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Critique de Funrider


On pourrait s'attendre au simple récit, romancé, du fait divers qui a défrayé la chronique au début du 20ème siècle à Nantes dont s'est inspiré Jérémie Cavé, il n'en est rien, et heureusement. le sacrilège d'Icare c'est le récit des trajectoires de vie de plusieurs personnages qui vont se croiser. Et principalement 4 personnages : Rodolphe, jeune aristo baignant dans la fête parisienne perpétuelle avec son fidèle ami Icare, Agathe, cousine adolescente de Rodolphe, élevée dans un cadre très strict et religieux et l'oncle Jacques, jeune diacre.

Le roman est rythmé par le récit de 2 histoires en parallèle, 2 histoires distinctes au sens des personnages et de la période. le premier (qu'on pourrait croire le principal), c'est le récit des événements de 1926 et 1927, qui ont conduit à cette nuit « folle » du 21 janvier 1927. le second (que j'estime le plus important après la lecture du roman), c'est la vie de Jacques, après sa fuite de Nantes en janvier 1927, son changement radical de vie pour devenir, au fil des années, missionnaire dans la jungle Colombienne.

Même si on peut être attiré par les histoires qui se cachent derrière les faits divers (et Jérémie Cavé réussi joliment à raconter la chose), par voyeurisme refoulé par exemple 😉, c'est la vision qu'apporte Jacques (l'oncle) sur la société qui donne son caractère à ce roman et qui en fait son intérêt. L'auteur nous fait partager la situation sociale et politique de la Colombie durant le 20ème siècle à travers le récit de ce jeune diacre parti à l'autre bout du monde pour chercher la rédemption. Et c'est à partir de là que Jacques (mais à travers lui l'auteur j'imagine) nous livre ses réflexions sur le monde moderne et les dérives de la consommation de masse sur les populations. Voici un extrait de ces réflexions, inspirantes : « Les gens de sont éloignées des religions, par défiance envers l'Eglise [...] Mais ils ont remplacé la vie de l'âme par un néant ; un néant que ne sauraient hélas combler ni le travail, ni la consommation, ni l'alcool, ni la télévision, ni les drogues. [...] le coeur du problème, il est en soi, à l'intérieur de soi. le problème fondamental de la civilisation occidentale capitaliste, c'est l'intériorité. » S'appuyant sur le Livre de Jérémie de l'Ancien Testament, l'auteur, à travers Jacques, nous livre une réflexion parallèle entre la chute de Jérusalem (souillée par des orgies et des actes païens nous dit le Livre) et ce fameux Icarisme de la société, le développement de la décadence, des actes immoraux, de la liberté sans limite, de la consommation de masse, etc… presque le début d'un essai sur le thème…

Le récit des événements de janvier 1927 n'est que pure fiction mais j'ai découvert, à travers ce récit de Jérémie Cavé, l'existence du vin Mariani. L'auteur en fait en effet le déclencheur des actes immoraux et libidineux qui se sont déroulés ce 21 janvier 1927, ça c'est une supposition ; il n'en reste pas moins vrai que le vin Mariani a fait fureur jusqu'au début du 20ème siècle et, intégrant des éléments de la cocaïne, on peut imaginer ce que peut produire la consommation excessive de ce breuvage…
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