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Marc écrit des scenarios pour la télévision. Il possède, dit-il, un vague sens du dialogue, respecte les budgets octroyés et les délais impartis, est capable de résumer la vie de Dante Alighieri en 6 heures, ou de pondre une 385ème version moderne des Misérables. Adapter le Nouveau Testament en spots de 35 secondes ne lui paraît pas insurmontable. Un travail facile, confortable et grassement payé, qui ne l'empêche pas d'imaginer des créations plus exigeantes. Quand il rencontre Andrea, costumière de théâtre, il tombe instantanément amoureux d'elle et aime immédiatement son étrange petit garçon surdoué, grand dévoreur de sardines à l'huile, qui choisit chaque jour dans son dictionnaire le nom d'un personnage historique qu'il adopte pour la journée. Pour abriter son bonheur tout neuf, Marc cherche l'endroit idéal, à la campagne, et tombe en pâmoison devant Haute-Pierre, superbe, agréable, magnifique, ancien et pittoresque manoir situé en bordure de Loire. Tout démarre en beauté pour les tourtereaux et l'enfant aux identités multiples jusqu'à ce que Marc se penche d'un peu trop près sur les actes notariés qui égrènent les noms des propriétaires précédents, ainsi que les dates de leur mort. Quelque chose cloche, attise sa curiosité. Il approfondit ses recherches tandis que lentement chez le lecteur, l'angoisse augmente. Il fallait oser introduire des éléments paranormaux dans une romance contemporaine, Patrick Cauvin a osé, sans jamais user des facilités attachées au genre : pas d'atmosphère lugubre, pas de portes qui claquent, de vent qui mugit, d'éclairs, de tonnerre, ou de fantômes cachés sous des draps. Tout est dans le dosage, la nuance, le détail, la finesse d'analyse ; c'est ce qui rend l'histoire tellement plausible. Haute-Pierre est un vrai bonheur de lecture, qui permet de retrouver le regretté Patrick Cauvin au mieux de sa forme littéraire, son style lumineux et élégant, sa tendresse pour ses personnages, mais aussi son implacable sens du suspense et particulièrement dans ce roman, une maîtrise machiavélique de l'intrigue à la construction millimétrée, jusqu'à l'épilogue ébouriffant et imprévisible. + Lire la suite |