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Critique de Rodin_Marcel


[Cédric – 2000, vol. 14] Cauvin Raoul (1938-2021) scénario ; Laudec (1947- , pseud. de Tony de Luca) dessin ; Leonardo Vittorio (1938-) couleurs – "Cédric - Au pied, j'ai dit !" – Bruxelles : Dupuis, 2000
– ISBN 978-2-8001-2949-5 ; ISSN 0775-6658 – format 30x22cm, 46p.

La plupart de ces petites histoires sont réparties sur cinq planches, ce qui permet de développer la complexité du gag plus facilement que sur une simple double-planche.
Les personnages sont bien campés, pas outrancièrement caricaturaux, les situations correspondent au contexte mis en scène, évoquant les années d'avant les ravages de l'internet et de la destruction systématique de la famille atrocement "judéo-chrétienne", lorsque la mode des "rollers" détrônait la planche à roulettes, du temps où les parents et grands- parents conservaient soigneusement leurs lettres d'amour, mais où la jeune maman porte le plus souvent des pantalons...
Le dessin, l'image, les couleurs, tout le graphisme sont soigneusement traités, l'arrière-plan racontant souvent une historiette dans l'histoire principale (voir par exemple les vignettes décrivant l'intérieur du magasin de quartier – page 38 – dont le panneau publicitaire "loursin" change sept fois, tout autant que la clientèle).

Quant aux amours de Cédric pour sa petite chinoise Chen, ils encourent bien évidemment aujourd'hui une sévère condamnation de la part de la bien-pensance bobo, d'autant plus qu'ils reflètent la permanence du sentiment amoureux si bien compris par le grand-père complice (dont l'histoire sentimentale est souvent mise en parallèle, témoignant d'une permanence générationnelle – cf l'excellente séquence des lettres pp. 18-21).
Mais bon, c'était tout un monde, au sein du foyer dont la femme-épouse-mère (ouh là, là !) était le centre, une figure aujourd'hui vouée aux Gémonies, à la Guéhenne, aux abysses infernales les plus noires...

Pire encore : non seulement Cédric est un garçon, mais en plus, il est blond ! Certes, il est épris d'une chinoise, mais ce n'est certainement que du "paternalisme postcolonial" et – horresco referens – il est "hétéro, tellement cisgenre que c'en est déprimant" (voir note de bas de page).

Pour calmer ma conscience, il me faut donc lancer un appel aux parents progressistes : attention, ce volume est un dangereux brûlot réactionnaire, qui risque de transmettre à vos enfants une affreuse vision judéo-chrétienne, machiste, patriarcale, et tout et tout, de la famille même pas recomposée.
Le danger est d'autant plus grand que ces albums sont mis à disposition de la jeunesse dans les médiathèques publiques, sans aucune précaution, on se demande ce que fait la police des bonnes moeurs !
Et les enfants – dans leur innocence – empruntent ces ouvrages et s'en délectent ! Sigmund et ses séides nous avaient pourtant bien certifié qu'ils étaient des pervers polymorphes. Fichtre, parents éclairés, n'hésitez pas à sévir pour le bien de vos chères têtes blondes.

Pour les autres parents (arriérés, attardés, inconscients) : n'hésitez pas, laissez vos enfants s'esbattrent dans ces riches et jolis graphismes. Elles et ils mèneront plus tard leur vie privée à leur guise...

PS : pour la nov'langue d'avant-garde, voir l'article – désopilant – publié dans le quotidien "Le Monde" du 4 mai 2022, signé L. Carpentier, narrant les dernières tribulations du "collectif 50/50" – une façon radicale d'enrichir drastiquement votre champ lexical pour être en mesure de participer aux graves débats en cours...


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