Cela pourrait être l'histoire des conséquences d'un déclassement social, ou alors d'un simple hasard comme la vie en offre rarement, un geste politique peut être aussi, à moins que ce soit une manière de lutter contre un certain désoeuvrement ? Allez savoir avec
la daronne, elle cache si bien son jeu !
Petite fille choyée et gâtée, épouse aimée, sa vie insouciante s'effondre alors que son mari meurt d'une rupture d'anévrisme. Pour gagner sa croute et celle de ses filles, la voici traductrice pour les services policiers d'écoutes. Des heures et des heures à retranscrire en français les trafics à la petite semaine de truands et fraudeurs. Et puis, la réalité qui se rappelle furieusement à son bon souvenir, le loyer à payer, les frais de la maison de retraite où se trouve sa mère à régler. L'argent, toujours l'argent, l'obsédant manque d'argent plus précisément. Alors pourquoi ne pas tirer profit de ses connaissances et de ses informations professionnelles pour regonfler un peu son matelas d'oseille ? Cette petite idée va-t-elle transformer notre travailleuse de l'ombre en daronne ?
Ecrit à la première personne, ce roman noir nous entraîne dans une histoire rocambolesque où, en sus du milieu policier-trafiquants de cannabis,
Hannelore Cayre nous plonge dans les entrelacs de notre société pourrie par l'argent qui ne faut pas mieux que les grandes tragédies de l'histoire qui hantent la mémoire de notre patronne. L'exil de sa mère, les convictions poisseuses de son père donnent du champ et de la profondeur à sa psychologie déjantée. Tour à tour cynique, lucide, amorale et par-dessous tout très pragmatique,
la daronne tient de main de maître sa petite entreprise. Mordant et farfelu, ce drôle de polar nerveux est aussi un regard critique sur notre réalité contemporaine.
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