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EAN : 9782843375897
379 pages
Anne Carrière (04/10/2012)
3.71/5   68 notes
Résumé :
La mécanique du monde se dérègle. Les certitudes s’effacent. Pour beaucoup, c’est la fin de l’abondance et de la facilité. Faute de travail et d’avenir, des millions de nouveaux pauvres sont jetés sur les routes à la recherche confuse d’un nouvel espoir, d’un nouveau guide. C’est le temps des faussaires et des menteurs. Le temps des oracles et des sauveurs. Peut-être…
Sur la côte du Canada, les habitants d’un petit village de pêcheurs se précipitent dans l’oc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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"Hobboes" de Philippe Cavalier – La chronique qui va faire du chemin !

Cryptique, intelligent, meurtrier, intrigant, ce roman atypique au souffle ravageur va te faire voyager au-delà de tes habitudes et faire vaciller tes certitudes. Est-ce que tu sens le vent ?

"Hobboes", c'est d'abord une superbe couverture qui te fait de l'oeil quand tu déambules dans les rayons de ton dealer de livres préféré. Ça a un air de fin du monde alors même que l'année commence. Une impression d'Amérique en déliquescence. Ça sent la chute, ça pue l'ivresse. Tu le sens le bourdonnement, le tourbillon qui va te mettre à terre ?

Tu n'as pas encore ouvert le livre que tu sais que ça va te picoter, te démanger de l'acheter, de l'emporter chez toi et de le commencer de suite. Ton instinct te dit que tu vas vivre une expérience livresque hors du commun, que tu vas faire partie d'un club d'initiés qui se transmet la bonne came mais que le voyage va t'envoyer high in the sky.
Une fois ouvert, "Hobboes" va s'inoculer dans tes veines de lecteur et tu vas commencer à sniffer les chapitres, ligne après ligne... Voilà le premier effet "Hobboes".

Philippe Cavalier crée un roman ambitieux, revisite l'Apocalypse selon Jean et refaçonne toute une mythologie. Pas moins. Celle des laissés pour comptes, des chemineurs, de ces gens abandonnés sur le bord de la route, éjectés du train d'une société qui fonce à toute allure se moquant bien de se délester en route de ses passagers clandestins : Les Hobboes.

"Hobboes" est un roman d'anticipation dystopique à la saveur sauvage. Comme une soudaine fureur qui va s'abattre sans prévenir sur le lecteur. Plein de rage. Cavalier lâche ses cavaliers de l'apocalypse sur le monde et nul ne sortira indemne de cette folle épopée. Un scénario catastrophe aux conséquences funestes et universelles.
L'auteur ne recule devant rien, ne s'impose aucune limite et explose les codes. Car au final, ce livre est indéfinissable, ouvre différentes portes, prête à plusieurs interprétations et se permet même de te faire réfléchir.

Car en plus d'un Road Book haletant, Philippe Cavalier propose une sévère réflexion sur l'état de notre société occidentale et capitaliste, à bout de souffle et de course.
C'est à travers le destin d'un anonyme, Raphaël Banes, petit prof dans une université et un monde trop grand pour lui, que va se jouer la destinée du monde. Et il va vivre un vrai parcours initiatique, un questionnement sur son être, une déconstruction de sa pensée. Qui vont redéfinir ses priorités. Et méditer sur ce qui compte vraiment. L'amour, non ? What else ?

Les influences sont nombreuses, une partouze entre "Sur la Route" de Jack Kerouac (roman fondateur du vagabondage), "Le Fléau" de Stephen King et le définitif "La Route" de Cormac McCarthy. Chacun de ces livres figurant sur une palette de peinture sur laquelle l'auteur va puiser par touches pour construire et édifier son propre univers.

L'écriture est belle, racée, travaillée, lumineusement obscure, c'est à dire avec une charpente de mots en bétons pour soutenir un édifice crépusculaire. Cavalier aligne les mots comme on aligne ses pions sur un échiquier. Avec patience, constance, malice même. L'auteur n'est pas doux avec ses personnages donnant à leur destin une couleur tragique, volontairement cynique. S'il ne fait pas bon être un de ses personnages, en revanche il est jubilatoire d'être l'un de ses lecteurs. 4/5
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Ce livre associe de nombreux genres... dystopie, anticipation apocalyptique, fantastique, policier, road trip... assaisonné d'économie, de politique, de mythologie, de violence.
Quelle salade, dites-vous ? Ben non, pas tant que ça... c'est bien amené et ça se laisse très bien lire. Difficile de condenser tout ce que ce livre contient, mais je vais essayer de vous en donner un court aperçu :

Le prologue nous conte le suicide collectif de presque toute la population d'une petite ville du Canada. Les quatre survivants se sentent aussitôt investis d'une mission et partent chacun dans des directions différentes.
Nous faisons ensuite la connaissance de Banes, un professeur d'université qui perd son boulot par un geste inconsidéré. Parce qu'il n'a plus grand chose à perdre, il prendra la route au coté d'une poignée de vagabonds au savoir particulier.
Parce qu'ils sont sur les routes, qu'ils sont en dehors du système, qu'ils perçoivent mieux que les autres toutes les dérives du monde actuel qui créent tant d'inégalités, les "Hobboes" sont les premiers réceptacles de nouvelles prophéties. Deux camps s'opposent, d'un coté les "Fomoroïs" partisans de la destruction de quasiment toute l'humanité et de l'autre les "Sheltas" qui se veulent protecteurs de cette humanité.
Notre professeur découvrira bien des choses insoupçonnées, elles le mèneront beaucoup plus loin qu'il ne pouvait l'imaginer et qui le changeront à tout jamais.

En principe, je ne suis pas du tout attirée par ce genre de lecture... mais le titre m'a interpellée et comme c'est un emprunt à la bibliothèque, je ne prenais pas un grand risque. Contre toute attente, les premières pages m'ont entraînée jusqu'au bout sans un instant d'ennui. Bien sûr, j'ai tiqué sur les parties "fantastiques", mais sans elles, l'histoire aurait probablement du mal à tenir debout.
J'ai aimé l'écriture qui sait nous absorber, la réflexion suscitée avec la dénonciation des abus de nos sociétés et ce que cela engendre... j'ai un peu moins aimé les cotés trop manichéen et mystique.
Mais dans l'ensemble, ce livre fut une bonne surprise, et je dois me laisser plus de chance d'en découvrir d'autres comme celui-ci en piochant de temps en temps dans des registres qui ne me sont pas habituels.
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J'avais fait une première critique de ce livre, que j'ai relu pr hasard et je me suis rendu compte qu'elle était beaucoup trop indulgente.
"; Certains ont comparé ce livre au Fléau de Stephen King ; de fait, dans les deux cas, on voit deux groupes s'opposer sur fonds d'Amérique apocalyptique, mais la ressemblance s'arrête là ; et il est inutile de dire qui remporte la palme.
Hobboes aurait pu être réussi ; il part d'une idée intéressante, bien qu'un peu "pompée" (il n'y a pas que cette idée-là, et on peut se livrer à la chasse aux emprunts; j'en relève quelques-uns) et Cavalier est un bon écrivain, à qui l'on doit notamment l'excellent « Siècle des Chimères ». Malheureusement c'est un fiasco monumental.
Tout d'abord, le livre mêle plusieurs intrigues, ce qui n'est pas en soi un défaut au contraire, si ces intrigues sont bien reliées entre elles et forment un tout cohérent ; et c'est loin d'être le cas. Ensuite son arrière-plan idéologique est très déplaisant
Qu'avons-nous ? Sur fonds d'Amérique apocalyptique, en voie d'effondrement dans le cadre d'une Grande Dépression à la puissance x, qui dans le livre est clairement la conséquence de la crise de 2008 (l'ouvrage a été écrit peu de temps après), on assiste à l'affrontement de deux clans :
-les Sheltas, qui représentent le bien ; ils vivent comme des vagabonds, mais sont des sortes de chevaliers errants, peut-être descendants des Tinkers d'irlande ; ils peuvent aussi faire penser aux Rôdeurs Dunedin qui luttent contre les séides de Sauron dans le Nord de la Terre du Milieu ; ils ne sont pas nombreux
-on en sait moins sur leurs adversaires, les Fomoroïs, qui ont choisi le camp du mal ; ils sont beaucoup plus nombreux.
Les deux clans existent et s'affrontent apparemment depuis longtemps, à l'insu du reste de l'humanité ; on ignore leurs origines et leurs buts exacts.
Les Fomoroïs entreprennent le déclenchement de l'Apocalypse ; parmi quatre personnages , qui incarnent clairement les cavaliers de l'Apocalypse de Jean et se trouvent au début du livre dotés de pouvoirs surnaturels dont on ignore l'origine exacte.
Il me semble que ces deux clans pourraient être inspirés de la série du Livre de l'Art de Clive Barker, dont certains personnages évoquent les Fomoroïs, mais il faudrait que j'en relise les deux volumes.
Leur action prend la forme d'une révolte déclenchée contre le gouvernement des Etats-Unis, qui est loin d'incarner le bien, puisqu'il est le représentant de l'Etat profond cher aux complotistes ; au passage l'auteur ressort les théories complotistes sur les symboliques maçonniques du billet d'un dollar. L'auteur expose aussi une théorie délirante sur la monnaie, et semble penser que le retour à l'étalon-or, et même à la monnaie métallique, seule monnaie naturelle par opposition aux autres, fiduciaire, scripturale et électronique, résoudrait tous les problèmes économiques ; ce n'est pas le lieu d'en discuter, mais la valeur intrinsèque de l'or est une illusion, et la monnaie métallique aussi artificielle que les autres.
On assiste à une scène grandguignolesque où le gouvernement secret de l'Etat profond expose ses sombres projets pour l'humanité devant une présidente des Etats-Unis qu'ils traitent comme une domestique, et qui n'est pas sans traits communs avec une certaine Hillary Clinton.
Les propos tenus par les dirigeants de l'État Profond rappellent eux qui sont prêtés aux Juifs dans les Protocoles des Sages de Sion
Dans ma première version de la critique, je voulais croire à une coïncidence: réflexion faite, je suis persuadé du contraire.
Les projets de l'Etat Profond visent d'ailleurs aussi à une sorte d'Apocalypse, différente de cette des Fomoroïs, puisque ces derniers souhaitent l'anarchie et la destruction pure et simple, alors que l'Etat profond ne veut détruire l'ordre actuel que pour instaurer un Nouvel Ordre du Monde profondément totalitaire.
Dans le cadre de ces conceptions politiques et économiques délirantes, et surprenantes sous la plume d'un Européen, l'auteur décrit la lutte opposant l'Etat profond totalitaire aux partisans d'une anarchie et d'une destruction apocalyptique, dirigés par leur chef charismatique Oklos. le nom de ce dernier vient du mot grec ancien « pour « populace », par opposition au peuple, le Démos. L'orthographe d'Oklos est d'ailleurs fautive, la translittération française correcte du mot grec correspondant étant Ochlos.
Cette lutte oppose la pire forme de l'oligarchie, la ploutocratie (gouvernement des riches) à la pire forme de la démocratie, l'ochlocratie, gouvernement de a populace, de la lie du peuple, incarnée par la figure charismatique d'Ochlos, dont l'auteur nous dit clairement qu'il est la création personnelle de ses partisans.
Les Sheltas semblent neutres dans ce combat, et ils luttent seulement contre les projets diaboliques des Fomoroïs, les deux conflits étant déconnectés l'un de l'autre
Tout cela se résoudra dans une bataille d' Armageddon, où l'état profond est détruit, où les Fomuroï périssent et où les Sheltas sont décimés  (on ne sait pas trop comment; ce qui est sûr, c'est que cette fois Frodo n'a pas jeté l'Anneau dans les entrailles de la Montagne du Destin) quelques héros survivent.
Et des ruines de la société renait une Amérique idyllique telle qu'elle n'a en réalité jamais existé.
Une fois de plus l'Amérique semble représenter la totalité de la planète. le reste n'existe pas
Le dénouement a une certaine parenté avec Flash Back de Simmons.. Et finalement ces deux livres ne sont pas si éloignés, ce qui n'est un compliment ni pour l'un ni pour l'autre.

Et il y a d'autres thèmes, tout aussi mal intégrés à un récit global :
Parmi les Sheltas, la figure christique de Raphaël Barnes(Raphaël est dans la Bible un des quatre Archanges Majeurs), qui sera même crucifié sur l'ordre d'Ochlos, puis quasi-ressuscité. le récit de cette crucifixion comporte de nombreuses allusions aux Evangiles, en particulier les tortures préalables et l'humiliation du crucifié, les deux larrons ; avant la crucifixion, on a même une Tentation de Barnes par Ochlos, qui rappelle un épisode de l'Evangile.
On rencontre également au début du livre, alors qu'on sent poindre l'Apocalypse, des hommes qui se consacrent au recopiage de livres divers sur des tablettes de terre cuise, afin d'en assurer la transmission à l'avenir. Cela rappelle les Hommes-Livres de Fahrenheit 451, qui, eux, apprennent des livres par coeur pour leur éviter la destruction.

Bref, beaucoup trop de choses, d'autant plus mal reliées que la narration est pleine d'ellipses rendant parfois la compréhension difficile, comme si le texte avait subi des amputations.

Pour rire un peu, j'ai trouvé sur la notice Wikipédia de l'auteur un renvoi vers une critique du livre de la plume d'Astrid de Larminat, parue dans Le Figaro en 2015, où elle n'hésite pas à affirmer que Cavalier aurait pu être membre du cercle des inklings aux côtés de Tolkien et de C.S. Lewis et de Charles Williams (aucun rapport avec l'auteur de"Fantasia chez les Ploucs". Visiblement elle n'a pas lu tous ces auteurs, et peut-être aucun.
PS .Les choses se passent souvent mal pour les auteurs qui veulent" faire du Stephen King".
Ainsi Dan Simmons (on essaiera de lui pardonner"Flashback" )commis avec "Nuit d'été" un plagiat évident de"Ça", et il l'a rate.
Stephen King a dit ne pas lui en vouloir. de fait, il n'y avait pas de quoi.
Je sors du sujet, mais ce qu'il y a d'extraordinaire chez le King, c'est que ses moins bons romans restent excellents par rapport à la moyenne du genre.

Question à ceux qui aiment ce livre: ont-ils réalisé qque, sous des dehors de dénonciation du capitalisme mondialisé qui peuvent être séduisants, il s'agit en fait d'un ouvrage profondément réactionnaire et complotiste.
Si Donal Trump lisait des romans écrits par des froggies (non mais, et puis quoi encore?), il aurait celui-là sur sa table de nuit
Et il y a pire :n'oubliez pas la scène où les Maîtres du Monde rejouent "les protocoles des Sages de Sion"; Bien sûr, l'auteur ne nous dit pas que les maîtres du monde son juifs, mais....




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Si vous aimez le genre anticipation, fin du monde, fantastique, dystopie (comme notre monde actuel), épicé à la sauce policier dans une aventure sur la route : cela vous comblera de plaisir.

Le drapeau Américain recouvre la 1ère page de couverture de l'édition d'Anne Carrière. Mais un détail m'avait intrigué en y regardant de plus près. Pas d'étoiles blanches mais un serpent découpé limite poussé par une tâche sombre qui ressemble à un visage, ou à un plus gros serpent avec deux ronds sombres pour les yeux et un plus gros pour former la bouche. Et ce drapeau a un rôle important. L'Amérique cette grande terre origine du chaos de l'humanité. Qui en spéculant sur les denrées conduit des millions de gens à la pauvreté et enrichi une minorité. Berceau des guerres et des conquêtes sur la planète Terre, imposant son idéal capitaliste de consommation et d'exploitation des richesses naturelles… C'est bien dans ce pays que ferait un tour le Christ / Dieu pour commencer le nettoyage de l'humanité.
Ça commence très fort par la venue d'un étranger dans une petite ville de la côte Ouest Canadienne, qui laisserait penser à la banalité quotidienne, mais qui nous plonge directement dans le sujet. Cet inconnu sème la mort là où il passe, et ceux qu'il a épargnés vont vers les USA pour faire de même.
Le personnage principal Raphaël Banes professeur d'Histoire et méthodes de sociologie politique, aux idées minoritaires dans une faculté de la ville d'Ithaca (New-York) se voit licencié. Il est directement recruté par la Fondation Farnsborough, une agence mystérieuse qui anticipe l'avenir. Son nouvel employeur Franklin Peabody lui demande de partir à la recherche d'un de ses anciens étudiants de thèse : Millicent Milton porté disparu. Banes suit la piste de cet étudiant qui l'amène à découvrir qu'il est en possession d'un rare livre surnommé Virga Vagos, « le Flambeau des errants » dedans serait écrit le chaos à venir. Et voilà notre professeur qui n'a jamais vaincu son manque de confiance à aller de l'avant sur les routes en compagnie de vagabonds, dans la peur, le froid, la faim, la fatigue… Pendant ce temps-là des catastrophes font de gros dégâts qui ont pour cause les quelques Canadiens qui ont eu un don maléfique. Mais là où le Mal réside il y a le Bien pour équilibrer, même si l'un pèse plus lourd que l'autre. Libre-arbitre ou le destin ? le lien entre les deux est bien plus complexe qu'on ne le pense.
Deux groupes dominants se font face : le premier les Sheltas qui sont des gens mis aux bannes par la société car ne rentrant pas dans l'unique moule proposé. Ce sont des individus honnêtes, humbles. Et de l'autre leur opposé les Fomoroï : des gens violents, voleur, violeur, assassins. Chacun ayant son berger qui les guide via un livre écrit par eux-mêmes disant ce qui va se dérouler…

L'auteur pointe du doigt des sujets importants, dont si peu d'humains remettent en cause par le formatage de leurs esprits : la société de consommation, de surpopulation, d'informations, social, d'exploitation par le travail… et la plus importante : les lois qui n'ont pour rôle que de brasser de l'air par la forme mais dans le fond : pomper l'argent du lambda. Comme on l'apprend ici avec le décret 6102 aux USA (qui a eu aussi lieu en France). Au final le citoyen n'est qu'un numéro qui se « doit » comme il l'a toujours fait, de donner son temps, son salaire, sa santé pour nourrir des êtres oisifs qui les contrôlent. Donc difficile pour le citoyen d'être libre.

🐎 Philippe Cavalier → Cavalier de l'Apocalypse, son nom l'aurait-il inspiré ? En tout cas une excellente histoire. Et si cela ne fait pas vibrer en vous la corde de la conscience, alors vous êtes passé à côté.

Merci à Annabelle pour me l'avoir fait découvrir ♥
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"Banes pénétra dans le parc par la grande entrée du rond-point de Broadway. Il marcha d'abord jusqu'au Pond, un petit lac où la pêche était autrefois autorisée comme loisir, à condition de remettre à l'eau les poissons ferrés. Il n'y avait plus de prises à faire ici. Ses carpes et ses sandres depuis longtemps dévorés, l'étang n'était plus qu'un marigot souillé par des taches d'huile et des déchets en plastique qui flottaient à sa surface. Sous une première rangée d'arbres, Raphaël avisa deux grandes tentes marquées du symbole de la Croix-Rouge. C'était un poste de consultation médicale et un autre de distribution de colis. Deux files de malheureux serpentaient devant l'entrée. Hésitant à s'avancer, Banes alluma une cigarette. Ce qu'il avait sous les yeux le mettait mal à l'aise. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'il assistait à pareille scène. Depuis qu'il avait l'âge de s'intéresser à l'actualité, dans les journaux ou à la télévision, sa mémoire était emplie d'images de centres de secours. Mais, en l'occurence, les malheureux qui faisaient ici la queue pour consulter ou se ravitailler n'étaient pas les victimes d'une guerre lointaine ou d'une catastrophe naturelle survenue à l'autre bout du monde. Ce n'était pas la Mésopotamie du chaos ou l'Asie des typhons, c'était l'Amérique! New York! le coeur même du rêve américain! Surplombés par les silhouettes hautaines du Rockefeller Center ou du Dakota Building, des milliers de miséreux dûment estampillés citoyens de l'empire US ne pouvaient recourir qu'à la charité pour assurer leur survie."

le roman de Philippe Cavalier résonne encore étrangement en moi, 24 heures après l'avoir fini. le monde décrit dans cette dystopie, ô combien crédible, hélas, malgré les quelques envolées fantastiques qui pourraient nous faire nous tromper de chemin, est un monde qui paraît aujourd'hui à portée de main.
Le Prologue du roman est pour le moins destabilisant: tous les habitants d'un petit village de la côte canadienne répondent à l'appel silencieux d'un vagabond venu de nulle part et se jettent à la mer. Tous, à l'exception de quatre parmi eux: trois hommes et une adolescente. Ils seront les élus d'une mission de destruction.

Pendant ce temps, dans un coin de l' Amérique en désordre, Raphaël Banes, professeur de sociologie et de sciences politiques à l'Université de Cornell, perd son poste suite à un coup de sang qui mettra KO l'un de ses collègues. Malgré son inquiétude, Banes ne restera pas longtemps désoeuvré: une très allécheante proposition de collaboration lui sera faite par la Fondation Farnsborough. Inconnue pour le professeur jusqu'à son "entretien d'embauche", la Fondation en question s'avère être "un des instituts de prospective les plus reconnus au monde".
"... il s'agit de recueillir de l'information de première main, de compiler les donnés et d'en tirer les lignes directrices pour l'avenir. Nous intervenons dans toutes les branches: sciences, économie, technologie, sociologie, politique et même... religion! Aucun domaine de la pensée humaine ne nous échappe. Anticiper. Prévoir. Saisir la globalité du présent pour mieux préparer l'avenir. C'est ça notre travail."
Si le profil de Raphaël Banes semble intéresser sincèrement son interlocuteur, un autre profil, surgi, lui, au détour de la conversation, changera la destinée de notre professeur: Milton Millicent, ancien étudiant de Banes, préparant une thèse sur les "Mécanismes du don et de l'échange au sein des sociétés néomarginales contemporaines" et disparu des radars de l'université depuis des mois.
"Si mes souvenirs sont bons, M. Millicent ne s'était pas tenu à cette stricte définition, précisa Raphaël. Il avait vite dérivé sur d'autres thématiques plus fumeuses.
- Lesquelles? voulut savoir Peabody.
Banes se passa nerveusement la main dans les cheveux. Il ne comprenait pas pourquoi la conversation se fixait ainsi sur le plus insignifiant de ses anciens étudiants. Encouragé par Franklin, il ressembla néanmoins le peu de souvenirs qui lui restaient.
Milton s'était mis à se passionner pour des histoires sans queue ni tête qui se colportent parmi tous ces pauvres gens victimes de la crise... (...) de simples réitérations des mythes de la fin du monde. Des contes de bonne femme opposant des destructeurs et des rédempteurs sur fond d'effondrement du système, justement."
Ce qu'employeur veut, il l'aura: Milton Millicent et ses mythes eschatologiques deviendront ainsi la première mission de Banes au sein de la Fondation Farnsborough , l'ancien étudiant doit être retrouvé coûte que coûte.

Commence alors pour Raphaël Banes une épopée personnelle qui le portera jusqu'au sein de la réfection prédite par Milton Millicent. Vagabond parmi les vagabonds dans une Amérique où les marginaux occupent de plus en plus de territoires en attendant le meneur qui saura les guider, Raphaël apprendra que l'on peut coexister avec les mythes et que ces derniers peuvent nous rattrapper.
Road-trip et roman initiatique à la fois, Hobboes soulève de nombreuses questions: la liberté, l'individualisme, le matérialisme, la transmission du savoir, parmi tant d'autres. En ce qui me concerne, j'ai choisi de m'attarder sur la problématique des masses.

La crise a poussé à la rue des milliers de gens. Central Park, à New York ou le quartier Skid Row à Los Angeles étaient devenus des bidonvilles à l'Américaine. le chômage, la misère, le froid, la faim ont fini par atteindre des classes sociales qui se croyaient à l'abri de tous ces malheurs. En filigrane, deux mouvements, tendus vers un but identique, faire changer la société, mais dont les moyens diamétralement opposés en font des ennemis mortels: les Sheltas et les Fomoroï.
Qui sera le maître choisi par les masses? Qui portera la force mortelle d'une foule soulevée par les frustrations? Et quel en sera le but?
"D'aucuns chantaient des psaumes chrétiens ou des litanies inventées de toutes pièces. Plusieurs hurlaient des prières ou dansaient sur des airs anciens. Comme les mystiques le font aux Indes, certains perçaient leurs membres de longues aiguilles quand d'autres faisaient contrition, en avançant sur les genoux. Il y avait des évangélistes et des satanistes. Des born again et des athées. Des dérangés et beaucoup d'êtres sans histoire...
Camden Hodge- Okhlos- était parvenu à rassembler ces gens qu'aucun lien n'aurait dû unir. Il leur avait donné une cause, un but. Plus important que tout: il leur avait donné un chef à suivre - lui-même, bien sûr. Un chef qui avait désigné des responsables à leur misère, à leur mal-être. Un chef en la parole duquel il était facile de croire."
Manipuler les masses, appuyer sur les bons leviers, donner une voix unique à tant de frustrations et d'humiliations distinctes, appeler vengeance et se servir de la force unique d'une foule soulevée pour réaliser son rêve de domination: Hobboes nous livre une leçon magistrale sur ce mécanisme qui a si bien fonctionné par le passé et qui, aujourd'hui encore, fait très bien ses preuves.

Philippe Cavalier maîtrise sa narration de façon magistrale: la quête de Banes, la lutte entre Sheltas et Fomoroï, le soulèvement des populations dans les grandes villes des Etats Unis, un mounty canadien qui mène son enquête en solitaire pour connaître les raisons du suicide collectif qui ouvre le récit, autant de paliers que le lecteur descendra le souffle coupé jusqu'à l'éclat final.

Sous ses apparences dystopiques, Hobboes nous met face à nos démons, à notre présent et pose des questions sur notre avenir proche. Mais il porte aussi malgré tout une lumière qui traverse tout le récit et qui porte aussi son lecteur: suivez-la!

Hobboes, Philippe CAVALIER, Editions Anne Carrière 2015

Lien : http://lavistelquilest.blogs..
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critiques presse (1)
LeFigaro
10 décembre 2015
L'écrivain passionné de surnaturel signe un nouveau roman d'aventures apocalyptique et initiatique, au coeur de l'Amérique actuelle.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Banes froissa le quotidien. Comme il s'apprêtait à le jeter dans le caniveau, Gerald le retint :
"Faites pas ça ! Faut pas gaspiller ! C'est précieux, le papier journal tout propre ! "
Déchirant soigneusement les feuilles, le petit homme au nez en trompette montra au professeur comment placer des pages à même la peau sous son pull pour couper le vent et le froid. "C'est une des trois seules vraies utilités des canards, ajouta Gerald. Faire isolation sous les fringues..."
Constatant immédiatement l'efficacité de cette pratique, Banes eut assez de curiosité pour s'enquérir des deux autres fonctions.
"Ben, servir d'allume-feu et emballer le poisson, pardi !
- Vous oubliez informer, quand même, non ?
Gerald pouffa. "Vous croyez à ça, vous ? C'est vraiment un truc "d'abonné" de croire que la presse est là pour instruire le peuple ! Moi, je vais vous dire : elle est là pour le faire tenir tranquille, et c'est tout ! Brouiller définitivement le peu d'esprit des couillons avec des trucs sans importance, genre sport et potins, et faire croire aux légèrement moins couillons qu'ils font partie de l'élite sous prétexte qu'on les entretient un peu des grandes affaires du monde. Mais c'est rien que du vent, tout ça. Les journaux appartiennent à des banques ou à des consortiums industriels. Vous croyez vraiment que les conseils d'administration vont laisser les reporters travailler au risque de nuire aux intérêts des actionnaires ? De la blague, oui ! D'ailleurs, j'ai toujours dit qu'il suffisait de prendre le mot "information" dans sa forme brute pour comprendre ce que ça voulait vraiment dire.
- Je ne comprends pas...
- "Informer", littéralement, c'est rendre informe, non ? Eh bien c'est justement ce que font les journalistes, d'après moi. Ils sont payés pour rendre "informe" ce qui justement devrait avoir une "forme". Vous me suivez ?"
Banes acquiesça vaguement, sans être convaincu le moins du monde par cette démonstration hasardeuse. Sur sa lancée, Gerald continua :
"Dans le même registre, vous savez pourquoi le gouvernement laisse tant de pauvres dans la rue, m'sieur ?
- Parce qu'il n'y a pas assez d'argent pour les accueillir dans des centres sociaux. C'est la crise..."
Gerald éclata de rire. "La crise, c'est aussi un mensonge des journaux, m'sieur ! J'y croirai quand les traders et les banquiers de Wall Streeet se jetteront du haut de leurs tours ! Non, vous avez tout faux. L'argent, le gouvernement en a bien assez pour ses prote-avions, ses missiles de croisière, ses satellites et tout le tremblement ! Alors, vous savez pas, hein ?
- Non.
- Ben moi, je vais vous le dire, la vraie raison ! Le gouvernement, démocrate ou républicain, notez bien, de toute façon c'est pareil... le gouvernement laisse des millions de gens crever dehors pour faire peur au reste de la population ! c'est du contrôle social, que ça s'appelle !
- Vous voulez dire que c'est une manière d'effrayer ceux qui ne sont pas encore tombés dans la pauvreté ?
- Tout juste ! On laisse les miséreux déambuler dans les villes parce que c'est comme un message lancé par les autorités. Ça veut dire : "Regardez un peu ce qui vous attend si vous ne filez pas droit ! Il y a des millions de braves gens qui dorment dehors, un de plus un de moins, ça ne fera pas de différence. On n'aura aucune pitié pour vous si vous sortez des clous ! Payez vos impôts, travaillez, consommez, baissez la tête, soyez contents et surtout pensez pas !" Voilà pourquoi ils font pas grand-chose pour remédier à la misère, les types aux commandes. Vous captez ?
- Oui, oui... convint Raphaël pour la forme.
- À la fois victimes et épouvantails du capitalisme ! poursuivit le vagabond. C'est comme ça qu'on est, nous autres. Comme des pendus pour l'exemple accrochés à leur gibet en plein milieu de la place du village, voyez ? C'est le même principe ! J'ai saisi ça parce qu'on réfléchit mieux quand on est dans le besoin que quand on a tout ce qu'il faut, conclut Gerald. On voit les choses que le commun voit pas et on comprend des trucs que les "abonnés" veulent surtout pas comprendre..."
Malgré leur caractère loufoque et assurément paranoïaque, les remarques du vagabond ne semblaient pas si stupides.
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Les événements du 11 septembre 2001 avaient changé en profondeur bien des habitudes aux Etats-Unis. Vingt ans ou presque après les attentats, plus personne ne s'énervait à l'idée de piétiner une heure dans les files de contrôle aux aéroports ou de faire vérifier son sac avant de pénétrer dans un grand magasin. Comparées aux innombrables problèmes qu'affrontait le pays, ces petites contrariétés de la vie quotidienne semblaient sans importance. Moins connues, car ne concernant qu'une faible partie de la population, d'autres altérations avaient pourtant pris effet. L'une d'elles, à Wall Street, concernait la répartition des employés dans les étages des buildings. Si l'élévation spatiale reflétait autrefois fidèlement les hiérarchies - en clair, plus vous occupiez une position élevée dans l'organigramme d'une banque ou d'une société d'assurance, plus votre poste de travail se trouvait à proximité du sommet -, il en alla tout autrement après que les vols AA11 et UA175 se furent encastrés dans les tours du World Trade Center. Depuis lors, on tenait les étages en suspicion, au point de déménager les bureaux des dirigeants et des salariés les plus rentables au plus près des sorties de secours et autres tunnels d'évacuation. C'était ainsi que, depuis quinze ans à New York, les employés des services généraux et des ressources humaines - valets à petit salaire de moins de cinquante mille dollars par an - s'étaient retrouvés occuper les anciens plateaux aristocratiques des étages supérieurs. Tandis qu'ils jouissaient naguère de vues sublimes sur l'Hudson ou l'East River, les traders surdoués et les gros pontes des conseils d'administration étaient désormais souvent logés dans les sous-sols.
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p.92-3.
« Peut-être nous avons tort de nous préparer au pire. Peut-être… Mais ce que nous, anonymes, démunis, avons entrepris depuis des années – et qu’aucun gouvernement n’a jamais eu l’idée de réaliser -, ce n’est pas seulement de protéger le patrimoine le plus précieux de l’humanité, c’est aussi, et peut-être surtout, de donner un dessein et une raison d’exister à des centaines de braves gens broyés par un monde indifférent. Ceux qui viennent à nous, monsieur Banes, ceux qui, d’une manière ou d’une autre, trouvent notre refuge, nous les traitons bien. Mieux que le système ne l’a jamais fait. Avec moins de moyens sûrement, mais avec beaucoup plus d’humanité. Nous ne laissons personne de côté. Ni les vieux, ni les faibles, ni les pauvres d’esprit. Les indigents, nous les nourrissons et les habillons. Les abandonnés, nous les prenons sous notre aile. Les ignorants, nous les instruisons et leur donnons des livres. Il y a des cours chaque jour sur tous les sujets, ici. On apprend à penser, à raisonner, à composer de la vraie musique selon les règles classiques, à peindre et à dessiner selon les canons académiques. Cela élève l’esprit des gens. Des étudiants qui ne bénéficient plus de bourse viennent chez nous achever leurs études. Des professeurs mis à la porte parce que des villes n’ont plus les moyens de payer leur salaire poursuivent leur mission d’enseignement avec nous. Même chose pour des infirmiers au chômage ou des artisans dont les banques ont saisi la maison. La société normale ne veut pas de nous ? Tant pis pour elle ! Nous lui laissons ses règles qui ne nous conviennent pas et nous en inventons d’autres. Secessio plebis… Vous qui êtes lettré, vous devez savoir ce que cela signifie ?
- La sécession de la plebe, traduisit Banes, particulièrement féru d’histoire antique. C’est un terme qui renvoie aux rivalités entre patriciens et plébéiens au début de la République romaine, si je ne m’abuse. La masse, opprimée par l’oligarchie, choisit de se retirer de la ville plutôt que de recourir à la violence. Laissés seuls face à eux-mêmes, sans personne pour s’occuper des champs, fabriquer les objets du quotidien ou simplement les débarrasser des tâches domestiques, les patriciens furent contraints d’octroyer des droits à ceux qu’ils voulaient asservir. C’était très bien joué de la part du petit peuple romain, qui a mené là une révolte douce, d’autant plus efficace qu’elle s’est exprimée sans violence. Des précurseurs de la désobéissance civile à la Gandhi, en somme…
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A ses propres faiblesses, à ses regrets et à ses fautes s'ajoutaient désormais le fardeau immense de toutes les horreurs du monde... Comme s'il lui était infligé dans sa chair, Banes vécut le malheur des guerres, des famines, des persécutions. Son coeur prit le deuil des peuples disparus, des races massacrées, des tribus éradiquées. Les millénaires de violence infligée aux faibles, aux vaincus, aux marginaux, il les ressentit tel un fer rouge fouaillant son épine dorsale, remontant par ses vertèbres jusque dans son crâne pour racler sa cervelle. Pire que tout : les maux de la Terre parachevèrent son martyr. Les animaux sacrifiés, les mers asséchées, les vallées polluées... Tout en lui criait une souffrance incommensurable, inhumaine.
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p.282.
N’avaient-ils pas honte, ces jeunes soldats d’Amérique, d’avoir ouvert le feu sur ceux-là mêmes qu’ils auraient dû protéger ? Ne comprenaient-ils pas qu’ils servaient un pouvoir inique, un pouvoir malfaisant qui œuvrait depuis bien trop longtemps contre les intérêts du peuple ? Comment pouvaient-ils vendre ainsi leur conscience à cette classe d’affairistes, de prévaricateurs et de traîtres qui arpentaient les couloirs de la Maison Blanche et du Congrès ? N’avaient-ils pas honte, vraiment-honte devant Dieu et devant les hommes ?
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