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EAN : 9782253031796
352 pages
Le Livre de Poche (01/04/1983)
3.77/5   215 notes
Résumé :
Après la banlieue des Ritals, l'Allemagne et la Russie des Russkoffs et de la guerre, Cavanna rentre à Paris. Il faut survivre, sans argent et sans relations. Ses premiers dessins, il les donne au journal Le Déporté du Travail. Maria, la femme tant aimée, perdue en Russie, continue de hanter François. Il met des mes-sages sur le tableau de l'association des Déportés. Il y rencontre Liliane, « petite chèvre aux cornes agacées », rescapée des camps de concentration qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre est la suite de deux autres livres autobiographiques de Cavanna Les Ritals et Les Russkoffs, qui détaillaient respectivement son enfance et son expérience de la Seconde Guerre Mondiale. Je n'ai pas lu ces premiers tomes (et l'auteur prend un malin plaisir à y faire référence régulièrement, en moquant ceux qui ne les ont pas encore lus !) mais j'ai tout de même pris plaisir à la lecture de Bête et Méchant qui décrit le retour en France et le démarrage de la carrière de dessinateur de l'auteur.

Le style est très riche, parfois encombré, mais le plus souvent drôle, lyrique, s'envole dans des considérations politiques ou des jugements à l'emporte-pièce sur l'humour. Il n'y a rien de mieux pour comprendre petit à petit ce qui a amené des jeunes gens à se réunir autour de l'idée d'un journal d'humour libre, affranchi des contraintes de la publicité, dans un monde qui voulait s'amuser après avoir vu toutes les horreurs, mais dont l'amusement devait avoir le bon goût de se circonscrire dans les limites de la décence définies par un général victorieux.

Cavanna n'est tendre avec personne et surtout pas avec lui-même, même s'il a une haute idée de l'humour que lui et ses amis pratiquent en comparaison avec celui des autres. Mais cette sorte de vanité est surtout ressentie comme une passion pour leur art, une envie de faire mieux, de viser plus haut (ou plus bas que la ceinture), de ne pas se contenter de ce qu'on leur demande. L'auteur transmet parfaitement cette fougue et on est transporté avec les protagonistes dans l'aventure Hara-Kiri et on tremble avec eux devant les difficultés qui s'amoncellent.

Décédé moins d'un an avant l'attentat qui endeuilla Charlie Hebdo, Cavanna n'aura sans doute pas bénéficié de l'hommage qui lui était aussi du quand on voit la part qu'il a pris dans l'aventure. Tout comme le professeur Choron, fortement critiqué pour sa gestion par certains mais dont Cavanna rappelle ici le rôle essentiel à la naissance de Hara-Kiri puis de Charlie Hebdo. Un livre qui prend donc tout son intérêt dans les derniers évènements, le regard du passé sur le présent est parfois très utile alors que c'est souvent le jugement du présent sur le passé qu'on porte aux nues.
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Vous le savez peut-être si vous me connaissez un tant soit peu – sinon, ce n'est pas grave, après tout, personne n'est parfait –, mais littérairement parlant, il n'y a personne que j'admire autant que Cavanna. A part Brassens, bien sûr, mais il est à ce stade superflu de le préciser.

Bref, comme dirait De Gaulle, cette critique ne peut être qu'élogieuse.

Bon. Nous voici face à cette inévitable question : L'histoire, c'est quoi ?

L'histoire, c'est un brave con, qui a tout perdu après le STO et qui tente de survivre dans le monde moderne. Il a de la chance, ce brave con, parce qu'il sait bien dessiner. du coup, il va voleter de petits boulots en petits boulots, et va jusqu'à créer avec des potes un journal hélas éteint aujourd'hui : Hara-Kiri.

La majeure partie du bouquin est consacrée à la création du journal et aux tribulations de toute la joyeuse bande pour qu'il continue d'exister malgré la censure. On a quand même droit à quelques chapitres consacrés à la vie familiale et amoureuse de notre cher moustachu. Note : Mieux vaut lire Les Ritals et Les Russkoffs avant, hein, ça va de soi.

Maintenant, que peut-on dire de cet ouvrage, une fois qu'on l'a lu ?

Eh bien, plusieurs choses. Sinon je n'écrirais pas cette critique.

Déjà, bien sûr, c'est bien écrit. On a toujours cette impression pas vraiment désagréable qu'il est à côté en train de raconter sa petite histoire.

Et du coup, comme c'est bien écrit, on entre davantage dans l'histoire – logique, hein ? – et donc, quand un personnage qu'on a apprécié meurt et que sa mort est relatée dans un chapitre entier, eh bien on se sent mal. Voire plus. Pour vous donner une idée, en lisant Bête et Méchant, j'ai eu deux crises de larmes. Mais aussi un peu de franche rigolade. Donc c'est agréable sur le plan émotionnel.

Enfin – et c'est notamment ce qui m'a poussée à écrire cette critique – , ayant été rédigé plus de trente ans avant les attentats de Janvier 2015, ce livre a aujourd'hui un sens nouveau. Je parle notamment de l'image de Hara-Kiri aux yeux de la classe politico-coincée-du-cul. Car le massacre perpétré à l'encontre des dessinateurs de Charlie a quand même fait du journal l'emblème de la liberté d'expression. Un journal qui était coutumier des attaques, des procès, et menacé de faillite.

Alors une question se pose en refermant ce livre : Faut-il attendre que la rédaction d'un journal soit assassinée au nom d'une doctrine religieuse extrémiste pour que l'avis de la classe politico-coincée-du-cul change de bord ? Faut-il que l'on paie de sa vie pour être reconnu et pour que les prochains soient protégés ? Et enfin, une fois que la reconnaissance – posthume, en l'occurrence – est là, est-elle seulement sincère ?

Si vous vous ennuyez au point de donner votre avis, faites-vous plaisir. Si vous avez envie de m'insulter et de me traiter de gauchiste, faites-vous plaisir aussi. Je ne vais quand même pas vous interdire de vous exprimer sous une critique d'un bouquin de Cavanna, non mais.
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Et Cavanna lança Hara-Kiri...
C'est tellement bien raconté, qu'on croit entendre Choron (Georget Bernier) tonitruer!
Hara-Kiri, cet extraordinaire mensuel bête et méchant qui affichait son intrigante couverture en photo couleur, sur la vitre latérale du kiosque à jounaux de mon enfance... Hara-Kiri poursuivi par une censure aussi bornée que malfaisante!
Les épreuves endurées par François Cavanna ont acéré sa plume. de graphiste, il est devenu scribe, journaliste, chroniqueur, écrivain. Hara-Kiri, mensuel bête et méchant est l'enfant d'encre et de papier de Cavanna. Un enfant turbulant, drôle, vachard et intransigeant face à la connerie et la vacherie humaine.
Merci, Cavanna!
Merci d'avoir fait naître ce souffle nouveau dans la presse satirique française, et de l'avoir fait perdurer dans ce Charlie Hebdo si durement atteint.
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Bête et méchant n'est pas le livre de Cavanna que j'ai préféré, mais j'ai envie/besoin de l'ajouter à mes livres Babelio aujourd'hui car j'ai beaucoup pensé à lui et à ses amis qui l'ont rejoint là-haut, et pour dire tout simplement JE SUIS CHARLIE.

Merci aussi à tous les amis Babelio qui ont posté des citations toute la journée, cela montre que nous sommes nombreux à nous mobiliser et que la liberté d'expression sera la plus forte.
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" Un livre ni bête ni méchant mais très tendre. Avec des bouffées de rire et beaucoup d'amour qui livre le troisième volet de l'autobiographie de Cavanna, avec les Ritals et les Russkoffs. Dans un style qui évoque avec bonheur la confession parlée ". Paris-Match " Voyage dans l'amour avec Liliane, la petite Polonaise martyrisée par les nazis ; voyage dans le travail avec les expériences journalistiques, graphiques, humoristiques ; voyage, enfin, dans l'amitié et les luttes, avec les potes de toujours. Dans un style alerte, à la plume juste, à l'adjectif décisif ".
François Cérésa, Le Nouvel Observateur
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Une heureuse nature, Cabu. Son rire est toujours là, pas bien loin, prêt à fuser dans des effarements de pucelle chatouillée. Ses yeux de faïence à décor bleu, ses yeux de petit enfant à fossettes. Ils ne guettent que ça : l'occasion d'un fou rire. Il a vingt-trois ans, en paraît quinze, n'en aura jamais davantage, il a jeté l'ancre une fois pour toutes. Il trimbale une dégaine d'escogriffe qui use les fringues du grand frère, superpose les pull-overs tricotés par la tante restée demoiselle. Une tignasse de chien briard taillée au bol lui tombe aussi épais sur les yeux que sur la nuque, va savoir où est le côté de la queue, où est celui de la truffe. Cabu est resté le môme qui traîne son cartable sur le chemin de la communale, n'évitant aucune flaque, fendu jusqu'aux oreilles aux cochonneries que lui débite un copain.
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L'humour est un coup de poing dans la gueule. L'allusion, l'ironie, la rosserie bien française nous semblaient pipi de chat. Rien n'est tabou, rien n'est respectable. Ceci cadrait à merveille avec mon matérialisme intransigeant. Tout rituel, tout symbole, procède d'une attitude magique. Foutons dehors à coups de pied au cul les vieux interdits, à commencer par le bon goût. A continuer par le sacré.

"Là, vous allez trop loin ! Il y a tout de même des choses auxquelles on n'a pas le droit de toucher !" Combien de fois nous l'a-t-on sortie, celle-là ! Non. Rien n'est sacré. Principe numéro un. Rien. Pas même ta propore mère, pas même les martyrs juifs, pas même ceux qui crèvent de faim. Rire de tout, de tout, férocement, amèrement pour exorciser les vieux monstres. C'est leur faire trop d'honneur que de ne les aborder qu'avec la mine compassée. C'est justement du pire qu'il faut rire le plus fort, c'est là où ça te fait le plus mal que tu dois gratter au sang. La faim, la torture, la misère, l'exploitation, la guerre... Et la connerie, l'universelle et sainte connerie, mère de tous ces beaux enfants !
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Toute ressemblance entre des noms cités dans ce livre et des imbéciles vivants serait purement fortuite. J'ai en effet pris grand soin de changer les noms des imbéciles, car les imbéciles sont méchants, et moi je suis lâche.
Toute ressemblance entre des noms cités dans ce livre et des noms de personnes vivantes est donc un hommage rendu à la non-imbécillité desdites personnes. A moins, bien sûr, qu'elles ne s'empressent de donner la preuve, en me cherchant des histoires, que j'ai eu tort de leur faire confiance sur ce point.
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C’est comme la foi, il faut l’avoir d’avance. La foi est une excellente thérapeutique, à condition de ne pas savoir qu’elle n’est que ça. Si on le sait, ça ne marche plus. Il y en a que l’horreur du désespoir total soudain béant devant eux rend croyants sur-le-champ, et croyants d’un bloc, leur occultant la clairvoyance au point qu’ils oublient comment c’est quand on ne croit pas.
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Rien ne me fait plus chier que bonjour-bonsoir et l’idée que le voisin puisse venir m’emprunter le sel. Je préférerais acheter une énorme boîte à sel et l’accrocher à ma porte, à l’extérieur.
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Videos de François Cavanna (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Cavanna
1/5 François Cavanna : À voix nue (1994 / France Culture). La semaine du 23 juin 2014, France Culture rediffusait une série de cinq entretiens enregistrés avec François Cavanna en 1994 pour l'émission “À voix nue”. Par Ludovic Sellier. Réalisation : Christine Robert. Rediffusion de l'émission du 17/01/1994. Avec la collaboration de Claire Poinsignon. 1) La mémoire de la ville : de la "folie patrimoniale" au "tout progrès"
François Cavanna est né en février 1923 (et décédé le 29 janvier 2014) d'un père italien et maçon et d'une mère morvandiode, et si l'usage de son prénom s'est un peu perdu, il a conservé son accent des faubourgs. Ecrivain, après avoir débuté dans la presse comme dessinateur, Cavanna est devenu rédacteur en chef de "Charlie Hebdo" et le fondateur de "Hara Kiri", il a conservé le goût de la formule et les saveurs d'une langue truffée d'onomatopées. Invité : François Cavanna
Thèmes : Littérature| Littérature Contemporaine| Mémoires| Presse Ecrite| François Cavanna| Charlie Hebdo
Source : France Culture
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