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Murielle Hervé-Morier (Traducteur)
EAN : 9782981953629
200 pages
Les Éditions Sans Pitié (30/09/2022)
3.59/5   17 notes
Résumé :
À Nuovariva, dans la basse plaine de l’Émilie-Romagne, les crimes domestiques sont monnaie courante, en particulier ceux commis sur les femmes ; leurs cadavres disparaissent à jamais dans les eaux glauques du marais. Un jour, le corps d’une adolescente assassinée pendant les jours de la Merlette, ne sombre pas tout de suite, mais reste à la surface glacée de l’eau jusqu’au printemps. Personne ne s’aventure à le ramasser. Bien des années plus tard, la jeune fille réa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Selon une vieille légende milanaise, les merles doivent la couleur noire de leur plumage à un hiver particulièrement rigoureux qui les fit se blottir dans la fumée des cheminées. Depuis lors, les trois derniers jours de janvier, réputés les plus froids de l'année, sont appelés en Italie « les jours de la Merlette ». A ce joli conte traditionnel, Caterina Cavina a imaginé une suite nettement moins féerique, placée sous l'égide du féminicide…


Son surnom de la Merlette, la narratrice le doit à son assassinat, l'un des jours du même nom. Son corps abandonné aux eaux vertes et glacées des marais du delta du Pô, l'adolescente rejoint dans ces profondeurs glauques le choeur éploré des âmes de toutes les autres femmes victimes de la violence des hommes. Elles sont une multitude à croupir dans cet oubli aquatique. Mais, contrairement à elles, notre dernière venue n'en a pas encore fini avec sa vie terrestre. La voici renvoyée parmi les vivants, bientôt chroniqueuse judiciaire animée d'un impitoyable esprit de vengeance.


L'on s'enfonce dans ce livre comme l'on perdrait pied dans les eaux putrides et les vapeurs méphitiques du marécage, bientôt gagné par la répulsion et le dégoût, tant, entre féminicides et infanticides, inceste, pédophilie, nécrophilie et autres joyeusetés crûment évoquées, une véritable gangrène semble, dans l'indifférence générale, corrompre les rapports domestiques. En fait d'hommes, l'on ne croise dans ces pages que « des porcs sur deux jambes », gouvernés par des pulsions sexuelles qu'ils assouvissent impunément, dans une violence devenue discrètement ordinaire. Tant pis si les victimes en perdent jusqu'à la vie, il suffit d'en détourner les yeux pour se sentir sauf, que l'on soit perpétrant ou témoin.


Si l'on ne dénoncera jamais assez ces violences faites aux femmes et même aux enfants, l'on ne peut se déprendre d'un sentiment de malaise à la lecture de ce texte imprégné des excès d'une colère que, d'après la présentation de l'auteur par l'éditeur, l'on perçoit motivée par un vécu et une souffrance personnels. A ces crimes présentés comme ordinairement répandus dans un climat d'impunité générale, l'auteur et son personnage répondent par la haine et la vengeance, versant dans une auto-justice que les aspects surnaturels du roman ne rendent pas moins dérangeante. Et, même si, sur le tard, la narratrice en vient à une forme d'apaisement, réconciliée avec l'espèce humaine au contact d'autres personnages plus droits malgré leurs déchirements personnels, l'on garde de cette lecture le sentiment nauséeux d'une vision exagérée et distordue par la haine et par la rancune, à l'origine d'une virulence de ton menant à de dangereux extrêmes.


Dans la mouvance #MeToo et BalanceTonPorc, un texte dérangeant, non pas seulement en raison des crimes qu'il dénonce, mais aussi en ce qu'il montre comment la violence corrompt, à leur insu, jusqu'à la perception du monde par les victimes. Heureusement, les hommes ne sont pas tous des porcs : c'est ce que l'on a envie de crier en refermant ce livre.


Un grand merci à Murielle Hervé-Morier, alias irisrivaldi, pour son excellent travail de traduction et pour m'avoir fait découvrir cette oeuvre si originale et perturbante.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Je remercie Murielle Hervé-Morier qui a souhaité me proposer la lecture de ce roman qu'elle a traduit de l'italien, mauvais choix pour elle sans doute car je n'étais pas la bonne personne pour l'apprécier.

Je regrette donc d'exprimer une perception négative de ce texte que j'ai trouvé pesant, confus, dans lequel le fantastique qui serait pourtant le bienvenu, ne sauve pas une écriture quelconque, vulgaire où l'érotisme ne prend pas, le sexe non plus, les personnages encore moins, tous marqués par la fadeur des eaux putrides dans lesquelles se débat La Merlette.

Même le final, tout aussi chaotique que l'ensemble, ne m'a vraiment pas convaincu.

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La brume, épaisse comme le voile d'une femme en deuil, s'étend sur les marais nauséabonds proches de Nuovariva, une terre boueuse d'Emilie-Romagne. Des vapeurs de cadavres, cette odeur puante se mélange au méthane de la terre. de ces marais, si on les asséchait, on retrouverait probablement de nombreux corps en putréfaction, des corps de femmes, plusieurs dizaines de femmes laissées là, à l'appétit des vers, aux regards des corneilles. Il y fait frais, en ces jours de la Merlette, les jours les plus froids de janvier dans cette zone médiane de l'Italie, si bien que même un flux de vapeur s'échapperait de la bouche des mortes.

Et c'est dans le café du coin, au milieu des petits vieux qui font encore vivre le village, à coup de prosecco et de spritz, que je croise le regard de la Merlette, une peau si blanche à prendre des bains de lune. Chroniqueuse judiciaire, mais surtout revenue d'entre les morts et du marais, elle enquête sur ces oubliées, ces femmes laissées pour mortes dans le marais. Et ce qui est sûr c'est que le « travail » ne manque pas, vu la qualité de ces messieurs, les premiers coupables, à violenter jusqu'à la mort ces femmes. Son secret, les mortes lui parlent, la vengeance peut ainsi s'exercer, dans une même violence, sombre et sauvage.

Ainsi, au milieu de ces petits vieux accoudés du matin au soir sur leur table en formica, à jouer aux cartes, prendre un ou deux verres entre un ou deux cafés serrés, je prends le temps de réfléchir au pouvoir de ces hommes, cette auto-permission de vie et de mort qu'ils se sont octroyés sur le corps de leurs femmes, de leurs nièces, de leurs filles. le monde est abject mais je le savais déjà, suffit de sentir les relents de ces marécages. Alors devant un verre au parfum floral et houblonné pour faire passer celui du marais, je ferme le dernier chapitre de cet étrange premier roman, entre policier et fantastique, assez déroutant sur ses premiers instants, mais dont une fois l'esprit embourbé, je plus m'y plaire dans un souffle glauque inspiré par cet enchaînement de corps oubliés et de cris silencieux.
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Résumé : Nuovariva. Une jeune chroniqueuse judiciaire est appelée pour faire un article sur un couple décédé par suicide à la Saint Valentin ; arrivée sur place, il s'avère que l'homme en a réchappé. La jeune femme semble mettre en doute le suicide à deux par amour ; elle communique avec la défunte et ses soupçons se confirment…

Mon avis : Tout d'abord, il est assez difficile de donner un style littéraire à ce roman, il me semble que Policier-fantastique peut convenir.

Nous suivons la Merlette, ainsi est surnommée la chroniqueuse judiciaire, dans son enquête sur les amants de la Saint Valentin. Très vite, on apprend qu'elle est revenue des morts parmi les vivants. Elle nous raconte ses mésaventures, le marais qui l'a accueillie quand elle était morte.

L'autrice nous promène savamment d'un fait à un autre, du présent au passé et au fil des chapitres, elle se sert de ce conte fantastique pour nous montrer l'indicible, l'inconcevable, l'inacceptable.

La Merlette nous entraîne dans un monde où les hommes sont souvent des mâles en rut, elle nous parle d'inceste, de viol, de violences faites aux femmes et aux enfants, elle dénonce le silence imposé aux victimes qui est souvent vécu comme une deuxième peine.

Oui, c'est parfois très cru, sans jamais être vulgaire, et ça remue les entrailles. J'avoue avoir été très troublée par la lecture de ce roman, malheureusement, si la résurrection de la Merlette et la vie dans les marais relèvent du fantastique, les sévices imposés aux victimes sont réels et toujours d'actualité.

Le style de l'autrice est agréable, parfois drôle mais souvent dur, incisif, elle entremêle le fantastique dans son roman avec des descriptions agréables et simples qui facilitent la compréhension du côté fictionnel. C'est un roman noir qui retourne les tripes, malgré quelques scènes plus douces, voire comiques.

Alors oui, c'est assez difficile à lire, mais on peut fermer les yeux et ignorer les problèmes de société, ou alors on peut lire ce magnifique roman, La Merlette, qui dénonce avec brio des horreurs innommables qui ne devraient pas exister.

À lire en buvant un chocolat chaud et en savourant des biscuits pour le réconfort, pourquoi pas un Tiramisu ? Et surtout, en ayant une pensée pour toutes ces victimes qui un jour, ont rencontré un monstre.

Mon compte Instagram : @la_cath_a_strophes
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Tout d'abord je tiens à remercier la traductrice, Murielle Hervé-Morier, de m'avoir proposé ce roman original traduit de l'italien, et je m'excuse sincèrement auprès d'elle et de l'auteur du retard que j'ai pris pour le présenter sur mon blog et donc sur Babelio, durant l'été, mes petits-enfants en vacances sont prioritaires sur mes lectures et mes programmations d'articles.
Autant vous prévenir tout de suite, fidèles lecteurs de mon blog, c'est un roman sur la violence faite aux femmes, les homicides de proximité parfois non élucidés. le récit est saupoudré de fantastique et jongle avec brio entre le passé et le présent, au point que parfois le lecteur doit revenir en arrière un bref instant pour s'y retrouver. Je vous conseille de le lire d'une traite, ou presque, pour l'apprécier pleinement comme je l'ai fait, afin de vous immerger en totalité dans l'histoire.
Nous sommes en Italie à Nuovariva, dans la basse plaine de l'Émilie-Romagne envahie de marécages, une jeune femme revient à la vie après avoir mystérieusement disparue des années auparavant : c'est la Merlette. Elle a été surnommée ainsi car elle a disparu lors des jours de la Merlette qui en Italie correspondent aux trois derniers jours du mois de janvier, les jours les plus froids de l'hiver.
Devenue chroniqueuse judiciaire, elle se sent investie d'une mission difficile mais indispensable à ses yeux : révéler les violences faites aux femmes dans la région, et enquêter sur les crimes qui n'ont pour la plupart jamais été élucidés, afin de se venger de ceux qui les ont perpétrés. Elle va donc s'atteler à parler à la place de toutes ces femmes qui ont été violentées et tuées.
Si cela parait facile pour les violeurs ou assassins de maquiller leurs crimes et de cacher ensuite les corps au coeur du marais, ce dernier sait aussi les rendre aux humains...
C'est oublier aussi que depuis sa résurrection la jeune femme sait parler aux disparues qui lui racontent leur histoire. Elle a donc toujours un temps d'avance sur ses collègues journalistes (comme par exemple son concurrent direct, le "Professeur") et même sur les enquêteurs qui recherchent son aide pour arriver à résoudre les affaires en cours.
Soutenue par le maréchal Fringolesi (en Italie le Maréchal des carabiniers est l'équivalent d'un adjudant en France), et une Soeur dévouée, elle va tenter de mener à bien sa mission.
Le roman débute alors qu'il lui faut à présent résoudre une nouvelle enquête... celle des "Amants de la Saint-Valentin" : une jeune femme vient en effet d'être retrouvée morte et la Merlette devine très vite que les enquêteurs partent déjà sur une fausse piste. Il ne faut jamais se fier aux apparences.
Voilà un roman qui mélange les genres, à la fois roman noir et sombre, dans lequel le suspense et le fantastique, côtoient l'humour noir. C'est un roman prenant que le lecteur ne peut pas lâcher avant d'arriver au bout de sa lecture. J'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire, mais ensuite je l'ai lu d'une traite.
Les propos sont crus sans fioritures, un crime est un crime, les protagonistes ne sont pas des anges et l'auteur appelle un chat un chat, et va droit au but, ce qui peut expliquer que certains lecteurs aient été choqués par les propos. C'est bien vrai que nous passons par tous les ressentis dont le dégoût et la colère, mais forcément c'est facile de deviner que l'auteur veut avant tout dénoncer les violences quelles qu'elles soient. Certains des personnages vont vous marquer et je n'ai pu m'empêcher de penser qu'heureusement tous les hommes ne sont pas comme ceux qui sont décrits dans ce livre qui je le rappelle est une fiction, même si nous savons que ces actes sont commis dans la vie réelle, le but est bien de les dénoncer et de nous faire réfléchir.
L'écriture est parfaite. Bravo à la traductrice qui a su conserver l'ambiance particulière autour du marais mais aussi dans le petit village, et le rythme des propos. le style est clair, concis et l'histoire tout à fait réaliste.
Les personnages masculins, tous ou presque psychopathes, sont dérangeants. Disons qu'on n'aimerait pas les rencontrer un soir à la nuit tombée, surtout au bord d'un marais et dans le brouillard !
La petite communauté apparait soudée mais est bien entendu responsable elle-aussi des secrets enfouis dans le marais. le silence et la passivité participent au crime !
Je ne peux pas dire que je me sois attachée aux personnages car vous serez surpris d'apprendre que certains que l'on croyait bien vivants, sont en fait des revenants comme la narratrice, mais j'ai trouvé le personnage principal, la Merlette donc, de plus en plus audible au fur et à mesure que son histoire est révélée au lecteur. Elle est de plus toujours accompagnée par sa petite chienne Brigida, ce qui nous la rend encore plus sympathique. L'auteur distille avec beaucoup de finesse les éléments nous permettant de comprendre son passé, sa brutale disparition et le pourquoi de sa mission d'aujourd'hui, ainsi que sa révolte pour ne pas dire sa haine des hommes. En cela elle montre bien que la souffrance liée à la violence infligée aux femmes n'est pas guérissable sans aide, tant elle engendre elle-même une vision négative de la vie et des relations humaines. Je suis contente cependant de ne pas avoir lu la quatrième de couverture en détails car elle en révèle un peu trop.
C'est un roman court qui se lit vite tant il est prenant, un roman de contraste, à la fois cru et plein d'humour, sombre et poétique, réaliste et saupoudré de fantastique. Forcément, il y a des moments où on se demande où l'auteur veut nous emmener, à nous de lâcher prise et de nous laisser guider, de nous perdre pour mieux rebondir sur nos pieds et découvrir toute la noirceur de l'âme humaine...et ce que l'auteur a à nous dire.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Elle avait un corps à la fois athlétique et plantureux, le rêve des maigrichonnes comme moi. Les cheveux noirs, les yeux sombres et un
charme gitan. Sur son ventre découvert, elle exhibait, très près du pubis, le tatouage d’une petite étoile rouge.
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Au café Chez Nino, quelques petits vieux regardaient la télévision. C'est beau de voir les papys dans les bars. Tant qu'il y aura des papys dans les bars, la terre continuera de tourner.
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En haut, sous le rebord du toit, on pouvait lire une inscription de style Art nouveau en lettres peintes écaillées : Nuovariva. Le nom d’un port, et en effet autrefois c’en était un. On pouvait voir des radeaux chargés de marchandises poussés par des hommes au moyen de perches qu’ils enfonçaient dans la vase. Le comble c’est qu’aucun d’entre eux n’avait jamais vu la mer. Il existe des horizons plus vastes, mais en cet endroit de la basse plaine, c’est difficile à imaginer. Nous sommes l’eau, la terre et le ciel.
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J’aimais naviguer à la surface du marais, protégée par la pleine lune, les eaux profondes, les étoiles et une couverture de brouillard.
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La neige tombait en flocons très blancs, légère, elle me caressait presque. J’essayai d’allonger la langue pour la goûter. Je n’y parvins pas.
L’aube vint et tout se teinta de rose, comme la bague que mon fiancé ne pourrait jamais me donner.
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