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EAN : 9782354085469
Mnémos (02/03/2017)
3.5/5   5 notes
Résumé :
Par David Calvo, Morgane Caussarieu, Fabien Clavel, Raphaël Granier de Cassagnac, Neil Jomunsi, Sylvie Miller & Philippe Ward, Alex Nikolavitch, Laurent Poujois, Timothée Rey, Vincent Tassy & Randolph Carter

« Tout ce que j’ai écrit, je l’ai d’abord rêvé. »

Voici onze clés oniriques, onze histoires enchantées, magiques, fantastique, horrifiques qui vous permettront d’explorer encore plus loin, encore plus profondément les fabuleuses et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
MNÉMOS RÊVE



Dans la très, très riche actualité lovecraftienne francophone de ces derniers mois, chez les Indés de l'Imaginaire mais aussi ailleurs, La Clé d'argent des Contrées du Rêve se distingue peut-être, d'abord parce que l'on fait cette fois dans la fiction, ensuite parce que c'est en usant d'un cadre lovecraftien pas si pratiqué ou mis en avant : les Contrées du Rêve, donc.



Maintenant, il est vrai que Mnémos semble entretenir une relation particulière avec les Contrées – relation qui remonte au moins à la nouvelle traduction par David Camus, sous le titre donc Les Contrées du Rêve, de l'ensemble des nouvelles « dunsaniennes » de Lovecraft, incluant Démons et Merveilles, soit le « cycle de Randolph Carter », auquel le titre de la présente anthologie fait clairement allusion, mais aussi toutes les autres nouvelles « oniriques » : « Polaris », « La Malédiction de Sarnath », « Les Chats d'Ulthar », « Les Autres Dieux », et j'en passe.



Exactement au même moment, l'éditeur avait publié le très beau Kadath : le guide de la cité inconnue, superbement illustré par Nicolas Fructus (dans son édition originale : la reprise ultérieure se passe de la dimension graphique, ce qui me laisse assez sceptique…), avec des textes de David Camus donc, Mélanie Fazi aussi (surtout ?), Raphaël Granier de Cassagnac et Laurent Poujois. de la bonne came, ces deux bouquins…



Plus récemment, cependant, on a (re)trouvé chez Mnémos des choses… nettement moins bonnes, avec deux gros volumes pseudo-lovecrafto-oniriques de l'inqualifiable Brian Lumley. Ce qui, peut-être, fausse un peu mon jugement concernant la présente anthologie ? C'est dommage, mais…



ONIRIQUE… ET PÉRILLEUX



Cela dit, ce n'est clairement pas la plus évidente des matières, les « Contrées du Rêve »… C'est même assez franchement périlleux, et à plus d'un titre.



Dont un, bizarrement, ne ressort pas du tout ici – et notamment de l'introduction de Frédéric Weil : à l'exception de « Polaris », si l'on en croit Lovecraft lui-même, ces récits sont à certains égards des sortes de pastiches – de l'immense Lord Dunsany, donc. Les Dieux de Pegāna, le Temps et les Dieux, L'Épée de Welleran, Contes d'un rêveur (parmi lesquels « Jours oisifs sur le Yann », nouvelle séminale en la matière), le Livre des merveilles, le Dernier Livre des merveilles… Autant de splendides petits recueils qui ont fourni, sinon la base ou le substrat, du moins des modèles pour que Lovecraft développe son propre univers onirique et baroque, au lexique chatoyant. Dès lors, pasticher Lovecraft dans les « Contrées du Rêve » peut revenir, indirectement, à pasticher Dunsany via les propres pastiches de Lovecraft ?



En théorie. Car, et ce n'est pas la moindre surprise de cette anthologie, aucun des auteurs ici présents (hors cas « ambigu » de « Randolph Carter », j'y reviendrai…) ne joue vraiment de cette carte merveilleuse. Laurent Poujois s'en approche timidement par endroits, Alex Nikolavitch et Vincent Tassy peut-être, avec moins de réussite, les autres n'essayent même pas ; il n'est pas dit qu'on puisse vraiment leur en vouloir, ni que ce soit forcément problématique…



Les « Contrées du Rêve », après tout, peuvent avoir d'autres couleurs – et la fantasy lovecraftienne, souvent, conserve quelque chose de l'horreur du Monde de l'Éveil ; cette fois, quelques auteurs s'en souviennent, mais somme toute assez peu, ou sans guère de réussite en tout cas.



Or ces différents registres ont leurs risques propres – et contribuent à rendre périlleux l'exercice d'équilibriste de Lovecraft, dont nombre des récits « dunsaniens » sont sur la corde raide : un faux pas et l'on tombe, ce qui charme et fascine s'avérant en fin de compte seulement grotesque au mauvais sens du terme, autant dire ridicule. Les auteurs se montrant prudents, ici, voire timorés, ils évitent pour l'essentiel cet écueil… sauf Sylvie Miller et Philippe Ward d'une part, et Vincent Tassy de l'autre, qui, chacun à sa manière, sautent à pieds joints dessus (et se cassent la gueule, comme de juste).



Autre ambiguïté du registre : la dimension proprement onirique de ces Contrées. Contre leur dénomination même, elle est en fait parfois discutable… Christophe Thill, dans un article figurant dans Lovecraft : au coeur du cauchemar, y insiste, à bon droit sans doute, même si je n'irais probablement pas jusqu'à me montrer aussi catégorique. Mais il y a bien une autre ambiguïté à cet égard, qu'il faut relever : ces Contrées sont peut-être oniriques (car on rêve beaucoup dans ces textes de Lovecraft, dont la célèbre citation est reprise ici en mot d'ordre : « Tout ce que j'ai écrit, je l'ai d'abord rêvé. »), ou peut-être pas, plutôt antédiluviennes ; ou alors les deux tout à la fois… Pourquoi pas, après tout ?



Cela a son importance, qui fait le partage entre une fantasy « classique », limite avec carte à l'appui, et quelque chose de bien moins organisé. La plupart des auteurs, ici, me semblent appuyer sur la dimension onirique, même en en évacuant le merveilleux – et souvent en faisant explicitement l'aller-retour entre Contrées du Rêve et Monde de l'Éveil ; ce qui paraît couler de source, alors qu'au fond, si l'on veut bien s'y arrêter un instant, ça n'a rien de si évident : en fait, cela introduit bel et bien un biais.



Et il y en a peut-être encore un dernier, pas forcément si inattendu que cela chez Mnémos, au vu de l'origine même de l'éditeur : la dimension rôlistique. Je crois qu'elle a laissé son empreinte (« mythique », si l'on y tient), et que les « Contrées du Rêve » ici arpentées doivent beaucoup à Sandy Petersen et compagnie, au projet préalable à L'Appel de Cthulhu – jeu dérivé de l'idée d'un supplément sur « Les Contrées du Rêve » pour Runequest… Pourtant sans insister sur la fantasy. Ce qui n'est pas forcément un problème, là non plus – mais conserver cette idée derrière l'oreille peut faire sens en cours de lecture, ai-je l'impression.



(Note : depuis cette chronique, au passage, j'ai eu l'occasion de causer des Contrées du Rêve rôlistiques, rééditées chez Sans-Détour.)



Y CROIRE ?



Reste que, si cette anthologie souffre avant tout d'un problème, il est tout autre… et bien autrement gênant. J'ai l'impression en effet d'un livre conçu sans y croire, d'une anthologie où les auteurs, au fond, et en tout cas la direction d'ouvrage, ne se sont pas « impliqués ». Même auprès des auteurs les plus sensibles à la dimension lovecraftienne, notamment pour en avoir déjà fait usage ailleurs, éventuellement de manière frontale, demeure ici l'impression vaguement ennuyeuse d'une commande. le tout manque d'application et de cohérence, du coup… mais aussi et surtout d'enthousiasme ?



Sur le format relativement court de l'anthologie, c'est pour le moins frappant – et ça ne l'est que davantage, quand le dernier et le plus long texte du recueil et de loin, les « Fragments du carnet de voyage onirique de Randolph Carter », se contente sur une cinquantaine de pages de citer expressément Lovecraft, et/ou de broder sur ses descriptions « oniriques » sans même s'embarrasser d'une narration ! Or cet ultime texte confirme que les auteurs des nouvelles précédentes n'ont en fait même pas essayé de jouer de la carte baroque et chatoyante… Et il a d'autres connotations regrettables, sur lesquelles je reviendrai en temps utile.



Et, décidément, même en jouant au bon public dans la mesure de mes capacités (non négligeables) pour ce faire, je ne peux certes pas accorder une bonne note à cette anthologie ; on dit parfois « ni fait ni à faire », et c'est une expression hélas appropriée au contenu de cette anthologie …



Ma chronique pour Bifrost synthétise et « rassemble » les textes. Ayant davantage de souplesse rédactionnelle sur ce blog autorisant des développements bien plus amples, je vais tâcher de dire quelques mots de chacun de ces textes, dans l'ordre de présentation.

URJÖNTAGGUR



On commence avec « Urjöntaggur », nouvelle signée Fabien Clavel – un auteur que je n'ai à vrai dire jamais « pratiqué » (le bien grand mot…) que dans ce registre de la « plus ou moins commande », ce qui peut influer sur mon jugement. Mais le fait est que ce texte m'a paru sonner faux…



C'est d'autant plus regrettable qu'il contient des bonnes choses – avec un potentiel graphique et onirique marqué, des clins d'oeil plutôt amusants aussi… Et, bien sûr, la dimension épistolaire, très adéquate.



Sauf que je n'ai donc pas l'impression d'un auteur qui « croit » en ce qu'il écrit – et j'ai bien au contraire la conviction qu'il ne fait finalement rien pour que le lecteur, au moins, y croie. Dimension rôlistique, avançais-je plus haut ? Peut-être, mais de manière ratée… La nouvelle m'a immanquablement évoqué un « scénario » conçu sur le pouce, pour une séance imprévue, en jetant au dernier moment les dés pour bâtir fissa quelque chose sur la base de tables aléatoires. Il y en a de bonnes, et cette méthode peut donner des choses très amusantes – mais à condition d'y travailler un peu plus, ne serait-ce que pour bétonner l'agencement. Sinon, ce ne sont que des cases dans des tableaux – des fragments qui au fond ne conduisent à rien ; et, au bout de la partie comme au bout de cette nouvelle, j'ai passé le temps, oui, mais sans vraiment m'amuser, et je n'en retiendrai rien.



Les gimmicks « stylistiques » de l'auteur ne font en fait que renforcer cette impression. La dimension épistolaire pouvait donner quelque chose d'intéressant, mais Fabien Clavel fait dans le gratuit (anglicismes, fautes d'accord), dans une vaine tentative, mais d'autant plus voyante, de conférer de la personnalité à ses protagonistes ; c'est au fond parfaitement raté, au mieux inutile. Et l'artifice n'en ressort que davantage.



Ce n'est même pas forcément que ce texte est « mauvais » : d'une certaine manière, il n'existe pas…



Hélas, il n'est pas le seul dans ce cas, ici.



LE RÊVEUR DE LA CATHÉDRALE



Suivent Sylvie Miller et Philippe Ward, pour « Le Rêveur de la cathédrale ». le Noir Duo a pu, occasionnellement, livrer des choses tout à fait correctes, souvent dans un registre populaire, léger et divertissant, « Lasser » ou pas, mais pas que. Bien sûr, quelqu'un qui se fait appeler Philippe Ward n'a guère besoin de mettre en avant d'autres arguments pour témoigner de son goût pour Lovecraft…



Reste que cette nouvelle est un échec total – et qui, bizarrement, aurait sans doute gagné à se débarrasser de ses oripeaux guère seyants de lovecrafterie. Sur la base d'un cadre narratif qui aurait pu être intéressant (la basilique de Saint-Denis) mais qui s'avère bien vite inexploité, et d'ici à une conclusion tellement convenue que c'en est gênant, elle nous inflige un Nyarlathotep parfaitement grotesque, et un Randolph Carter qui l'est à peu près autant (outre qu'il est tout sauf sympathique – ce qui aurait pu constituer un bon point, je suppose, mais dans encore un autre univers parallèle) ; j'ose espérer que c'était délibéré de la part des auteurs, d'une certaine manière, mais sans en être totalement certain…



Et au final ? Là encore, une nouvelle « qui n'existe pas ».



DE KADATH À LA LUNE



Raphaël Granier de Cassagnac, pour sa contribution intitulée « De Kadath à la Lune », fait dans l'autoréférence, en brodant façon bref spin-off sur son texte dans Kadath : le guide de la cité inconnue, il y a de cela quelques années déjà. L'idée n'était pas mauvaise, même si tout cela est bien lointain pour moi… Mais cela a pu susciter quelques « flashs » occasionnels – cependant, plutôt dans son évocation du segment dû à l'époque à Mélanie Fazi, avec le personnage d'Aliénor. Eh…



Ce que Raphaël Granier de Cassagnac avait conçu dans ce cadre avec son « Innomé » était plutôt réussi, pourtant, et ne manquait pas d'à-propos, en fournissant au lecteur un guide de choix pour arpenter Kadath. En dehors de ce contexte, par contre, et avec cette seule anthologie pour référence, ça ne fonctionne hélas pas… et cela aboutit à un nouveau texte « inexistant ». Dommage…



CAPRAE OVUM



« Caprae Ovum » est une nouvelle d'Alex Nikolavitch, que je n'avais longtemps pratiqué qu'en tant qu'essayiste et traducteur (de BD notamment), sauf erreur, mais qui a publié assez récemment son premier roman, Eschatôn, aux Moutons Électriques – un roman, d'ailleurs, non dénué d'aspects lovecraftiens, et l'éditeur avait mis cette dimension en avant ; un roman, hélas, qui ne m'avait pas convaincu… mais pour de tout autres raisons (ses aspects lovecraftiens sont assez réussis, objectivement).



Avec la présente nouvelle, il nous livre un périple onirique adapté à la logique des rêves et/ou des cauchemars. Idée qui fait sens, sans doute… à ceci près que le résultat est d'un ennui mortel. Dans cette anthologie, c'est probablement la première nouvelle à tenter d'approcher véritablement la matière lovecraftienne onirique, ce qui est tout à son honneur – et je suppose qu'il y a notamment de « La Clé d'argent » là-dedans. Pas forcément le plus palpitant des récits lovecraftiens, je vous l'accorde… Mais là, c'est encore une autre étape : un somnifère radical.



Il y avait de l'idée – mais ça ne fonctionne pas vraiment, au mieux, et, une fois de plus, on n'en retient rien.



LES CHATS QUI RÊVENT



Avec « Les Chats qui rêvent », de Morgane Caussarieu, on en arrive – enfin ! – à un texte que l'on peut sans hésitation qualifier de « bon ». Pas un chef-d'oeuvre, non, mais un « bon » texte. À vrai dire probablement le meilleur de cette anthologie autrement bien fade…



Je précise à tout hasard que je n'avais jusqu'alors (sauf erreur) jamais rien lu de la jeune auteure, dont des gens fiables ont cependant loué les romans, tout particulièrement Dans les veines – il faudra que je tente ça un de ces jours, quand même…



Mais revenons à nos moutons – ou plutôt, à nos chats… Ceux d'Ulthar, bien sûr ? Non : ceux qui aimeraient se trouver à Ulthar.



Parce qu'ils sont présentement en enfer.



Sur la base d'un titre pareil, je m'attendais à quelque chose dans le goût du très chouette « Rêve de mille chats » de Neil Gaiman – un épisode indépendant de la cultissime et fantabuleuse BD Sandman. Il y a peut-être un peu de ça, mais c'est finalement autre chose. Car ce texte n'est pas sans surprise, en fin de compte…



Notamment en ce qu'il évacue très vite tout ce qui pourrait être « naturellement kawaii » avec un postulat pareil. Chatons ou pas, cette nouvelle n'a rien de « mignon ». En fait, de l'ensemble de l'anthologie, elle est peut-être la seule (disons avec celle de Laurent Poujois, plus loin) où l'angoisse, voire la peur, voire la terreur, ont quelque chose de palpable – un aspect qui, quoi qu'on en dise, n'est pas absent des récits de Lovecraft consacrés aux « Contrées du Rêve ». Mieux encore si ça se trouve, la brève nouvelle de Morgane Caussarieu parvient à véhiculer quelque chose de presque… dépressif ? qui, là encore, contrairement aux idées reçues, peut faire partie intégrante de l'onirisme chatoyant de Lovecraft – car, dans ses textes dits dunsaniens, sous les tours d'ivoire et les minarets scintillants peut se dissimuler l'échec, le navrant, le pathétique ; peut-être surtout dans un second temps de sa production « fantaisiste », certes, mais c'en est une dimension importante.



Mais, en combinant tous ces aspects, Morgane Caussarieu livre donc un texte plus qu'honorable, à propos dans ce contexte, mais qui se tient aussi en lui-même. Une réussite, à son échelle, donc – et peut-être bien la réussite de cette anthologie. Oui : un texte qui existe, voyez-vous ça !



LE BAISER DU CHAOS RAMPANT


Encore un jeune auteur, avec Vincent Tassy – qui, dans « Le Baiser du Chaos Rampant », use d'une esthétique gogoth qu'on aurait pu être tenté d'associer à Morgane Caussarieu, sauf que non, en définitive.



Malgré sa lourdeur démonstrative et son emploi pas toujours très assuré d'un lexique rare et se voulant riche, la nouvelle parvient (presque) à faire illusion un certain te
Lien : http://nebalestuncon.over-bl..
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Belle idée que de consacrer un recueil de nouvelles aux Contrées du Rêve. La Clé d'Argent des Contrées du Rêve (Mnémos 2017) poursuit de la sorte le travail important déjà effectué sur ce sujet avec la traduction de Davis Camus (Les Contrées du Rêve), le guide de Kadath et le recueil de Brian Lumley (Légendes des Contrées du Rêve). L'ouvrage s'ouvre sur une introduction fort intéressante de Frédéric Weill, montrant toute l'originalité de cette création de Lovecraft. le recueil comprend 11 nouvelles, et comme d'habitude, il y a du bon et du moins bon, du téléphoné et quelques petites perles.
J'ai classé mes notules par ordre d'intérêt croissant (de 1 à 10), ce qui est évidemment totalement subjectif et n'engage que moi !

3 – David Calvo nous parle dans Mkraow des chats d'Ulthar, de façon certes poétique, mais sans aucune trame.

4 – Avec Urjöntaggur, Fabien Clavel nous entraîne sur les traces du Lieutenant A. Desplagnes, militaire à la « coloniale », mais aussi explorateur à ses heures perdues. Il est hanté par des rêves récurrents dans lesquels il voit une tombe gigantesque remplis de cadavres « noirs », une cité inconnue et un rocher rouge. Les médecins sont incapables de le débarrasser de ces songes qui lui pourrissent la vie. Mais l'un d'entre eux croit reconnaître dans sa description du rocher l'Ayers Rock qui se trouve au centre de l'Australie. Et de monter une expédition qui ne fera qu'accroître ladite maladie. Il tombera en transe au pied de la formation rocheuse en tenant des propos incohérents (Kadath, le château d'Onyx, Shantaks) et en affirmant avoir rencontré le Grand Ancien Urjöntaggur qui lui demande de le libérer de Nyarlathotep. La chute sera un peu confuse, et le Lieutenant reviendra en métropole à moitié fou avant de se faire tuer sur le front près de Charleroi.

Livres :
° le Plateau central nigérien, A. Desplagnes
° Les mystères de l'Australie, id

4 – Dans Caprae Ovum, le rêveur erre dans une cité décrépie et découvre dans une barge pourrie un mystérieux cartulaire qui lui donne une idée de la géographie des lieux. Il retrouve une émanation de sa maison dans le monde de la réalité, mais n'y entre pas car elle semble maléfique. Il pénètre dans une crypte où était célébré le Culte de la Chèvre puis suit un groupe de pèlerins qui se dirigent vers un pic dans lequel est creusé une caverne. C'est le nouveau sanctuaire du Culte, et il va enfin pouvoir contempler la statue de la divinité avec son… oeuf. Manifestement le but de sa quête, afin de le ramener dans le monde normal où il pourra éclore. le texte est accompagné d'une illustration qui renforce notre éclat de rire !

Livre :
° le Cartulaire encyclopédique des hautes et basses terres du rêve.

5 – C'est sous forme d'un long poème que Thimothée Rey nous conte l'aventure de Ylia de Hlanith. Une jeune fille recluse chez ses parents, commerçants dans les Contrées. Elle rencontre un jour une créature diaphane, un nouvel arrivant dans le monde des rêves. Elle accepte de répondre à ses questions. Il lui dit s'appeler Howard, et muni d'une Clé d'Argent, il est à la recherche de son Archétype Suprême. La jeune fille lui subtilisera la clé, pensant pouvoir ouvrir la porte qui la ramènera au monde de l'éveil. Mais elle ne fera que libérer les Grands Anciens qui patientaient de l'Autre Côté pour envahir les Contrées.

6 – Nos amis Ward & Miller nous font rencontrer, dans le Rêveur de la Cathédrale, Kevin, un jeune guide de la Basilique de Saint-Denis. Dans une arrière crypte de l'édifice, il trouvera une vieille clef alors qu'une forme nébuleuse qui lui dit s'appeler Randolph Carter lui demande de le délivrer. Au sortir de la cathédrale, il se retrouve… dans Kadath. Il sera transporté au Château d'Onyx par des « maigres bêtes de la nuit », plongera dans les souterrains et, grâce à la clef, libérera Randolph Carter, prisonnier de Nyarlathotep. Il reprendra conscience dans la crypte de la cathédrale où il ne sera pas reconnu par les gardiens de nuit. Il est devenu un vieillard du nom de … Randolph Carter.

7 – Morgane Caussarieu nous apporte un peu d'humour félin avec Les Chats qui rêvent. On suit les aventures d'un petit chaton, prisonnier avec ses congénères d'un Vieil Homme morbide qui les martyrise Ce dernier passe son temps à étudier un ouvrage ancien en psalmodiant des invocations incompréhensibles. La maman chat parle à son rejeton de la magnifique cité d'Ulthar, qu'elle visite régulièrement en rêve. le chaton arrivera à s'échapper pour rejoindre le paradis des chats mais sera attaqué par des créatures immondes qui l'enverront au paradis tout court !

8 – Belle petite pièce que de Kadath à la Lune de Raphaël Granier de Cassagnac. le héros s'embarque avec le capitaine Omen au Port du Bout du Monde, à la recherche de sa belle. Ils croiseront Serranie, la Cité des Nuages où Kuranès leur remettra une carte des Contrées, Dylath-Leen, Ulthar ; ils rencontreront un dieu clochard et un sculpteur de rêves puis partiront pour la Lune sur les indications de certains prêtres. le héros sera attaqué par des crapauds immondes et se retrouvera sur le plateau de Leng dont il sera expulsé par l'Innomé. Il poursuivra sa recherche à Paris où il se réveille et retrouvera une ombre qui a son propre visage. « Jamais je n'aurais dû quitter Kadath ! ». On croirait lire du Lovecraft ! Bravo.

8 – Bien ficelé également le Tabularium de Laurent Poujois qui nous présente la caste des Arpenteurs, chargée d'établir la Carte des Marcheurs du Rêve. Nous sommes invités à participer à l'exploration d'un secteur fort mal connu des Contrées, le Dédale, dont personne ne semble être revenu vivant. En compagnie d'un marchand qui laisse pourtant entendre qu'il connaît le secteur, les Arpenteurs découvrent un gouffre au fond duquel se déploie une somptueuse cité d'albâtre. le marchand s'écrie « enfin » avant de se réveiller dans le monde réel où il sera conduit dans un asile psychiatrique.
Cette nouvelle ne demande qu'à se transformer en jeu de rôle.

9 – Avec le Corps du Rêve, Neil Jomunsi nous fait rencontrer une petite famille de 6 enfants, réfugiés dans les Contrées suite à une catastrophe (guerre ?) dans le monde de l'éveil. Ils vivent dans une grande demeure que l'aînée a façonnée à partir de ses souvenirs. Mais ils sont sans cesse menacés par des attaques du Rêve, les contraignant à se calfeutrer et à se cacher dans les sous-sols de la demeure. Une dernière attaque particulièrement violente détruira une partie de la maison…. que le Rêve reconstruira selon les canon architecturaux des Contrées et non de l'Éveil. Émouvant.

9 – Vincent Tassy, dans le Baiser du Chaos Rampant, nous fait partager la quête d'une jeune femme, mal dans sa peau, qui se réfugie dans les Contrées pour rencontrer Nyarlathotep dont elle est éperdument amoureuse. Un périple haut en couleurs, comme il se doit, avec une petite incursion dans le monde du dessous, infesté de goules dont une lui ressemble étrangement. Elle finira par rejoindre le château du Prince Noir qui, entre deux étreintes, lui révélera sa véritable nature. Elle est la fille d'un écrivain fantasque, Howard, et de son épouse Sonia qui lui avait caché sa grossesse, comprenant bien que son mari n'était pas fait pour vivre en ce monde. On l'aura compris, Lovecraft est désormais une goule dans le monde du dessous.

10 – Mon coup de coeur pour Les Fragments du Carnet de Voyage Onirique de Randoph Carter qui se présente comme un document inédit mystérieusement récupéré par l'éditeur. Mnémos aime bien les « vrai-faux » lovecraftiens… et moi aussi ! La première partie qui nous est présentée ici, et qui sent bon la plume de Davis Camus, est un Fragments d'Atlas des Contrées du Rêve. Un document original, présenté sous forme d'encyclopédie, et qui, pour chaque entrée, reprend ce que Lovecraft en a dit. Fallait le faire, et c'est fait !
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J'ai passé de bons (voire très bons) moments de lecture avec cet ouvrage. J'ai aimé découvrir le monde de Lovecraft et la façon dont les différents auteurs se le réappropriaient. Étant néophyte de cet univers littéraire (j'ai à peine lu Les Contrées du Rêve), j'ai pu apprécier la plupart des nouvelles sans problème de compréhension. J'ai cependant regretté l'inégalité dans la longueur des nouvelles. Je l'ai surtout ressentie, je pense, parce que je me limitais à une nouvelle par semaine, mais avoir des nouvelles de 3 ou 5 pages me semblait vraiment trop court pour entrer dans l'univers et découvrir le style de l'auteur.

(Chaque nouvelle est chroniquée séparément sur le blog dans le rendez-vous "Livres et Gourmandises" )
Lien : https://livraisonslitteraire..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Malgré ses songeries, elle était sur le seuil
D’une vie fastidieuse – un mariage insipide,
Des gosses, la boutique et, enfin, le cercueil.

Elle avait beau rêver d’errances intrépides,
De flamboyants destins…ça ne changerait rien.
Ne lui serait échu qu’un quotidien torpide,

Pire au fond que celui d’un Pargien galérien !
Ylia, ces matins-là, toute allégresse enfuie,
Sentait se contracter autour d’elle des liens.

(Ylia de Hlanith - Timothée Rey)
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Les rares éléments dont nous disposons pour décrire le Dédale proviennent donc des légendes échangées entre caravaniers autour des feux nocturnes. Elles racontent que la terre y est marquée d’immenses balafres au fond desquelles se tapissent des rêves oubliés et de plateaux inaccessibles où dansent des créatures amnésiques. Rien qui puisse être d’une quelconque utilité pour guider une caravane !

(Le Tabularium - Laurent Poujois)
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Les Hommes torturent, affament, et éliminent les chats, me serinait ma mère comme une vérité, une règle. C’était notre lot. Voilà pourquoi il nous fallait nous reproduire vite, en cachette, dissimuler les petits sous l’évier, sous le canapé râpé par plusieurs générations de griffes, à peine étaient-ils nés. Mais il existait une cité où les Hommes, conformément à une loi ancestrale, n’avaient pas le droit de tuer les chats et cette cité s’appelait Ulthar. Les chats couraient librement dans les rues, les chats étaient les rois.

(Les chats qui rêvent - Morgane Caussarieu)
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Par la fenêtre, les chats du printemps regardent passer les chats de l’été, clochettes de pattes rapides inquiètes de tout changement. Scotchés sur les réverbères, des tréfonds du cadre imprimé d’un avis de recherche, d’autres chats scrutent le monde en noir et blanc. Chats perdus, chats errants, chats posés, bibelots : entre les ruelles, affalés, le long du chemin de fer, à l’ombre sous les escaliers intérieurs, les chats rêveurs font du monde un balancier, hypnose de moustiques en technicolor.

(Mkraow - David Calvo)
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Qui a bien pu laisser ici un tel objet? se demanda-t-il.
Soudain, une envoûtante fragrance l’entoura. Des odeurs de musc, de santal, de coriandre, de cannelle, de badiane, d’encens, de bois exotique, de myrrhe et de benjoin mêlées de notes de rose, de vanille et de jasmin tourbillonnaient autour de lui. Ce mélange l’entêtait. Un vertige le saisit.
Et brusquement, il fut assailli par des relents nauséabonds qui le terrassèrent. Il s’effondra au pied du sarcophage de saint Denis.

(Le Rêveur de la Cathédrale - Sylvie Miller et Philippe Ward)
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Vidéo de Sabrina Calvo
Léanne, libraire du rayon Science-Fiction, présente Melmoth Furieux de Sabrina Calvo paru aux éditions La Volte.
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