Cavanna raconte une partie de la vie du roi Karl der Grosse dans les dernières années avant son couronnement comme empereur en 800. On reconnaît seulement un peu notre Charlemagne franco-français et on s'éloigne de notre cliché habituel en voyant à quel point il est peu souvent situé dans ce qui deviendra la France. On le voit plutôt en Allemagne, en Europe Centrale et même très intéressé par Byzance !
Le titre un peu sybillin évoque des grands travaux qui n'ont pas abouti, pour creuser un canal (les fameuses fosses, “carolines” puisque voulues par Karl) entre le Danube et un sous-affluent du Rhin. Cette voie de communication aurait permis à Charlemagne de mieux gérer un territoire étendu entre Europe du Nord-Ouest et Europe du Sud-Est.
Livre atypique, à la fois documentaire historique très fouillé et roman très humoristique. C'est tout de même un pavé touffu que j'ai trouvé assez réussi, ça se lit bien même si cela prend du temps. J'ai beaucoup aimé les personnages imaginaires du chevalier, de l'écuyer et celui de la belle Tamara. Ces personnages sont pleins de qualité et leurs défauts plus amusants que critiquables. L'écuyer Raymond surtout a une personnalité extrêmement riche, développée, philosophe et en même temps bon vivant, n'imaginez pas un personnage simplet à la Sancho Panza ! En plus, il est fidèle, avec un sens du devoir comme ce n'est pas possible.
L'écriture est d'une grande richesse de vocabulaire, avec une certaine élégance, cela aide à faire passer les nombreux passages truffés de mots orduriers, voire trash qui finalement ne m'ont pas trop choqué. Ames sensibles ou pudibondes, passez votre chemin toutefois, ici, pas de carte du tendre et autres délicatesses, on parle cru et on pense cru… C'est du
Cavanna, comme dans “
les Ritals”, livre qui m'avait plu aussi.