La guerre touche à sa fin quand s'ouvre cet opus, juste après la bataille de Fort Tyler (ou bataille de West Point) du 16 avril 1865. Après cette écrasante victoire nordiste (à 3700 contre 200, tu m'étonnes...), l'armée du colonel La Grange pose ses fesses près de la ville sudiste de LaGrange. Ça ne s'invente pas...
Comme d'autres villes du Sud, LaGrange s'est dotée, dès le début de la guerre, d'une milice féminine pour assurer sa défense en l'absence d'hommes, partis au front. La plupart de ces milices n'auront qu'une brève existence, celle de LaGrange – les Nancy Hart Rifles, appelées le plus souvent Nancy Harts ou Nancies, en l'honneur d'une héroïne de la guerre d'Indépendance américaine – a pour particularité d'avoir perduré jusqu'à la fin du conflit et d'être la seule compagnie militaire commissionnée féminine, réputée pour sa discipline, son entraînement et ses fines gâchettes. Les miliciennes ne connaîtront pas le baptême du feu et serviront comme infirmières pendant la deuxième moitié de la guerre quand LaGrange, proche des zones de combat et dotée d'une voie ferrée intacte, se transforme en gigantesque hôpital de campagne et camp de réfugiés.
Le 17 avril 1865, quand La Grange débarque à LaGrange, les Nancies sont prêtes à défendre la ville les armes à la main... mais pas inconscientes non plus (à 40 contre 3000 Nordistes...). Elles négocient leur reddition et celle de la ville, envers laquelle La Grange a une dette – il y a été soigné comme prisonnier de guerre en 1864. Victoire des Nancy Harts sans combat, sans morts, sans dégâts (hors infrastructures stratégiques) et sans pillage, la ville est épargnée.
Dans cet album, Cauvin et
Lambil s'appuient sur la réalité historique des Nancy Harts, avec pas mal de licence poétique pour les besoins de la cause (i.e. le 22e de cavalerie décimé à Fort Tyler alors que la bataille a fait 7 morts côté Union ou encore le colonel La Grange qui découvre Lagrange pour la première fois). L'accent est mis sur les réactions des soldats face à ce qui leur semble une incongruité, avec une part de logique (la guerre a toujours été un domaine très masculin et croiser des femmes en armes est peu courant, donc surprenant) et une grosse part de machisme (une fois admis le concept de guerrières, les hommes n'en démordent pas que celles-ci sont par essence incompétentes à se battre et vont se débander au premier coup de fusil). Entre usage de la force brute, de la ruse et de la diplomatie, les Confédérées vont leur prouver qu'elles maîtrisent l'art de la guerre. Si l'histoire racontée ici est 100% fictive dans les faits, elle rend honneur dans son esprit au courage et à la détermination de cette compagnie unique dans l'histoire militaire américaine.
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