Citations sur Poèmes (41)
ITHAQUE
Lorsque tu feras voile pour Ithaque
souhaite que la route soit longue
pleine d'aventures, pleine d'expériences.
Les Lestrygons et les Cyclopes
Le furieux Poséidon, ne les crains pas,
tu ne trouveras pas de choses pareilles sur ta route
si ta pensée reste élevée, si une délicate émotion
anime ton esprit et ton corps.
Les Lestrygons et les Cyclopes
Le farouche Poséidon, tu ne les les verras pas
si tu ne les portes dans ton âme
si ton âme ne les dresse devant toi.
Souhaite que la route soit longue.
Que soient nombreux les matins d'été
où – avec quel plaisir, quelle joie -
tu entreras dans les ports vus pour la première fois ;
arrête-toi dans les bazars phéniciens
et achète les bonnes marchandises,
nacre et coraux, ambres, ébènes,
et parfums voluptueux de toutes sortes,
le plus possible de parfums voluptueux.
Va dans plusieurs villes égyptiennes
apprends et apprends encore auprès des sages.
Ithaque doit toujours être présente à ton esprit.
Y arriver est ton destin.
Mais ne presse nullement le voyage.
Mieux vaut qu'il dure plusieurs années
et que, vieillard enfin, tu abordes dans l'île,
riche de ce que tu auras gagné en chemin
n'espérant pas qu'Ithaque te donne des richesses.
Ithaque t'a donné le beau voyage.
Sans elle, tu n'aurais pas pris la route.
Elle n'a rien d'autre à te donner.
Si tu la trouves pauvre, Ithaque ne t'a pas trompé.
Sage comme tu l'es devenu, avec tant d'acquis
tu dois avoir déjà compris ce que sont les « Ithaques ».
PS : Je signale que ce poème a été mis en musique par Luis Llach, grand chanteur catalan, sous le titre : "Viatge a Itaca".
Corps, souviens-toi, non seulement de combien tu fus aimé,
non pas seulement des lits où tu t’étendis,
mais aussi de ces désirs qui pour toi
brillaient dans les yeux visiblement,
et tremblaient dans la voix ― et que quelque
obstacle fortuit rendit vains.
Maintenant que tout cela plonge dans le passé,
il semble presque qu’à ces désirs
tu te sois donné. Comme ils brillaient
souviens-toi, dans les yeux qui te regardaient,
comme ils tremblaient dans la voix, pour toi ; souviens-toi, corps.
DÉSIRS
Tels de beaux corps de morts qui n'ont pas vieilli
et que l'on a déposés, avec des pleurs, dans un splendide mausolée,
avec au front des roses et des jasmins aux pieds -
tels semblent les désirs qui ont fui
sans s'accomplir, sans qu'aucun d'eux n'atteigne
une nuit de volupté, un de ses lumineux matins.
LE SOLEIL DE L'APRÈS-MIDI
Cette chambre comme je la connais bien! Maintenant, ces deux pièces sont transformées en bureaux... Toute la maison est louée à des courtiers, à des marchands, à des Compagnies.
Ah, je la connais bien, cette chambre...
Près de la porte, ici, était le canapé, et, au pied, un tapis de Turquie. Tout près, l'étagère avec deux potiches jaunes. À droite - non, en face - l'armoire à glace. Au milieu, son bureau, et trois grandes chaises de paille. Près de la fenêtre, le lit où nous avons tant de fois fait l'amour.
Pauvres meubles, ils doivent encore exister quelque part...
Près de la fenêtre, le lit. le soleil de l'après-midi arrivait jusqu'au milieu.
Un après-midi, à quatre heures, nous nous sommes quittés pour une semaine tout au plus. Hélas, cette semaine dure encore.
.
Quand tu partiras pour Ithaque, souhaite que le chemin soit long, riche en péripéties et en expériences. Ne crains ni les Lestrygons, ni les Cyclopes, ni la colère de Neptune. Tu ne verras rien de pareil sur ta route si tes pensées restent hautes, si ton coeur et ton âme ne se laissent effleurer que par des émotions sans bassesse. Tu ne rencontreras ni les Lestrygons, ni les Cyclopes, ni le farouche Neptune, si tu ne les portes pas en toi-même, si ton coeur ne les dresse pas devant toi.
L'IMPOSSIBLE
Il existe une joie, mais elle est bénie,
une consolation jusque dans ce malheur.
C'est que la fin nous délivre de tout ce fatras
de journées insipides et triviales.
Un poète a dit : "La musique la plus douce
est celle qu'on ne peut pas entendre ".
Et moi, je crois que la vie la meilleure
est celle qu'on ne peut pas vivre.
ITHAQUE
Lorsque tu feras voile pour Ithaque
souhaite que la route soit longue
pleine d’aventures, pleine d’expériences.
Les Lestrygons et les Cyclopes
le furieux Poséidon, ne les crains pas,
tu ne trouveras pas de choses pareilles sur ta route
si ta pensée reste élevée, si une délicate émotion
anime ton esprit et ton corps.
Les Lestrygons et les Cyclopes
le farouche Poséidon, tu ne les verras pas
si tu ne les portes dans ton âme
si ton âme ne les dresse devant toi.
Souhaite que la route soit longue.
Que soient nombreux les matins d’été
où – avec quel plaisir, quelle joie –
tu entreras dans des ports vus pour la première fois ;
arrête-toi dans des bazars phéniciens
et achète les bonnes marchandises,
nacres et coraux, ambres, ébènes,
et parfums voluptueux de toutes sortes,
le plus possible de parfums voluptueux.
Va dans plusieurs villes égyptiennes
apprends et apprends encore auprès des sages.
Ithaque doit toujours être présente à ton esprit.
Y arriver est ton destin.
Mais ne presse nullement le voyage.
Mieux vaut qu’il dure plusieurs années
et que, vieillard enfin, tu abordes dans l’île,
riche de ce que tu auras gagné en chemin
n’espérant pas qu’Ithaque te donne des richesses.
Ithaque t’a donné le beau voyage.
Sans elle tu n’aurais pas pris la route.
Elle n’a rien d’autre à te donner.
Si tu la trouves pauvre, Ithaque ne t’a pas trompé.
Sage comme tu l’es devenu, avec tant d’acquis
tu dois avoir déjà compris ce que sont les « Ithaques ».
(p. 51-52 - traduction de Ange S. Vlachos)
J’AI TELLEMENT FIXÉ
J’ai tellement fixé la beauté
que mes yeux en sont pleins.
Lignes des corps, lèvres rouges, membres voluptueux.
Chevelures comme empruntées
à des statues grecques ; toujours belles
même si en désordre, et qui tombent,
un peu, sur la blancheur des fronts.
Visages de l’amour comme les voulait mon art…
Dans les nuits de ma jeunesse,
dans mes nuits, furtivement, rencontrés…
(p. 88 - traduction de Ange S. Vlachos)
AUTANT QUE TU LE PEUX
Si tu ne peux faire ta vie comme tu le veux
Essaye au moins ceci, autant que tu le peux.
Ne l’avilis pas dans une trop grande fréquentation du monde
dans cette agitation, ces bavardages.
Ne l’avilis pas en la menant, en la traînant souvent
et l’exposant à la sottise quotidienne
des relations et des mondanités
au point qu’elle en devienne une étrangère importune.
(p. 58 - traduction de Ange S. Vlachos)
Monotonie.
Un jour monotone est suivi d'un autre jour monotone, identique. Tout sera fait répété à nouveau. Des moments tout pareils s'approchent de nous, puis s'éloignent.
Un mois passe: il amène un autre mois. L'avenir est facile à prévoir, il est tissu d'ennuis d'hier. Et le lendemain cesse d'être un lendemain.