de 300 ans écrit par un jeune garçon qui avait lui aussi un frère jumeau. Dans un premier temps le lecteur peut avoir l'impression que cette dernière découverte va bouleverser sa vie de manière positive, mais ne rêvez pas trop… Si cela va bien chambouler sa vie jusqu'à la toute dernière page du livre son influence est loin d'être bonne, et pour cause : si la vie de Jean, le narrateur, est au départ plutôt belle, il a lui aussi traversé des épreuves qui l'ont quelque part brisé. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé cette partie un peu exotique, se déroulant dans la Nouvelle-Orléans des années 1700, entre vie sauvage et histoires de bayou, et réalité sociale mêlant festivités mais aussi terribles atrocités de l'esclavage battant son plein, où les indiens autochtones sont considérés comme à peine plus humains que les prisonniers débarqués des négriers, où la torture pour le plaisir et la pédophilie sont choses courantes dans certaines « bonnes maisons »… Les deux lignes narratives se font ainsi écho, en un certain sens, même si les évènements et personnages sont très différents. le jeune narrateur va d'ailleurs assez vite sinon s'identifier au narrateur d'il y a trois cents ans du moins se plonger dans une lecture obsessive, entre échappatoire et curiosité malsaine.

Le journal, le chat, et le fantôme vont influencer notre gosse perturbé de différentes manières, renforcées par l'envie désespérée de se faire des copains à l'école, de redorer son image à n'importe quel prix, et tout ceci va le conduire à tomber du mauvais côté de la Force lors d'événements et d'actions dont il est tantôt le complice plus ou moins assumé, tantôt carrément l'instigateur. Certaines scènes m'ont vraiment fait grincer des dents, une en particulier m'a bien retournée car au-delà de l'idée elle-même le jeune âge des protagonistes me l'a rendue encore plus abominable ; mais une ou deux autres ne se classent qu'à peu de distance derrière sur l'échelle de l'inacceptable mis en place par l'auteure.

Je me dois de mettre en garde les lecteurs de manière générale (au cas où les détails dans les deux derniers paragraphes vous auraient laissé un doute) : ce livre est en même temps dur, horrible, trash et sordide, et ne conviendra pas à tout le monde. Il est définitivement, et tout du long, dérangeant, et si des détails nous sont épargnés ce n'est que partie remise pour un prochain chapitre.

Honnêtement si on m'avait juste vendu le livre sous ces termes peut-être que je n'y aurais jamais mis mon nez. En réalité on ne m'a rien vendu du tout mis à part un bon livre, glauque certes, mais très bien écrit, et de ce côté-là il est génialissime. La seule atmosphère est pesante, sordide et dérangeante tout du long quasiment sans aucune pause – à chaque fois qu'on pourrait s'attendre à du mieux non seulement l'amélioration est toute relative, mais en plus elle est très vite coupée dans son élan par une surenchère d'horreur ou de bizarre qui met mal à l'aise. En effet Caussarieu joue énormément sur le suspense, le sous-entendu, l'implicite ; elle nous dévoile une partie seulement du tableau et nous garde les bouts les plus sombres pour le dessert, lorsque le plat de résistance déjà aura été trop copieux et nous sera resté sur l'estomac ; et en même temps elle ne résiste pas à l'envie de nous glisser une ou deux références à la suite, quelques indices plus ou moins subtils sur ce qu'on ne connait pas encore, que cela soit déjà passé ou à venir. Temporellement parlant je me suis sentie piégée : on ne connaît pas encore toutes les horreurs du passé qu'on nous en annonce plus pour l'avenir (ou bien on les voit venir), et le présent ne tourne pas rond non plus. Il n'y a aucune échappatoire.

J'ai aussi adoré (ou détesté, la plupart du temps, ou adoré détester, des fois je ne savais plus) son appel à tous nos sens, même si je considère que Poppy Z. Brite s'en sortait mieux, dans le même genre. Ceci dit c'est franchement immonde quand ça doit l'être, on nous donne des odeurs ou des perceptions tactiles autant que du visuel, et la focalisation interne renforce cette impression. D'un autre côté cela renforce aussi l'impression d'horreur, et de désir de désolidarisation du lecteur lors des actions les plus laides du héros – autant on peut s'attacher au pauvre gamin du début, autant arrivé à un certain point cela devient très difficile de continuer. Bref, c'est ignoblement bien géré et je ne pense pas être la seule à tourner la dernière page avec cette sensation d'écoeurement nichée au creux des tripes.

En parlant de la fin, si j'avais vu venir le twist, très en phase avec ce type de folklore, je n'en suis absolument pas déçue et je le trouve extrêmement cohérent avec l'ensemble de l'intrigue et du contexte de la fin. Quelque part, cela change effectivement un peu la donne de l'épilogue, et même si ça reste horrible, eh bien ça me convient bien mieux que plein d'autres choses du livre ! (ou comment l'auteure arrive à vous faire faire des choix amoraux).

Je suis très vite tombée sous le charme malsain de ce texte tout sauf joyeux, qui nous vend du quotidien sordide d'un gamin esseulé et perturbé dans une sombre cambrousse, sur fond de surnaturel qui rattrape finalement la réalité sous des formes plus ou moins subtiles. Si je ne peux pas le recommander à tous pour une simple question de sensibilité (PEGI 18), c'est une oeuvre de très bonne qualité, et j'irai très certainement piocher d'autres titres de cette auteur à l'occasion.
Lien : https://croiseedeschemins.wo..
Commenter  J’apprécie          20
Poil de carotte, un gamin qui vit dans un petit village de campagne, est le souffre-douleur de ses camarades. Alors qu'il rêve d'intégrer la bande du petit "caïd" de l'école, Timmy, il va tomber un jour sur un carnet étrange qui a tout du journal intime. Et pour cause, ce petit journal relate la - courte - vie d'humain de Gabriel, le jeune vampire sadique de Dans les veines...

Ça faisait un petit bout de temps que je voulais sortir de ma pile à lire ce roman-là, sans que je trouve le temps de le faire. C'est enfin chose faite et j'ai renoué avec l'univers de Morgane Caussarieu: violent, malsain, à ne pas mettre entre toutes les mains, bref ce qui s'annonce être un régal.

Et donc, on revient ici sur le personnage de Gabriel, le gamin-vampire, jaloux et complètement flippant du premier roman de l'auteure. On découvre ses derniers moments en tant qu'humain dans les bayous, à la Nouvelle-Orléans, à l'époque où l'on colonise ce nouveau monde avec en prime le commerce triangulaire. On assiste également à la transformation de Gabriel en vampire. Mais tout cela ne va pas se dérouler dans le plus grand des calmes : Gabriel va vivre un calvaire, à la limite du supportable, car encore une fois les vampires n'ont pas le monopole de la monstruosité, les humains sont eux aussi des monstres dans leurs domaines respectifs... (Gabriel en devient presque attachant. Presque.)

J'ai dévoré Je suis ton ombre en une soirée, tellement on se retrouve vite transporté dans l'univers immersif de Morgane, on s'y croirait, surtout dans les bayous. La chaleur, l'humidité, les bestioles qui grouillent, les vêtements qui collent à la peau... C'est toujours un plaisir, rien que pour cette immersion, de lire les récits de cette auteure.

Encore une fois, j'en ressors ravie et j'ai très très envie de sortir de ma PàL Vampires et Bayous pour pouvoir continuer sur cette lancée !
Lien : http://onceuponatime.ek.la/j..
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (235) Voir plus



Quiz Voir plus

Ce film d'horreur et d'épouvante est (aussi) un roman

Jack Torrance, gardien d'un hôtel fermé l'hiver, sa femme et son fils Danny s'apprêtent à vivre de longs mois de solitude. Ce film réalisé en 1980 par Stanley Kubrick avec Jack NIcholson et Shelley Duvall est adapté d'un roman de Stephen King publié en 1977

Le silence des agneaux
Psychose
Shinning
La nuit du chasseur
Les diaboliques
Rosemary's Baby
Frankenstein
The thing
La mouche
Les Yeux sans visage

10 questions
966 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , horreur , epouvanteCréer un quiz sur ce livre

{* *}