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Citations sur Le projet grands singes : L'égalité au-delà de l'humanité (6)

Déclaration sur les Grands Singes

Nous demandons l'extension de la communauté des égaux à tous les grands singes : êtres humains, chimpanzés, gorilles et orangs-outans.

La "communauté des égaux" est la communauté morale à l'intérieur de laquelle nous admettons que nos relations doivent être gouvernées par certains principes moraux ou certains droits fondamentaux, garantis par la loi. Ces principes et ces droits sont notamment les suivants :

1. Le droit à la vie

La vie de chaque membre de la communauté des égaux doit être protégée. Aucun membre de peut être tué, sauf dans des circonstances très précisément définies comme par exemple la légitime défense.

2. La protection de la liberté individuelle

Les membres de la communauté des égaux ne doivent pas être privés de liberté de manière arbitraire. Si un membre se trouve être détenu sans procès légal, il a droit à une remise en liberté immédiate. La détention de quiconque n'a été convaincu d'aucun crime, ou ne peut être tenu pour responsable d'un crime, ne peut être permise que lorsqu'elle représente effectivement l'intérêt de l'individu concerné, ou lorsqu'elle se révèle nécessaire pour protéger le public d'un membre de la communauté, qui, laissé en liberté, représenterait, de manière sûre, un danger pour autrui. Dans un tel cas, les membres de la communauté des égaux doivent avoir le droit de faire appel devant un tribunal, soit d'eux-mêmes, soit par l'intermédiaire d'un représentant s'ils n'ont pas la capacité de la faire eux-mêmes.

3. La prohibition de la torture

Le fait d'infliger délibérément à un membre de la communauté des égaux une douleur sérieuse, que ce soit de manière gratuite ou au bénéfice allégué des autres, est considéré comme une torture et n'est pas admis.
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Nous avons l'honneur de solliciter votre bienveillance envers cet individu :

Elle communique au moyen du langage des signes et utilise un vocabulaire de plus de 1000 mots. Elle comprend aussi l'anglais parlé, et mène souvent des conversations "bilingues", dans lesquelles elle répond par signes aux questions qui lui sont posées en anglais. Elle apprend les lettres de l'alphabet, elle sait lire certains mots imprimés, parmi lesquels son propre nom. Elle a obtenu des scores entre 85 et 95 au test d'intelligence de Stanford-Binet.

Elle fait preuve d'une évidente conscience d'elle-même, dans ses comportements spontanés devant un miroir, lorsqu'elle prend des poses ou lorsqu'elle examine ses dents, ou bien lorsqu'elle utilise, à bon escient, un langage autodescriptif. Elle ment pour éviter les conséquences auxquelles l'exposent ses propres écarts de conduite, et elle anticipe les réactions des autres à ses propres actes. Elle s'adonne à des jeux imaginaires, tantôt seule, tantôt en groupe. Elle a déjà réalisé des peintures et des dessins figuratifs. Elle se souvient d'événements passés de sa vie, et est capable d'en parler. Elle comprend des termes relatifs au temps et sait les employer à bon escient, comme par exemple "avant", "après", "plus tard" et "hier".

Elle rit de ses propres blagues et de celles des autres. Elle gémit si elle est blessée ou si on la laisse seule, et elle hurle lorsqu'elle est effrayée ou en colère. Elle parle de ses sentiments, en tuilisant des mots tels que "contente", "triste", "peur", "s'amuser", "envie", "déception", "dingue", et, très souvent, "amour". Elle pleure les proches qu'elle a perdus - un chat bien-aimé qui est mort, un ami qui est parti. Elle peut parler de ce qui se passe quand quelqu'un meurt, mais elle devient agitée et mal à l'aise quand on l'interroge sur sa propre mort ou sur la mort de ses compagnons. Elle se montre d'une adorable gentillesse avec les chatons et autres petits animaux. Il lui est même arrivé d'exprimer de la sympathie pour d'autres êtres qu'elle ne voyait que sur des photos.

Cet individu peut-il revendiquer des droits moraux élémentaires ? D'après la description qui précède, il paraît difficile d'imaginer un quelconque argument rationnel pour lui dénier ses droits. Elle possède la conscience d'elle-même, a des émotions, elle est intelligente, communicative, elle a ses propres souvenirs et ses propres objectifs, et elle est certainement capable de souffrir profondément. Il n'y a aucune raison de remettre en cause cet accord concernant son statut moral si j'ajoute une information supplémentaire : à savoir, qu'elle ne fait pas partie de l'espèce humaine. La personne que je viens de décrire - et elle n'est rien moins qu'une personne pour ceux qui l'ont déjà approchée - s'appelle Koko, et il s'agit d'un gorille de plaine âgé de vingt ans.

Pour que soit reconnue la personnalité des gorilles
Francine Patterson & Wendy Gordon
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En fin de compte, la cause des animaux non humains progresse, dans notre société. Mais ceux qui essayent d'éveiller les consciences à propos des abus commis sur les animaux de compagnie, à propos des élevages en batterie, des zoos et de l'utilisation des animaux dans les cirques, des expérimentations dans les laboratoires et ainsi de suite, et qui essayent de faire pression pour obtenir une nouvelle législation qui protège les animaux se voient sans cesse demander comment ils peuvent consacrer leur temps, leur énergie et l'argent public aux "animaux", alors qu'il y a tant à faire pour les humains. Il est incontestable qu'un peu partout dans le monde, des êtres humains connaissent de grandes souffrances. Nous avons de quoi nous alarmer lorsque nous entendons parler des millions de gens qui ne mangent pas à leur faim ou qui sont sans logis, des tortures policières, des enfants que l'on mutile délibérément pour les faire mendier et de ceux que leurs parents obligent - quand ils ne les vendent pas - à se prostituer. Nous attendons le jour où les conditions de vie s'amélioreront partout dans le monde - et nous pouvons nous consacrer à cette cause. Mais nous ne devons pas nous imaginer que tant que la souffrance humaine existera, il sera moralement acceptable d'être aveugle à la souffrance des êtres vivants. Qui sommes-nous pour déclarer que la souffrance d'un être humain est plus terrible que celle d'un être non humain, ou qu'elle compte davantage ?

A l'échelle de l'Histoire, cela ne fait pas si longtemps que le commerce des esclaves a été aboli. les esclaves étaient soustraits à leurs tribus "sauvages", dans les contrées lointaines. Il n'était sans doute pas trop difficile pour les marchands d'esclaves et pour les esclavagistes de se démarquer psychologiquement de leurs prisonniers, si différents de tous ceux que leurs "maîtres" avaient pu connaître jusqu'alors. Et puis, même une fois réalisé que leurs esclaves étaient capables de ressentir des douleurs et de souffrir, quelle importance ? Ces individus étranges, noirs et barbares, étaient si différents... ils ne ressemblaient pas vraiment à des êtres humains. On pouvait donc ignorer leur angoisse. Aujourd'hui, nous savons que l'ADN est virtuellement identique d'un groupe ethnique à un autre, et que nous sommes tous - noirs, blancs, ou jaunes - frères et sœurs de par le monde. Avec cette connaissance accrue que nous avons acquise, nous sommes horrifiés à la pensée de ces gens intelligents et doués d'une compassion normale qui acceptaient alors l'esclavage et tout ce qu'il impliquait. Heureusement, grâce à la clairvoyance, aux fortes convictions morales et à la détermination d'une petite frange de la population, les esclaves ont fini par être libérés. Ils l'ont été non pas en vertu d'une analyse poussée de leur ADN, mais parce qu'ils manifestaient d'une manière si évidente les mêmes émotions, les mêmes facultés intellectuelles et les mêmes capacités de souffrance et de joie que leurs propriétaires blancs.

A présent, imaginons un moment des êtres qui, bien que présentant génétiquement une différence d'environ 1% par rapport à l'Homo Sapiens et ne parlant pas, partageraient nos émotions et seraient doués de facultés intellectuelles développées. Pardonnerions-nous, aujourd'hui, la mise en esclavage de ces êtres ? Accepterions-nous qu'ils soient capturés et importés d'Afrique ? Rigolerions-nous en regardant sur nos écrans de télévision des numéros dégradants, mis au point à grand renfort de cruauté ? Resterions-nous aveugles devant leur emprisonnement dans des cages étroites et austères, souvent dans l'isolement total, alors qu'ils n'auraient commis aucun crime ? Achèterions-nous des produits testés sur eux au prix de tortures mentales ou physiques ?

Ces êtres existent, et nous fermons effectivement les yeux sur les abus dont ils sont victimes. On les appelle les chimpanzés. Ils sont prisonniers dans des zoos, vendus à quiconque trouve bon de les acheter en guise d'animaux "domestiques", ou bien ils sont dressés à fumer ou à monter à bicyclette pour nous divertir. Ils sont incarcérés et souvent torturés, psychologiquement et même physiquement, dans des laboratoires pharmaceutiques, au nom de la science. Et tout ceci est accepté par les gouvernements et par une grande partie du public. Il fut un temps où les victimes des expérimentations en laboratoire auraient été des humains ; c'est grâce à une poignée de gens déterminés qui résistèrent à l'ordre établi, et qui informèrent peu à peu le public des horreurs qui se perpétraient derrière les portes closes, que les fous et autres infortunés sont maintenant à l'abri des dieux en blouse blanche. Le temps est venu de franchir l'étape suivante et d'empêcher l'exploitation de nos plus proches parents actuels.

Les chimpanzés et nous - Combler le fossé
Jane Goodall
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Nous sommes des humains, et nous sommes aussi des grands singes. Notre appartenance à l'espèce humaine nous vaut de précieux privilèges, liés à notre inclusion dans la sphère de l'égalité morale, laquelle nous assure en principe une protection particulière. Tous ceux qui relèvent de cette sphère jouissent de droits fondamentaux auxquels ne peuvent prétendre ceux qui en sont exclus. Il est notamment interdit de leur faire subir certains traitements. Cet ouvrage a pour objectif de définir les limites de cette sphère de l'égalité morale, non pas en prenant pour point de départ à l'appartenance à l'espèce humaine, mais plutôt en se focalisant sur la présence d'intelligence et d'une vie sociale et émotionnelle riche et variée. Il s'agit là de qualités que nous partageons non seulement avec les autres humains, mais aussi avec les autres grands singes. L'appartenance à ce groupe élargi devrait être une condition suffisante pour appartenir à la sphère de l'égalité morale. Notre objectif est l'extension du concept d'égalité aux espèces dont les membres sont nos plus proches parents, et qui nous ressemblent le plus en termes d'aptitudes et de mode de vie. (...)

Dans les pages qui suivent immédiatement cette préface, nous présentation la Déclaration sur les Grands Singes, qui constitue l'objectif immédiat de ce livre, auquel tous les auteurs souscrivent. Si vous approuvez cette Déclaration, merci de nous l'écrire. Nous créerons ainsi une coalition internationale dont l'objectif unique sera l'inclusion des chimpanzés, des gorilles et des orangs-outans dans la communauté des égaux. D'un point de vue théorique, ce sera la reconnaissance du fait que les limites de notre communauté morale n'ont pas à se calquer sur les frontières de notre espèce. D'un point de vue pratique, cela se traduira par l'obligation de libérer tous les chimpanzés, gorilles et orangs-outans emprisonnés et de les replacer dans un environnement adapté à leurs besoins physiques, mentaux et sociaux. Les droits d'auteur liés à la commercialisation de ce livre seront consacrés à cet objectif. C'est dans cet esprit que tous les auteurs ont accepté de renoncer à percevoir une rémunération. Vous pouvez nous écrire à l'adresse suivante :
The Great Ape Project, PO Box 1023, Collingwood, Melbourne, Victoria, Australie 3066 ; vous pouvez également nous adresser une gélécopie en composante le 39 2 481 4784 précédé de l'international.

Paola Cavalieri
Peter Singer

(Préface)
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La "Déclaration" par laquelle commence ce livre propose l'inclusion des chimpanzés, des gorilles et des orangs-outans dans la "communauté morale des égaux". Une telle tentative ne s'est fait que trop attendre, si l'on considère les similitudes qui existent entre les humains et les autres grands singes, mais elle demande du courage. Beaucoup de gens protesteront contre une telle proposition : certains diront que les affaires humaines priment sur tout le reste, tandis que d'autres feront valoir que la suite logique de l'extension aux grands singes de la communauté des égaux serait l'inclusion, dans cette communauté, de toutes les autres formes de vie.
Je pense que nous devrions étendre ces droits aux autres formes de vie dans la mesure du possible. Mais en ce qui concerne les grands singes, nous pouvons les inclure dans notre communauté morale dès à présent, et ce sera une première étape. Rappelons-nous que pendant longtemps, les gens ne concevaient même pas que leurs voisins puissent appartenir à la même espèce. La notion de "peuple" ne s'appliquait alors qu'aux membres de sa propre tribu. Un explorateur anglais qui se baladait autour de la péninsule de la Malaisie au début des années 1900, et qui voyait des indigènes se promener nus et vivre de chasse et de cueillette, croyait qu'il s'agissait non pas d'êtres humains mais d'une sorte de singe anthropoïde. Il s'en tint à cette conviction bien qu'il les ait vus marcher debout et utiliser des sarbacanes pour chasser.
L'histoire de ce gentleman anglais vous fait peut-être rire, vous pourriez penser qu'il n'avait pas toute sa tête. Y a-t-il vraiment de quoi rire ? Dans un siècle, nos descendants pourraient bien rire à leur tour de ceux qui hésitèrent à accorder des droits moraux élémentaires aux grands singes.

Je ne me lasse jamais des chimpanzés
Toshisada Nishida
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Comme cela se produit en général lorsqu'il s'agit de progrès moral, nombreux seront les obstacles, et puissante sera l'opposition de ceux qui verront leurs intérêts menacés. Le succès est-il possible ? Contrairement à certains groupes opprimés ayant conquis l'égalité, les chimpanzés, les gorilles et les orangs-outans sont incapables de se battre pour leur propre cause. Trouverons-nous, dans notre société, des forces sociales prêtes à se battre pour les inclure dans la communauté des égaux ? Nous croyons qu'il est possible d'y parvenir. Si, parmi les humains, certains opprimés sont parvenus par eux-mêmes à la victoire, d'autres se sont trouvés, à un moment donné, aussi démunis que les chimpanzés, les gorilles et les orangs-outans le sont aujourd'hui. L'Histoire nous enseigne qu'au sein de notre propre espèce, ce facteur salvateur a toujours existé : une équipe de gens déterminés, décidés à surmonter l'égoïsme de leur propre groupe d'appartenance pour faire avancer la cause d'un autre groupe.

Les éditeurs et les auteurs
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