Une aventure d'Eddie Flynn, tome 3 : Treize

Le système ne tient pas compte des erreurs judiciaires, intervins-je.

Parfois, un avocat de la défense n’a que cela: sa voix […] Les mots pèsent jamais plus lourd que lorsqu’on les prononce pour autrui.

Un homme innocent, accusé à tort, a la même expression, partout dans le monde. Au Nigeria, en Irlande, en Islande, peu importe. Si vous en avez déjà été témoin, ça ne s’oublie pas – c’est rare. Quand c’est là, la personne pourrait tout aussi bien avoir son innocence tatouée sur le front

Malheureusement, des innocents sont accusés de crimes qu’ils n’ont pas commis. Notre système judiciaire repose en grande partie là-dessus. Ça arrive tous les jours. J’ai vu suffisamment de gens accusés d’avoir fait du mal à un être cher pour savoir si quelqu’un ment ou dit la vérité. Les menteurs n’ont pas la bonne expression. C’est difficile à décrire. Il y a la sensation de vide, la douleur. Mais autre chose aussi. De la colère et de la peur, c’est certain.

Certains journalistes sont à l’affût du moindre faux pas d’un de nos employés. Nous devons faire preuve d’une extrême prudence. Tous ceux qui travaillent sur cette affaire disposent d’un Mac sécurisé. Une machine qui n’a accès à Internet que via un serveur Bluetooth situé dans ces locaux – et avec un mot de passe, bien entendu. Celle-là est pour vous.

En échange d’une coquette somme pour une journée de boulot, des acteurs au chômage – le plus souvent – acceptaient de jouer les jurés, mais pas avant d’avoir signé un accord de confidentialité aussi épais que terrifiant. Contrairement aux avocats, les acteurs se laissent facilement impressionner par ce genre de documents.

Avant de commencer à boire comme un trou, j’avais commis l’erreur de mal placer ma confiance et j’avais fait acquitter un coupable. Et, d’une certaine manière, je m’en doutais. Malheureusement, il avait récidivé. Pas un jour ne s’écoulait sans que ce souvenir me ronge. Et chaque jour était pour moi l’occasion de me racheter. Si je laissais tomber, si j’arrêtais d’aider les gens, je savais que je tiendrais peut-être six mois avant que ça me reprenne.

Sans avoir à consulter le dossier, je savais que les flics, convaincus que Robert était leur homme, avaient peut-être fait le nécessaire pour lui coller ces meurtres sur le dos. La plupart des policiers voulaient simplement mettre les méchants hors d’état de nuire. Plus le crime était horrible, plus ils étaient susceptibles de prendre quelques libertés pour faire pencher la balance du mauvais côté pour le suspect. C’était peut-être moralement défendable, mais ce n’était pas légal : les flics n’avaient pas à manipuler les indices – parce que, la prochaine fois, ils risquaient de faire pareil avec un innocen

Prenez le temps de la réflexion. La nuit porte conseil. Vous me ferez part de votre décision demain matin. Vous pourriez changer d’avis.

L’élément de surprise est crucial dans un procès. Vous le savez aussi bien que moi. Pour le moment, vous ne représentez pas officiellement le client. Tout ce que je pourrais vous dire ne serait donc pas couvert par la confidentialité avocat-client.